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La Conception de la guerre en islam

Avant la bataille

samedi 1er octobre 2005

« Ne soyez pas impatients de rencontrer l’ennemi, mais si vous le rencontrez, soyez fermes. », enseigna le Prophète — paix et bénédictions sur lui —.

Dès le commencement du combat jusqu’à sa fin, le seul motif qui le régit est la nécessité de repousser l’agression. En islam, on ne peut déclarer la guerre qu’après avoir donné aux combattants ennemis le choix entre trois alternatives :
a) L’Islam.
b) La conclusion d’un pacte.
c) La guerre.

Nous avons mentionné précédemment que l’Islam s’était répandu dans diverses régions et que les Musulmans se trouvèrent cernés par des ennemis qui attendaient la moindre occasion pour attaquer l’Islam et ses adeptes, et si les ennemis laissaient aux Musulmans quelque répit, c’était pour mieux se préparer à porter leur coup décisif.

L’Islam devait donc prendre l’initiative d’attaquer avant d’être pris par surprise, car parfois l’attaque est la seule voie de légitime défense.

Mais, d’autre part, l’Islam se refusait à attaquer ses ennemis par surprise. Avant de passer à l’attaque, il leur annonçait donc son dessein. Ceci prouve, en effet, que l’Islam n’avait pas l’intention d’accaparer les terres par la guerre, ni d’exercer une autorité arbitraire ni de dominer la destinée des êtres. Mais, son unique intention était d’assurer sa sécurité, soit par la conclusion d’un pacte avec les non-Musulmans, soit en recueillant leur adhésion à l’Islam. S’ils n’acceptaient ni l’une ni l’autre de ces deux alternatives, il devenait évident que leurs intentions étaient hostiles et il était du devoir des Musulmans de se protéger contre eux.

Cette méthode fut celle que suivit l’Islam dans ses batailles et elle devint l’une de ses caractéristiques. Mais, il arriva que quelques-uns des généraux musulmans attaquassent certains pays sans donner le choix entre les deux alternatives aux habitants. Parmi ceux-ci, il y a Qutaybah Ibn Muslim Al-Bâhilî qui conquit la Mésopotamie et arriva jusqu’aux frontières de la Chine. Pendant qu’il faisait la guerre à Safid, petite ville d’une des provinces de Samarkand, il prit possession de la ville sans donner le choix à ses habitants entre les trois alternatives susmentionnées. Ces derniers présentèrent une plainte au Calife ʿOmar Ibn ʿAbd Al-ʿAzîz lui disant : « Qutaybah nous a traités avec injustice, nous a trahis, et a usurpé notre pays. Or, Dieu a enjoint la justice et l’équité dans Sa révélation. » Ils demandèrent à être reçus par le Prince des Croyants afin de lui exposer leur cas, ce qu’ils furent autorisés à faire. Lorsqu’il prit connaissance de leur plainte, il écrivit à son gouverneur : « Le peuple de Samarkand s’est tourné vers moi pour protester contre Qutaybah pour les avoir maltraités, opprimés et usurpé leur pays. Aussitôt que tu recevras cette lettre, présente leur cas au juge afin qu’il le prenne en considération. Si le juge prononce un verdict en leur faveur, ordonne aux Arabes de mettre leur camp hors de cette ville, en attendant que Qutaybah les terrasse de nouveau. »

Le gouverneur exposa le cas au juge. Celui-ci rendit son verdict contre les Arabes, ordonnant qu’ils se retirent de leur camp et qu’ils affrontent les habitants de la ville sur un pied d’égalité. Ces derniers avaient alors le choix entre la conclusion d’un nouveau pacte, ou le recours aux armes. Mais les habitants de Safid optèrent pour la première option.

Y a-t-il un meilleur exemple de justice ? Y a-t-il un vainqueur qui traite ses ennemis de cette manière ? L’histoire connaît-elle un conquérant qui se désiste du territoire qu’il vient de conquérir ? Se pliant ainsi au verdict de son propre juge et non pas forcé par des circonstances extérieures, il évacue donc les territoires qu’il vient de conquérir et sur lesquels ont été tués de nombreux guerriers. Puis, il renouvelle sa proposition aux habitants de la ville, soit l’Islam, soit la paix, soit la guerre. Le peuple de Samarkand opta volontairement pour la paix, la vérité et la justice, et un grand nombre d’entre eux embrassa l’Islam.

Nous devons, comme à notre habitude, chercher dans les faits, gestes et préceptes du Prophète, le guide suprême pour éclairer la ligne de conduite que l’on doit suivre pendant la guerre. Lorsque nous étudions comment le Prophète mène la guerre, nous ne nous intéressons ni à la stratégie, ni à la tactique militaire. Car ce sont des actions de ce bas monde relevant de son rôle de chef des armées et non pas de son rôle de Prophète recevant l’inspiration du Ciel. Nous nous tournons vers le guide spirituel et le directeur moral qui tient ses vérités de la révélation et de la prophétie.

