mercredi 29 septembre 2010
Le point le plus important sur lequel repose le succès est une volonté pugnace, suivie d’une exécution rapide et d’une saisie des occasions qui se présentent. Ne dit-on pas que la vie est une lutte, soit dit autrement que la vie est un combat ?
Or le meilleur combattant est celui qui passe à l’attaque et qui ne se contente pas de défendre, qui passe à l’action et qui ne se contente pas d’assurer ses arrières, qui va de l’avant pour saisir l’occasion dès lors qu’elle se présente et qui ne s’attarde pas un seul instant jusqu’à la manquer. Il vise alors sa cible et cherche à l’atteindre du mieux qu’il peut, et tant pis s’il échoue ; car il n’échoue que pour mieux réussir ensuite.
Un homme qui hésite trop longtemps, qui fait montre d’une méfiance excessive et qui ne se décide à entreprendre une action que s’il est sûr à cent pourcents de son succès, n’est apte qu’à être un romancier rêveur ou un philosophe planant dans le monde de l’imagination : il ne saurait être un entrepreneur à succès.
Un général poltron, méfiant ou réticent à l’idée de sacrifier un seul de ses hommes, ne saurait gagner une guerre.
Seul gagne une bataille celui qui réfléchit à la mesure de ses moyens, qui ne s’attarde pas à réfléchir plus que nécessaire, puis qui frappe au moment opportun, tout en croyant au succès de l’opération même s’il n’en a pas la certitude. S’il échoue, il aura tout de même accompli son devoir.
La morale moderne accorde sa préférence pour le verbe conjugué à l’impératif affirmatif par rapport au verbe conjugué à l’impératif négatif. Ainsi, « sois honnête » est préférable à « ne mens pas », « sois juste » est préférable à « ne sois pas injuste ». L’ordre d’agir selon la vertu est préférable à l’interdiction d’agir selon le vice, car dans le premier cas, il y a action, existence et vie, tandis que dans le second, il y a abstention, néant et mort.
Tout dans cette vie est en lutte. Le corps lutte ainsi contre les microbes qui l’agressent de l’extérieur et de l’intérieur. Or la santé ne repose pas uniquement sur la prévention. Mieux que la prévention, est la vitalité qui se traduit par le sport, le travail, le mouvement, l’activité physique, etc.
Ceux qui se reposent sur la prévention, l’immobilité, le repos et le cheminement strict sur la voie de la guérison sont les malades cloués au lit ou dans les hôpitaux. Les gens en bonne santé se reposent quant à eux en petite partie sur la prévention, et en grande partie sur la vitalité et l’activité.
L’esprit est en lutte pour sa part contre les idées stériles et les conceptions pernicieuses. Et le meilleur moyen pour lui de les vaincre est également sa vitalité, son activité intellectuelle et sa réflexion productive, et non point son renoncement et sa soumission.
Ainsi donc, tout dans la vie est lutte. Et une lutte authentique repose sur une volonté authentique, des expériences continues et une activité permanente.
Le monde est plein de vitalité ; il est dans un mouvement continu et une activité permanente, régi par des forces perpétuellement en interaction : l’électricité et les forces nucléaires, la chaleur et la froideur, les vents et les tempêtes, etc.
Celui qui réussira dans ce monde mobile et actif sera donc celui qui s’intègrera harmonieusement à lui par son activité, sa force et sa vitalité. Et c’est pourquoi l’immobilité totale équivaut à la mort.
Aux côtés de ces forces physiques régissant la vie, il existe des forces morales qui sont elles aussi dans un mouvement permanent et une lutte continue : l’ordre et le chaos, l’ignorance et le savoir, la force et la faiblesse de l’opinion publique, la justice et l’injustice, les divergences entre les désirs des hommes, qui se concrétisent dans leur concurrence vis-à-vis de la réalisation de leur bien-être personnel.
Pour réussir dans la vie, il est nécessaire de déterminer la position de l’homme face à ces forces physiques et morales. Confronté aux forces physiques, il doit apprendre à les utiliser pour ses intérêts propres, en allant dans leur sens et sans chercher à s’y opposer. Ainsi, l’électricité peut le foudroyer s’il ne sait pas l’utiliser. En revanche, s’il apprend à l’utiliser à bon escient, il pourra l’employer pour s’éclairer, pour se chauffer ou pour faire circuler des trains. Il en est de même de toutes les forces naturelles.
