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L’apostat repenti

lundi 10 mars 2003

Question

Si un Musulman renie l’Islam et persiste dans son apostasie pendant un certain temps sans qu’il ne soit puni, après quoi il revient sincèrement à l’Islam, les bonnes actions qu’il aura faites avant son apostasie - telles que la prière, l’aumône légale purificatrice, le jeûne ou le pèlerinage - sont-elles annulées et doit-il les rattraper ? En outre, la prière et le jeûne qu’il aura abandonnés lors de son apostasie doit-il également les rattraper après sa repentance et son retour à l’Islam ?

Réponse du Sheikh ʿAtiyyah Saqr

Dieu - Exalté soit-Il - dit : « Dis à ceux qui ne croient pas que, s’ils cessent, On leur pardonnera ce qui s’est passé. » (sourate 8 intitulée le Butin, Al-Anfâl, verset 38) ; « Et ceux, parmi vous, qui adjureront leur religion et mourront infidèles, vaines seront pour eux leurs actions dans la vie immédiate et la vie future. Voilà les gens du Feu : ils y demeureront éternellement. » (sourate 2 intitulée la Vache, Al-Baqarah, verset 217) .

Les savants ont établi une différence entre le mécréant d’origine qui se convertit à l’Islam et l’apostat qui se repent et revient à l’Islam. Le premier devient responsable de ses obligations religieuses à partir de sa conversion : ainsi, il n’est pas tenu d’accomplir la prière et les autres actes cultuels dont il n’a pu s’acquitter lors de sa mécréance. Le mécréant n’est en effet pas concerné par les obligations de la Législation islamique (Sharîʿah) en ce sens que tout acte cultuel n’est pas valide s’il n’est accompagné de l’intention et de la soumission à Dieu (Islâm). C’est ce que le premier verset susmentionné évoque : « s’ils cessent, On leur pardonnera ce qui s’est passé. ».

Quant à l’apostat, certains savants - et parmi eux les Shaféites - ont dit à son sujet que s’il revient à l’Islam, les bonnes actions qu’il aura faites avant son apostasie demeurent intactes. En conséquence, il n’est pas tenu de les rattraper. Le second verset précise en effet que l’annulation de ces actions est conditionnée par le décès avant le retour à l’Islam : « et mourront infidèles ». S’il meurt donc Musulman, c’est-à-dire après sa repentance et son retour à l’Islam, le verset ne s’applique pas sur lui.

D’autres savants - et parmi eux les Malékites - ont dit que les bonnes actions de l’apostat sont annulées aussitôt qu’il apostasie. Il doit donc les rattraper après sa reconversion à l’Islam. Ces savants se sont appuyés sur le verset suivant : « Si tu donnes des associés à Dieu, ton œuvre sera certes vaine » (sourate 39 intitulée les Groupes, Az-Zumar, verset 65). Ce verset s’adresse au Prophète - paix et bénédiction sur lui - et, par extension, à toute sa Communauté (le Tafsîr d’Al-Qurtubî, section 3, page 48).

Telle est l’opinion de l’Islam concernant les bonnes actions faites avant l’apostasie. Quant aux obligations dont l’apostat ne s’est pas acquitté lors de son apostasie, voici ce que dit Al-Qurtubî dans son Tafsîr (section 7, page 403) : « Si l’apostat se reconvertit à l’Islam et qu’il a manqué des prières, qu’il a commis des crimes et qu’il a dilapidé des biens, alors certains ont dit à son sujet qu’il est considéré au même titre que le mécréant d’origine : s’il se convertit à l’Islam, il n’est pas jugé pour ce qu’il aura commis auparavant. Ash-Shâfiʿî a dit cependant, dans l’une de ses deux opinions, que l’apostat repenti doit restituer tous les droits dus à Dieu et tous les droits dus aux hommes. En effet, les droits humains sont inaliénables. A fortiori, les droits dus à Dieu doivent donc être restitués. Abû Hanîfah pense, en revanche, que ce qui est dû à Dieu est pardonné, mais que ce qui est dû aux hommes doit être restitué. Ibn Al-ʿArabî dit : « Cet avis est celui de nos savants [1]. Car Dieu - Exalté soit-Il -, dans Sa Grandeur, abandonne Ses droits envers l’être humain alors que l’être humain, dans sa pauvreté, a impérieusement besoin de tous ses droits. Ne voit-on pas que les droits dûs à Dieu ne sont pas demandés à l’enfant, alors que ce dernier a besoin des droits qu’il possède chez les êtres humains ? » Par ailleurs, on a dit que le phrase suivante : « Dis à ceux qui ne croient pas que, s’ils cessent, On leur pardonnera ce qui s’est passé. » est générale et concerne tous les droits dus à Dieu. »

P.-S.

Traduit de la Banque de Fatâwâ du site Islamonline.net. La version originale est consultable sur archive.org.

Notes

[1Ibn Al-ʿArabî est un juriste malékite

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