mercredi 5 novembre 2003
J’ai un enfant âgé de dix ans. Sa santé est fragile mais il veut absolument jeûner. Craignant pour sa santé, j’essaye de l’en empêcher. Est-ce que cela constitue un péché de ma part ?
Le jeûne, comme toutes les obligations religieuses, n’est dû qu’à partir de la puberté et ce, en vertu du hadîth : "Le calame est levé pour trois catégories de gens : l’enfant jusqu’à la puberté, le dormeur jusqu’à ce qu’il se réveille et le fou jusqu’à ce qu’il retrouve ses esprits." (Hadîth rapporté par Ahmad, Abû Dâwûd et Al-Hâkim, ce dernier le déclarant authentique)
Cependant, certains juristes requièrent que l’enfant jeûne à partir de dix ans et ce, en vertu du hadith : "Si l’enfant a la capacité de jeûner trois jours consécutifs, alors il doit jeûner le mois de Ramadân." (Hadîth rapporté par Ibn Jurayj) [1] Ils soutiennent également cette opinion par analogie avec la prière vis-à-vis de laquelle le Prophète - paix et bénédictions sur lui - a ordonné que l’enfant soit corrigé s’il ne s’en acquitte pas à l’âge de dix ans.
Mais la première opinion est la plus juste, à savoir l’obligation du jeûne à partir de la puberté.
Il y a également unanimité sur le fait que les enfants de moins de dix ans n’ont aucune obligation en termes de prière, de jeûne et autre, exception faite de la zakâh comme nous l’expliciterons, bien qu’il soit souhaitable de les entraîner à accomplir les œuvres cultuelles. Le Prophète - paix et bénédictions sur lui - nous a ordonné, en effet, d’enjoindre la prière à nos enfants dès l’âge de sept ans conformément au récit rapporté par Abû Dâwûd avec une bonne (hasan) chaîne de garants.
Ainsi les Compagnons entraînaient-ils leurs enfants à jeûner. Al-Bukhârî [2] et Muslim rapportent selon Ar-Rubayyiʿ Bint Muʿawwidh Ibn ʿAfrâ’ que lorsqu’ils effectuaient le jeûne de ʿÂshûrâ’, ils faisaient jeûner leurs jeunes enfants et les conduisaient à la mosquée emmenant avec eux un jouet en laine. Lorsque les enfants pleuraient de faim, ils leur donnaient les jouets pour les faire patienter jusqu’à l’heure de la rupture du jeûne.
Tout ce qui précède concerne les enfants qui ont la capacité de jeûner. Mais si l’enfant est malade ou que sa santé fragile peut être aggravée par le jeûne, alors les parents ne doivent pas leur ordonner de jeûner. Cependant, ils ne doivent pas non plus le leur interdire. Ils devraient les laisser essayer et, s’ils en ont la capacité, ils continueront à jeûner et sinon, ils choisiront d’eux-mêmes de ne pas le faire.
Les parents devraient louer chez leurs enfants la volonté de jeûner et leur expliquer de manière pédagogique la sagesse de la prescription du jeûne. Ainsi leur choix de poursuivre cette expérience ou de l’interrompre se fera-t-il par conviction, et ceci procède d’une bonne pédagogie.
Traduit de l’arabe de la Banque de Fatâwâ du site Islamonline.net. La version originale est consultable sur archive.org.
[1] Al-Mughnî d’Ibn Qudâmah, volume 3, p. 16.
[2] Cf. la référence de ce hadîth dans Sahîh Al-Bukhârî. NdT.
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