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Introduction aux sourates du Coran
Section : Sourates 51 à 60

Sourate Al-Hashr (L’Exode)

mercredi 2 janvier 2002

Nom

Cette sourate tient son nom de la présence du mot al-hashr dans un de ses versets.

Période de Révélation

Al-Bukhârî et Muslim rapportent un hadîth selon Saʿîd Ibn Jubayr : " Quand j’ai interrogé ’Abdullâh Ibn Abbas au sujet de la sourate Al-Hashr, il m’a répondu qu’elle fût révélée à propos de la bataille menée contre les Banû An-Nadîr, tout comme la sourate Al-Anfal fût révélée à propos de la bataille de Badr". Dans un autre hadith, toujours selon Saʿîd Ibn Jubayr, les mots cités par Ibn ʿAbbâs (qu’Allah soit satisfait de lui) sont : " Qul : sourat An-Nadir " - " Dis, ceci est la sourate An-Nadir ". La même chose a été rapportée par Mujâhid, Qatâdah, Az-Zuhrî, Ibn Zayd, Yazîd Ibn Rûmân, Muhammad Ibn Ishâq et d’autres. Ils sont unanimes sur le fait que les Gens du Livre, dont le bannissement a été mentionné dans cette sourate sont les Banû An-Nadir. Yazîd Ibn Rumân, Mujahid et Muhammad Ibn Ishaq ont statué sur le fait que cette sourate entière, du début à la fin, a été révélée à propos de cette bataille.

Pour ce qui est de savoir à quel moment cette bataille a eu lieu, l’Imam Az-Zuhrî a affirmé selon ʿUrwah Ibn Az-Zubayr, qu’elle a eu lieu six mois après la bataille de Badr. Cependant, Ibn Saʿd, Ibn Hishâm et Baladhuri considèrent que cet événement a eu lieu pendant le mois de Rabi’ Al-Awwal, 4ème année de l’Hégire, ce qui est correct, puisque tous les hadiths s’accordent sur le fait que cette bataille a eu lieu après l’incident de Bi’r Maʿûnah et historiquement parlant, cet incident a eu lieu après la bataille d’Uhud et pas avant.

Contexte historique

Afin de bien comprendre le contenu de cette sourate, il est nécessaire de s’intéresser à l’histoire de Médine et des juifs du Hijâz, sans quoi nous ne pourrions pas connaître précisément les raisons pour lesquelles le prophète, paix et bénédiction de Dieu sur lui, traitait avec leurs différentes tribus et de quelle façon il le faisait.

Aucune histoire authentique de juifs arabes n’existe dans le monde. Ils n’ont laissé aucun écrit sous forme de livre ou de table qui serait susceptible d’éclairer leur passé. Ni les historiens juifs, ni les écrivains du monde non-arabe n’ont fait mention d’eux et la raison en est qu’après qu’ils se soient installés dans la péninsule arabique, ils se sont détachés du reste de la nation, et les juifs du reste du monde ne les comptaient même plus parmi eux. Parce qu’ils avaient abandonné la culture et la langue hébraïques, même leurs noms, et avaient adopté l’arabe à la place. Dans les tables qui ont été déterrées lors de la recherche archéologique en Hijâz, aucune trace des juifs avant le premier siècle de l’ère chrétienne ne fut trouvée, à l’exception de quelques noms juifs. C’est pour cette raison que l’histoire des juifs arabes est essentiellement basée sur des récits oraux répandus parmi les arabes et dont la plupart l’ont été par les juifs eux-même.

Les juifs du Hijâz clamèrent qu’ils devaient aller s’installer en Arabie pendant les derniers instants de la vie du prophète Moïse, paix sur lui. Ils dirent que le prophète Moïse, paix sur lui, avait envoyé une armée pour expulser les Amalékites de la terre de Yathrib et leur avait ordonné de ne pas épargner la moindre âme de cette tribu. L’armée Israélite exécuta l’ordre du prophète, paix sur lui, mais ils épargnèrent la vie d’un beau prince du Royaume Amalékite et retournèrent avec lui en Palestine. Entre temps, le prophète Moïse, paix sur lui, était mort. Ses successeurs désapprouvèrent fortement ce que l’armée avait fait car en épargnant la vie d’un Amalékite elle avait clairement désobéit au prophète, paix sur lui, et violé la loi Mosaïque. En conséquence, ils exclurent l’armée de leur communauté et elle dû retourner à Yathrib et s’y installer pour toujours. (Kitâb Al-Aghâni, vol. XIX, p. 94). C’est pour cette raison que les juifs clamèrent qu’ils avaient occupé Yathrib depuis 1200 av. Jésus. Cependant, ces faits n’ont aucune base historique et les juifs ont probablement inventé cette histoire afin de pousser les arabes à croire qu’ils étaient issus d’une lignée noble et qu’ils étaient les premiers habitants de ces terres.

