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Le jeûne et la maladie

vendredi 31 octobre 2003

Question

Quelles sont les directives relatives au malade qui ne jeûne pas pendant le mois de Ramadân ?

Réponse de Sheikh Yûsuf ʿAbd Allâh Al-Qaradâwî

Les savants sont unanimes sur le fait qu’un malade n’est pas tenu de jeûner, puisqu’Allâh - Exalté soit-Il - a dit : "Celui qui est malade ou qui voyage jeûnera ensuite un nombre de jours équivalent. Dieu veut la facilité pour vous, Il ne veut pas vous mettre dans la difficulté." [1] Ainsi, en nous appuyant sur le Noble Coran et sur l’avis unanime des savants musulmans, un malade a le droit de ne pas jeûner pendant le mois de Ramadân. La question qui se pose est : quel type de maladie permet à un musulman de s’abstenir du jeûne ? Toute maladie que le jeûne peut aggraver ou en retarder la guérison permet au musulman de rompre son jeûne. De la même façon, lorsque le jeûne provoque chez le malade une importante douleur qui l’empêche d’accomplir son travail et de gagner sa vie, il a le droit de ne pas jeûner.

On a interrogé l’Imâm Ahmad : « Quand un malade est-il autorisé à ne pas jeûner ?
- Il répondit : Lorsqu’il n’est pas capable de jeûner.
- Puis on lui demanda encore : Un homme qui est affligé par la fièvre est-il dans l’incapacité de jeûner ?
- Il dit : Quelle maladie peut être plus grave que la fièvre ? »

Il y a toutes sortes de maladies. Certaines, telles un mal de dent, un doigt blessé, un petit abcès et autres, ne sont pas aggravées par le jeûne. Le jeûne peut guérir un certain nombre de maladies telles que les troubles digestifs (indigestion, diarrhée, etc.). Ces maladies ne permettent pas au musulman de s’abstenir du jeûne puisque dans de telles situations il est dans l’intérêt du patient de jeûner. Un musulman est autorisé à s’abstenir du jeûne lorsque qu’il craint que ce dernier lui soit nuisible. Si une personne en bonne santé craint de tomber malade à cause du jeûne, il lui est permis de s’en abstenir. Ceci peut être évalué de deux façons : en se basant sur l’expérience personnelle ou d’après les conseils d’un médecin musulman de confiance dont les connaissances et l’honnêteté sont reconnues. Ainsi, si un médecin musulman de confiance indique au musulman que le jeûne peut lui être nuisible, ce dernier est autorisé à ne pas jeûner. D’autre part, si un musulman a l’autorisation de ne pas jeûner mais qu’il insiste pour le faire, il commet un acte répréhensible puisqu’il se nuit à lui-même et refuse d’accepter la dispense [2] accordée par Allâh. Même si le musulman jeûne et observe les règles du jeûne, il aura commis un acte illicite si jamais il se faisait du tort. Allâh - Exalté soit-Il - a dit : « Ne vous tuez pas. Dieu est miséricordieux envers vous. » [3]

Une personne malade peut-elle faire une aumône en échange des jours de jeûne qu’elle a manqués du fait de sa maladie ?

Une maladie est de deux sortes :

- Une maladie temporaire, dont le patient espère guérir. Dans ce cas, le musulman n’a pas à verser d’aumône ou de rachat mais il doit rattraper les jours de jeûne qu’il a manqués. A ce sujet, Allâh - Exalté soit-Il - a dit : « qu’il jeûne un nombre de jours équivalent ». Ainsi, s’il est dans l’incapacité de jeûner pendant un mois, il devra jeûner un mois ultérieurement. S’il est dans l’incapacité de jeûner pendant un certain nombre de jours, il devra rattraper le nombre exact de jours manqués, une fois qu’Allâh lui aura rendu la santé.

- Une maladie chronique dont on ne guérit pas. Ce type de maladie peut être déterminé à partir de l’expérience personnelle ou de l’avis d’un médecin. La législation islamique concernant les personnes âgées s’applique également aux personnes atteintes de maladies chroniques. Dans ce cas, le musulman doit payer un rachat qui consiste à nourrir un pauvre pour chaque jour manqué. Selon certains savants, tels Abû Hanîfah, il peut payer l’équivalent d’un repas pour un pauvre, un faible ou un nécessiteux.

En ce qui concerne la femme enceinte ou qui allaite son enfant, si elle craint que le jeûne lui nuise, la majorité des savants sont d’avis qu’elle peut ne pas jeûner, à condition qu’elle rattrape les jours de jeûne manqués. Elle se trouve alors dans une situation similaire à celle d’une personne malade.

Même si les savants sont unanimes sur le fait qu’une femme enceinte ou allaitant son enfant et qui appréhende que le jeûne ne nuise à son embryon ou au nouveau-né soit autorisée à ne pas jeûner, ils ont divergé concernant le fait qu’elle doive rattraper plus tard les jours manqués, ou bien nourrir un pauvre pour chaque jour manqué, ou encore faire les deux en même temps. Ibn ʿUmar et Ibn ʿAbbās affirment qu’elle doit nourrir un pauvre pour chaque jour manqué. La majorité des savants avancent qu’elle doit rattraper les jours manqués et d’autres maintiennent qu’elle doit faire les deux. Il me semble que le fait de nourrir un pauvre soit suffisant pour une femme qui est enceinte ou qui allaite constamment de sorte qu’elle n’a pas eu l’opportunité de rattraper ses jours. Ceci peut concerner une femme qui est enceinte unne année, puis allaite son enfant l’année suivante, puis est de nouveau enceinte l’année d’après etc. Elle est donc dans l’incapacité de rattraper les jours où elle s’est abstenue de jeûner. S’il lui est demandé de rattraper tous ces jours, il lui faudra jeûner sans cesse durant plusieurs années, chose qui est difficile et Allah ne demande pas à Ses Serviteurs de souffrir de la privation.

P.-S.

Traduit de l’anglais de la Banque de Fatâwâ du site Islamonline.net. La version originale est consultable sur archive.org.

Notes

[1Sourate 2, la Vache, Al-Baqarah, verset 185.

[2En arabe, on dit : rukhsah.

[3Sourate 4, les Femmes, An-Nisâ’, verset 29.

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