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L’Imâm Muhammad ʿAbduh

mardi 11 mai 2004

Muhammad ʿAbduh (1849 - 1905)

L’Imâm Muhammad ʿAbduh fait partie des plus éminents rénovateurs contemporains de la jurisprudence islamique. Il est une figure incontournable de la réforme et de la renaissance du monde arabo-musulman. Par son savoir, sa lucidité et son ijtihâd, il contribua à libérer l’esprit arabe sclérosé par des siècles d’immobilisme intellectuel. Tout comme il contribua à réveiller les sentiments de liberté et de patriotisme dans la Communauté. Il donna par ailleurs un nouvel élan au ijtihâd juridique, afin que celui-ci ne soit pas dépassé par la vitesse des événements et qu’il puisse accompagner le mouvement et le progrès sociaux sur les niveaux politique, économique et culturel.

A la Mosquée Ahmadite

L’Imâm Muhammad ʿAbduh naquit en 1849 d’un père turcoman et d’une mère égyptienne originaire de la tribu arabe des Banû ʿAdî. Il grandit dans un petit village de la campagne égyptienne appelé Mahallat Nasr, dans la province d’Al-Buhayrah.

Comme tous les enfants de son village, il fut envoyé par son père à l’école coranique, où il reçut ses premières leçons du Sheikh du village. À son adolescence, son père l’inscrivit à la Mosquée d’As-Sayyid Ahmad Al-Badawî, dite Mosquée Ahmadite, dans la ville de Tantâ, qui était proche du village. Le jeune Muhammad ʿAbduh devait alors apprendre à psalmodier le Coran après qu’il l’eut mémorisé, et étudier quelque peu les sciences juridiques et la langue arabe.

Muhammad ʿAbduh avait alors quinze ans. Il fréquenta la Mosquée Ahmadite pendant près d’un an et demi, au terme duquel il ne parvint à se familiariser avec le programme et le système scolaires qu’il trouvait stériles. Ces programmes étaient en effet principalement à base de commentaires de textes et de scolastique ; ils étaient dépourvus de toute standardisation et accusaient un manque cruel de clarté de l’exposé. Muhammad ʿAbduh décida donc d’abandonner les études pour se tourner vers l’agriculture. Mais son père insista pour qu’il poursuive ses études. Lorsque le jeune adolescent vit que son père ne changerait pas d’avis, il fugua vers un village avoisinant où vivaient certains de ses grands-oncles paternels.

Avec le Sheikh Darwîsh Khidr

Muhammad ʿAbduh retrouva ainsi son grand-oncle paternel, le Sheikh soufi Darwîsh Khidr, dont la forte influence allait modifier le cours de la vie de son neveu.

Le Sheikh Darwîsh était très marqué par les enseignements du Sénousisme qui prône un retour à un Islam pur, dans sa simplicité primitive, épuré de toutes les innovations et de toutes les chimères qui se sont inflitrées en lui au cours des siècles. Il parvint à faire regagner sa confiance à Muhammad ʿAbduh, après lui avoir expliqué de manière simple les textes difficiles qu’il avait étudiés. Il affranchit ainsi son neveu des obscurités et des complexités qu’il avait été amené à rencontrer dans ses études, et lui présenta les textes d’une manière simple et facile, adaptée au jeune esprit en formation.

Muhammad ʿAbduh retourna alors à la Mosquée Ahmadite, avec une confiance accrue, et une plus grande maîtrise des enseignements qu’il étudiait. Il finit même par aider ses camarades, en leur expliquant ce qu’ils n’avaient pas compris, avant même l’heure du cours du professeur.

Ainsi, il était devenu prêt à marcher d’un pas ferme et assuré sur le chemin du savoir et de la connaissance, après avoir retrouvé sa confiance en lui-même.

A Al-Azhar

Après la Mosquée Ahmadite, Muhammad ʿAbduh intégra la Mosquée Al-Azhar en 1865. Al-Azhar était alors l’aboutissement auquel rêvait tout étudiant. Dans cette prestigieuse université, Muhammad ʿAbduh étudia la jurisprudence, le Hadith, l’exégèse, la linguistique, la grammaire, la rhétorique et autres disciplines religieuses et littéraires.

À cette époque, le programme scolaire d’Al-Azhar ne sortait pas du cadre de ces disciplines. Il n’y avait ni histoire, ni géographie, ni physique, ni chimie, ni mathématiques, ni aucune de ces sciences qu’on qualifiait alors de sciences des profanes.

Le programme sclérosé d’Al-Azhar connut donc à cette époque un retard immense. Les savoirs enseignés étaient superficiels et ne touchaient pas aux profondeurs des choses. Les études étaient donc principalement à bases de textes et de commentaires.

Muhammad ʿAbduh poursuivit ses études à Al-Azhar pendant douze ans, au terme desquels il obtint le diplôme de la ʿâlamiyyah en 1877.

