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Chagrins d’un prédicateur
Section : La salafiyyah telle que nous la connaissons et telle que nous l’aimons

Le besoin d’une méthode reliant notre présent à notre passé

vendredi 21 mars 2003

Je ne souhaite pas m’appesantir dans la critique de nos déviances intellectuelles et mentales. J’aimerais aboutir à une méthodologie reliant notre présent à notre passé glorieux, préparant des successeurs à l’image des prédécesseurs et nous permettant de pérenniser notre message et de défaire notre ennemi...

En tant qu’individus isolés, nous ne pouvons pas réaliser grand chose. La communauté (al-jamâʿah) est l’une des valeurs emblématiques de l’islam ; elle est une miséricorde tandis que la division est une tourmente...

Au plan international, nos ennemis ont réussi à baisser l’étendard du califat et à découper la nation du Monothéisme en nations éparses. Ces dernières sont devenues les subalternes des grands blocs internationaux qu’elles ont ralliés et ont revêtu des colorations culturelles et politiques autres que celle que Dieu a indiquée.

Il incombe aux prédicateurs éclairés de secourir la oummah de l’intérieur et d’arrêter le déchirement intellectuel et spirituel qui nous vient de l’étranger. Ceci implique que nous ravivions la fraternité religieuse, que nous stimulions l’amour en Dieu, que nous abrégions les distances et que nous comblions les écarts séparant ceux qui se réclament de l’islam.

Pour ne pas se contenter de rêves et de prêches magistraux, nous sommes d’avis de canaliser la oummah entière vers des regroupements visant des objectifs réels, des regroupements à l’image des cercles des frères sur lesquels s’est fondé le mouvement islamique dans le Najd, au Soudan ou en Égypte, et qui s’accordent à secourir l’islam, interagissent selon l’esprit divin et s’étendent aux villes et aux villages.

Je conçois ces regroupements sous deux formes : La première se base sur un métier commun à l’image des corporations de métiers, les corps d’ingénieurs, les unions d’avocats, les cercles scientifiques, les chambres de commerce, les unions d’étudiants et les clubs universitaires etc. La seconde comprend des groupes hétérogènes réunis pour des raisons permanentes ou provisoires.

L’action des premiers consistera à servir l’islam dans leurs spécialités respectives, de résorber notre retard civilisationnel, de rivaliser dans l’excellence et de s’attacher à soutenir l’islam allant des tâches techniques les plus élémentaires aux tâches les plus évoluées. L’action des seconds visera à renforcer les liens entre leurs membres qui œuvrent dans des domaines distants. Le médecin rencontrera ainsi le clerc, l’ouvrier du textile échangera avec l’ouvrier en pharmaceutique, le comptable fera la connaissance de l’instituteur et le carreleur rencontrera le journaliste etc.

L’essentiel est que tous ces gens prennent en considération l’effet de leurs actions sur le dynamisme islamique et qu’ils s’entraident pour le bien de leur religion et de leur nation. Il n’y a aucun mal à ce qu’ils se rendent visite, qu’ils échangent des présents, qu’ils renforcent les sentiments cordiaux entre leurs familles respectives et leurs enfants dans le cadre de la bienséance islamique bien connue... Ce qui m’incite à formuler cette proposition ce sont l’isolement que vivent les adeptes de cette religion ainsi que la défection que connaît la religion elle-même dans les domaines les plus sensibles de la vie, et les paroles, belles ou ennuyeuses, où se cantonnent les prédicateurs.

La prédication est l’action la plus légère à notre époque.

Nous devons, en premier lieu, remettre en marche le convoi de l’islam à une époque où même les adorateurs de bovins ont pris de l’avance... Il se peut qu’une parole utile dite dans un institut, une usine ou une administration pèse davantage dans la balance du croyant que de nombreux prêches. Je voudrais également insister sur la proscription de toute polémique religieuse au sein de ces regroupements et sur l’acceptation de toutes les écoles de jurisprudence connues. Les efforts et le temps doivent être consacrés à la défense de la religion contre ses assaillants et à la reconstruction de notre oummah sur ses bases premières... Si une étude scientifique s’avérait nécessaire, que cela soit confié aux spécialistes qui, par leur savoir, sont les plus aptes à se prononcer.

Il m’a été donné de voir des divergences juridiques se transformer en obstination, puis en inimité inter-personnelle qui démolit la religion et la vie ici-bas. Qu’arriverait-il alors si le différend ne portait non plus sur les règlements dérivés mais sur les fondements ? La catastrophe serait bien plus grande et amère !

P.-S.

Traduit de l’arabe du site ghazaly.net. La version originale est consultable sur archive.org.

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