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Sheikh ʿAbd Allâh Sirâj Ad-Dîn

jeudi 8 avril 2004

ʿAbd Allâh Sirâj Ad-Dîn (1924 - 2002)

Alep, riche de son histoire et de ses savants, est l’une des villes syriennes les plus prestigieuses. Elle fut le berceau de nombreux dévots et hommes de science, dont le savant-mémorisateur du Hadîth, le juriste, Sheikh ʿAbd Allâh Sirâj Ad-Dîn Al-Husaynî, que Dieu lui fasse miséricorde, un pieux savant qui mit sa vie au service de l’islam et des musulmans.

Nom et enfance

Sheikh ʿAbd Allâh Ibn Muhammad Najîb Ibn Muhammad Sirâj Ad-Dîn naquit à Alep en 1924. Sa généalogie remonte du côté paternel à l’Imâm Al-Husayn Ibn ʿAlî Ibn Abî Tâlib, que Dieu les agrée tous deux.

Né au sein d’une famille honorable et connue pour sa piété, Sheikh ʿAbd Allâh fut entouré des soins de son père, référence alepoise de son époque en matière de sciences islamiques. Depuis son enfance, Sheikh ʿAbd Allâh répondit à la générosité de ses parents en manifestant amour, respect et bienfaisance à leur égard. On raconte qu’il aidait avec enthousiasme sa mère dans les tâches ménagères.

A l’école islamique Al-Khasrawiyyah, il mémorisa le noble Coran à l’âge de treize ans et s’appliqua dans l’apprentissage et l’étude du Hadîth du Messager d’Allâh - paix et bénédictions d’Allâh sur lui.

Citadelle d’Alep

Intelligent et sérieux, le jeune Sheikh attira l’attention de son maître, le savant-mémoristeur du Hadîth, l’historien d’Alep, Sheikh Muhammad Râghib At-Tabbâkh. Ce dernier fut particulièrement sensible à l’excellence de son jeune étudiant en matière de Hadîth. Sheikh ʿAbd Allâh Sirâj Ad-Dîn ne cessa d’approfondir sa connaissance du Hadîth au point qu’il apprit près de quatre-vingt mille traditions du Messager d’Allâh - paix et bénédictions d’Allâh sur lui.

Education

Il se forma auprès des savants d’Alep, notamment les grands Sheikhs de l’école Al-Khasrawiyyah, comme le juriste Sheikh Muhammad Ibrâhîm As-Salqînî, le savant-mémorisateur du Hadîth Sheikh Muhammad Râghib At-Tabbâkh, le noble prédicateur et soufi Sheikh ʿÎsâ Al-Bayanûnî, Sheikh ʿUmar Masʿûd Al-Harîrî, Sheikh Fayd Allâh Al-Ayyûbî Al-Kurdî, Sheikh Ahmad Ash-Shammâʿ et d’autres.

Sheikh Ahmad Ash-Shammâʿ

Il fréquenta d’autres savants d’Alep qui n’enseignaient pas à son école, comme le juriste hanafite Sheikh Ahmad Al-Kurdî - qui devint plus tard le Mufti d’Alep -, Sheikh Ibrâhîm As-Salqînî, Sheikh Muhammad Saʿîd Al-Idlîbî et d’autres.

Il profita pendant toute une partie de sa jeunesse des programmes islamiques de l’école Al-Khasrawiyyah caractérisés par leur étendue et leur densité. Ce cursus visait à former des savants au pied ferme dans les branches de la langue arabe, les sciences du Hadîth, la jurisprudence et l’éducation islamique.

Arrivé à la dernière année de son parcours à Al-Khasrawiyyah, Sheikh Abd Allâh fut témoin du bouleversement du programme enseigné. Le programme jusque-là enseigné fut entièrement substitué par le programme du ministère de l’Education, avec une dose médiocre de sciences islamiques.

Face à ce changement, et malgré le fait qu’une seule année le séparait de l’obtention du diplôme, Sheikh ʿAbd Allâh quitta l’école, tourna le dos aux salaires alléchants qu’il aurait pu obtenir avec un diplôme d’Al-Khasrawiyyah, et préféra étudier auprès des savants de sa ville.

