mercredi 5 juin 2002
Nous voulons connaître les directives islamiques concernant la relation sexuelle entre les époux. L’Islam a-t-il négligé cette relation, ne lui accordant pas d’importance ?
Louanges à Dieu et paix et bénédiction sur le Messager de Dieu.
La relation sexuelle entre les époux est cruciale et marque de manière indélébile la vie conjugale. Ne pas s’intéresser à cette question, ou la mettre de côté, peut rendre cette vie difficile. L’amoncellement des erreurs au niveau de la relation sexuelle peut détruire la vie conjugale et l’ébranler dans ses fondements.
Certaines personnes doivent penser que la religion a négligé cet aspect malgré son importance. D’autres pensent que la religion est trop noble et trop pure pour s’intéresser à cet aspect par des enseignements et des conseils ou par des lois et une organisation. Ils s’appuient pour cela sur la vision d’autres religions de la question du sexe considéré comme étant « une salissure et un rabaissement animal ». En réalité, l’Islam n’a pas négligé ce côté sensible de la vie de l’Homme et de la vie familiale. L’Islam a ainsi exprimé des obligations et des interdits, qu’ils soient de nature à être considérés comme des commandements moraux ou comme des lois obligatoires.
La première chose que l’Islam a établie au niveau de cet aspect est la reconnaissance du caractère parfaitement naturel et authentique de l’instinct sexuel. L’Islam condamne ainsi toutes les tendances extrémistes qui visent à l’empêcher, ou à le considérer comme une salissure ou une souillure. C’est pour cette raison que l’Islam a empêché ceux qui voulaient abolir définitivement l’instinct sexuel. Il a en outre répondu à ceux qui voulaient s’éloigner des femmes et abandonner le mariage : « Je connais Dieu mieux que vous, je le crains plus que vous, mais la nuit, je prie et je dors, le jour, je jeûne et je mange, et j’épouse les femmes. Celui qui se détourne alors de ma tradition n’est pas des miens ».
De même, après le mariage, l’Islam a établi le droit de chacun des époux à répondre à cet instinct. Il a incité à l’acte sexuel à un tel point qu’il est considéré comme une forme d’adoration et de rapprochement de Dieu, comme cela a été précisé dans le hadith authentique : « En une partie de vous, il y a une bonne action ». Les Compagnons dirent : "Ô Messager de Dieu, quelqu’un qui satisferait à ses pulsions serait gratifié d’une bonne action ?" Le Messager de Dieu répondit : « Oui, s’il satisfait ses pulsions illicitement, n’aura-t-il pas récolté une mauvaise action ? Prendriez-vous alors en compte le mal sans prendre en compte le bien ? » [1]
Mais l’Islam a pris en compte que l’époux, naturellement et ordinairement, est le requérant à l’acte sexuel et la femme la requise. Il est plus passionné par sa femme, et de moindre patience qu’elle, contrairement à ce que prétendent certains selon qui le désir de la femme est plus fort que celui de l’homme. La réalité prouve qu’il n’en est pas ainsi, et c’est ce qu’a établi la législation.
L’Islam, en tenant compte de la force du désir masculin, n’a pas oublié la part de la femme, et son droit naturel à satisfaire ses pulsions de femme. Pour cette raison, le Prophète dit à celui de ses Compagnons qui jeûnait la journée et qui priait la nuit, comme ʿAbd Allâh Ibn ʿAmr : « Ton corps a un droit sur toi et ton épouse a un droit sur toi ».
L’Imam Al-Ghazâlî dit : « L’homme devrait honorer son épouse au moins une fois tous les quatre jours. C’est plus équitable. Car le nombre d’épouses pouvant aller jusqu’à quatre, il est permis de retarder l’acte sexuel au plus jusqu’à quatre jours. Oui, il faut que l’époux accomplisse l’acte plus ou moins souvent, en fonction des besoins de son épouse pour qu’elle puisse assouvir son plaisir et préserver sa chasteté. Préserver la chasteté de son épouse est un devoir pour l’homme ».
L’Islam a entre autres attiré l’attention sur le fait que l’homme ne doit pas avoir pour unique but de satisfaire à ses propres besoins sans s’intéresser aux sentiments de son épouse et à ses désirs. Pour cette raison, on rapporte un hadith qui incite aux préliminaires avant l’acte sexuel, préliminaires tels que les caresses, les baisers, etc... L’acte sexuel n’est ainsi pas réduit à un simple accouplement animal. Les Imâms de l’Islam et ses grands juristes n’ont ainsi vu aucun inconvénient ni aucun mal à rappeler cet aspect (les préliminaires) que certains couples tendent à négliger.
