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L’âme sœur, critères de choix

dimanche 15 avril 2007

Comment choisir son âme sœur ? Une question simple et fréquemment posée dans notre quotidien une centaine, voire un millier de fois. Malgré sa simplicité, nombreux sont ceux qui ne savent pas y répondre que ce soit sur le plan théorique ou pratique.

Avant de répondre à cette question, on en posera une autre qui surprend d’habitude les gens quand elle leur est adressée : « Pourquoi vous mariez-vous ? » Lorsqu’on pose cette question à quelqu’un, il est surpris et n’y répond souvent que de manière inintelligible : « Je marie comme tout le monde... » ou « Pourquoi pensez-vous que les gens se marient ? ». Ainsi, la question reste-t-elle sans réponse claire dans l’esprit du candidat au mariage alors que la réponse est d’une importance capitale dans le choix de son conjoint. Car le choix de mon conjoint dépendra beaucoup des objectifs et des intentions que l’on se fixe et de leur clarté dans l’esprit de chacun.

L’intéressé doit se poser les questions suivantes : « Est-ce que je me marie pour assurer une jouissance ? » « Ou pour fonder une famille ? » « Ou pour avoir beaucoup d’enfants et en tirer une fierté ? » « Ou par obéissance à Dieu ? » « Ou par volonté de peupler et de construire cette terre et de réaliser la volonté de Dieu au plan du vicariat de l’homme sur terre ? » « Ou bien pour tout ce qui précède dans un cadre plus général où l’obéissance à Dieu et la réalisation de Sa volonté sont l’objectif sublime et où le plaisir et la joie d’avoir une femme et des enfants sont des objectifs complémentaires ? » Il y a là diverses formes de réponses et différentes motivations au mariage. Il existe, par conséquent, des visions différentes quant à la manière de choisir son conjoint. C’est en fonction de notre vision sur l’objectif du mariage, que variera notre appréciation de la performance de notre conjoint dans l’accomplissement de son rôle qui, à son tour, varie en fonction de l’objectif du mariage.

Choix de la raison ou du cœur ?

Avant de se demander « comment choisir ? », on devrait se demander « pourquoi je me marie ? » et « quel rôle aurai-je à jouer ? » et, par conséquent, « quel est le rôle attendu de mon conjoint ? » C’est à ce moment que la question de la manière de choisir devient logique et normale et qu’une autre question se pose à savoir, « Le choix doit-il être rationnel ou affectif ? ». Parfois, la question est formulée autrement : « Est-ce que j’opte pour un mariage traditionnel par l’intermédiaire de la famille fondé sur des critères rationnels ou bien est-ce que je choisis mon conjoint moi-même c’est-à-dire sur la base d’un attachement affectif ? »

Ainsi formulées ces questions suggèrent l’existence d’une contradiction entre le choix de la raison et celui du cœur. Elles supposent que le mariage traditionnel, la famille aidant, ou le « mariage arrangé » comme on l’appelle, est dépourvu de toute émotion, et que l’individu ne peut pas recourir à sa raison lorsqu’il décide par amour de se lier à une collègue de travail, d’études ou à une voisine etc.

Mais il n’en est rien. Car la méthode avec laquelle on se marie ne détermine pas notre manière de choisir. C’est plutôt le fait d’être conscient de « comment choisir » qui permet d’adapter les différentes méthodes de mariage aux préférences de la personne de manière à ce qu’elle trouve, autant que faire se peut, ce qu’elle recherche dans son compagnon de vie.

Un oiseau à deux ailes

Dans leur équilibre délicat, la raison et le cœur sont au mariage ce que sont les ailes pour un oiseau. Celui-ci ne volera pas à moins que ses deux ailes soient saines et parfaitement équilibrées. Au moment du choix, le minimum affectif est l’acceptation et la non-répugnance. Progressivement, les sentiments se développent en une affinité puis en une volonté de s’unir et se transforme éventuellement en un amour réciproque entre les deux parties. Quant au choix de la raison, il veille à la compatibilité des deux parties sur les plans psychologique, social, économique, scientifique, de l’apparence et de la religion.

La rationalisation du choix

Au moment de dresser la liste des qualités souhaitées chez son conjoint, il faut garder à l’esprit que la personne parfaite n’existe pas et qu’il est indispensable de se fixer des priorités et de les classer en fonction de ce que l’on voudrait obtenir de son conjoint. Ainsi sera-t-on à même de déterminer les choses sur lesquelles on pourrait transiger. Si, à titre d’exemple, on accorde une priorité au critère de l’apparence et de la beauté, on devra envisager que cela puisse être au détriment du niveau social ou économique de son conjoint, etc.

Si le candidat au mariage ne définit pas ses priorités, il verra les défauts de chaque conjoint potentiel et en fera une priorité. Il finira par ne jamais pouvoir choisir car, à chaque fois, il trouvera un défaut qui le mènera au refus ou à l’indécision. Car, en définitive, la personne parfaite possédant toutes les qualités espérées n’existe pas.

Classer ses priorités

Il convient donc de classer par ordre décroissant de priorité les qualités recherchées chez le conjoint, lequel classement varie d’une personne à l’autre, et de donner à chaque critère un poids approximatif. Ensuite, il s’agit d’évaluer chacun de critères chez le conjoint potentiel et de lui donner une note jusqu’à ce que tous les critères identifiés et classés précédemment aient reçu une note. Après ce classement et cette évaluation, il faut porter un regard d’ensemble sur la personne en question. Il sera alors possible de décider si ce conjoint est convenable et dans quelle mesure on pourra s’adapter à ses défauts et carences de manière à ce qu’ils n’empoisonnent pas notre vie.