La deuxième immigration juive, selon les juifs, eut lieu en 587 avant le Prophète Jésus, quand Nebuchadnezzer, le roi de Babylone, détruisit Jérusalem et dispersa les juifs à travers le monde. Les juifs arabes dirent que plusieurs de leurs tribus à cette époque étaient allées s’installer à Wadi al-Qura, Taima et Yathrib (Al-Baladhuri, Futuh Al-Buldân). Mais, de même, ces faits n’ont aucune base historique. Ils ont peut-être voulu prouver qu’ils étaient les premiers à s’être installés sur les lieux.

En fait, il est établi que quand, en 70 E.C., les romains massacrèrent les juifs en Palestine, et quand, en 132, ils les ont expulsés de leurs terres, beaucoup de juifs ont fuit pour trouver l’asile en Hîjâz, un territoire qui était voisin de la Palestine, au Sud. Là, ils s’installèrent partout où ils trouvaient des sources d’eau et de la verdure, puis petit à petit et par le commerce des emprunts d’argent, ils occupèrent les terres fertiles. Ailah, Maqna, Tabuk, Taima, Wadi Al-Qurâ, Fadak et Khaïbar tombèrent sous leur contrôle. Et, durant cette même période, les Banû Quraydhah, Banû An-Nadir, Banû Bahdal et Banû Qainuqâʿ arrivèrent et occupèrent Yathrib.

Parmi les tribus qui s’étaient installées à Yathrib, celles des Banû An-Nadir et des Banû Quraydhah étaient prédominantes car elles appartenaient à la classe des Cohen ou des prêtres. Ils étaient perçus comme étant de noble souche et avaient le rôle de dirigeants religieux parmi leurs co-religionnaires. Lorsqu’ils s’installèrent à Médine, il y avait déjà quelques tribus qu’ils asservirent et ils devinrent pratiquement les propriétaires de ces terres vertes et fertiles. Environ 3 siècles plus tard, entre 450 et 451 ap. Jésus, la grande inondation du Yémen eut lieu, qui est mentionnée dans les versets 16-17 de la sourate Saba. A cause de cette inondation, diverses tribus des gens de Saba durent quitter le Yémen et se disperser en Arabie. Ainsi, les Banû Ghassân partirent en Syrie, les Banû Lakhm in Hîrah (Iraq), les Banû Khuzâʿah entre Jeddah et la Mecque et les Aws et les Khazraj partirent s’installer à Yathrib. Comme Yathrib était sous la domination des juifs, ces derniers n’autorisèrent pas les Aws et les Khazraj à prendre pied et ces deux tribus arabes durent s’installer sur des terres qui n’avaientt pas encore été cultivées et qui pouvaient à peine produire assez pour qu’ils puissent survivre. Un de leurs chefs partit en Syrie pour demander l’aide de leurs frères Ghassanides : il ramena une armée et brisa le pouvoir des juifs. Ainsi, les Aws et les Khazraj purent dominer entièrement Yathrib et deux des tribus majeures des juifs, les Banû An-Nadîr et les Banû Quraydhah durent s’installer en dehors de la ville. Puisque que la troisième tribu, les Banû Qainuqâʿ, n’était pas en bons termes avec les deux autres, elle resta à l’intérieur de la ville et demanda la protection de la tribu des Khazraj. En réponse, les Banû An-Nadîr et les Banû Quraydhah se mirent sous la protection de la tribu des Aws afin de pouvoir vivre en paix, autour de Yathrib.