Des hommes dans la vie de l’Imâm

Le Sheikh Muhammad ʿAbduh fut influencé par un certain nombre d’hommes qui marquèrent sa vie de manière indélébile. Le premier d’entre eux, comme nous l’avons déjà mentionné, était le Sheikh Darwîsh Khidr, que Muhammad ʿAbduh retrouvait chaque année pendant les vacances scolaires. Le Sheikh lui dispensait alors l’éducation spirituelle dont il avait besoin, versant dans son cœur des joyaux de son soufisme lustral, motivant en lui une volonté consciente, l’encourageant à établir des contacts avec les gens et à interagir avec la société, l’invitant à discuter avec les gens, à les conseiller et à les guider vers la voie du bien.

C’est également lui qui l’aida à dépasser le cadre restreint des sciences enseignées à Al-Azhar, en attirant son attention sur l’importance de toutes les sciences, quelles qu’elles fussent, y compris celles qu’Al-Azhar rejetait par le mépris et l’interdiction.

Muhammad ʿAbduh entra dès lors en contact avec le deuxième homme qui eut une grande influence sur lui, et qui l’orienta vers les sciences modernes. Il s’agissait du Sheikh Hasan At-Tawîl, célèbre pour ses connaissances en mathématiques et en philosophie. Ce Sheikh, par ailleurs lié à la politique, était connu pour son courage de dire ce qu’il pensait, de manière franche et non détournée.

Les enseignements de Sheikh Hasan At-Tawîl remuèrent les sentiments de Muhammad ʿAbduh et le poussèrent à chercher davantage ce qui étancherait sa soif de connaissance. Il trouva finalement ce qu’il cherchait chez Sayyid Jamâl Ad-Dîn Al-Afghânî.

Profonde amitié entre Al-Afghânî et ʿAbduh

Al-Afghânî débordait d’intelligence, de dynamisme et d’activité : toujours en train de bouger, de réfléchir, de critiquer et de donner du plus profond de lui-même. Il fut le moteur d’un grand nombre de révoltes et de manifestations estudiantines. Il s’était en effet voué à un objectif suprême et à une noble fin : réveiller les pays musulmans de leur torpeur et les relever de leur passivité et de leur faiblesse. Il œuvra donc sans relâche pour porter à la connaissance des peuples leurs droits, et ce, à travers l’illumination des esprits.

Muhammad ʿAbduh dans sa jeunesse

Al-Afghânî trouva chez Muhammad ʿAbduh une intelligence affûtée, de bonnes dispositions et une grande motivation pour la réforme. Muhammad ʿAbduh découvrait de son côté, à travers la personne d’Al-Afghânî, le monde qui lui avait été occulté par la nature de l’enseignement à Al-Azhar. Les deux Sheikhs se lièrent alors l’un à l’autre, et se développa entre eux une amitié pure, une sorte de concorde, d’harmonie et d’entente parfaite, qui trouvait ses racines dans l’amour mutuel, le respect et l’estime qu’ils se réservaient l’un l’autre.

L’Imâm enseignant

Après avoir décroché à Al-Azhar son diplôme de la ʿâlamiyyah, Muhammad ʿAbduh débuta une carrière de lutte pour le savoir et pour l’illumination des esprits. Il ne se contenta donc pas d’enseigner à Al-Azhar. Il enseigna également à la Faculté de Dâr Al-ʿUlûm (Maison des Sciences) et à la Faculté des Langues, tout en prenant part à des activités publiques.

Ses cours à Al-Azhar concernaient la logique, la philosophie et la science de l’Unicité divine. À Dâr Al-ʿUlûm, il enseignait la Muqaddimah d’Ibn Khaldûn. Il publia en outre un livre de sociologie et d’urbanisme.

Il prit contact avec un certain nombre de journaux. Il écrivait ainsi pour le journal Al-Ahrâm des articles sur la réforme morale et sociale. Il rédigea par exemple un article sur « L’écriture et la plume », un autre sur « Le gérant humain et le gérant rationnel et spirituel », et un troisième article sur « Les sciences rationnelles et l’appel pour les sciences modernes ».

La méthodologie de la réforme chez l’Imâm

Lorsque le Khédive Tawfîq prit le pouvoir en Égypte, et que Riyâd Pasha entra dans ses fonctions de Premier Ministre, ce dernier voulut réformer le Journal Officiel. Il choisit alors Sheikh Muhammad ʿAbduh pour mener à bien cette entreprise. Muhammad ʿAbduh s’entoura de personnalités aussi distinguées que Saʿd Zaghlûl [1], Ibrâhîm Al-Hilbâwî et Sheikh Muhammad Khalîl pour l’aider dans la tâche qui lui fut confiée. Il mit en place dans le Journal Officiel une rubrique non-officielle, à côté des informations officielles, dans laquelle étaient rédigés des articles de réforme intellectuelle et sociale. Sheikh Muhammad ʿAbduh était le rédacteur-en-chef de cette section du Journal. Il travailla dans ce poste pendant un an et demi environ, au cours duquel il parvint à faire du Journal Officiel une tribune pour la réforme.

