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Le rôle réformateur des Soufis en Inde et leur influence sur la société

Le lien qui lie le peuple aux Soufis et au Tasawwuf

jeudi 17 juillet 2003

L’ère islamique a commencé en Inde avec ces Soufis, en particulier, Sheikh Muʿîn Ad-Dîn Al-Ajmîrî qui a fondé en ces terres la Tarîqah Chishtiyyah sur les piliers solides de son effort de lutte, de son jihâd et de sa sincérité. Les gens, toutes classes et catégories confondues, accoururent vers eux et se concurrencèrent dans l’amour qu’ils vouaient à ces hommes de Dieu et dans l’établissement de liens avec ces prédicateurs pleins de sincérité, de véridicité et de loyauté. Un réseau de centres spirituels s’est étendu dans tout le pays, au point qu’il n’y eut pas une ville, pas un village important, sans que l’on y trouve un ou plusieurs centres spirituels.

Le lien affectif et spirituel, et la vague d’amour et de respect qui déferlèrent sur les gens à l’égard des Sheikhs et Soufis, se manifestent à travers les événements que nous relaterons indépendamment de leur ordre chronologique.

Tous les jours, mille hommes mangeaient chez As-Sayyid Âdam Al-Bannûrî (enterré à Al-Baqîʿ [1] en 1053 A.H.). Des milliers d’hommes et des centaines de savants lui étaient dévoués. Lorsqu’As-Sayyid Âdam arriva à la ville de Lahore en 1053 A.H., il était accompagné de dix milles personnes : des descendants du Prophète - paix et bénédiction de Dieu sur lui - des savants, etc. Cet événement fit naître une crainte dans le coeur du roi de l’Inde, Shâh Jahân, à l’égard d’As-Sayyid Âdam. Il lui envoya une somme d’argent et lui dit : "Dieu t’a prescrit le pèlerinage. Tu dois donc aller au Hijâz." As-Sayyid Âdam saisit ce que le roi entendait et se rendit sur les territoires sacrés où il expira son dernier souffle.

Sheikh Muhammad Maʿsûm (mort en 1079 A.H.), quant à lui, le fils du grand Sheikh Ahmad As-Sirhindî, reçut l’allégeance de neuf cent milles hommes qui se repentirent par ses efforts. Il désigna sept milles hommes pour lui succéder dans la prédication à Dieu, la guidance et l’éducation religieuse des gens [2].

Sayyid Ahmad Khân, le fondateur de l’Université Islamique, mentionna Sheikh Ghulâm ʿAlî Ad-Dahlawî en ces termes, dans son livre Âthâr As-Sanâdîd : "Il y a au moins cinq cents hommes habitant cette zâwiyah [3]. Leurs frais sont à la charge de la zâwiyah."

Par ailleurs, l’affluence des gens vers le grand réformateur As-Sayyid Ahmad Ibn ʿIrfân Ash-Shahîd (1246 A.H.) fut sans pareille. Il ne passait pas dans un village sans que les gens ne se repentent en sa présence. Beaucoup lui prêtèrent d’ailleurs allégeance. Même les malades de l’hôpital de Benarès lui envoyèrent ce message : "Nous sommes prisonniers de nos lits, cloîtrés dans nos cellules, et ne pouvons venir vers vous. Si notre sieur veut bien nous honorer d’une visite pour que nous nous repentions en sa présence, qu’il ne nous en prive pas." As-Sayyid Ahmad partit les voir et ils lui prêtèrent allégeance.

Il séjourna à Calcutta pendant deux mois. On estime que pas moins de mille personnes lui prêtaient allégeance chaque jour. Cela se produisait jusqu’à minuit tous les soirs. La foule était tellement importante qu’il lui était impossible de recevoir l’allégeance en échangeant une poignée de main avec chacun d’eux. Il tendait alors sept ou huit turbans : les gens les saisissaient, se repentaient, et renouvellaient leur engagement envers Dieu. Il faisait cela dix-sept ou dix-huit fois par jour.

P.-S.

Traduit du livre Rabbâniyyah lâ Rahbâniyyah (Un Ascétisme, non un monachisme), de l’Imâm An-Nadwî.

Notes

[1Al-Baqîʿ est le cimetière de Médine. NdT

[2Nuzhat Al-Khawâtir, v. 5, de Sheikh Abd Al-Hayy Al-Hasanî.

[3Centre d’éducation spirituelle et de dévotion dirigé par un Sheikh soufi.

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