Avant l’arrivée à Médine du Prophète, paix et bénédiction de Dieu sur lui, à son émigration, voici les caractéristiques principales de la situation des juifs en Hijâz et en particulier à Yathrib (autre nom de Médine) :

  1. En terme de langage, habillement, civilisation et mode de vie, ils avaient complètement adopté l’arabisme, même leurs noms étaient devenus arabes. Parmi les 12 tribus juives qui s’étaient installées dans le Hijâz, aucune, à l’exception des Banû Zaura, n’avaient gardé leurs noms hébraïques. A part quelques rares érudits, personne ne connaissait l’hébreu. En fait, il n’y a rien dans la poésie des poètes juifs de la période pré-islamique qui puisse la distinguer de la poésie des poètes arabes pour ce qui est du langage, des idées et des thèmes. Ils se mariaient même avec des arabes. En fait, rien ne les distinguait du commun des arabes à part la religion. Malgré cela, ils n’avaient pas perdu leur identité parmi les arabes et avaient ardemment gardé leur attitude juive. Ils n’avaient adopté un arabisme superficiel que parce qu’ils ne pouvaient pas survivre sans celui-ci.
  2. A cause de cet arabisme, les orientalistes occidentaux ont pensé, à tort, qu’ils n’étaient peut-être pas israélites mais qu’ils étaient des arabes ayant embrassé le judaïsme, ou du moins que la majorité d’entre eux était des juifs arabes. Mais il n’y a aucune preuve historique démontrant que les juifs se soient engagés dans quelque activité de prosélytisme en Hijaz, ou que leurs rabbins aient invité les arabes à embrasser le judaïsme comme l’ont fait les prêtres chrétiens et les missionnaires. Au contraire, nous pouvons voir qu’ils s’enorgueillissaient de leurs origines israélites et entretenaient des préjugés raciaux. Ils appelaient les arabes les ’Gentiles’, ce qui ne voulait pas dire les illettrés ou les non éduqués, mais plutôt les gens sauvages et non civilisés. Ils pensaient que les ’Gentiles’ n’avaient aucun droit ; ces droits étant seulement réservés aux israélites, il était donc permis aux israélites de les défaire de leurs propriétés et ce, peu importe le moyen employé. A part les chefs arabes, ils ne trouvaient pas le commun des arabes assez digne pour accéder au même statut qu’eux, et ce, même s’ils entraient dans le judaïsme. Il n’existe aucune preuve ni aucune histoire dans la tradition arabe qui démontrerait que des tribus arabes ou des clans aient pu accepter le judaïsme. Cependant, il est fait mention de quelques individus qui sont devenus juifs. Les juifs, cependant, portaient plus d’intérêt à leur affaires et à leur commerce qu’au fait de prêcher leur religion. C’est la raison pour laquelle le judaïsme ne s’est pas répandu au Hijâz mais est seulement resté une marque de fierté de quelques tribus israélites. Les rabbins juifs, cependant, entretenaient un commerce florissant de vente d’amulettes, de charmes et de sorcelleries, pour lesquels ils étaient tenus en horreur par les arabes qui possédaient le savoir et la sagesse.
  3. Économiquement parlant, ils étaient bien plus forts que les arabes. Puisqu’ils avaient émigré en Syrie et en Palestine qui étaient beaucoup plus civilisés et plus avancés culturellement, ils connaissaient beaucoup d’arts méconnus des arabes ; ils jouissaient également de relations commerciales avec l’extérieur. Ainsi, ils s’étaient lancés dans l’import de grains à Yathrib et dans l’export de dattes séchées vers d’autres pays. L’élevage de volailles et la pêche étaient également sous leur contrôle. Ils étaient bons dans le tissage de vêtements. Ils avaient également établi ça et là des boutiques où ils vendaient du vin importé de Syrie. Les Banû Qaynuqâʿ pratiquaient généralement des métiers tels qu’orfèvres ou forgerons. Entre toutes ces occupations et ces commerces, les juifs gagnaient des sommes exorbitantes mais leur principale occupation était de prêter de l’argent aux arabes des environs. Plus particulièrement les chefs et les anciens des tribus arabes qui étaient fortement endettés auprès
    d’eux. Ils prêtaient de l’argent à des taux d’intérêt élevés qu’ils augmentaient progressivement à tel point qu’il devenait impossible de s’acquitter de sa dette une fois engagé dans de tels emprunts. Ainsi, ils avaient ruiné les arabes ce qui, naturellement, provoqua une profonde haine envers les juifs au sein du commun des arabes.
  4. La contre partie exigée des intérêts économiques et commerciaux était qu’ils ne devraient ni se séparer d’une tribu arabe pour venir en aide à une autre, ni prendre part dans leurs guerres mutuelles. Mais, d’un autre côté, il était également dans leur intérêt de ne pas permettre aux arabes de s’unir et de les faire se battre et se retrancher les uns contre les autres car ils savaient que si les tribus arabes se réunissaient, ils ne pourraient plus rester en possession de leurs grandes propriétés, jardins et terres fertiles qu’ils avaient pu posséder grâce à leurs profits et au commerce de l’argent. De plus, chacune de leurs tribus devait également conclure une alliance avec une tribu arabe puissante afin de rechercher sa propre protection et afin qu’aucune autre tribu puissante ne puisse l’intimider. A cause de cela, ils devaient non seulement prendre part dans les guerres mutuelles des arabes, mais ils devaient également partir en guerre régulièrement en support aux tribus arabes, auxquelles ils étaient liés par une alliance, contre d’autres juifs qui étaient alliés aux tribus ennemies. A Yathrib, les Banû Qurayzah et les Banû An-Nadîr étaient les alliés des Aws alors que les Banû Qaynuqâʿ étaient ceux des Khazraj. Peu avant l’émigration du Prophète — paix et bénédictions sur lui —, ces tribus juives s’étaient confrontées avec l’aide de leurs alliés respectifs lors de la guerre sanglante entre les Aws et les Khazraj, à Buʿâth.

