mercredi 2 juin 2004
Le credo musulman possède des caractéristiques que l’on ne retrouve pas dans les autres credos. C’est un credo clair et simple ne souffrant d’aucune complexité ni d’aucun mystère. Il se résume à dire que ce monde merveilleux, ordonné et cohérent a un Seigneur unique l’ayant créé, le régissant et ayant donné une mesure à chaque chose. Ce Dieu ou ce Seigneur n’a point d’associé, ni d’égal, ni de compagne, ni d’enfant : "C’est à Lui qu’appartient ce qu’il y a dans les cieux et dans la terre, tous Lui sont soumis." [1]
Il s’agit là d’une croyance claire et acceptable car la raison recherche toujours une cohérence et une unité derrière la diversité et la pluralité, elle s’efforce sans cesse de ramener les choses à une cause unique. Le credo monothéiste est exempt de la complexité et des mystères qui caractérisent les croyances trinitaires ou païennes fondées sur un principe méconnu chez les musulmans : "croire à l’aveuglette".
Ce credo n’est ni étranger ni contraire à la prime nature. Bien au contraire, celle-ci l’épouse aussi parfaitement qu’une clef épouse son cadenas. C’est ce que le Coran exprime de manière explicite : « Dirige tout ton être exclusivement vers la religion, telle est la nature que Dieu a originellement donnée aux hommes - pas de changement à la création de Dieu. Voilà la religion de droiture ; mais la plupart des gens ne savent pas. » [2] et ce que le hadîth prophétique enseigne : "Tout nouveau-né vient au monde en conformité avec la prime nature - c’est-à-dire l’islam. Ce sont ses parents qui font de lui un juif, un chrétien ou un zoroastrien". Ce hadîth indique donc que l’islam est la prime nature inculquée par Dieu, ne nécessitant nullement l’intervention des parents.
Quant aux autres religions, comme le judaïsme, le christianisme ou le zoroastrisme, elles sont inculquées par les pères et mères.
Ce credo est immuable, bien défini, et n’admet ni ajout ni soustraction, ni falsification ni modification. Il n’appartient pas à un quelconque gouverneur, ni à une académie scientifique, ni à un congrès religieux, d’y ajouter quoi que ce soit ni de le modifier. Tout ajout ou modification est rejeté et renvoyé à son auteur. Le Prophète - paix et bénédictions sur lui - dit : "Quiconque innove dans notre affaire ce qui n’en fait pas partie, son innovation est rejetée."
Le Coran, condamnant cela, dit : « Ou bien auraient-ils des associés à Dieu qui auraient établi pour eux des lois religieuses qu’Allah n’a jamais permises ? »... [3] Partant de là, toutes les innovations et toutes les légendes introduites dans certains livres de littérature islamique ou répandues parmi les masses sont fausses et rejetées ; l’islam ne les admet pas et elles ne peuvent donc pas servir d’argument contre lui.
Ce credo est "démontré" et ne se contente pas de simples décrets ou de commandements sévères. Il ne dit pas, comme les autres credos le font, de "croire aveuglément", "de croire puis de savoir", "de fermer les yeux puis de suivre", ou que "l’ignorance est mère de la piété". Au contraire, le Livre qui expose ce credo dit explicitement : "Dis : ’Apportez vos preuves si vous êtes véridiques’" [4]. Aucun savant musulman n’a dit ce qu’a proclamé le philosophe chrétien Saint Augustin : "J’y crois car c’est impossible" ! Les savants musulmans disent au contraire que la foi de l’imitateur n’est pas acceptée.
De même, ce credo ne se contente pas de s’adresser au cœur et à l’âme, et de fonder sur eux la croyance. Il assoit les questions qu’il expose moyennant l’argument péremptoire, la preuve manifeste, et l’explication claire qui force l’adhésion de la raison, et trouve un chemin vers les cœurs. Les savants musulmans ont pour devise : "La raison est le fondement de la transmission... et la transmission authentique ne contredit pas une raison saine" [5].
