vendredi 21 octobre 2005
Je ne porte pas le voile, mais j’accomplis le jeûne. Dieu acceptera-t-il ma prière et mon jeûne ?
Si le culte remplit les critères de validité et qu’il est voué à Dieu, on peut espérer qu’il sera accepté, mais il ne convient guère d’affirmer qu’il le sera car seul Dieu en décide, Lui Qui dit : « Allâh n’accepte que de la part des pieux » [1]. Le terme pieux désigne vraisemblablement les croyants pieux et non pas les polythéistes car ce passage fait partie du récit de Caïn et Abel. Les pieux parmi les croyants sont ceux qui ne désobéissent pas à Dieu et, lorsqu’ils commettent un péché, ils s’empressent de se repentir. Leurs œuvres pies sont acceptées, comme Dieu nous en a informés, et ce, par bonté de Sa part, et non pas par quelque obligation qui Lui incomberait. Les pieux, pour leur part, jouissent des degrés supérieurs de l’acceptation divine.
Quant aux croyants qui désobéissent à Dieu, Dieu ne les prive pas de l’acceptation de leurs œuvres pies en vertu de Sa Parole — Exalté soit-Il — : « Quant à ceux qui croient et accomplissent des œuvres pies, Nous ne perdons pas la rétribution de ceux qui accomplissent de bonnes œuvres. » [2] et, en même temps, Dieu — Exalté soit-Il — les châtie pour leurs péchés en vertu de Sa Parole : « Quiconque accomplit le bien, fût-ce le poids d’une fourmi, le verra, et quiconque accomplit le mal, fût-ce le poids d’une fourmi, le verra. » [3]
La femme qui prie et jeûne correctement, de manière totalement dévouée à Dieu, on espère que son œuvre sera acceptée. Elle encourt néanmoins le châtiment divin pour le fait d’ôter son voile, car cela est un péché. S’il est vrai que Dieu — Exalté soit-Il — dit : « Les bonnes œuvres effacent les mauvaises » [4], Il est le seul à connaître le poids du péché et à juger si l’œuvre pie suffit à l’effacer complètement. Cette appréciation est laissée à Sa discrétion — Exalté soit-Il —.
Il ne convient pas que le croyant se repose sur le pardon divin, tout en arrachant de son cœur tout sens de la crainte de Dieu, afin de ne pas s’enfoncer dans la transgression. Il lui incombe, au contraire, de s’empresser de demander pardon et de se repentir lorsqu’il commet un péché, afin que Dieu lui accorde Son pardon. Le Très-Haut dit en effet : « Et Je suis Grand Pardonneur à celui qui se repent, croit, fait bonne œuvre, puis se met sur le bon chemin. » [5] Le hadith rapporté par At-Tirmidhi dit aussi : « Crains Dieu où que tu sois. Fais suivre la mauvaise œuvre par une bonne œuvre, elle l’effacera. Et que ton comportement soit bon avec les gens. »
Je voudrais souligner que la personne qui se rebelle contre le port du voile ne craint pas Dieu ; elle n’accorde pas la moindre importance à Ses commandements et n’a pas peur de Son châtiment. Si une telle personne prie et jeûne, craindrait-elle Dieu si elle ne priait pas et ne jeûnait pas ? Si sa prière et son jeûne étaient accompagnées de cette crainte indispensable pour leur acceptation, cette crainte aurait un impact sur son comportement et ferait que cette personne respecterait le commandement de porter le voile. Sa rébellion contre le voile est un indice portant à croire qu’elle prie et jeûne sans crainte de Dieu, auquel cas Dieu n’accepte ni sa prière ni son jeûne.
Le Très-Haut dit : « Et accomplis la prière car la prière interdit les turpitudes et le blâmable. » [6] La tradition enseigne : « Celui dont la prière ne lui interdit pas les turpitudes et le blâmable ne fait que s’éloigner de Dieu. » Cette tradition fut narrée avec l’omission du premier narrateur (hadîth mursal) de la part d’Al-Hasan, selon une chaîne de transmission authentique. Elle fut également rapportée par At-Tabarâni et par Ibn Mardaweih dans son exégèse selon une chaîne de transmission molle (layyin). At-Tabarânî en rapporta une variante selon Ibn Masʿûd : « Celui dont la prière ne lui enjoint pas le bien et ne lui interdit pas le blâmable ne fait que s’éloigner de Dieu. » selon une chaîne de transmission authentique. [7] On rapporta également dans un hadith authentique que l’on parla au Messager de Dieu — paix et bénédictions sur lui — d’une femme qui priait et jeûnait souvent mais qui agressait verbalement ses voisins ; il dit qu’il n’y avait aucun bien en elle et que sa place était en enfer.
En somme, il faut retenir que la droiture du comportement est un indice de l’acceptation de l’œuvre, sachant que l’acceptation de l’œuvre et sa correction sont deux choses différentes. La prière peut être accomplie correctement au plan de ses piliers et de ses conditions sans être acceptée par Dieu et sans qu’on puisse affirmer qu’elle est invalide. Il n’y a pas en définitive de lien entre la validité et l’acceptation. Le hadith nous enseigne aussi que : « L’homme s’en va de sa prière sans en avoir profité du dixième, du neuvième, du huitième, du septième, du sixième, du quart, du tiers ou de la moitié. » [8]
Malgré tout ce qui vient d’être dit, nous ne devons pas oublier la Parole de Dieu — Exalté soit-Il — : « Certes Allâh ne pardonne pas qu’on Lui donne quelque associé. À part cela, Il pardonne à qui Il veut. » [9] Mais cela ne doit pas être un prétexte pour se reposer entièrement sur la volonté divine car il y a une probabilité que Dieu ne veuille pas pardonner. Il ne convient pas non plus de se reposer sur la Parole du Très-Haut : « D’autres ont reconnu leurs péchés, ils ont mêlé de bonnes actions à d’autres mauvaises. Il se peut qu’Allâh accueille leur repentir. Car Allâh est Pardonneur et Miséricordieux. » [10] Nous devons au contraire nous empresser de nous repentir dans l’espoir que Dieu nous accorde une fin favorable.
Traduit de l’arabe du site islamonline.net. La version originale est consultable sur archive.org.
[1] Sourate 5, Al-Mâ’idah, La table servie, verset 27. NdT.
[2] Sourate 18, Al-Kahf, La caverne, verset 30.
[3] Sourate 99, Az-Zalzalah, La secousse, versets 7 et 8.
[4] Sourate 11, Hûd, verset 114.
[5] Sourate 20, Tâhâ, verset 82.
[6] Sourate 29, Al-ʿAnkabût, L’araignée, verset 45.
[7] Conférer les annotations sur Al-Ihyâ’ par Al-ʿIrâqî, volume 1, page 134.
[8] Rapporté par Abû Dâwûd, An-Nasâ’î et Ibn Hibbân dans son Sahîh.
[9] Sourate 4, An-Nisâ’, Les femmes, verset 48.
[10] Sourate 9, At-Tawbah, Le repentir, verset 102.
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