jeudi 12 octobre 2006
Le Gardien du Madhhab ou le dépôt du savoir des prédécesseurs… C’est ainsi que les disciples d’Al-Habîb [1] Zayn Al-ʿAbidîn Ibn Ibrâhîm Ibn Sumayt le désignent. Juriste shaféite formé à Hadramaout, au Yémen, à lui revient l’imamat en matière de jurisprudence et de fatwâ au sein de l’École BâʿAlawîe dans la péninsule arabe. En outre, il exerce le rôle d’éducateur spirituel à l’égard de ses disciples et de nombreux aspirants à la voie BâʿAlawiyyah dans le monde.
Il naquit en 1942 E.C. à Java, en Indonésie, et reçut les soins et l’attention de ses parents. Soucieux de le sevrer par le savoir et la piété, son père l’emmenait aux assemblées et aux cercles de dhikr d’Al-Habîb ʿAlawî Ibn Mohammad Al-Haddâd, le doyen des chérifs BâʿAlawîs en Indonésie. Après avoir reçu une formation de base à la lecture, à l’écriture et à la science de la récitation coranique, il quitta Java et s’installa, accompagné de ses deux frères et de sa sœur, dans leur maison paternelle à Tarim, une ville au cœur de Hadramaout réunissant un nombre conséquent de juristes, d’éducateurs spirituels et de gnostiques.
Il déploya son énergie pour se former aux sciences islamiques auprès de savants distingués parmi les Sheikhs BâʿAlawîs et les savants de Hadramaout de façon générale. Al-Habîb Mohammad Ibn Sâlim Ibn Hafîdh lui enseigna divers précis de jurisprudence islamique dont Safwat Az-Zubad, assorti de l’un de ses commentaires, et Al-Irshâd d’Ibn Al-Muqri’. Il s’initia à la grammaire arabe et à la rhétorique auprès de Al-Habîb ʿUmar Ibn ʿAlawî Al-Kâf et approfondit sa connaissance du fiqh auprès de Sheikh Mahfûdh Ibn Sâlim, Sheikh Sâlim Saʿîd Bakîr Bâ-Ghaythân et Al-Habîb Sâlim Al-Khird. En outre, il fut présent à diverses assemblées tenues par le gnostique et l’éducateur Al-Habîb ʿAlawî Ibn ʿAbd Allâh Shihâb Ad-Dîn.
Au terme de huit années d’études assidues dans le ribât [2] de Tarim, Al-Habîb Zayn atteignit la maturité et le savoir requis pour porter l’honorable charge de la transmission, de la prédication et de l’éducation islamique. C’est alors qu’Al-Habîb Mohammad Al-Haddâr adressa une lettre à Al-Habîb Mohammad Ibn Sâlim Ibn Hafîdh, exprimant son souhait de recevoir dans son ribât dans la ville d’Al-Baydâ’ un enseignant venu du ribât de Tarim. Al-Habîb Mohammad proposa ce poste au jeune Sheikh Zayn qui accepta de s’installer à Al-Baydâ’. Sur son chemin, il transita à Aden quelque temps et fut chaleureusement reçu par Al-Habîb Sâlim Ibn ʿAbd Allâh Ash-Shâtirî, un ancien compagnon de route lors de ses études à Tarim. Arrivé à Al-Baydâ, il se rendit au ribât dirigé par Al-Habîb Mohammad Al-Haddâr qui fut très heureux de l’accueillir et qui devint plus tard son beau-père. Le dévouement, l’humilité et le savoir de Al-Habîb Zayn lui assurèrent une place de premier choix dans le ribât d’Al-Baydâ où il enseigna pendant plus de vingt ans.
Pendant son long séjour à Al-Baydâ’, il forma de nombreuses générations d’étudiants dont certains se consacrèrent à la prédication islamique comme Sheikh ʿUmar Al-Hadîdî le prédicateur de Yâfiʿ au Yémen, Sheikh Mahmoud ʿAbd Al-Bârî le prédicateur Somalien et Al-Habîb ʿUmar Ibn Hafîdh, le juriste et prédicateur qui dirige l’institut islamique de Dâr Al-Mustafâ à Tarim. Il porta, en outre, ses efforts hors de la sphère de l’enseignement du ribât d’Al-Baydâ’ et s’investit dans la prédication et l’appel à Dieu. Accompagné de certains de ses disciples, il partait à dos d’âne le vendredi après-midi, se relayant avec ses compagnons de route sur cette monture, pour éduquer les habitants des villages avoisinants, puis ils regagnaient Al-Baydâ’ à la tombée de la nuit.
Au terme de vingt ans de services rendus à l’enseignement et à la prédication dans la ville d’Al-Baydâ’, il aspira à séjourner dans les terres du Hijâz. À cette occasion, Sheikh ʿUmar Al-Jifrî lui adressa une invitation pour enseigner au ribât de Médine dont la première pierre avait été posée par des hommes de la prédication islamique comme Al-Habîb Mohammad Al-Haddâr. Sheikh Zayn accepta cette invitation et rejoignit le ribât en 1985 E.C. Il retrouva dans ce centre d’enseignement son ancien ami Sheikh Sâlim Ash-Shâtirî, et tous deux s’attelèrent au développement et à la gestion du ribât pendant près de douze années.
Ainsi Al-Habîb Zayn fut-il comblé par son séjour auprès du bien-aimé, le Prophète Mohammad — paix et bénédictions sur lui —, dans le ribât de sa ville vers lequel affluent de nombreux étudiants. Convaincu du besoin de rechercher le savoir du berceau jusqu’au tombeau, il n’hésita pas à s’instruire auprès de savants médinois, et étudia la science des fondements auprès du juriste malékite Sheikh Zidân Ash-Shinqîtî. Il s’instruisit également auprès de l’expert de la langue arabe, le grammairien, le juriste malékite chevronné, Sheikh Ahmaddu Ibn Mohammad Hâmid Al-Hasanî Ash-Shinqîtî.
Malgré la charge d’enseignement conséquente qu’assume Sheikh Zayn, il composa quelques ouvrages dont :
Sheikh Zayn Ibn Sumayt continue à œuvrer dans le champ de l’enseignement islamique et de la prédication, entouré de l’amour de ses disciples et du respect des Sheikhs BâʿAlawîs qui le comptent parmi leurs juristes les plus saillants dans l’ère contemporaine.
Cette biographie se base sur Qabasât An-Nûr de Sheikh Abû Bakr Ibn ʿAlî Al-Mashhûr.
[1] Al-Habîb, « le bien-aimé », est un titre que les gens de Hadramaout donnent aux savants parmi les descendants de la maison prophétique.
[2] Le terme ribât désigne dans certaines régions du monde musulman, comme le Yémen, les centres d’études islamiques.
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