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Chagrins d’un prédicateur
Section : Notre situation avant les grandes défaites historiques

Des batailles dans la jurisprudence des règlements secondaires

samedi 24 juillet 2004

Les juristes des règlements secondaires, quant à eux, firent empirer la situation et occupèrent les gens par toutes sortes de règlements juridiques empreints d’exagérations désagréables, qui ne méritaient pas qu’on y dépense toute cette énergie ni tout ce temps ! Puis ils déclarèrent des guerres peu nobles à leurs contradicteurs dans ces règlements de second ordre.

Ibn Al-Jawzî rapporte (d’après l’introduction susmentionnée commise par ʿAlî Ibn Muhammad Yûsuf Al-Muhammadî) les propos du Sheikh Ibn ʿAqîl : "Je constatai que seule l’incapacité empêchait les gens d’être injustes ! Je ne parle pas des masses, mais des savants. Certains Hambalites devinrent de véritables despotes du temps d’Ibn Yûsuf - le gouverneur précédent -, persécutant les disciples d’Ash-Shâfiʿî pour des questions secondaires de la jurisprudence - sur lesquelles ils divergeaient avec eux - au point de les empêcher d’accomplir le qunût [1] à voix haute alors que cette question relève de l’ijtihâd - c’est-à-dire que les divergences n’y portent pas à conséquence. Puis, lorsque mourut Ibn Yûsuf et que vint le temps d’An-Nidhâm, le pouvoir des Hambalites ayant disparu, les Shâfiʿites s’en prirent à eux tels des sultans iniques, insultant leurs masses populaires, et portant atteinte à leurs savants en les rejetant et en les accusant d’anthropomorphisme !" Ibn ʿAqîl ajoute : "Je méditai la situation des deux parties pour me rendre compte que ni l’une ni l’autre n’était imprégnée des règles de bienséance exigibles de la part d’un savant. Car de tels agissements sont-ils autres que ceux de mercenaires qui fanfaronnent lorsqu’ils ont le pouvoir et que se cloîtrent dans leurs mosquées sinon ?"

Ibn Al-Jawzî rapporte que Abû Nasr Al-Qushayrî - l’enseignant à la Nidhâmiyyah - disait du mal des Hambalites et les accusait d’anthropomorphisme [2], si bien qu’un jour, ils le caillassèrent, le poursuivant jusque chez lui. Une autre fois, les gens se battirent à son sujet et il y eut des morts, des blessés, des incendies et des pillages jusqu’à ce que le Calife envoyât des gens pour éteindre le feu de la discorde !

Ce déchirement avait lieu pendant que le monde croisé brûlait d’envie de frapper l’islam chez lui et d’éradiquer ses gens et sa mémoire.

Et pourquoi se battait-on de la sorte ? Pour des choses dont l’abandon ou l’accomplissement se valent et qui ne portent à aucune conséquence au plan de la foi et de la dignité ! Quel mal y a-t-il à accomplir ou à délaisser le qunût lors de la prière de l’aube ?

Le dénuement de toute éthique, la haine cachée des autres et l’infatuation sont autant de crimes commis par certains juristes des règlements secondaires, enorgueillis qu’ils étaient par leur propre marchandise, qu’ils présentaient aux gens avec une dose d’exagération, sans prêter attention à la division que cela pouvait engendrer !

La corruption des religieux parmi les gens du Livre émane également de cette même source. Ils faussèrent les slogans et corrompirent les cœurs si bien que Dieu déclara à leur sujet : "Mais ce sont ceux-là mêmes à qui le Livre avait été apporté, qui se mirent à en disputer, après que les preuves leur furent venues, par esprit de rivalité !" [3]

La conséquence de la division, du désordre dans les rangs et de l’amour du pouvoir fut que les Croisés et les Tatars envahirent les frontières de cette nation déséquilibrée et lui firent connaître toutes sortes de déboires.

Pourquoi mentionné-je tout cela aujourd’hui ? À quoi bon dépoussiérer ces pages du passé ?

P.-S.

Traduit de l’arabe du livre de Sheikh Muhammad Al-Ghazâlî, Humûm Dâʿiyah, éditions Nahdat Misr, troisième édition, décembre 1998.

Notes

[1Le qunût est une invocation qu’on peut dire à la fin de la prière. NdT

[2Historiquement, certaines figures hambalites se rendirent coupables d’anthropomorphisme et furent violemment dénoncées par l’ensemble des savants sunnites, y compris des savants de l’école hambalite elle-même. Il y a donc lieu de nuancer le point de vue dans ce genre de différends sans pour autant les remettre au goût du jour. NdT

[3Sourate 2, Al-Baqarah, la Génisse, verset 213.

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