Ainsi, l’Argument de l’Islam, l’Imam de la jurisprudence et du soufisme, Abû Hâmid Al-Ghazâlî, mentionne-t-il dans son Ihyâ’ ʿUlûm Ad-Dîn - qu’il a rédigée pour tracer une ligne de conduite aux gens de piété et aux itinérants vers le Paradis - quelques bonnes attitudes à avoir lors de l’acte sexuel. Il dit : « Il est recommandé que l’époux commence par invoquer le Nom de Dieu le Très-Haut. Le Prophète a dit : « Si l’un d’entre vous, approchant son conjoint, dit : « Dieu éloigne-moi du Diable, et éloigne le Diable du bienfait dont Tu nous pourvois », alors si un enfant est conçu, le Diable ne l’affectera point. »
L’homme devrait ensuite se couvrir ainsi que son épouse par un drap... Qu’il aborde son conjoint par des paroles douces et par des baisers. Le Prophète a dit : « Que l’un d’entre vous ne tombe pas sur sa femme comme le font les bestiaux. Qu’il y ait entre eux un messager. On demanda : "Qu’est-ce que le messager, ô Messager de Dieu ?" Le Prophète répondit : « Le baiser et la parole. » Le Prophète dit également : « Trois choses relèvent de l’impuissance chez l’homme », et il mentionna le fait que l’homme approche son épouse, qu’il l’honore avant qu’il ne lui ait parlé et qu’il se soit rendu agréable. Il couche alors avec elle, satisfait son propre besoin, avant qu’elle-même n’ait satisfait le sien. »
Al-Ghazâlî dit encore : « Une fois qu’il a satisfait son plaisir, l’homme doit patienter jusqu’à ce son épouse satisfasse son appétit également. En effet, l’orgasme de l’épouse peut prendre du temps. Si l’homme se retire, cela peut décupler le désir inassouvi de la femme, ce qui constitue un tort à son encontre. La non-coïncidence temporelle des orgasmes impose à l’homme de se retenir, aussi précoce soit-il. Car la coïncidence des orgasmes augmente le plaisir de la femme. Que l’homme ne s’occupe de lui-même sans porter d’intérêt à son épouse, car cette dernière peut être pudique, et ne rien lui dire. »
Après Al-Ghazâlî, l’Imâm salafi, le pieux, Abû ʿAbd Allâh Ibn Al-Qayyim mentionne dans son livre Zâd Al-Maʿâd fî Hady Khayr Al-ʿIbâd la voie à suivre, qui est celle du Prophète - paix et bénédiction sur lui - au niveau de l’acte sexuel. Ibn Al-Qayyim ne voit aucune incommodation religieuse qui l’empêcherait de parler de cela, ni aucune contrainte morale, ni aucun manquement à la société, comme le penseraient certaines personnes, à notre époque actuelle.
Selon ses termes : « La guidance du Prophète en matière d’acte sexuel et de mariage est la meilleure des guidances. L’acte sexuel préserve la santé, accomplit le plaisir et la joie de l’âme, et rassemble les trois fonctions pour lesquelles il a été établi. L’acte sexuel a en effet été établi pour trois raisons, qui sont ses fonctions originelles :
Parmi les avantages de l’acte sexuel : rabattre son regard, préserver son âme, être capable de s’élever au dessus de l’illicite, et réaliser ces objectifs pour son épouse. L’homme profite ainsi à lui-même, ici-bas comme dans l’au-delà, et profite également à sa femme. Pour cette raison, le Prophète pratiquait et aimait l’acte sexuel, disant : « De votre monde, j’ai aimé les femmes et les parfums ».
Dans le livre de l’ascétisme de l’Imâm Ahmad, on trouve à ce hadith une addition avenante : « Je peux me passer de la nourriture et de
la boisson, mais je ne peux me passer d’elles ».
Le Prophète a incité sa Communauté au mariage, disant : « Mariez-vous, je serai fier de votre nombre devant les autres nations ». Il dit également : « Jeunes gens, quiconque parmi vous en a les moyens, qu’il se marie. Cela lui permet de rabattre le regard, et de préserver sa chasteté ». Lorsque Jâbir se maria avec une femme ayant déjà été mariée, le Prophète lui demanda : « Si seulement c’était une vierge que tu taquinerais et qui te taquinerait à son tour ! »
Puis l’Imâm Ibn Al-Qayyim dit : « Avant l’acte sexuel, il est nécessaire de s’amuser avec la femme, de l’embrasser, de lui sucer la langue. Le Messager de Dieu, paix et bénédiction sur lui, s’amusait avec son épouse et l’embrassait. Abû Dâwûd rapporte que « le Prophète embrassait ʿÂ’ishah et lui suçait la langue ». Jâbir Ibn ʿAbd Allâh dit : « Le Messager de Dieu a interdit la pénétration avant les caresses » ».
Tout cela nous montre donc que les juristes de l’Islam n’étaient pas « arriéristes » ni « obscurantistes » pour le traitement de ces questions. Ils étaient au contraire, dans la terminologie de notre époque, des « modernistes » réalistes.
En conclusion, l’Islam s’est intéressé à organiser la dimension sexuelle de la vie conjugale sans point la négliger. Le Coran lui-même a cité cette facette à deux endroits de la sourate 2, la Vache, qui traite des affaires familiales :
Il n’y a pas de témoignage d’intérêt pour cette question plus grand que d’en faire mention expresse dans la Constitution de l’Islam qu’est le Noble Coran.
Et Dieu est le plus Savant.
Traduit de l’arabe du site Islam-Online.net. La version originale est consultable sur archive.org.
[2] Sourate 2, la Vache, Al-Baqarah, verset 187.
[3] Sourate 2, la Vache, Al-Baqarah, versets 222 et 223.
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