Aussi, à propos de la Divinité de Dieu, le Coran avance-t-il des arguments puisés dans l’univers, dans l’âme, et dans l’histoire pour prouver l’Existence de Dieu, Son Unicité et Sa Perfection. A propos de la résurrection, il démontre que cela est possible arguant que l’homme, les cieux et la terre ont déjà été créés une première fois, et que la terre aride est bel et bien ressuscitée après avoir été morte. Il rappelle également la sagesse sous-tendant la résurrection, à savoir la justice divine qui doit récompenser les bienfaiteurs et châtier les malfaiteurs : "Afin qu’Il rétribue les malfaiteurs pour leurs forfaits et qu’Il rétribue gracieusement les bienfaiteurs" [6].
C’est un credo médian qui ne pèche ni par outrance ni par laxisme...
Il est médian entre ceux qui nient les origines imperceptibles de la nature et ceux qui affirment la présence de plusieurs divinités pour ce monde, voire qui affirment que les rois et les gouverneurs sont une incarnation de l’esprit divin, ou pire, que certains animaux et végétaux comme les vaches et les arbres sont aussi des incarnations de l’esprit divin ! Le credo musulman rejette la dénégation athée tout comme il rejette le polythéisme ignorant ou l’associationisme insouciant. Il réaffirme que cet univers a un Dieu unique, point de divinité hormis Lui : « Dis : "A qui appartient la terre et ceux qui y sont si vous savez ?". Ils diront : "A Allah". Dis : "Ne vous souvenez-vous donc pas ?" Dis : "Qui est le Seigneur des sept cieux et le Seigneur du Trône sublime ?" Ils diront : "Allah". Dis : "Ne craignez-vous donc pas ?" Dis : "Qui détient dans Sa Main la royauté absolue de toute chose, et Qui protège et n’a pas besoin d’être protégé ? Dites, si vous le savez !" Ils diront : "Allah". Dis : "Comment donc se fait-il que vous soyez ensorcelés ?". » [7]
Ce credo est médian quant aux Attributs de Dieu...
Il est exempt de ces excès consistant à ôter à Dieu Ses Attributs, au point que les attributs divins deviennent tous négatifs, ne véhiculant aucun sens, ni n’inspirant aucun crainte ni aucun espoir - comme c’est le cas de la philosophie grecque qui n’a fait que nier les attributs : "Dieu n’est pas comme ci, ni comme ça"... sans jamais citer les attributs positifs de cette divinité et quelles conséquences ils ont sur ce monde.
De même, il est exempt de l’anthropomorphisme et de l’incarnationnisme où sont tombés d’autres credos comme le judaïsme, qui a fait du Créateur une entité semblable à Ses Créatures humaines, qui l’a rendu sujet au sommeil, à la fatigue et au repos, ou encore à la partialité, au favoritisme et à la cruauté... ou qui affirme qu’Il rencontra quelque prophète, se battit avec lui et fut battu [8] au point que Dieu ne put s’en tirer avant de lui octroyer un autre titre !
Traduit de l’arabe du livre de Sheikh Yûsuf Al-Qaradâwî, Madkhal Li-Maʿrifat Al-Islâm, disponible en ligne sur le site Qaradawi.net.
[1] Sourate 2, Al-Baqarah, la Génisse, verset 116. NdT
[2] Sourate 30, Ar-Rûm, les Romains, versets 30. NdT
[3] Sourate 42, Ash-Shûrâ, la Consultation, verset 21. NdT
[4] Sourate 2, Al-Baqarah, La Génisse, verset 111. NdT
[5] La transmission désigne ici le naql. Ce sont toutes les connaissances que nous possédons et qui nous proviennent de ce qui nous a été transmis dans le Coran ou dans la Sunnah. Le naql est, chez les Musulmans, un mode de connaissance aussi pertinent que le ʿaql (la raison). NdT
[6] Sourate 53, An-Najm, L’Étoile, verset 31. NdT
[7] Sourate 23, Al-Mu’minûn, les Croyants, versets 84 à 89. NdT
[8] Ce passage fait allusion au combat biblique entre Dieu - Gloire à Son Nom - et le Prophète Jacob. Genèse 32:24-28. NdT
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