dimanche 23 décembre 2001
La société islamique est fondée sur un crédo et une idéologie particulière dont émanent ses règles, ses lois, son code de bienséance et son éthique. Ce crédo ou idéologie n’est autre que l’islam et c’est dans ce sens qu’on parle d’une "société islamique". Il s’agit d’une société adoptant l’islam comme mode de vie, comme constitution pour le gouverner et comme source de législation et d’orientation dans tous les domaines de la vie tant sur les plans individuel et collectif, que sur les plans matériel et moral, que sur les plans local et international.
Toutefois, ceci ne signifie pas que les éléments vivant au sein de la société musulmane et adhérant à une religion autre que l’islam sont condamnés à disparaître. Non. La société musulmane fonde les relations entre ses enfants musulmans et leurs concitoyens non-musulmans sur des bases solides de tolérance, de justice, de bienfaisance et de miséricorde. L’humanité n’a pas connu ces bases avant l’islam et en a manqué sévèrement pendant de nombreux siècles après l’avénement de l’islam. Jusqu’à ce jour, elle aspire à réaliser ces principes dans les sociétés modernes. Mais, à peine y parvient-elle, dans une société donnée, à un moment donné, qu’elle succombe aux passions et au sectarisme, à l’étroitesse des esprits et à l’égoïsme, et qu’elle est conduite à une lutte sanglante avec les gens qui diffèrent par leur religion, leur doctrine, leur race ou leur couleur.
La relation avec les non-musulmans se fonde sur la parole du Très Haut : "Allah ne vous défend pas d’être bienfaisants et équitables envers ceux qui ne vous ont pas combattus pour la religion et ne vous ont pas chassés de vos demeures. Car Allah aime les équitables.§ Allah vous défend seulement de prendre pour alliés ceux qui vous ont combattus pour la religion, chassés de vos demeures et ont aidé à votre expulsion. Et ceux qui les prennent pour alliés sont les injustes." (versets 60:8-9) La bienfaisance et l’équité sont requis du musulman envers tout le monde, même ceux qui renient sa religion, tant qu’ils n’entravent pas son chemin, qu’ils ne combattent pas ses prédicateurs et ne persécutent pas ses fidèles.
Les gens du Livre bénéficient d’un statut spécial parmi les non-musulmans en termes de traitement et de législation. On désigne par gens du Livre les gens dont la religion est fondée à l’origine sur un livre céleste, même s’il a été altéré et modifié ultérieurement, comme les juifs et les chrétiens dont la religion se base respectivement sur la Torah et sur l’Évangile. Le Coran interdit de discuter avec les gens du Livre au sujet de leur religion sauf à user de bonnes manières afin que les coeurs ne se chargent pas de défiance, et de peur que la polémique n’allume le feu du sectarisme et de la rancune dans les coeurs. Le Très Haut dit : "Et ne discutez que de la meilleure façon avec les gens du Livre, sauf ceux d’entre eux qui sont injustes. Et dites : ‹Nous croyons en ce qu’on a fait descendre vers nous et descendre vers vous. Notre Dieu et votre Dieu est le même, et c’est à Lui que nous nous soumettons›." (versset 29:46)
Par ailleurs, l’islam autorise de partager la nourriture avec les gens du Livre, de manger des viandes de leurs abattages, tout comme il a autorisé d’établir des liens matrimoniaux avec eux en épousant les femmes chastes et vertueuses parmi eux, avec ce que le Coran a établi comme base de la vie conjugale à savoir l’affection et la bonté comme exprimé dans le noble verset : "Et parmi Ses signes Il a créé de vous, pour vous, des épouses afin que vous viviez en tranquillité avec elles et Il a mis entre vous de l’affection et de la bonté. Il y a en cela des preuves pour des gens qui réfléchissent." (verset 30:21)
Ceci est en réalité une grande tolérance de la part de l’islam étant donné qu’il autorise au musulman que la maîtresse de son foyer, la compagne de sa vie et la mère de ses enfants soit non-musulmane et que les oncles et tantes de ses enfants soient non-musulmans. Le Très Haut dit : "Vous est permise la nourriture des gens du Livre, et votre propre nourriture leur est permise. (Vous sont permises) les femmes vertueuses d’entre les croyantes, et les femmes vertueuses d’entre les gens qui ont reçu le Livre avant vous, si vous leur donnez leur mahr, avec contrat de mariage, non en débauchés ni en preneurs d’amantes." (verset 5:5) Tel est le statut des gens du Livre même en dehors de la terre d’islam. Quant aux citoyens vivant en terre d’islam, ils bénéficient d’un statut et d’un traitement particuliers. Ce sont eux que l’on désigne par "ahl adh-dhimmah" (littéralement : les gens du pacte). Qu’en est-il au juste ?
Selon l’usage islamique, on désigne les citoyens non-musulmans dans la société islamique par "ahl adh-dhimmah" (les gens de la dhimmah) ou "adh-dhimmiyyûn" (les dhimmis). Le substantif dhimmah signifie pacte, garantie et sécurité. Ils ont été désignés de la sorte car ils bénéficient du pacte d’Allâh, du pacte de Son Messager et du pacte de l’ensemble des musulmans, pacte leur permettant de vivre protégés par l’islam, au sein même de la société islamique en toute sécurité et quiétude. Ils sont donc sous la protection et la garantie des musulmans conformément au contrat de dhimmah qui les lie avec eux.
Cette dhimmah confère à ses bénéficiaires non-musulmans ce qui peut s’apparenter à notre époque à la citoyenneté politique que l’état donne à ses ressortissants leur ouvrant des droits relatifs à cette citoyenneté et leur donnant des devoirs qu’ils se doivent d’honorer. Sur cette base, le dhimmi fait partie des "gens de la terre d’islam" selon l’expression des jurisconsultes (cf. Sharh As-Siyar Al-Kabîr d’As-Sarkhasî, volume 1, p. 140 - Al-Badâ’iʿd’Al-Kâsânî, volume 5, p. 281 - et Al-Mughnî d’Ibn Qudâmah, volume 5, p. 516), ou encore, il est détenteur de la "nationalité islamique" selon l’expression contemporaine. (cf. At-Tashrîʿ Al-Jinâ’î Al-Islâmî du martyre ʿAbd Al-Qâdir ʿÔdah, volume 1, p. 307, paragraphe 232 et Ahkâm Adh-Dhimiyyîn wal-Musta’manîn fî Dâr Al-Islâm de Dr. ʿAbd Al-Karîm Zidane, pp. 63-66, paragraphes 49-51)
Ce contrat de dhimmah est un contrat perpétuel comprenant pour les non-musulmans la reconnaissance de leur religion, et le bénéfice de la protection et de l’assistance de la société musulmane contre le paiement de la jizyah et le respect des verdicts de la lois islamiques exception faite du domaine religieux. Ainsi deviennent-ils des "gens de la terre d’islam". De ce contrat découlent des droits réciproques pour chaque partie - les musulmans et les gens de leur pacte - ainsi que des devoirs.
Quels sont donc les droits accordés par la legislation pour les gens de la dhimmah et quels sont leurs devoirs ?
Nous nous sommes basés sur la source arabe disponible sur qaradawi.net
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