samedi 19 avril 2003
Puisque certaines personnes ignorent peu ou prou la nature de cette source qu’est la Sunnah, nous allons l’expliquer en quelques mots. Nous nous empressons d’abord de rappeler que l’Histoire n’a rapporté au sujet d’aucune communauté que celle-ci accorda un soin particulier à l’héritage laissé par son Prophète, qu’elle l’examina avec minutie ou qu’elle le passa au crible de l’analyse critique, comme l’ont fait les Musulmans avec l’héritage oral, pratique, juridique et politique laissé par Muhammad.
Il n’est pas de religion ni d’École de pensée qui dispose de tels critères prodigieux d’évaluation de l’authenticité des chaînes de narration et des trames des récits, ni de tels critères de jugement impartiaux auxquels est soumis ce qui est rapporté au sujet d’un Porteur de Message...
Dans la Sunnah, il y a ce qui est largement concordant dont l’authenticité ne cède en rien à l’authenticité même du Noble Coran, comme c’est le cas par exemple avec les postures de la prière. Il y a aussi ce dont la signification est concordante, c’est-à-dire que les récits relatent divers événements avec des mots différents, mais tous ont, dans une certaine mesure, la même signification... Dans la Sunnah, il y a également les chaînes de narration singulières.
La chaîne de narration - même si elle est négligée aujourd’hui - revêt en réalité une importance cruciale sur les conséquences qu’elle implique. C’est pour cette raison que les savants ont stipulé que : La chaîne de narration fait partie de la religion ; si elle n’existait pas, qui le voudrait pourrait dire ce qu’il voudrait ! ! Cela est dû au fait que les Musulmans sont unanimement d’avis que l’on doive obéir au Messager dans ce qu’il a ordonné et interdit. Cette obéissance lui revient de droit, tout comme elle revient de droit à l’ensemble des Prophètes : « Nous n’avons envoyé de Messager que pour qu’il soit obéi, par la permission de Dieu. » [1]
L’effort d’appréciation consiste pour les gens à savoir si le Messager a réellement prononcé telle parole ou non...
Nul doute que tous les dogmes et l’ensemble des directives constituant le pilier de la religion sont parvenus aux hommes via des chaînes célèbres que nul n’est censé ignorer. Il existe néanmoins des directives transmises de manière singulière, comme nous l’avons précédemment évoqué. A ce niveau, nous voudrions jeter un œil objectif et totalement neutre sur la méthode par laquelle les Musulmans se transmettent ces traditions. S’agit-il d’une méthode que l’on peut qualifier d’aléatoire et de fantaisiste, ou bien s’agit-il d’une méthode que l’on peut qualifier de fine et de précise ?
Prenons un exemple contemporain avec les informations diffusées sur tel ou tel grand Président ! Supposons que le Conseiller du Président des Etats-Unis fasse une déclaration portant sur l’avis du Président sur telle ou telle question. Puis, supposons qu’une personne de l’entourage présidentiel s’en va rapporter les déclarations du Conseiller, tant et si bien que ces dernières tombent aux mains d’un journaliste qui les publie. Quel sera dans ce cas le crédit à accorder à une telle nouvelle ?
Nous répondons que cette nouvelle peut être aussi bien vraie que fausse. Nous ne pencherons vers l’une des deux hypothèses que si nous connaissons la valeur de la source dont a été rapportée cette information. Si nous déterminons que l’information a réellement été rapportée par le journal d’après le diplomate de l’entourage présidentiel, qui l’a lui-même rapportée directement d’après le Conseiller du Président, et que chacun d’eux est réputé comme ayant une mémoire fidèle et une totale véridicité dans ce qu’il rapporte, quelle sera notre opinion sur une telle information ? Devons-nous y croire ou la démentir ? Réponse : Nous inclinerons plutôt à lui accorder foi.
Et ce sont là précisément les conditions que posent les savants musulmans pour qu’un récit ou une information soit considérée comme authentique et pour que soit acceptée son attribution au Messager de Dieu. Ces savants vont encore plus loin en posant deux autres conditions :
Ils sont désormais confiants vis-à-vis de la source, c’est-à-dire vis-à-vis des narrateurs qui ont rapporté le récit. Mais l’information en soi, quelle est-elle ? Elle peut en effet être contradictoire avec ce qui a déjà été établi de manière plus sûre. Si c’est le cas, le récit est considéré comme anormal, et il est traité en conséquence. Il peut également y avoir d’autres problèmes internes infiltrés dans le hadith rapporté, ce qui le rend non digne de confiance et donc, non authentique, sauf s’il est exempt de toutes ces anomalies qui le récusent.
Mais encore, qu’y a-t-il de plus après toutes ces conditions ?
Si l’on est confiant vis-à-vis des narrateurs qui rapportent le hadith, si l’on prouve leur fidélité de restitution et leur perspicacité, si l’on prouve que chacun d’eux a directement entendu le hadith de la bouche de l’autre, que ce qu’ils ont rapporté s’accorde avec ce qui a été reconnu par d’autres voies comme faisant partie de la religion, qu’aucune anomalie n’égratigne le hadith, alors ce hadith singulier constitue une source uniquement dans le cadre de la science juridique conjecturale. Autrement dit, il ne constitue pas une source de dogme religieux. Il n’est pris en considération que dans les autres questions juridiques...
Existe-t-il dans le monde une méthodologie plus minutieuse et plus critique que celle-là ?... Existe-t-il une religion qui ait connu un tel recours vis-à-vis de ce qui est attribué à son fondateur ?
Mais malgré tout, nous voici avec un orientaliste qui se marche sur les pieds, se saisissant de la Sunnah prophétique pour la jeter aux orties, déclarant avec un mépris insultant que l’affiliation de la Sunnah au Porteur du Message est fausse, ce qui en est concordant, ce qui en est célèbre, ce qui en est authentique et ce qui en est entre le faible et l’authentique ! !
Les sciences de la Sunnah - auxquelles se sont attachés les mémorisateurs du Hadith - n’ont pas leurs pareilles dans toute autre religion. Cet orientaliste - qui porte un regard indifférent à la consignation de la Sunnah - sait-il comment les connaissances juridiques sont consignées dans sa religion ? !
Pauvre de lui ! Il ne sait rien faire d’autre qu’attaquer l’Islam et répéter pour le compte de l’évangélisation, aveuglé par la haine, que le Coran est l’œuvre de Muhammad, attribuée à Dieu, que la Sunnah est l’œuvre des hommes, attribuée à Muhammad et que le Livre comme la Sunnah sont des importations extérieures adaptées à l’environnement arabe, car les Arabes sont des ignorants, n’ayant aucune place significative dans ce monde...
Telle est la recherche libre, neutre et honnête ! !
Traduit de l’arabe aux éditions Nahdat Misr, cinquième édition, 1988.
[1] Sourate 4 intitulée les Femmes, An-Nisâ’, verset 64.
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