En Égypte, deux puissants courants se disputaient le mouvement de la réforme :

  1. Le premier était celui des conservateurs, qui estimaient que la vraie réforme de la nation ne pouvait se faire qu’à travers la vulgarisation de l’éducation parmi les individus. Ce parti prônait un changement progressif vers un État parlementaire. L’Imâm Muhammad ʿAbduh et le leader Saʿd Zaghlûl étaient parmi les tenants de ce courant.
  2. Le second prônait la liberté individuelle et politique, à l’exemple des pays européens. Le noyau dur de ce parti était un groupe d’intellectuels, qui avaient fait leurs études en Europe, qui avaient été influencés par l’atmosphère de liberté qui y régnait et qui admiraient ses systèmes politiques. Parmi eux, on trouvait Adîb Ishâq. Ces gens-là voyaient en Muhammad ʿAbduh et en ses amis des obscurantistes : ils refusaient d’admettre que la réforme puisse être graduelle pour persister, comme le pensait le premier courant, et ne pouvait être brusque et éphémère.

L’Imâm et la Révolution ʿurâbite

Lorsque éclata la Révolution ʿurâbite de 1882 [2], de nombreux patriotes se joignirent à elle, en même temps que de nombreuses personnalités influentes et des savants d’Al-Azhar. Le peuple, avec ses différentes composantes, se mobilisa et ses réclamations furent appuyées par celles de l’armée. Les journaux allumaient alors la flamme de la révolution et excitaient les foules. Le célèbre écrivain ʿAbd Allâh An-Nadîm figurait parmi les plus zélés orateurs de la Révolution.

Bien que Muhammad ʿAbduh n’était pas particulièrement motivé par un changement radical et révolutionnaire, il se joignit cependant aux partisans de la Révolution et devint l’un de ses leaders. Il fut arrêté et emprisonné pendant trois mois, au terme desquels il fut condamné à l’exil pendant trois ans.

Entre Beyrouth et Paris

Muhammad ʿAbduh partit à Beyrouth en 1883, où il resta près d’une année. Il fut ensuite appelé par son professeur Al-Afghânî à venir le rejoindre à Paris où lui aussi était exilé. Muhammad ʿAbduh répondit à l’invitation de son maître et s’associa avec lui pour publier la revue Al-ʿUrwat Al-Wuthqâ. Cette revue était publiée dans une petite chambre modeste située sur le toit d’une maison parisienne. Cette chambre était le siège de la rédaction de la revue et le lieu de rencontre des fidèles et des partisans.

La revue troubla les Anglais et suscita leur inquiétude, tout comme elle provoqua la défiance des Français. L’Imâm Muhammad ʿAbduh et son professeur, ainsi qu’un petit nombre de leurs collaborateurs, portaient seuls le fardeau de la publication de la revue et de sa diffusion dans tout le monde musulman. À cette époque, les articles de l’Imâm étaient particulièrement incisifs et appelaient à la résistance au colonialisme et à l’émancipation de l’occupation étrangère sous toutes ses formes. Les Anglais parvinrent à étouffer la voix d’Al-ʿUrwat Al-Wuthqâ, cette revue qui troublait leur sommeil et qui importunait leurs oreilles. Elle disparut donc au bout de dix-huit numéros parus en huit mois. Le Sheikh Muhammad ʿAbduh retourna alors à Beyrouth en 1885, après que tout s’était effondré autour de lui : la Révolution ʿurâbite avait échoué, le journal Al-ʿUrwat Al-Wuthqâ avait été fermé, et il avait été séparé de son professeur qui était parti en Perse.

Muhammad ʿAbduh devait donc occuper son temps par l’écriture et l’enseignement. Il commenta Nahj Al-Balâghah et les poèmes de Badîʿ Az-Zamân Al-Hamadhânî et se mit à enseigner l’exégèse coranique dans une mosquée de Beyrouth. Puis on lui proposa un poste de professeur à l’Université Sultânienne de Beyrouth. Il travailla donc à relever la position de cette institution et à refondre ses programmes universitaires. Il y enseignait la science de l’Unicité divine, la logique, la rhétorique, l’histoire et la jurisprudence. Il écrivit en outre des articles dans le journal Thamarât Al-Funûn, ressemblant aux articles qu’il écrivait pour le Journal Officiel égyptien.