À cette étape, on doit être honnête avec soi-même. Il n’est pas question de se voiler la face lorsqu’on choisit son conjoint, car il s’agit d’une personne qu’on devra supporter à vie. On doit très bien savoir ce à quoi on s’engage et regarder le conjoint potentiel tel qu’il est, sans s’attendre à ce qu’il change par la suite que ce soit du point de vue de l’apparence ou du caractère, etc. Car à ce stade, on est encore libre de choisir. Mais, plus tard, on sera responsable de ce choix et on devra en assumer les conséquences.

La religion et les autres critères de choix

Concernant les critères de choix du conjoint, le Messager d’Allâh — paix et bénédictions sur lui — nous enseigna : « On épouse les femmes pour quatre raisons : la fortune, la lignée, la beauté et la religiosité. Remporte donc la femme religieuse, ou puissent tes mains ne recueillir que poussière ! » et « Lorsqu’un homme d’une religiosité et d’un comportement irréprochables vous fait une demande en mariage, mariez-le, faute de quoi discorde et corruption se répandront sur terre. » Ces directives prophétiques sont parfois comprises de manière limitée, comme si le Prophète avait limité les critères de choix en la religion exclsuivement, ce qui n’est pas vrai. Le Prophète — paix et bénédictions sur lui — voulait souligner et mettre en relief l’importance de la religion en tant que cadre général régissant le choix du conjoint sans oublier les autres critères de compatibilité. C’est la raison pour laquelle les autres hadiths et textes de la Tradition du Prophète — paix et bénédictions sur lui — insistent sur l’importance de cette vue d’ensemble complète et intégrale. Ainsi le Prophète — paix et bénédictions sur lui — invita-t-il, par exemple, un jeune homme à regarder la jeune femme avec qui il comptait se fiancer car cela était de nature à pérenniser leur union. Dans un autre récit, il donna à la jeune femme qui avait refusé le choix de son père invoquant l’incompatibilité sociale, le droit de refuser ce mariage. Ainsi comprenons-nous que la religion est un cadre qui n’exclut pas les autres facteurs aidant au succès du mariage.

Il est normal d’être inquiet

Restent deux petits points auxquels se heurtent ceux qui entreprennent de choisir leur conjoint : beaucoup parmi eux se plaignent de ne pas ressentir, à l’heure du choix, cette joie qu’ils avaient vue dans les yeux de ceux qui les y avaient précédé. Au lieu de la joie, ils éprouvent de la peur et de l’inquiétude. Ce sentiment les porte à douter de la validité de leur choix, surtout s’ils ont accompli la prière de la consultation car cet état d’inquiétude serait la réponse à leur prière. À ceux-là on dit tout simplement que l’inquiétude est un sentiment normal que ressentent tous les gens vivant cette expérience mais qu’ils ne manifestent pas et qu’ils dissimulent derrière les signes de joie.

Cette inquiétude tient au fait que la personne ressent qu’elle est en passe de franchir un cap important de sa vie. Bien qu’elle ait tout fait pour bien choisir, la question qu’elle se pose constamment est : « Est-ce que j’ai vraiment bien choisi ? » Ce sentiment disparaît au fur et à mesure que l’on avance dans les démarches de l’union. Il pourrait refaire surface à chaque transition, des fiançailles au contrat de mariage, du contrat de mariage aux noces. Il disparaît ensuite à jamais avec le début de la vie matrimoniale et de sa stabilité... Il n’y a donc nul besoin de s’inquiéter.

La position de la famille par rapport au choix du conjoint

Le deuxième point concerne la position de la famille vis-à-vis du choix et c’est la raison pour laquelle ce choix doit être précédé par un long dialogue avec la famille qui constituera une base de compréhension mutuelle avec leur enfant. Ce dialogue permettra à la famille de mieux comprendre le choix de leur enfant, lui épargnera d’être choquée par son choix et évitera à ce dernier d’être choqué par le refus de sa famille. Il convient de prêter l’oreille à l’avis de la famille et de ne pas considérer chaque différence de point de vue comme un manque de compréhension à notre endroit ou un mépris de nos sentiments. Au contraire, leur avis doit être examiné objectivement et calmement car ils peuvent, grâce à leur expérience, voir ce que l’on ne voit pas. Il ne s’agit pas d’accepter ou de refuser tout ce qu’ils disent par principe. Il faut aussi garder à l’esprit que lorsque la famille sent que leur enfant effectue son choix sur la base de critères solides et qu’il sait où il va, ils ne s’opposeront pas à lui.

En conclusion, retenons qu’il est important d’avoir une réponse précise aux questions suivantes : « Pourquoi je me marie ? » « Qu’est-ce que j’attends de mon conjoint ? » Sachons aussi que la confiance en Allâh — Exalté soit-Il — et l’intention de se marier sont des facteurs facilitateurs après la prise de moyens objectifs. La raison, le cœur, la confiance en Allâh… Telle est l’alchimie de ce choix facile et ambitieux à la fois.

P.-S.

Traduit de l’arabe à partir de islamonline.net. L’auteur est un expert en psychologie à Alexandrie.

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