jeudi 26 juillet 2001
(Je recommande à ceux qui sont amenés à travailler sur la scène publique et qui estiment qu’ils pourraient se heurter aux gouvernements, de ne pas tenir à écrire).
J’ignore la raison de cette envie pressante en moi qui me pousse à écrire ces mémoires, malgré le fait d’avoir renoncé à cela complètement, depuis que la police a saisi mes mémoires privées en 1943 et suite à la peine et à la fatigue que j’ai subies par l’interrogateur, sans succès ou résultat. Rien ne justifie le fait de charger les mots d’implications qu’ils ne portent pas en eux, ni de déduire des conclusions alors que les hypothèses ne mènent pas à elles, simplement parce que tel serait le rôle de la police générale, étant une autorité d’accusation.
Peut-être que cette perte de mes mémoires est la raison directe pour cette envie de réécrire. C’est certainement une source de chagrin pour l’être humain que de perdre ses chers souvenirs alors qu’ils étaient entre ses mains. Peut-être est-ce la crainte que ses souvenirs ne se perdent et ne soient oubliés, alors qu’ils constituent les pages du livre de sa vie. Il les lie et les expose à lui-même, puis les laisse pour la postérité après lui... Malgré la perte de mes mémoires, je me rappelle encore les évènements. C’est comme s’ils s’étaient produits aujourd’hui. Cela est peut-être une raison supplémentaire qui explique mon envie d’écrire, la peur que les aléas de la vie ne me fassent oublier : " la succession des jours et des nuits fait oublier bien des choses ".
De toute manière, j’ai envie d’écrire et j’écrirai pour donner cours à cette envie. Si une pensée vient grâce au Tout Miséricordieux, louange donc à Allâh, et s’il en est autrement, alors j’invoque le Pardon d’Allâh. J’ai la certitude que si jamais cet écrit ne s’avère pas profitable, au moins il n’est aucunement nuisible. Je ne veux que le bien et c’est Allâh qui accorde le succès. Cela dit, je recommande à ceux qui sont amenés à travailler sur la scène publique et qui estiment qu’ils pourraient se heurter aux gouvernements, de ne pas tenir à écrire : cela est plus reposant pour eux-mêmes et pour les gens et met à l’abri contre de mauvaises compréhensions et interprétations. " Allah certes dit la vérité et c’est Lui qui guide vers le bon chemin ".
Hasan Al-Bannâ
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