jeudi 26 juillet 2001
Qu’Allâh fasse miséricorde à notre maître Sheikh Muhammad Zahrân, le propriétaire de L’Ecole Islamique de la Guidance (Ar-Rashâd). C’était un homme intelligent, doté d’un esprit vif, un pieux savant, un homme perspicace et agréable. Il était une lampe lumineuse entre les hommes, rayonnant la lumière de la science et de la vertu dans les lieux. Même si ses études académiques n’ont pas atteint le degré des savants officiels, son intelligence, sa disposition, sa politesse et son jihâd lui ont permis de s’élever remarquablement dans le champ de la connaissance et de la production publique. Il enseigna aux gens du commun à la mosquée et enseigna aux femmes dans leurs foyers la bonne compréhension de la religion. A coté de cela, il a fondé l’Ecole Islamique de la Guidance aux alentours de 1915 pour enseigner aux jeunes, à l’image des écoles coraniques répandues à cette époque dans les villages et à la campagne.
Toutefois, l’approche de cette école était semblable à celle des grands instituts : c’était à la fois une maison de science et un foyer d’éducation, brillante par ce qu’elle dispense et par sa méthodologie d’enseignement. Outre les matières dispensées dans les autres écoles, celle-ci englobait dans son programme l’apprentissage et la compréhension des hadiths prophétiques. Ainsi, tous les élèves devaient apprendre, après les cours du jeudi, un nouveau hadith qui leur était expliqué afin qu’ils en aient une profonde compréhension. Ils le répétaient jusqu’à ce qu’ils l’aient appris. Puis, ils exposaient en sa présence tout ce qu’ils avaient appris comme hadiths depuis le début si bien qu’au terme de l’année, chaque élève repartait avec un patrimoine riche du Hadith du Messager d’Allâh, paix et bénédiction d’Allâh sur lui. Je pense que la plupart des hadiths que je connais par cœur, sont des hadiths que j’ai appris à cette époque et qui sont restés gravés dans ma mémoire. Il dispensait aussi l’apprentissage de la rédaction, les règles grammaticales et leurs applications, la dictée, une dose de littérature et de culture générale, ainsi que la mémorisation de morceaux choisis en vers et en prose. Ces matières n’étaient pas enseignées dans les autres écoles coraniques.
Cet homme avait une méthodologie marquante et productive dans l’enseignement et l’éducation, et ce, malgré le fait qu’il n’avait pas étudié la pédagogie ni les principes de la psychologie. Il se basait essentiellement sur l’harmonie et l’interaction des âmes entre lui et ses élèves. Il jugeait ses élèves de façon très pointilleuse sur leurs actes, il visait à bâtir en eux la confiance et voulait leur montrer que l’on pouvait compter sur eux. Il rétribuait chacun selon ses bons actes et ses erreurs, toujours d’une façon académique qui faisait rayonnait le plaisir, la satisfaction et le bonheur dans l’âme lorsqu’il s’agissait d’un bon acte, et qui remplissait l’âme de pincements de douleur et de tristesse lorsqu’il s’agissait d’une erreur. Souvent, il faisait cela en recourant à une pique d’humour, ou une pieuse invocation ou encore un vers de poésie - que le professeur improvisait parfois. Je me rappelle encore un vers de poésie qu’il a demandé à un élève d’écrire dans son cahier sous sa note, en guise de récompense à une réponse qui lui avait plue à un sujet de travaux pratiques :
Je me rappelle aussi un autre vers qu’il a magnifiquement dit et qu’il a demandé à un collègue dont la réponse ne lui avait pas plu d’écrire sous sa note :
C’est là que je donnai un surnom à ce collègue et, par la suite, on eut coutume de l’appeler " o expédition divine " pour le taquiner. Si le professeur demandait à l’élève d’écrire lui-même dans son cahier et ne le faisait pas en personne, c’est parce qu’il était, qu’Allâh lui fasse miséricorde, non voyant. Toutefois, il y avait dans sa compréhension profonde une lumière que beaucoup de voyants n’ont pas : " Car ce ne sont pas les yeux qui s’ aveuglent, mais, ce sont les cœurs dans les poitrines qui s’ aveuglent ".
C’est probablement depuis cet instant que j’ai réalisé - même si je n’en étais pas conscient - la trace que laisse l’interaction spirituelle et affective entre un professeur et son élève. Nous vouions un grand amour à notre professeur malgré tous les devoirs fatiguants qu’il nous donnait. J’ai sans doute appris de lui, qu’Allâh lui fasse miséricorde, avec cette affection spirituelle, la soif de la lecture et du savoir. En effet, souvent il m’emmenait à sa bibliothèque très riche en ouvrages utiles. Puis, je lisais à sa demande des passages traitant de certaines questions religieuses. Souvent il y avait en sa compagnie des gens de science, il traitait alors la question, la discutait, l’analysait, pendant que j’écoutais. Cela crée un lien direct entre le professeur et l’élève et laisse les plus belles traces dans l’esprit de ce dernier. Il serait fructueux que les professeurs et éducateurs tiennent comptent de cela, qu’ils se basent sur cette relation, qu’ils lui accordent de l’importance car, par la Volonté d’Allâh, il y a en cela beaucoup de bien. Dans cette école bénie, j’ai passé la période de ma vie entre l’âge de huit et douze ans.
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