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Le rôle réformateur des Soufis en Inde et leur influence sur la société

Influence des Soufis sur la vie publique et l’éthique du peuple

lundi 1er décembre 2003

L’allégeance qui lia les gens à ces Soufis fut basée sur le Tawhîd, la sincérité (Ikhlâs), l’application de la Sunnah, le repentir, et l’obéissance à Dieu et à Son Prophète. Ils mettaient en garde contre la perversité, le blâmable, les mauvaises manières, l’injustice, la dureté, et incitaient les gens à faire preuve de nobles manières et à délaisser les viles manières telles que l’orgueil, la jalousie, la haine, l’injustice et l’amour du prestige. Ils enjoignaient les gens à purifier leur ego et à le réformer. Ils leur apprenaient la mention (Dhikr) de Dieu, le conseil aux serviteurs de Dieu, la satisfaction de ce que Dieu accorde, et l’altruisme. Outre cette allégeance, qui symbolise le lien profond et singulier entre le Sheikh et ses disciples, ils ne cessaient d’exhorter les gens et tentaient d’embraser leurs coeurs par l’Amour de Dieu - Exalté Soit-Il - et la langueur pour Son Agrément. Ils faisaient naître en eux, un désir ardent pour l’auto-réforme et le changement de sa propre condition. Nous donnerons, par la suite, des exemples mettant en valeur cette réalité historique et montrant dans quelle mesure ils influencèrent la société par leurs nobles manières, leur sincérité, leur enseignement, leur éducation et leurs assemblées.

L’historien de l’Inde, le juge Diyâ’ Ed-Dîn Al-Burnî, cita le règne du Sultan ʿAlâ’ Ed-Dîn en ces termes : "Le Sheikh de l’Islâm Nidhâm Ed-Dîn, le Sheikh de l’Islâm ʿAlâ’ Ed-Dîn et le Sheikh de l’Islâm Rukn Ed-Dîn furent parmi les illustres Shuyûkh [1] de l’éducation spirituelle et de la réforme sous le règne du Sultan ʿAlâ Ed-Dîn. Ils diffusèrent la lumière sur terre. Ils reçurent l’allégeance d’innombrables personnes. Par l’effort de ces Shuyûkh, les pervers et les corrompus se repentirent ; ils accomplirent la prière assidûment et s’y attachèrent jusqu’à leur dernier souffle. Ces repentis ont alors vu naître en eux l’amour de la religion et son respect. Leur repentir fut sincère. Ils s’attachèrent à toutes les oeuvres de culte et l’amour du bas-monde s’affaiblit dans leur coeur. Il en fut ainsi sous l’influence des manières nobles et raffinées de ces Shuyûkh, de leur délaissement des passions et des choses communes. La véridicité se répandit dans la société par la bénédiction de leur dévotion et de leur éthique. Sous l’influence de leurs nobles manières et leurs efforts, les gens éprouvèrent un désir de réformer leurs propres manières."

Il dit également : "Les dernières années du règne du Sutlan ʿAlâ’ Ed-Dîn furent caractérisées par un marasme qui toucha le marché du blâmable - l’alcool, la perversité, la débauche, les jeux du hasard et l’immoralité sous toutes ces formes. Ces mots devinrent très rares dans les conversations. Les péchés majuscules devinrent, aux yeux des gens, d’une laideur similaire à celle de la mécréance. Les gens avaient honte de teinter d’usure leurs transactions, ou de thésauriser de l’argent. Le mensonge, la lésinerie et la tricherie devenaient rares dans les marchés." [2]

Ces Shuyûkh accordaient une grande importance aux nobles manières, à l’éthique, au comportement, aux rapports à autrui, à la restitution des droits, et à l’acquittement de la dette. Ils recommandaient à toute personne leur prêtant allégeance d’y accorder un grand intérêt. Ainsi Sheikh Farîd Ed-Dîn Kenj Shaker recommandait-il à son disciple, Sheikh Nidhâm Ed-Dîn, de déployer tous ses efforts pour satisfaire ses adversaires et tout ayant droit sur lui. Il devait vingt centimes à une personne et avait perdu un livre qu’il avait emprunté à une seconde personne. Lorsqu’il visita la ville de Delhi, il alla voir la première personne qui lui dit : "Il me semble que tu reviens des terres des musulmans." Et lorsqu’il rendit visite à la seconde personne, elle lui dit : "Ces nobles manières ne sont que le fruit des jours que tu as séjournés à l’endroit où tu étais."

L’éducation que donnaient ces Soufis et Shuyûkh, et leurs assemblées, faisait naitre dans l’être le désir de se rendre utile à autrui et une volonté ferme de leur rendre service et de les aider.

As-Sayyid Ahmad Ibn ʿIrfân Ash-Shahîd, parti dans sa grande assemblée pour atteindre la Mecque et accomplir le pélerinage, ne ratait pas la moindre occasion pour rendre service aux gens pendant ce long parcours éprouvant. Ce voyage s’effectua par bateau, le long de la rivière de Kenj. Ils rencontrèrent un jour, sur la rive de Marzapûr, un bateau chargé de coton dont le propriétaire attendait les porteurs pour transporter le coton vers les dépôts. C’est alors qu’As-Sayyid Ahmad ordonna à ses compagnons de transporter les balles de cotons. Des centaines de disciples se dirigèrent énergiquement vers le bateau qui fut déchargé en quelques minutes. Les gens furent agréablement surpris de ce comportement et murmurèrent : "Nous n’avons point vu une chose pareille ! Il n’y a aucun lien entre ces gens et le propriétaire du bateau, ils n’ont demandé aucun salaire et ont accompli ce travail pour la Face de Dieu. Ils sont sans le moindre doute des alliés de Dieu (Awliyâ’)." [3]

P.-S.

Traduit du livre Rabbâniyyah lâ Rahbâniyyah, de l’Imâm An-Nadwî, Mu’assasat Ar-Risâlah, pp. 97-99.

Notes

[1Shuyûkh, pluriel de Sheikh.

[2Fawâ'id Al-Fu'âd (Profits du cœur) p. 14.

[3Sîrat As-Sayyid Ahmad Ash-Shahîd (Biographie du sieur Ahmad Ash-Shahîd) p. 249.

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