mardi 18 janvier 2005
Le juriste et prédicateur Sheikh Sâlim Ibn ʿAbd Allâh Ibn ʿOmar Ash-Shâtirî naquit à Tarîm, au cœur de Hadramaout, célèbre Province du Yémen, en 1940. Il est le plus jeune fils de l’Imâm Abd Allâh Ash-Shâtirî dont la généalogie remonte à l’Imâm des Martyrs Al-Husayn, le petit-fils du Messager de Dieu - paix et bénédictions sur lui. Sheikh Sâlim est souvent appelé « Al-Habîb » (le bien-aimé), un titre accordé par les habitants de Hadramaout aux savants et aux vertueux issus de la Demeure Prophétique.
« Ash-Shâtirî », littéralement « Celui qui partage », est un nom attribué à l’un de ses aïeux, Sheikh ‘Alawî, pour avoir soutenu son frère Abû Bakr Al-Habashî au point de partager sa fortune avec lui. Par ailleurs, selon l’auteur de Tâj Al-Arûs, l’érudit Az-Zabîdî, « Ash-Shâtirî » est un qualificatif pour celui qui est à l’image de certains ascètes appelés « Ash-Shatirûn » (Les devanciers) car ils accouraient vers Dieu avec ardeur et dévouement. Ainsi, on relate que Sheikh ʿAlawî mérita ce titre pour sa générosité envers son frère et pour son ascétisme et son cheminement vers Dieu - Exalté Soit-Il.
Fondé en 1886, le Ribât [1] de Tarîm fut inauguré l’année suivante par l’effort collectif d’un groupe de savants yéménites issus des familles Ash-Shâtiri, Haddâd, Junayd, As-Sirrî et ʿIrfân. En particulier, la famille Ash-Shâtirî apporta la plus grande partie des terres dédiées à ce projet et Sheikh ʿAbd Ar-Rahmân Ibn Mohammad Al-Mashhûr joua un rôle moteur dans l’animation de ce centre d’études religieuses où l’accent fut mis sur la jurisprudence islamique, notamment l’école shaféite, et sur les disciplines traitant de la langue arabe, de l’exégèse et du credo.
En 1896, au terme de son voyage à la Mecque Honorée pour étudier auprès de ses savants, le père de Sheikh Sâlim - l’Imâm ʿAbd Allâh Ibn ʿOmar Ash-Shâtirî - retourna à Tarîm pour enseigner au Ribât. De 1896 jusqu’à son décès en 1942, il dispensa divers cours en sciences islamiques à titre gratuit. En outre, il s’occupa de la supervision du Ribât et dirigea l’enseignement au centre, aidé par l’élite des savants de la ville et quelques anciens étudiants du Ribât. Il demeura dans cette position pendant près d’un demi-siècle, appelant à Dieu et formant des générations de prédicateurs. On rapporte à cet egard que les registres officiels du Ribât montrent qu’environ 13 000 étudiants, venus de divers pays, furent diplômés sous la supervision de cette figure éminente parmi les savants de Hadramaout.
Éduqués dans un environnement de science et de dévotion, les quatre fils de l’Imâm ʿAbd Allâh Ash-Shâtirî - Sheikh Mohammad Al-Mahdî, Sheikh Abû Bakr, Sheikh Hasan, et le plus jeune parmi eux, Sheikh Sâlim - prolongèrent les efforts de leur père. En particulier, Sheikh Mohammad Al-Mahdî dirigea le Ribât jusqu’au changement de pouvoir au sein du parti communiste gouvernant, depuis 1970, la République Démocratique et Populaire du Yémen (R.D.P.Y.). Hostile aux efforts de prédication, le gouvernement communiste décida de fermer le Ribât en 1981. Dans cette ère sanglante, l’état marxiste installé au Sud-Yémen persécuta, tortura et assassina de nombreux savants, et poussa de nombreux prédicateurs à quitter le pays.
Manifestement, Sheikh Sâlim grandit dans un environnement teinté de sagesse, de prédication et d’ascétisme. Toutes les conditions étaient favorables pour qu’il avance dans le sillon fertile de son père et de ses frères. Ainsi, a-t-il étudié dans sa jeunesse auprès des disciples de son père dans le Ribât de la ville Tarîm. Puis, en 1956, il partit en Arabie pour acquérir la science auprès de ses plus célèbres savants, comme l’Imam ʿAlawî Ibn ʿAbbâs Al-Mâlikî Al-Hasanî qui enseignait, entre autres, la jurisprudence malékite à la Mosquée Sacrée. La richesse du patrimoine juridique islamique était traduite par une longue tradition d’enseignement des quatre écoles juridiques prévalentes - hanafite, malékite, shaféite et hambalite - au sein de la Mosquée Sacrée par des spécialistes de chaque école. Maintenue à travers les âges, cette tradition fut, hélas, suspendue récemment sous la pression de certaines figures religieuses officielles du Royaume saoudien hostiles à cette pluralité et à cette richesse juridique.
Sheikh Sâlim profita de son séjour dans la ville sacrée et suivit des cours au Centre des Études Religieuses à la Mecque Honorée dont il reçut un haut diplôme d’études. De retour à sa terre natale en 1961, il se consacra à l’appel à Dieu, la prédication et l’enseignement des disciplines islamiques notamment dans la ville d’Aden où il fut l’Imâm de la Mosquée de Abû Bakr Ibn ʿAbd Allâh Al-ʿAydarûs. Mais La popularité croissante de Sheikh Sâlim auprès des habitants de sa ville poussa des jaloux à essayer de lui nuire et, en 1976, il survécut à une tentative d’assassinat organisée par le pouvoir installé à l’époque.
Il visita divers pays tels que Oman, les pays du Golfe et d’Asie du Sud-Est ainsi que des pays du continent africain, pour appeler à Dieu et diffuser le message de l’Islam et ses vertus.
En 1991, les efforts conjoints de Sheikh Sâlim et de son frère Sheikh Hasan permirent la réouverture du Ribât de Tarîm suite à la proclamation de l’unification du Yémen en 1990. Des liens solides lient Sheikh Sâlim aux autres centres religieux et prédicateurs de Tarîm, comme Al-Habîb ʿUmar Ibn Hafîdh, le directeur de Dâr Al-Mostafâ.
Actuellement, il dirige le Ribât, y enseigne, et participe aux cercles de science et de prédication à Tarîm et dans d’autres villes. Il souhaite revivifier le patrimoine islamique auprès des nouvelles générations en leur enseignant le message divin par la sagesse et la bonne exhortation. Qu’Allâh - Exalté soit-Il - bénisse ses efforts et le rétribue généreusement.
Cette biographie se base sur Al-’Ud Al-Hasan Al-ʿAtiri de ʿAli Mohammad Husayn Al-ʿAydarus et Qabasât An-Nûr de l’érudit Abû Bakr Ibn ʿAli Al-Mashhûr.
[1] Le terme ribât désigne dans certaines régions du monde musulman, comme le Yémen, les centres d’études islamiques. NdT.
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