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Abû Al-ʿÂs Ibn Ar-Rabîʿ, que Dieu l’agrée

mardi 12 mars 2002

Abû Al-ʿÂs appartenait au clan des Abd Shams, de Quraïsh.
Il était dans la fleur de l’âge, beau et d’un physique impressionnant.
Il était l’exemple même de la galanterie arabe et était
doté de caractéristiques telles que la fierté, la virilité
et la générosité. Il était très fier des
traditions de ses ancêtres.

Abû Al-ʿÂs hérita de l’amour des Quraïshites pour le
commerce. Les Quraïshites étaient connus pour être les maîtres
des deux expéditions commerciales annuelles. L’expédition d’hiver
vers le Sud (le Yémen), et celle d’été vers le Nord (la
Syrie). Ces deux expéditions sont mentionnées dans le Coran dans
la sourate intitulée "Quraïsh".

Les caravanes d’Abû Al-ʿÂs faisaient toujours la navette entre
la Mecque et la Syrie. Chaque caravane était composée de deux
cents hommes et d’une centaine de chameaux. Les gens lui confiaient leurs richesses
et leur biens pour qu’il négocie à leur place car il était
connu pour ses qualité de marchand ; il était honnête et
digne de confiance.

La tante maternelle d’Abû Al-ʿÂs était Khadijah bint Khuwaylid,
la femme de Muhammad Ibn Abd Allah (Paix et Bénédiction de Dieu
sur lui) . Elle le traitait comme une mère traite son propre fils, avec
amour et affection. Muhammad (Paix et Bénédiction de Dieu
sur lui) l’aimait beaucoup également.

Les années passèrent vite dans le foyer de Muhammad et
Khadijah. Zaynab, leur fille aînée, grandit très vite et
s’épanouit telle une jolie fleur, à tel point que plusieurs fils
de nobles mecquois souhaitaient se marier avec elle. Et pourquoi pas ? Elle
était une des filles les plus distinguées de la Mecque du fait
de sa lignée et de sa position sociale. Elle avait un père et
une mère des plus honorables et elle disposait d’un comportement et d’une
morale singuliers.

Qui parmi ces descendants de la noblesse Mecquoise allait gagner sa main ?
Ce fût Abû Al-ʿÂs Ibn Rabi’ah.

Abû Al-ʿÂs et Zaynab étaient seulement mariés depuis
quelques années lorsque la lumière divine de l’Islam irradia la
Mecque. Muhammad, le père de Zaynab, était maintenant le
Prophète de Dieu (paix et bénédiction de Dieu sur lui),
envoyé pour répandre la religion de la guidance et de la vérité.
Il lui fût ordonné de répandre le message de l’Islam, tout
d’abord à sa famille et à ses proches. Les premières femmes
à avoir cru et à avoir accepté l’Islam furent sa femme
Khadijah et ses filles Zaynab, Ruqayyah, Umm Kulthûm et Fatimah. Fatimah
était très jeune à cette époque.

Cependant, le mari de Zaynab, ne voulant pas délaisser la religion de
ses pères, refusa d’adopter la religion que sa femme avait décidé
de suivre, et ce malgré la dévotion et l’amour pur et sincère
qu’il portait pour elle.

Au fil du temps, la confrontation entre le Prophète (Paix et Bénédiction
de Dieu sur lui) et les Quraïshites pris de l’ampleur. Les Quraïshites
pensèrent qu’il devenait intolérable que leurs fis restent mariés
aux filles de Muhammad (Paix et Bénédiction de Dieu sur lui).
Ils pensait également que ce serait une situation embarrassante et difficile
pour Muhammad (Paix et Bénédiction de Dieu sur lui) si ses filles
retournaient chez lui. Ils allèrent donc trouver Abû Al-ʿÂs
et lui dirent :

" Répudie ta femme, Abû Al-ʿÂs ! Renvoie-la chez son
père ! Nous te marierons alors à une femme des plus charmantes
et des plus nobles de Quraïsh que tu désireras".

" Non, par Dieu, dit Abû Al-ʿÂs d’un ton sec, je ne répudierai
pas ma femme et je ne souhaite qu’aucune femme au monde ne prenne sa place".

Les deux autres filles de Muhammad, Ruqayyah et Umm Kulthûm furent
répudiées et renvoyées chez leur père (Paix et Bénédiction
de Dieu sur lui). Le Prophète (Paix et Bénédiction de Dieu
sur lui) était enchanté qu’elles reviennent chez lui et espérait
qu’Abû Al-ʿÂs en ferait de même. Cependant, à cette
époque, il n’avait pas le pouvoir de le contraindre à une telle
chose. La loi interdisant le mariage d’une musulmane à un mécréant
n’était pas encore entrée en vigueur.