Bien que sa condamnation à l’exil ait été de trois ans, il resta cependant en exil pendant six ans, durant lesquels il lui était interdit de rentrer en Égypte, après sa participation à la révolte contre le Khédive Tawfîq et l’accusation de trahison et de collaboration avec l’ennemi qui lui avait été portée. Après de nombreuses tentatives d’intercession, menées par des leaders populaires et des politiciens comme Saʿd Zaghlûl, auprès de la Princesse Nâzlî ou de Mukhtâr Pasha, une amnistie fut prononcée en sa faveur en 1889. Il put enfin revenir sur sa terre natale.

De retour en Égypte

Tout était désormais entre les mains des Anglais. Mais l’objectif le plus important que s’était fixé le Sheikh Muhammad ʿAbduh était la réforme des croyances, la réforme des institutions islamiques comme Al-Azhar, les Awqâf [3] ou les tribunaux islamiques. Muhammad ʿAbduh décida d’apaiser les tensions qui l’opposaient au Khédive, afin de se consacrer à la mise à exécution de son programme réformateur. Il prit également le parti de s’aider des Anglais eux-mêmes si cela s’avérait nécessaire. À son retour en Égypte, il remit un rapport sur les réformes que, de son point de vue, il fallait impérativement apporter pour relever le statut de l’éducation. Ce rapport fut remis au Lord Cromer qui était indubitablement le véritable gouverneur et le détenteur du pouvoir en Égypte.

À son retour en Égypte, le Sheikh Muhammad ʿAbduh souhaitait devenir le doyen de Dâr Al-ʿUlûm, ou tout du moins l’un des professeurs de cette institution. Mais le Khédive et les Anglais avaient un autre avis : on préféra le nommer à la fonction de Juge civil à la Cour de Banhâ, puis à Az-Zaqâzîq, et enfin à ʿÂbidîn. Après quoi, on le désigna à la fonction de magistrat de la Cour d’Appel en 1895.

Muhammad ʿAbduh commença à apprendre le français alors qu’il était juge à ʿÂbidîn et qu’il avait atteint la quarantaine. Il finit par maîtriser cette langue, jusqu’à pouvoir consulter les lois et la jurisprudence françaises. Il traduisit également du français vers l’arabe un livre sur l’éducation.

L’Imâm Muftî

Lorsque mourut le Khédive Tawfîq en 1892 et que prit sa place le Khédive ʿAbbâs, qui était décidé à lutter contre l’occupation, le Sheikh Muhammad ʿAbduh chercha à raffermir ses relations avec le nouveau souverain. Il parvint à le convaincre du bien-fondé de son programme de réforme qui touchait Al-Azhar, les Awqâf et les tribunaux islamiques. Une décision fut publiée décrétant la formation du Conseil d’Administration d’Al-Azhar, présidé par le Sheikh Hassûnah An-Nawâwî. Sheikh Muhammad ʿAbduh était membre de ce Conseil d’Administration. C’était l’occasion espérée pour qu’il puisse réaliser son rêve de réforme d’Al-Azhar, ce rêve qui lui taraudait l’esprit depuis que ses pieds avaient foulé pour la première fois la cour de la Mosquée-Université.

Sheikh Hassûnah An-Nawâwî (1839 - 1925)

En 1899, il fut nommé Muftî d’Égypte, mais sa relation avec le Khédive ʿAbbâs commençait à ternir, et continuait à se ternir au fil des jours. Le Sheikh s’était en effet opposé au Khédive lorsque celui-ci voulut échanger une de ses terres contre une terre des Awqâf, le Sheikh lui ayant demandé de verser aux Awqâf vingt mille livres de compensation.

L’impitoyable campagne menée contre l’Imâm

La situation s’envenima tant et si bien que la relation entre le Khédive et l’Imâm devint une relation d’inimitié et de haine de la part du Khédive. On commença alors à organiser des complots et des menées contre le Sheikh ; les journaux commencèrent à lancer des attaques farouches pour le rabaisser et le diffamer ; ses adversaires usèrent de moyens bas et mesquins pour l’insulter et salir son image devant le peuple. Il fut ainsi contraint à démissionner d’Al-Azhar en 1905. Le Sheikh ressentit alors les symptômes dramatiques d’une maladie qui allait s’avérer être le cancer. Il mourut à Alexandrie, le 11 juillet 1905, à l’âge de cinquante-six ans. Que Dieu lui fasse miséricorde et le rétribue généreusement.

P.-S.

Adapté de l’arabe du site Islamonline.net.

Notes

[1Saʿd Zaghlûl, personnalité politique célèbre, fut à l’origine de la Révolution de 1919 en Égypte.

[2La Révolution ʿurâbite, du nom du Général Ahmad ʿUrâbî Pasha qui en fut la figure de proue, visait à résister au colonisateur anglais et à le chasser des terres égyptiennes.

[3Les Awqâf sont l’ensemble des biens légués à des insitutions religieuses.

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