lundi 18 novembre 2002
Quelle est l’importance des deux témoins pour la mariée ? Pouvez-vous expliquer ce qu’est la dot (son montant) pour le mariage ? Tout Musulman peut-il effectuer la cérémonie du mariage ? La signature des documents par le mari et la femme doit-elle obligatoirement se faire devant les témoins ?
Pour le mariage, un minimum de deux témoins est requis. Ces témoins ne sont ni pour le marié ni pour la mariée. Ils sont plutôt requis pour la validité du mariage du couple pour lequel ils ont accepté de témoigner. Le nikâh (la cérémonie de mariage) est une cérémonie à la fois légale et publique. Selon la sharîʿah, il doit y avoir deux témoins pour tout contrat légal important. Le nikâh, en tant que cérémonie publique, devrait aussi être effectué en présence de plusieurs personnes (ou deux au minimum) et ce, afin que le plus grand nombre d’individus sache que cet homme et cette femme sont unis par un mariage légal.
En ce qui concerne la dot, Dieu dit dans le Coran : « Et donnez aux épouses leur dot, de bonne grâce. Si de bon gré elles vous en abandonnent quelque chose, disposez-en alors à votre aise et de bon cœur. » [1] ; « Puis, de même que vous jouissez d’elles, donnez-leur leur dot, comme une chose due. Il n’y a aucun péché contre vous à ce que vous concluez un accord quelconque entre vous après la fixation de la dot. » [2] ; « Et si vous divorcez d’avec elles sans les avoir touchées, mais après fixation de leur dot, versez-leur alors la moitié de ce que vous avez fixé, à moins qu’elles ne s’en désistent, ou que ne se désiste celui entre les mains de qui est la conclusion du mariage. » [3]
Selon la Législation islamique (sharîʿah), la dot doit être raisonnable. Son montant n’est pas fixe. Il doit être déterminé en fonction de la situation financière du mari, du moment et du lieu. Nous ne pouvons pas appliquer une dot du VIIe siècle au XXe siècle, ni une dot d’Inde ou du Pakistan aux États-Unis ou au Canada. Puisque la situation financière des gens varie selon le lieu et l’époque, le montant de la dot doit être fixé en fonction de ces données. Cependant, la sharîʿah recommande la modération en matière de dot. Il est mauvais de déclarer un gros montant au moment du mariage pour se vanter. Parfois, la famille de la mariée fait pression sur l’époux et sa famille pour obtenir un montant élevé pour ensuite s’en vanter devant leurs proches et leurs amis et dire que leur fille a été mariée pour une dot importante. Quelquefois, l’époux déclare un gros montant et pense secrètement qu’il s’agit juste d’un engagement sur le papier. On entend souvent les gens dire : « Écris ce que tu veux, personne ne demande et personne ne paye ». Cela revient à badiner avec les lois de Dieu. Les Musulmans doivent être justes et s’engager pour ce qu’ils sont capables de verser et ce qu’ils ont l’intention de payer véritablement.
Il est illicite de jouir de relations conjugales avec une épouse puis de lui refuser la dot qui lui a été promise. Cependant, gardons à l’esprit que la dot n’est pas le prix de la mariée. C’est un droit qui revient à l’épouse et qui symbolise l’amour et la reconnaissance de son mari. Dans le Coran, ceci est appelé "sadâq" et a le sens de gage d’amitié. La dot traduit également l’engagement d’un homme à prendre en charge les besoins financiers de sa femme (nafaqah).
Il est vrai que la cérémonie du mariage peut être faite par n’importe quel Musulman mais dans les pays musulmans, pour établir sérieusement ce contrat légal, certaines personnes sont habilitées par les autorités pour effectuer le mariage ou pour l’enregistrer. Ces personnes sont appelées ma’dhûn sharʿî ou qâdî, etc. En Amérique, ce sont les imams des centres islamiques ou toute personne autorisée par les centres islamiques qui doivent se charger de célébrer le mariage. Certains états aux États-Unis et au Canada requièrent que la personne qui célèbre le mariage soit habilitée. Dans certains États, il est illégal de procéder autrement.
Aux États-Unis et au Canada, il est également exigé que les couples qui désirent se marier se procurent une autorisation avant leur mariage. La personne qui officie au mariage signe alors cette autorisation devant deux témoins. Après quoi, l’autorisation est envoyée au registre des mariages. Le bureau du registre émet alors un certificat de mariage. Aucun mariage aux États-Unis et au Canada n’est reconnu légalement à moins d’être enregistré [4].
Certains Musulmans ne suivent pas ces procédures. Ils disent que dans un mariage islamique, les papiers ne sont pas nécessaires. Ou alors ils ne donnent d’importance qu’à ce qui est licite du point de vue de la Législation islamique. Ils ne se préoccupent pas de savoir si le mariage est légal ou pas. Cependant, dans certains cas, des femmes musulmanes ont grandement souffert de ces mariages non-enregistrés. Certains hommes se marient sans aucun papier légal puis quittent leur épouse. Ces femmes ne savent pas comment obtenir le divorce de la part de maris qui les ont abandonnées. Elles se rendent aux tribunaux aux États-Unis et au Canada puis on leur dit que, conformément aux lois locales, elles ne sont pas considérées comme mariées. Ces femmes n’ont aucune preuve de leur mariage et les tribunaux n’ont aucun papier de mariage les concernant. Elles se rendent aux centres islamiques locaux qui sont dans l’incapacité de les aider parce que les lois ne donnent le droit de prononcer un divorce qu’aux tribunaux suprêmes locaux [5].
Il est important que les hommes et les femmes musulmans veillent à ce que leurs mariages et divorces soient enregistrés de manière appropriée. L’Islam enseigne l’équité et la justice dans toutes les situations.
Traduit de l’anglais du site Islamonline.net. La version originale est consultable sur archive.org.
[1] Sourate 4, les Femmes, An-Nisâ’, verset 4.
[2] Sourate 4, les Femmes, An-Nisâ’, verset 24.
[3] Sourate 2, la Vache, Al-Baqarah, verset 237.
[4] En France, le mariage civil doit être fait auprès de la mairie. Le dignitaire religieux qui célèbre le mariage religieux doit s’en assurer par la production d’un certificat de mariage ou du livret de famille sans quoi il encoure une amende et une peine d’emprisonnement.
[5] C’est pour éviter ce genre de détresses que nombre de juristes musulmans, comme Sheikh Al-Qaradâwî, insistent pour que les Musulmans vivant en pays non-musulman respectent scrupuleusement la procédure légale en vigueur dans leur pays. En effet, lorsque cela se passe très mal — situation qu’il faut prévoir malgré tout, le seul recours est bel et bien devant les autorités judiciaires. Il ne faut pas oublier que cela engage notamment des droits de pension pour les enfants, etc.
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