Telle était la situation lorsque l’Islam arriva à Médine, et plus tard, un état islamique vu le jour après l’arrivée dans ces lieux du Prophète, paix et bénédiction de Dieu sur lui. Une des premières choses qu’il accomplit juste après s’être installé dans cet état fut l’unification des Aws et des Khazraj ainsi que des émigrants dans la fraternité. La seconde fut de conclure un traité entre les musulmans et les juifs, avec des conditions précises, dans lequel il était dit qu’aucune partie n’empièterait sur les droit de l’autre, que les deux s’uniraient pour se défendre contre les ennemis venant de l’extérieur. Quelques clauses importantes de ce traité furent telles que ci-dessous. Cela montre clairement que les juifs et les musulmans avaient prêté serment d’adhérer à leur entente mutuelle :

" Les juifs doivent supporter leurs dépenses et les musulmans les leurs. Chacun doit aider l’autre contre quiconque attaque les personnes concernées par ce document. Ils doivent chercher les conseils et la consultation mutuels, et la loyauté est une protection contre la traîtrise. Ils devront sincèrement se souhaiter le bien les uns aux autres. Leurs relations seront dominées par la piété et la reconnaissance des droits de l’autre et non par le pêcher et les mauvais agissements. Les personnes ayant subit un tort doivent être aidées. Les juifs doivent soutenir les croyants aussi longtemps que la guerre dure. Yathrib devra être le sanctuaire des personnes concernées par ce document. Si toute mésentente ou controverse susceptible de causer un trouble survient, il faut se référer à Dieu et à Muhammad l’apôtre de Dieu. Les Quraysh et leurs alliés ne devront recevoir aucune protection. Les parties contractantes sont prêtes à s’entraider contre les attaques sur Yathrib. Chacun sera responsable de la défense de la partie à laquelle il appartient. " (Ibn Hishâm, vol. ii, pp. 147 à 150).

Ceci fut avec l’accord absolu et définitif des juifs. Mais peu de temps après, ils commencèrent à montrer des signes d’hostilité envers le Prophète de Dieu, paix et bénédiction de Dieu sur lui, l’Islam et les musulmans, et leur hostilité ainsi que leur perversité augmenta de jour en jour. Les causes principales étaient les suivantes :