Notre attention est attirée ici par la prière transmise par la tradition que le Prophète avait l’habitude de réciter avant les batailles : « Dieu Tout-Puissant, nous sommes Tes créatures et ils sont aussi Tes créatures. Nos têtes sont entre Tes mains et les leurs aussi. Ô Dieu, provoque leur défaite et aide-nous à triompher d’eux. »

La lumière de la Prophétie émane de cette prière sublime, car Mohammad ne considérait pas ses ennemis comme des êtres maudits, mais comme des créatures du Très-Haut : « Ô Dieu, nous sommes Tes créatures et ils sont aussi Tes créatures. » Cette phrase sublime implique que nous sommes tous les créatures et les esclaves du Très-Haut et que nos ennemis ne nous sont pas inférieurs, puisqu’ils ont été créés et formés par Dieu. De cette conception émane le sentiment de la fraternité humaine. Mais si l’humanité unit tous les hommes, la vérité différencie les créatures qui se plient à l’obéissance de Dieu et celles qui sont en rupture avec Ses lois. Le sens de la fraternité humaine limite la guerre et le massacre au plus petit cercle possible, pour éviter la soif du carnage, le désir de destruction et de dévastation. Si tous les chefs éprouvaient ce sentiment, le combat se limiterait au champ de bataille, et les engins de destruction qui ravagent tout ce qu’il y a sur la surface de la terre disparaîtraient.

Le Prophète faisait cette prière avec humilité à Dieu et, d’autre part, il enjoignait à son armée de ne pas combattre avant d’avoir donné aux ennemis la possibilité de choisir l’Islam ou la paix, et de ne pas prendre elle-même l’initiative de l’attaque.

Citons maintenant deux injonctions du Prophète, l’une adressée à Muʿâdh Ibn Jabal et l’autre à ʿAlî Ibn Abî Tâlib qui avaient été envoyés combattre à la tête de l’armée musulmane.

L’injonction adressée à Muʿâdh :

« Ne les combattez qu’après les avoir invités (donner le choix entre les trois alternatives). S’ils déclinent votre offre ne les combattez qu’après qu’ils en aient pris l’initiative. S’ils la prennent, attendez qu’ils aient tué l’un des vôtres et montrez-leur son corps en leur demandant : "N’y a-t-il pas de meilleur moyen que celui-ci ?" Si Dieu convertit un seul homme par votre fait, cela vaut mieux que la mainmise sur le monde entier. »

L’injonction adressée à ʿAlî Ibn Abî Tâlib :

« Si vous pénétrez dans leur territoire, ne frappez que s’ils vous attaquent. S’ils prennent cette initiative, ne répondez que s’ils tuent l’un des vôtres. S’ils commettent ce méfait, montrez-leur le corps et demandez-leur s’ils sont disposés à attester que Dieu est le Dieu Unique ou non ? Si Dieu convertit un seul homme par votre fait, cela vaut mieux que la mainmise sur le monde entier. »

Ces deux injonctions mettent en lumière la véritable finalité de la guerre en Islam, à savoir repousser l’agression.

L’intention de sauvegarder la paix demeure même quand les deux armées sont en présence et que chacune attend le début de la bataille.

L’invitation à se convertir à l’Islam ou à conclure un pacte est une invitation à la paix non pas à la guerre. C’est une paix destinée à durer sur un fondement solide et dépourvue du désir de venger une agression précédente. D’autre part, l’Islam enjoint à ses soldats de ne pas prendre l’initiative du combat car il est défendu de tuer un dissident ou d’attenter à la vie d’un combattant ennemi à moins qu’ils ne commettent une agression. Et malgré tout, si les ennemis attaquent les Musulmans, ces derniers ne doivent riposter que lorsque, avec un esprit pacifique désirant épargner les vies humaines et confiant en lui-même, ils montrent le corps de celui qui a été tué en disant : « N’est-il pas préférable pour vous de préférer la paix en vous ralliant à l’Islam ou en concluant un pacte ? » Si la vue du corps ne provoque en eux aucune angoisse et ne les incite pas à choisir la paix, l’amitié et la sécurité, la guerre devient alors inéluctable. Les Croyants s’avancent, recherchant ce qui semble à leurs yeux le meilleur destin : la victoire ou le martyre. Et seul Dieu, le Sage, le Tout-Puissant peut accorder la victoire.

Cette description de la guerre à la lumière des enseignements du Prophète nous montre qu’elle était inévitable. Le Prophète avait deux alternatives : soit demeurer indifférent, laisser les ennemis violer la vertu et ses lois, voir le vice se répandre, soit repousser le danger, délivrer la vérité et les Croyants.

Cette conception éclaire donc le motif de la guerre et sa fin.

P.-S.

D’après la série intitulée "Études sur l’islam", publié par le Ministère des Biens de Mainmorte et des Affaires Islamiques d’Égypte, juillet 1987. Relu et adapté par islamophile.org.

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