Le Prophète (Paix et Bénédiction de Dieu sur lui) émigra
vers Médine et sa mission devint plus forte. Les Quraïshites se
sentaient chaque jour plus menacés. Ils étaient prêts à
l’affronter à Badr. Abû Al-ʿÂs fût contraint de s’aligner
dans les rangs de l’armée des Quraïshites. Il n’avait pas réellement
le désire de se battre contre les musulmans mais ne sentait pas non plus
l’envie de les rejoindre. Mais sa position au sein des Quraïshites, d’honneur
et de confiance, le poussa à participer à cette campagne contre
Muhammad (Paix et Bénédiction de Dieu sur lui). La bataille
de Badr se solda par une terrible défaite des Quraïshites et des
associateurs. Certains furent tués ou furent faits prisonniers, d’autres
réussirent à s’enfuire. Abû Al-ʿÂs, le mari de Zaynab
fût fait prisonnier.

Le Prophète (Paix et Bénédiction de Dieu sur lui) fixa
des montants pour les rançons des prisonniers de guerre allant de mille
à quatre mille dirhams, en fonction de la richesse et du statut social
du prisonnier. Des émissaires de Quraïsh faisaient l’aller-retour entre
La Mecque et Médine apportant le montant de la rançon demandée
pour libérer leurs proches. Zaynab envoya son émissaire à
Médine avec la rançon qui était demandée pour son
mari. La rançon comprenait un collier que sa mère, Khadijah, lui
avait donné avant de mourir. Lorsque le Prophète (Paix et Bénédiction
de Dieu sur lui) vit le collier, son visage devint triste et il ressentit une
montée subite de tendresse envers sa fille. Il se tourna vers ses compagnons
et dit :

" Zaynab a envoyé ce montant pour la rançon d’Abu al-Aas.
Si vous trouvez bon de libérer ce prisonnier et de rendre son bien à
Zaynab, alors faites le".

" Oui, acquiescèrent ses compagnons, nous feront tout ce qui pourra
apaiser ton regard et de rendre heureux".

Le Prophète imposa une condition à Abû Al-ʿÂs avant de le libérer
 : renvoyer sa fille Zaynab auprès de lui dès son retour, sans
délai.

Aussitôt de retour à la Mecque, Abu al-Aas s’arrangea pour tenir
sa promesse. Il ordonna à sa femme de se préparer pour le voyage
et l’informa que les émissaires de son père l’attendaient hors
de La Mecque. Il prépara ses provisions et sa monture et ordonna à
son frère, Amr Ibn ar-Rabi’ah, de l’accompagner personnellement jusqu’aux
émissaires du Prophète (Paix et Bénédiction de Dieu
sur lui) .

Amr plaça son arc sur son épaule, s’empara de son carquois, plaça
Zaynab dans la cabine sur le dos de son chameau puis ils quittèrent La
Mecque en pleine journée, bien en vue des Quraïshites.

Les Quraïshites étaient furieux. Ils poursuivirent Zaynab et Amr puis les
rattrapèrent. Zaynab fût effrayée. Amr plaça son
arc à son épaule et cria.

" Par Dieu, tout homme qui tentera de s’approcher d’elle, je planterai
cette flèche dans son cou’. Amr était connu pour être un
excellent tireur.

Abû Sufyan Ibn Hath, qui avait depuis rejoint les troupes de Quraïsh,
alla vers Amr et dit : " Fils de mon frère, laisse cette flèche
et laisse moi te parler".

Amr obéit et Abû Sufyan enchaîna : " Ce que tu as fait
n’est pas prudent. Tu es parti avec Zaynab à la vue de tous. Tous les
arabes connaissent le désastre que nous avons vécu à Badr
à cause de son père Muhammad. En partant ouvertement avec sa fille
comme tu l’as fait, tu pousse les tribus à t’accuser de traîtrise
et à dire que nous avons été humiliés. Retourne
avec elle et demande lui de rester dans la maison de son mari quelques jours
afin que les gens puissent dire qu’il l’a ramenée. Ensuite, tu pourra
repartir avec elle en secret et la ramener à son père. Nous n’avons
aucun besoin de la garder".

Amr accepta et Zaynab retourna à La Mecque. Quelques jours plus tard,
au milieu de la nuit, Amr prit Zaynab et l’amena jusqu’aux émissaires
du Prophète (Paix et Bénédiction de Dieu sur lui), comme
son frère lui avait demandé.