Il poursuivit son apprentissage des sciences islamiques sous la supervision de son père, Sheikh Muhammad Najîb Sirâj Ad-Dîn, qui avait une grande connaissance du Hadîth, de la jurisprudence, de l’exégèse, du credo et du tasawwuf (soufisme). Une grande foule, sensible à son expertise, assistait à ses cerles d’enseignements.

L’étoile de Sheikh ʿAbd Allâh brilla du vivant de son père et sa renommée en sciences du Hadîth conquit Alep. On lui demanda alors d’enseigner l’Islam dans divers lycées et à l’école Shaʿbâniyyah, outre les nombreux cours et exhortations qu’il donnait dans diverses mosquées, comme la mosquée d’Al-Hamawî où il intervenait quatre fois par semaine à une heure très matinale. Il continua à enseigner à cette mosquée, même lorsque les legs qui lui permettaient d’être payé furent arrêtés.

Puis vint une année où l’âge avancé de son père l’empêcha de poursuivre les cours qu’il dispensait. Sheikh ʿAbd Allâh, alors âgé de vingt-deux ans, porta la lourde charge de lui succéder dans son assemblée de science. L’exigence du public et le niveau des cours de son père rendirent ce dépôt particulièrement éprouvant. Mais il réussit, grâce à Dieu, à honorer cette responsabilité et suscita l’admiration du public.

Efforts au service de l’Islam

Il veilla à nouer des contacts avec les savants de divers pays islamiques. A l’occasion de ses trois pèlerinages à La Mecque, et pendant divers voyages à Damas, Homs, Hamâh, Bagdad et Jérusalem, il entretint des rapports fraternels avec les savants et prédicateurs de ces villes.

Il véhicula dans ses cours la quintessence de la législation et de la spiritualité islamiques. D’une voix émue, il parlait souvent de l’amour envers le Messager de Dieu et du devoir de suivre ses excellentes manières. Il propagea l’amour de la Sunnah et la revivifia par son comportement et ses exhortations. Par ailleurs, il fit face aux courants teintés d’immodération qui voulaient se frayer un chemin dans la ville d’Alep.

Suite au vide laissé par la fermeture de l’école islamique la Sha’baniyyah, il sentit le besoin de fonder à Alep une grande école islamique chargée de la formation des savants et des prédicateurs. Il décida alors de revivifier l’enseignement religieux en fondant l’Ecole de l’Enseignement Islamique en 1958. Le programme dispensé allia l’enseignement juridique, la spiritualité islamique, l’apprentissage de la vie et des qualités du Messager de Dieu, paix et bénédictions de Dieu sur lui, ainsi que les sciences du Hadith.

Par ailleurs, il fonda un Centre d’Apprentissage du Coran ayant pour mission d’enseigner le Coran et ses lectionnaires. De généreuses bourses d’études furent accordées aux élèves afin de les encourager à perséverer dans cet art.

Ses ouvrages

Il composa plus de vingt ouvrages portant, pour la plupart, sur la spiritualité islamique, la foi, l’éthique et les nobles manières du Messager de Dieu. D’autres ouvrages traitent de la science du Hadîth et de l’exégèse du Coran.
Parmi ses ouvrages citons :

- Sharh Al-Mandhûmat Al-Bayqûniyyah fî Mustalah Al-Hadîth (Commentaire de l’épître bayqûnite sur la terminologie du Hadîth).

- Sayyidunâ Muhammad Rasûl Allâh (Notre maître Muhammad, Messager de Dieu).

- Shahâdat Allâ Ilâha Illâ Allâh, Sayyidunâ Muhammad Rasûl Allâh (Le Témoignage qu’il n’y a de dieu que Dieu et que notre maître Muhammad est le Messager de Dieu).

- As-Salâh ʿalâ An-Nabî (La Prière sur Le Prophète).

- Tafsîr Sûrat Al-Fâtihah (Exégèse de la sourate "Le Prologue").

- Tafsîr Sûrat Al-Ikhlâs (Exégèse de la sourate "Le Monothéisme pur").

