Français | عربي | English

Accueil > Banque de Fatwâ > Droit musulman > Sheikh Yûsuf Al-Qaradâwî > Renier de la religion ce qui en est connu par nécessité

Renier de la religion ce qui en est connu par nécessité

dimanche 15 décembre 2002

Question

Nous souhaiterions que vous nous précisiez ce que signifie le fait qu’une personne renie de la religion ce qui en est connu par nécessité (inkâr al-maʿlûm min ad-dîn bid-darûrah). Nous voudrions également savoir si une telle attitude est incompatible avec la foi.

Réponse du Docteur Yûsuf ʿAbd Allâh Al-Qaradâwî

Après qu’une personne a embrassé l’Islam en acceptant la double attestation de foi [1], elle devient, dès lors, tenue de s’astreindre à toutes les directives de l’Islam. Cet engagement implique la croyance en la justice et en la sacralité de ces directives, ainsi que l’obligation de s’y plier, de les admettre et de les appliquer. J’entends par là les directives mentionnées dans les textes explicites et péremptoires du Coran et de la Sunnah. Une telle personne n’a pas le choix d’en accepter certaines et d’en délaisser d’autres, ni de prendre les unes en considération et ne pas tenir compte des autres. Elle doit y obéir de bon cœur et doit s’y soumettre, en considérant comme licites les choses déclarées comme telles par la religion, en considérant comme illicites les choses déclarées comme telles par la religion, en considérant comme obligatoires les choses déclarées comme telles par la religion, et en considérant comme recommandées les choses déclarées comme telles par la religion.

Dieu dit en effet : « Il n’appartient pas à un Croyant ou à une Croyante, une fois que Dieu et Son Messager ont décidé d’une chose d’avoir encore le choix dans leur façon d’agir. » [2] ; « La seule parole des Croyants, quand on les appelle vers Dieu et Son Messager, pour que celui-ci juge parmi eux, est : ‹Nous avons entendu et nous avons obéi›. » [3] ; « Non !... Par ton Seigneur ! Ils ne seront pas croyants aussi longtemps qu’ils ne t’auront demandé de juger de leurs disputes et qu’ils n’auront éprouvé nul ressentiment pour ce que tu auras décidé, et qu’ils se soumettent complètement [à ta sentence]. » [4].

Il est important de savoir à ce stade que parmi les directives islamiques — en terme d’obligations, d’interdictions, de sanctions et autres législations -, certaines sont définitivement prouvées et font désormais lieu d’article de foi, contre lequel nul doute ou équivoque ne saurait être soulevé. Ces directives font partie intégrante de la religion de Dieu et de Sa Législation. Ce sont ces directives que les savants musulmans désignent comme étant « ce qui est connu de la religion par nécessité ».

On les reconnaît au fait que tous les Musulmans, sans exception, les connaissent. La preuve de leur caractère formel ne nécessite pas d’étude ou d’argumentation particulières. On peut ainsi citer par exemple le caractère obligatoire de la prière, de l’aumône légale, et autres piliers de l’Islam. On peut également citer l’interdiction du meurtre, de la fornication, de l’usure, de la consommation d’alcool, et autres péchés majeurs. On peut enfin citer les directives formelles concernant le mariage, le divorce, l’héritage, les sanctions pénales (Hudûd), le talion (Qisâs), etc.

Quiconque renie l’une de ces directives « connues de la religion par nécessité », les méprise, ou les raille est un dénégateur pur et simple. Il est accusé d’apostasie de l’Islam. En effet, ces directives sont mentionnées dans le Coran dans des versets explicites ; elles font l’objet de hadiths authentiques largement transmis (mutawâtir) ; elles ont été consensuellement admises par la Communauté, de génération en génération. Quiconque les renie renie alors un texte du Coran ou de la Sunnah. Ce n’est ni plus ni moins que de la mécréance.

Ne fait exception à cette règle que l’individu récemment converti à l’Islam, ou celui qui a toujours vécu à la campagne, loin de toute civilisation musulmane et de tout accès au savoir religieux. De telles personnes sont excusées si elles renient ces nécessités religieuses, jusqu’à ce qu’elles soient instruites en Islam. Dès lors, elles subissent les mêmes règles que celles qui prévalent pour le reste des Musulmans.

P.-S.

Traduit de la Banque de Fatâwâ du site Islamonline.net. La version originale est consultable sur archive.org.

On pourra également consulter l’article suivant : « Qu’est ce que l’apostasie (Ar-Riddah) ? ».

Notes

[1Cette double attestation de foi est la suivante : « Il n’y de dieu que Dieu et Muhammad est le Messager de Dieu. »

[2Sourate 33 intitulée les Coalisés, Al-Ahzâb, verset 36.

[3Sourate 24 intitulée la Lumière, An-Nûr, verset 51.

[4Sourate 4 intitulée les Femmes, An-Nisâ’, verset 65.

Répondre à cet article



 RSS 2.0 | Plan du site | Espace privé | SPIP |
© islamophile.org 1998 - 2024. Tous droits réservés.

Toute reproduction interdite (y compris sur internet), sauf avec notre accord explicite. Usage personnel autorisé.
Les opinions exprimées sur le site islamophile.org sont celles de leurs auteurs. Exprimées dans diverses langues étrangères, ces opinions sont mises à la portée des lecteurs francophones par nos soins, à des fins d'information, de connaissance et de respect mutuels entre les différentes cultures et religions du monde.