Après le départ de sa femme, Abû Al-ʿÂs resta à
La Mecque pendant plusieurs années. Puis, peu avant la conquête
de La Mecque, il partit en expédition commerciale en Syrie. Au retour
de ce voyage, sa caravane comprenait quelques centaines de chameaux et cent
soixante-dix hommes.

Alors que la caravane approchait de Médine, un détachement de
musulmans l’assiégea par surprise. Ils confisquèrent les chameaux
et capturèrent les hommes. Cependant, Abû Al-ʿÂs réussit à
s’échapper. Pendant la nuit qui était profondément noire,
Abû Al-ʿÂs entra craintif dans Médine. Il chercha ici et là jusqu’à
qu’il parvienne à trouver la maison de Zaynab. Il demanda sa protection
qu’elle lui accorda.

A l’aube, le Prophète (Paix et Bénédiction de Dieu sur
lui) se rendit à la mosquée pour guider la prière de l’aube.
Il se tenait en direction du mihrâb et dit : " Allahou

Akbar " pour commencer la prière. Les musulmans derrière
lui firent de même. Au même moment, Zaynab, qui se trouvait dans
la mosquée, du côté des femmes, cria :

" Ô gens ! Je suis Zaynab fille de Muhammad. J’ai donné ma
protection à Abû Al-ʿÂs. Donnez lui également la vôtre.
"

Quand la prière se termina, le Prophète (Paix et Bénédiction
de Dieu sur lui) ce tourna vers l’assemblée et dit : " Avez-vous
entendu ce que j’ai entendu ?". " Oui, Messager de Dieu, " répondirent-ils.

De retour chez lui, le Prophète (Paix et Bénédiction de
Dieu sur lui) dit à sa fille : " Prépare un endroit pour
Abû Al-ʿÂs et fais lui savoir que tu n’es plus légitime pour
lui". Puis il somma aux hommes de l’expédition qui avaient saisi
les chameaux et les hommes de la caravane et leur dit :

" Vous avez saisi les biens de cet homme. Nous serions satisfaits si pouviez
être généreux avec lui et lui rendre sa propriété.
Cependant, si vous refusez, sachez que ces biens sont le butin décidé
par Allah et auquel vous avez droit".

"Nous lui rendrons volontiers sa propriété, ô Messager
de Dieu", répondirent-ils. Lorsque Abû Al-ʿÂs vint récupérer
ses biens, ils lui dirent :

" Tu appartiens à la noblesse de Quraïsh. Tu es le neveu du
Messager de Dieu et son gendre. Accepterais-tu l’Islam ? Nous rendrions toutes
ses richesses. Tu pourrais ensuite jouir de tous les biens et richesses que
les Mecquois t’ont confiés et rester ici avec nous à Médine".

" Quelle horrible chose me proposez-vous là ! Entrer dans une nouvelle
religion tout en commettant un acte de traîtrise ! " rétorqua
Abû Al-ʿÂs.

Abû Al-ʿÂs retourna à la Mecque avec la caravane et rendit toutes les
richesses et les biens à leur propriétaires. Puis il demanda :

" Ô gens de Quraïsh ! y a-t-il quelque argent avec moi que
l’un d’entre vous n’a pas récupéré ? "

" Non, répondit-on, et que Dieu te bénisse par Sa grande
bonté. Nous t’avons trouvé noble et digne de confiance".

Ensuite, Abû Al-ʿÂs annonça : "Maintenant que je vous
ai rendu tous ce qui vous appartenait, je déclare qu’il n’y a de Dieu
qu’Allah et que Muhammad est le Messager d’Allah. Par Dieu, la seule chose qui
m’a empêché de déclarer mon acceptation de l’Islam alors
que j’étais avec Muhammad à Médine est la peur que vous
pensiez que je l’avais fait pour m’approprier vos richesses. Maintenant que
je me suis déchargé de ce poids, je déclare que je suis
Musulman...".

Abû Al-ʿÂs partit pour Médine où le prophète
(Paix et Bénédiction de Dieu sur lui) le reçut avec hospitalité
et lui rendit sa femme. Le Prophète (Paix et Bénédiction
de Dieu sur lui) disait à son propos : " Sa parole était
pour moi véridique. Ils me faisait des promesses et restait fidèle
à ses paroles".

P.-S.

Traduit de "Companions of The Prophet", Vol.1, écrit par Abdul Wâhid Hâmid.

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