  • Tout d’abord, il pensaient que le Prophète, paix et bénédiction de Dieu sur lui, serait un simple chef qui allait se contenter d’avoir conclu un accord politique avec eux et qui ne s’occuperait que des intérêts terrestres de son groupe. Mais ils se rendirent comptent qu’il invitait les gens à croire en Dieu, la Prophétie et le Livre (incluant également la croyance en leurs propres Prophètes et écritures) et qu’il conseillait vivement aux gens de délaisser la désobéissance à Allah pour l’obéissance aux commandements divins et de se conformer aux lois morales de leurs propres Prophètes. Ils ne pouvaient le supporter. Ils craignaient qu’en gagnant du terrain ce mouvement idéologique ne détruise leur solide religiosité et ne balaye leur nation raciale.
  • Deuxièmement, lorsqu’ils virent que les Aws, les Khazraj et les émigrants s’étaient unis et que les gens des tribus arabes des alentours qui entraient dans l’Islam se joignaient à cette fraternité et formaient une communauté religieuse, il craignirent que l’objectif égoïste qu’ils s’étaient fixé depuis des siècles de semer la discorde entre les tribus arabes pour leur propre bien être et dans leur intérêt ne tienne pas dans ce nouveau système et qu’ils se retrouvent face à un front unis des arabes contre lequel leurs machinations n’auraient aucun succès.
  • Enfin, le travail effectué par le Messager de Dieu, paix et bénédiction de Dieu sur lui, de réformer la société et la civilisation, entre autre en mettant fin aux méthodes déloyales de commerce et d’affaires mutuelles. Plus que cela : il avait déclaré que le fait de prendre ou de donner des intérêts était impure et constituait un gain illicite. Ceci engendra chez eux la peur que si cette règle était établie en Arabie , il déclarerait l’intérêt légalement interdit ce qui impliquerait pour eux un réel désastre économique.

Pour ces raisons, ils résistèrent et s’opposèrent au Prophète, paix et bénédiction de Dieu sur lui. Ils n’hésitèrent pas à employer toute ruse ou machination pour le blesser. Ils inventaient toute sorte de mensonge afin de semer le doute à son propos dans l’esprit des gens. Ils créaient toutes sortes de doutes, suspicions et de craintes dans le cœur des convertis de façon à ce qu’ils fassent demi-tour. Ils faisaient de fausses professions de foi puis apostasiaient pour engendrer encore plus de malentendus envers l’Islam et envers le Prophète, paix et bénédiction de Dieu sur lui. Ils conspiraient avec les hypocrites pour créer des troubles et coopéraient avec toute tribu ou groupe hostile envers l’Islam. Ils créaient des désaccords entre les musulmans et faisaient tout ce qui était en leur pouvoir pour les entraîner dans des bagarres et des querelles mutuelles. Les Aws et les Khazraj étaient leur cible principale, eux-mêmes avec qui ils avaient été alliés pendant des siècles. En faisant mention de la guerre de Buʿâth, ils leur rappelaient leurs anciennes animosités afin qu’ils sortent l’épée les uns contre les autres afin de briser les liens fraternels que l’Islam avait créés entre eux. Ils avaient recours à toutes sortes de fraudes afin de toucher les musulmans économiquement. Pour chacun de leurs interlocuteurs commerciaux qui acceptait l’Islam, ils faisaient tout ce qui était possible pour causer sa perte financière. S’il leur devait quelque chose, il le harcelaient par des demandes répétitives, et s’ils lui devaient quelque chose, il retenaient leurs paiements et déclaraient publiquement qu’au moment de la négociation il professait une religion différente et puisqu’il avait changé de religion ils n’avaient plus aucune obligation envers lui. Plusieurs exemples de la même nature ont été cités dans l’explication du verset 75 de la sourate Al Imrân, dans les commentaires de Tabarî, Naysabûri, Tabrisi et dans h al Maʿâni [par l’Imâm Al-Alûsî].

Ils avaient adopté ce comportement hostile envers l’alliance bien avant la bataille de Badr. Mais lorsque que le Prophète, paix et bénédiction de Dieu sur lui, et les musulmans remportèrent une victoire décisive contre les Qurayshites à Badr, ils furent emplis de douleur, d’angoisse, de malveillance et de colère. En fait, ils s’attendaient à ce que les Qurayshites fassent un grand nombre de morts parmi les musulmans. C’est la raison pour laquelle, avant que la nouvelle de la victoire des musulmans n’arrive à Médine, ils avaient déjà répandu la rumeur que le Prophète, paix et bénédiction de Dieu
sur lui, était mort en martyr et que les musulmans avaient été repoussés et que l’armée d’Abû Jahl était en train d’avancer vers Médine. Mais quand la bataille tourna contre leurs espoirs et leurs souhaits, il brûlèrent de colère. Kaʿb Ibn Al-Ashraf, le chef des Banû An-Nadîr, s’écria : " Par Dieu, Si Muhammad a effectivement tué ces nobles arabes, le ventre de la terre est meilleur pour nous que son dos ". Puis il partit à la Mecque et incita ses habitants à la vengeance en écrivant et en récitant des élégies provocatrices pour les chefs des Qurayshites tués à Badr. Puis, il retourna à Médine et composa des vers lyriques de nature insultante envers les femmes musulmanes. Le Prophète, paix et bénédiction de Dieu sur lui, fut enragé par tant de méchanceté. A tel point, qu’il envoya Muhammad Ibn Maslamah Al-Ansârî le tuer au mois de Rabi’al-Awwal en l’an 3 A.H.