Au début de ses ouvrages, il avait coutume de rendre un hommage à son père en écrivant :

« Cher lecteur,

Chaque fois que tu lis un de mes ouvrages, récite la Fâtihah et offre sa rétribution au célèbre érudit, le grand gnostique, celui qui porta l’étendard de la preuve par le Coran et la Sunnah, le spécialiste en exégèse, le savant du Hadîth qui jouissait de chaînes de transmission reliées aux grands savants du Hadîth à Damas, à Alep, au Maroc et d’autres pays islamiques et attestées par des ijâzah que j’ai conservées : mon maître, mon Sheikh, mon noble père, Sheikh Muhammad Najîb Siraj Ad-Dîn Al-Husaynî, que Dieu lui fasse miséricorde. »

Sheikh Muhammad Najîb Sirâj Ad-Dîn

Qualités et éthique

Le Sheikh fut un amoureux du Messager de Dieu. Il ne cessait de rappeler ses qualités, son éthique et la noblesse de son statut auprès de Dieu. Il ne supportait guère la moindre atteinte au rang du Messager de Dieu.

Il fut, selon le Docteur Nur Ad-Dîn ʿItr, « extrêmement scrupuleux et évitait toute chose douteuse ». Généreux et bienfaisant envers les pauvres, clément envers ses élèves de son école, il fut connu pour son humilité et sa dévotion.

Décès

Suite à une opération chirurgicale qu’il effectua à la fin de sa vie, la santé de Sheikh ʿAbd Allâh se dégrada. Le 4 mars 2002, il retourna auprès de Dieu. La nouvelle de son décès se propagea dans le monde musulman et le couvrit par un voile de deuil.

Le cercueil du Sheikh porté sur les épaules

Les mots de condoléances affluèrent de nombreux pays musulmans, et sur la chaîne Al-Jazîrah, le 17 mars 2002, Sheikh Al-Qaradawî rappela les mérites de ce noble savant [1] :

« C’est un mot de deuil, car nous avons pour habitude dans cette émission de dire adieu à nos grands savants qui quittent notre bas-monde pour reposer dans l’autre monde. La semaine dernière, nos frères en Syrie, dans la florissante ville d’Alep, dirent adieu à l’un des grands savants seigneuriaux qui vécurent pour la science, la religion, l’appel à Dieu et l’éducation. Il s’agit de Sheikh ʿAbd Allâh Serâj Ad-Dîn. Puisse Dieu lui accorder sa miséricorde et puisse-t-Il le loger dans les plus hautes sphères du Paradis. Sheikh ʿAbd Allâh Sirâj Ad-Dîn fut un homme de science, de religion. Ce fut un héritier de la science de son père et il fut un ami de notre frère et ami bien-aimé, l’érudit, le savant du Hadith, Sheikh Abd Al-Fattâh Abû Ghuddah, puisse Dieu lui faire miséricorde. Cet homme fut un savant du Hadith et du Fiqh. Il fut en outre un prédicateur et un éducateur. On dit qu’il connaissait par coeur l’ouvrage Taysîr Al-Wusûl ilâ Ahâdîth Ar-Rasûl. Il en avait memorisé les narrations et les termes exacts, et l’enseignait à ses élèves. Je n’ai pas eu le plaisir de rencontrer en personne Sheikh ʿAbd Allâh Sirâj Ad-Dîn, mais je l’ai connu à travers ses disciples et ses élèves qui m’ont longuement parlé de lui. Parmi ceux-là, citons notre frère bien-aimé, le savant et chercheur, Sheikh Majd Makkî. Sheikh ʿAbd Allâh Sirâj Ad-Dîn est l’oncle maternel de notre frère et ami, le savant, le noble chercheur, le professeur d’exégèse et de Hadîth, Dr Nûr Ad-Dîn ʿItr. Il est également le professeur du frère, le savant et chercheur, Sheikh Muhammad Awwâmah. Nos frères dans la ville d’Alep lui dirent adieu, et nous leur présentons, ainsi qu’à nous-mêmes, nos condoléances, en ces jours où de nombreux grands savants de la communauté nous quittent. »

P.-S.

Cet article s’appuie essentiellement sur cette page en langue arabe.

Notes

[1A consulter sur le site Aljazeera.net.

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