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La Conception de la guerre en islam

Dâr al-harb et dâr al-islâm

mardi 22 mars 2005

Notre étude des textes ainsi que des événements historiques à l’époque du Prophète, montre que pour les Musulmans, les rapports humains étaient basés sur la paix et non sur la guerre.

Pourquoi donc appelait-on le monde des incroyants, la « terre de la guerre » (dâr al-harb), par opposition à la « terre d’Islam » (dâr al-islâm) ? Cette dénomination peut suggérer sans doute que les rapports étaient fondés sur la guerre. Voici la réponse.

Les juristes avaient divisé les peuples en trois catégories. La première, la « terre d’Islam » dont la plus grande partie était constituée de Musulmans et où les lois de l’Islam étaient appliquées. La seconde, la « terre du pacte » (dâr al-ʿahd) qui se composait de tous les territoires non-musulmans ayant conclu des accords ou des pactes avec les Musulmans. La troisième, la « terre de la guerre » (dâr al-harb). Cette classification leur fut imposée par les événements et non pas par la législation.

Lorsque l’Islam apparut et prit de l’extension, les premiers croyants luttèrent contre ceux qui les avaient attaqués et libérèrent les peuples des tyrans qui les persécutaient. Ces rois, dans tous les confins du monde, se préparèrent à attaquer les Musulmans. Ils voyaient non sans crainte cette religion se répandre, car elle libérait les peuples, protégeait les libertés, déclarait l’égalité, et aucune de ces valeurs n’était compatible avec les principes de la monarchie absolue qui prédominait en ce temps-là. Ces rois se liguèrent donc pour lancer une attaque commune contre les Musulmans dans les contrées où ils se trouvaient. Il était donc essentiel pour les Musulmans de contre-attaquer en vertu du texte du Coran qui dit : « Quiconque vous attaque, alors attaquez-le de la même manière qu’il vous a attaqués. » [1]

Cela ne contredit pas la règle établie précédemment selon laquelle la guerre est interdite en Islam à moins qu’elle soit la réponse à une agression.

Toutefois, en l’an 2 de l’Hégire, les Musulmans étaient entourés par des peuples non scrupuleux qui désiraient leur nuire. Un nouvel aspect de la légitime défense surgit alors : les Musulmans furent obligés d’attaquer pour devancer l’agression de l’ennemi. Ce nouveau système de défense était licite en Islam, car le Coran incite les croyants à être sur leur garde en toute circonstance : « Ô vous qui croyez, soyez sur vos gardes. Partez en campagne par groupes clairsemés ou partez en masse ! » [2]

Si le monde entier suivait la logique de l’Islam, à savoir la coexistence pacifique, nous aurions eu le droit de qualifier les Musulmans d’agresseurs s’ils combattaient ceux qui ne les avaient pas combattus. Mais, autrefois, comme aujourd’hui, le monde n’était pas gouverné par une religion ; mais il était régi par la loi de la jungle. On ne pouvait pas considérer les croyants comme des agresseurs parce qu’ils prévenaient les attaques de leurs ennemis.

Telles sont les lois de l’Islam et elles sont puisées dans la réalité. Les Califes de l’Islam les appliquaient avec plus ou moins de rigueur selon leur sens de la justice et de la réalité profonde de l’Islam. Certains gouverneurs déguisaient sous le visage de l’Islam leurs ambitions personnelles et les actions qui en découlaient. Nous tenons à signaler ici une vérité bien établie : on ne peut pas prétendre que tout ce que les Califes de l’Islam accomplirent concordait absolument avec le véritable esprit de l’Islam.

D’aucuns peuvent prétendre que la justice internationale s’incline devant le fait accompli et que ceci peut s’opposer aux règles morales de la religion, qui préconise que la base des rapports doit être la vertu, et pour qui c’est cette dernière qui doit régir la réalité et non pas le fait établi, qu’il soit moral ou immoral.

Nous répondons à ceci en disant que lorsque les juristes classèrent leurs ennemis dans la catégorie de la « terre de la guerre », ils ne négligèrent pas les idéaux que l’Islam préconisait, les plus importants étant la justice et la vertu dans toute leur intransigeance, car ils établirent que les rapports entre les Musulmans et les autres peuples étaient fondés sur la justice et non sur la conquête.

Les Musulmans étaient conscients que la conquête ne leur donnait d’autres droits que la justice et une conduite conforme à leurs idéaux, sous l’égide de la vertu et de la piété.

Cette dénomination ne donnait pas aux Musulmans le prétexte de s’approprier les biens des combattants, ni de les exterminer, ni même d’attenter à leur liberté personnelle hors du champ de bataille. Et c’est pour cette raison que cette dénomination ne changeait en rien les vérités établies.

P.-S.

D’après la série intitulée "Études sur l’islam", publié par le Ministère des Biens de Mainmorte et des Affaires Islamiques d’Égypte, juillet 1987. Relu et adapté par islamophile.org.

Notes

[1Sourate 2, Al-Baqarah, La Génisse, verset 194. NdT.

[2Sourate 4, An-Nisâ’, Les Femmes, verset 71. NdT.

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