Les premières tribus juives qui, après la bataille de Badr, brisèrent ouvertement et collectivement leur alliance furent les Banû Qaynuqâʿ. Ils vivaient dans une petite localité à l’intérieur de la ville de Médine. Comme ils pratiquaient le métier d’orfèvres,
de forgerons et d’artisans , les habitants de Médine devaient se rendre fréquemment dans leurs boutiques. Ils étaient fiers de leur bravoure et de leur valeur. Étant forgerons de profession, même leurs enfants étaient armés et ils pouvaient rassembler instantanément 700 combattants parmi les leurs. Ils savaient également avec arrogance qu’ils jouissaient de bonnes relations avec les khazraj et Abdullah Ibn Ubbay, leur chef. Lors de la victoire de Badr, ils furent si choqués qu’ils se mirent à créer des problèmes et à harceler les musulmans qui se rendaient dans leurs boutiques, et en particulier les femmes. Les choses s’envenimèrent à un tel point qu’une femme se retrouva un jour nue en public, après avoir été dépouillée de ses vêtements. Ceci entraîna une bagarre dans la laquelle des musulmans et des juifs trouvèrent la mort. De ce fait, le Prophète, paix et bénédiction de Dieu sur lui : lui-même se rendit en ces lieux, les rassembla et leur conseilla une conduite descente. Mais leur réponse fut : " Ô Muhammad, tu penses peut-être que nous sommes comme les Qurayshites, ils ne savaient pas se battre, ainsi tu as pris le pouvoir sur eux. Mais quand tu viendras te confronter à nous, tu verras comment les hommes se battent. " Ce fut en quelques mots une déclaration de guerre. En conséquence, le Prophète - paix et bénédiction sur lui - assiéga leurs quartiers à la fin du mois de Shawwâl (et selon certains de Dhul Qiʿdah) A.H.2. Cet événement dura une quinzaine de jours puis ils furent vaincus et tous leurs combattants furent faits prisonniers. Puis Abdullah Ibn Ubbay vint leur apporter un soutien et insista pour qu’ils soient pardonnés. Le Prophète lui accorda cette requête et décida que les Banû Qainuqâʿ seraient exilés hors de Médine, laissant derrière eux leurs biens, leurs armures, leurs outils et tout leur commerce.

Peu de temps après ces mesures punitives (ex : le baniment des Qaynuqâʿ et le meurtre de Ka’b Ibn Ashraf), les juifs furent tellement terrorisés qu’ils n’osèrent plus se mêler à quelque manigance que ce soit. Mais plus tard, au mois de Shawwal en l’an 3 A.H., les Qurayshites se lancèrent dans de grande préparations pour attaquer Médine et se venger de la bataille de Badr, et les juifs virent que seul un millier d’hommes marchaient aux côtés du Prophète contre trois milles hommes du côté des Quraich, de plus 300 hommes avaient déserté et étaient retournés à Médine. Ils commirent la première entrave au traité en refusant de se joindre au Prophète pour défendre la ville même s’ils en avaient l’obligation. Puis, à la bataille de Uhud, les musulmans subirent le revers, ils étaient trop hardis. A tel point que les Banû An-Nadîr mirent sur pied un plan secret pour tuer le Prophète, paix et bénédiction de Dieu sur
lui, cependant ce plan échoua.