Confronté aux forces morales, il lui faut également déterminer sa position face aux différents courants qui s’expriment au sein des systèmes sociaux. Il devra s’immerger en elles pour devenir lui-même une force morale, s’essayant autant que faire se peut à réformer les autres forces environnantes, et utilisant autant que faire se peut ces mêmes forces, pour son propre bien-être et pour celui de ses semblables.
Plus l’homme est fort physiquement, intellectuellement et moralement, plus il est en mesure de tirer profit des forces matérielles et immatérielles. L’homme a ainsi pu domestiquer le cheval, le monter et le mettre à son service, parce que son âme et son cerveau sont plus développés. De même, au milieu de conjonctures sociales contradictoires, il peut employer ces conjonctures et en tirer bénéfice pour son intérêt personnel ainsi que pour l’intérêt général. En revanche, s’il paresse, s’il fainéante ou s’il lâche prise, il ne pourra guère réussir : les conjonctures le dirigeront à leur gré plutôt que le contraire.
L’homme ne réussit donc qu’en développant ses facultés propres et sa connaissance des forces naturelles et sociales qui l’entourent, puis en s’intégrant à elles et en apprenant comment les utiliser.
Quiconque le souhaite peut passer en revue tous ceux qui ont obtenu un réel succès dans la vie, et il se rendra compte que leur succès est à la mesure de l’application qu’ils ont faite de la règle que nous venons d’énoncer, même s’ils n’ont pas su l’exprimer.
Par ailleurs, il en est des nations et des gouvernements comme des individus : toute nation possède autour d’elle des forces naturelles, et des forces morales qui l’entourent.
La nation ratée est ainsi une nation dont le territoire regorge de minerais dont elle ne sait que faire, de forces hydrauliques dont elle ne sait tirer profit, de terres arables qu’elle ne sait cultiver pour en produire les richesses les plus abondantes, et ainsi de suite. C’est une nation qui se trouve dans des conjonctures sociales données qu’elle ne sait comment manœuvrer, perplexe quant à la manière de les gérer. Une telle nation n’a pas de réelle volonté à mettre à exécution une stratégie, ni un sincère souhait de réforme. Les forces naturelles la dirigent comme une plume emportée par le vent, tandis que les forces sociales l’orientent Dieu sait où. Elle n’est pas cet homme qui tient solidement les rênes de sa monture, mais plutôt une monture qu’on a harnachée puis qu’on guide.
La nation en réussite est telle cet homme en réussite qui étudie les forces naturelles et qui sait qu’elles ne changent ni n’évoluent, comme cet habile marin qui sait quand il doit hisser les voiles et quand il doit les affaler, qui sait comment il doit manœuvrer son bateau et dans quelle direction, qui sait qu’il n’a aucune emprise sur la trajectoire du vent mais qu’il en a une sur l’utilisation qu’il en fait dans l’intérêt de son navire.
Il en est de même pour la nation en réussite qui est confrontée aux forces sociales. Constatant le chaos prévalent, elle décide d’y mettre de l’ordre ; constatant que l’opinion publique est faible, elle la nourrit et la renforce ; constatant les préjudices causés par la lenteur des procédures administratives, elle les rénove ; constatant que l’injustice prospère, elle l’éradique en instaurant la justice ; elle ne se contente pas de prévenir et de soigner les maux : elle insuffle vitalité et activité dans ses différentes composantes. Ainsi, la loi qui régit le succès et l’échec de l’individu et de la nation est unique.
Pensez, agissez, innovez, luttez, osez, saisissez les occasions et vous réussirez ! A défaut, c’est la mort ou la quasi-mort qui vous attend !
Traduit de l’arabe d’un article de Ahmad Amîn, extrait de son ouvrage Fayd Al-Khâtir (Pensées) et faisant partie du premier tome d’une compilation d’articles intitulée Maqâlât Li-Kibâr Kuttâb Al-ʿArabiyyah fî Al-ʿAsr Al-Hadîth (Sélection d’articles des plus grands écrivains arabes de l’ère contemporaine), élaborée par Sheikh Muhammad Ibn Ibrâhîm Al-Hamad et téléchargeable en ligne sur le site Islamhouse.com.
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