mardi 20 juillet 2004
La Mosquée Al-Aqmar fut construite en 519 A.H. (1125) par Al-Âmir Bi-Ahkâm Allâh, septième calife fatimide d’Égypte. Le plan de la mosquée ne diffère pas de celui des mosquées fatimides antérieures. Elle est constituée d’une cour intérieure ouverte de forme carrée, de 10 mètres de côté. Cette cour est entourée de quatre salles, la plus grande étant le sanctuaire de la mosquée. Elle comporte en outre quatre piliers à base carrée, un à chaque coin de la cour.
Les arches, supportées par des colonnes de marbre, sont de type voûté ; il s’agit d’une forme architecturale apparue en Égypte à une époque tardive de la dynastie fatimide. Cette forme a été observée pour la première fois dans le dôme de Sheikh Yûnus, et est attribuée à Badr Al-Jamâlî. Une très belle fresque de caractères coufiques orne chacune des arches. Les écoinçons sont ornés par des disques superficiels composés de huit nervures issues d’un médaillon central.
Les quatre salles sont recouvertes de coupoles aplaties, mis à part une partie du sanctuaire qui est recouverte d’un simple toit en bois. Le minbar et le minaret ont été, entre autres parties de la mosquée, restaurés par Yalbughâ As-Sâlamî, durant le règne du Sultan Adh-Dhâhir Barqûq, en 799 A.H. (1396-1397 E.C.). Une inscription mentionnant la date de cette restauration a été fixée au dessus du mihrâb. Le minbar a gardé sa décoration fatimide, sur l’arche située au-dessus de sa porte ainsi qu’au dos de la chaire de l’orateur. D’autres décorations fatimides peuvent également être observées sur les panneaux des armoires encastrées ainsi que sur les garnitures des hauts de portes.
La splendeur de cette mosquée tient à la prouesse architecturale caractérisant sa façade, respectueuse des proportions et agençant une grande variété de décorations. L’architecte devait notamment prendre en compte l’orientation de la qiblah, lorsqu’il a dessiné l’intérieur de la mosquée, tandis que la façade devait suivre l’alignement de la rue. Ainsi, la façade n’est-elle pas parallèle au mur de la qiblah. L’espace situé entre les deux murs aurait pu être gâché, mais il a pu être aménagé pour comprendre un vestibule, l’escalier du minaret et deux pièces ouvrant sur l’intérieur. La Mosquée Al-Aqmar est ainsi la première mosquée à avoir subi ce traitement architectural, consistant à aligner la façade externe le long de la rue et à orienter correctement la qiblah à l’intérieur. Ce plan fut invariablement adopté par la suite pendant toute la période mamelouke.
La partie visible de la façade comprend l’entrée et l’aile droite de la mosquée. L’aile gauche a été dissimulée quant à elle par une construction moderne. L’entrée, légèrement en avant de la façade, est au milieu de celle-ci. Le portail d’entrée possède un fin linteau encastré et est recouvert de cannelures, les unes horizontales et les autres formant des rayons issus d’un médaillon sculpté. Le centre du médaillon est décoré par les mots « Muhammad » et « ʿAlî », gravés dans la pierre en caractères coufiques. Vient ensuite un cercle d’arabesque puis encore un autre où sont gravés des lignes coufiques, et finalement une bande décorée par des spirales entrelacées. Le travail de gravure et de perçage, réalisé à la perfection, témoigne de la dextérité des ouvriers de l’époque.
Les niches situées de part et d’autre de l’entrée sont couronnées, pour chacune d’entre elles, d’une rangée de stalactites. En retrait de ces niches, on en trouve deux autres plus petites, chacune recouverte d’un semi-dôme cannelé. Et au-dessus d’elles, il y en a encore deux autres, recouvertes de cannelures et soutenues par deux colonnettes accolées à la façade. Les stalactites, si caractéristiques de l’architecture islamique, constituent ici la première introduction de cet élément architecural dans le dessin de la façade d’une mosquée.
En relief de l’aile gauche de la façade, on peut voir un panneau encastré, recouvert par une cannelure superficielle, semblable à celle qui se trouve au-dessus de l’entrée principale. Des deux côtés de l’entrée, il y a deux panneaux en forme de losange, surmontés chacun par un autre panneau. Tous ces éléments sont décorés par des dessins différents. Trois bandes d’inscriptions coufiques se déroulent sur le long de la façade. La première, située au sommet, porte le nom du Calife Al-Âmir Bi-Ahkâm Allâh, auquel vient se rajouter le nom de son Vizir Al-Ma’mûn Al-Batâ’ihî avec tous ses titres, et la date de construction de la mosquée. La deuxième bande se situe juste au-dessus de l’arche de l’entrée ; elle aussi porte le nom d’Al-Ma’mûn et ses titres, ainsi que la date de construction de la mosquée. Cette mode, combinant les noms et les titres du Calife et du Vizir, montre à quel point était grande l’influence des Ministres d’État à la fin de l’ère fatimide. La troisième et dernière bande, située au niveau du linteau du portail d’entrée, contient uniquement des versets du Coran.
Traduit de l’anglais du site Alazhr.com.
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