Il semblerait qu’après l’incident de Bi’r Ma’unah (Safar, A.H.4), ʿAmr Ibn Ummayah Ad-Damri tua par erreur deux hommes des Banû ʿAmir qui appartenaient à une tribu alliée aux musulmans, les ayant pris pour des hommes d’un groupe ennemi. A cause de cette erreur, le prix du sang devînt obligatoire pour les musulmans. Puisque que les Banû An-Nadîr faisaient également partie de l’alliance avec les Banû Amir, le Prophète alla les trouver avec quelques-uns de ses compagnons pour demander leur aide afin de payer le prix du sang. Officiellement, ils acceptèrent de contribuer, mais secrètement ils complotèrent pour que l’un d’entre eux monte en haut du mur contre lequel le Prophète s’asseyait et fasse tomber sur lui un rocher pour le tuer. Mais avant qu’il ne mettent leur plan à exécution, Allah en avertit son Prophète, paix et bénédiction de Dieu sur lui. Il se leva immédiatement et retourna à Médine.

Il n’était désormais plus question de faire des concessions. Le Prophète leur posa un ultimatum en leur annonçant que leur ruse était parvenue à sa connaissance et qu’en conséquence, ils devaient quitter Médine dans les 10 jours ; si l’un d’entre eux était
trouvé dans leurs quartiers au-delà de cette limite, il pourrait être tué. Au même moment, Abdullah Ibn Ubbay leur envoya un message leur apprenant qu’il pouvait leur venir en aide avec deux mille hommes et que les Banû Quraydhah et la Banû Ghatafan pouvait aussi apporter leur aide ; ainsi il pourraient tenir tête et ne pas s’en aller. Ils répondirent donc à l’ultimatum du Prophète, paix et bénédiction de Dieu sur lui, en disant qu’ils ne quitteraient pas Médine et qu’il pouvait faire tout ce qui était en son pouvoir. En conséquence, au mois de Rabîʿ Al-Awwal en l’an A.H., le Prophète les assiégea, et, quelques jours plus tard ( 6 jours selon quelques récits, et 15 selon d’autres), ils se résignèrent à quitter Médine à la condition de pouvoir emporter leurs biens sur des chameaux, à l’exception de leurs armures. Ainsi, Médine se débarrassa de cette seconde tribu de juifs espiègles. Seuls deux individus parmi Banû An-Nadîr devinrent musulmans et restèrent. Les autres se rendirent en Syrie et à Khaybar.

Thèmes et Sujets Traités

Le thème de cette sourate, comme il est dit plus haut, est un jugement porté sur la bataille menée contre les Banû An-Nadîr. En tout, cinq points principaux ont été traités.

  1. Les quatre premiers versets contiennent un avertissement et une exhortation à être attentif au sort de Banû An-Nadîr. Une tribu importante, aussi forte en nombre que les musulmans, dont les gens disposaient de bien plus grandes richesses et de biens, qui étaient bien équipés militairement et qui n’ont pu résister au siège par les musulmans, ne serait-ce que quelques jours, qui ont accepté le bannissement des terres sur lesquelles ils étaient établis depuis des siècles sans que le moindre homme parmi eux ne soit tué. Allah dit que ceci est arrivé, non pas grâce à un éventuel pouvoir possédé par les musulmans,mais parce que les juifs avaient essayé de résister et de combattre Allah et son Messager, paix et bénédiction de Dieu sur lui, et ceux qui osent résister au pouvoir d’Allah rencontrent toujours la même fin.
  2. Dans le verset 5, la loi de la guerre qui est énoncée est : la destruction causée sur les territoires ennemis pour des raisons militaires n’entre pas dans le fait de " répandre des troubles sur la terre ".
  3. Dans les versets 6-10, il est affirmé que les terres et les biens qui tombent sous le contrôle de l’État islamique suite à la guerre ou à une déclaration de paix doivent être gérés. Comme il s’agissait de la première occasion où les musulmans prirent le contrôle d’un territoire conquis, la loi correspondante fut descendue pour leur guidée.
  4. Dans les versets 11-17 l’attitude que les hypocrites ont adoptée à l’occasion de la bataille contre les Banû An-Nadîr a été évoquée et les causes ont été soulignées.
  5. Toute la dernière partie (versets 18-24) est un avertissement pour tous ceux qui ont professé leur foi et qui ont rejoint la communauté musulmane mais qui ont dévié du véritable esprit de la foi. Il leur est expliqué ce qu’est la vraie foi, quelle est la différence entre la piété et la perversité, quelle est la place et l’importance du Coran et quels sont les Attributs de Dieu.

P.-S.

Traduit de l’anglais du site de l’association des étudiants musulmans de l’USC.

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