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Le sport : sa définition, les directives et les règles de bienséance qui le concernent

lundi 3 février 2003

Question

Y a-t-il un quelconque lien entre la religion et le sport ? Quelle est l’influence du sport sur la production ? Quelles sont les règles d’éthique et de bienséance que le Musulman doit observer lorsqu’il pratique le sport ?

Réponse du Sheikh ʿAtiyyah Saqr

« Ar-riyâdah » (le sport) est le substantif du verbe « da ». On dit : da al-muhr (il entraîna le poulain), yarûdûhu (il l’entraîne), riyâdan wa riyâdah (entraînement) et il est ainsi murawwad (entraîné) [1], ce qui signifie qu’on dompte le poulain et qu’on le rend docile. La riyâdah du corps est le soin qu’on apporte à celui-ci à travers différentes formes de mouvement, ayant pour but d’entraîner ses membres à remplir leur rôle avec aisance. Les spécialistes ont dit que cette riyâdah garantit au corps humain sa force et le guérit naturellement des maladies et des effets nocifs. Ce remède naturel constitue ainsi la meilleure cure.

Depuis la nuit des temps, les hommes ont adopté leurs propres méthodes pour fortifier leur corps grâce au sport. Chaque communauté a ainsi développé ce qui correspond au mieux à sa situation et aux objectifs qu’elle s’est fixés. Ainsi, la nation guerrière ira s’entraîner à soulever des objets lourds, à tirer à l’arc et à jouer des armes. La nation qui vit sur des côtes ira s’entraîner à la natation. La nation pacifique et douce ira s’exercer à assouplir les muscles du corps humain. On peut ainsi citer à ce titre la gymnastique, et ainsi de suite. Les Arabes — comme les autres nations — avaient leurs propres exercices sportifs qui leur étaient dictés par leurs conditions de vie, lesquelles conditions tournaient autour des voyages, de la chasse, des razzias et des guerres de vengeance.

Les directives islamiques concernant le sport

L’Islam n’interdit pas la fortification du corps par ce genre d’exercices sportifs. En effet, il veut que ses fidèles soient forts du point de vue corporel, rationnel, moral et spirituel. L’Islam glorifie la force qui est, en réalité, un attribut de la Perfection divine. Le Très Haut est en effet le Détenteur de la force, l’Inébranlable. Le hadith dit : « Le croyant fort est meilleur est plus aimé de Dieu que le croyant faible. » [2] Par ailleurs, un corps puissant est plus apte à remplir ses obligations religieuses et profanes. En outre, l’Islam ne prescrit pas ce qui pourrait affaiblir le corps humain à un tel point qu’il le rende incapable de remplir ces obligations. Bien au contraire, il a prescrit des allégements dans certaines lois afin de préserver la santé corporelle de l’individu. Il a ainsi permis d’accomplir la prière assis pour celui qui ne parviendrait pas à l’accomplir debout. Il a permis de manger à ceux qui ne supporteraient pas le jeûne. Il a déposé les obligations du pèlerinage et de l’effort de lutte armée (jihâd) pour ceux qui n’en auraient pas les moyens. C’est dans cet état d’esprit que le Prophète — paix et bénédiction sur lui — dit à ʿAbd Allâh Ibn ʿAmr Ibn Al-ʿÂs, qui s’était surmené dans l’adoration de Dieu en jeûnant le jour et en priant la nuit : « Jeûne et romps le jeûne. Prie et dors. Car ton corps a un droit sur toi. Et ton œil a un droit sur toi. » [3]

L’influence du sport sur le corps humain

Ibn Al-Qayyim a écrit dans son livre Zâd Al-Maʿâd au sujet du sport : « Le mouvement est à la base du sport. Il élimine naturellement du corps les résidus et les déchets alimentaires ; il exerce le corps à la légèreté et au dynamisme ; il le rend plus réceptif à l’alimentation ; il solidifie les articulations et fortifie les tendons et les ligaments ; il prévient de tous les maux physiologiques et de la plupart des maux psychologiques, du moins si on le pratique de manière modérée, précise et ciblée. [...] Chaque membre a un exercice sportif spécifique qui permet de le fortifier au mieux. Quant à l’équitation, au tir à l’arc, à la lutte et à la course à pied, ce sont des sports qui fortifient tout le corps humain, et qui éliminent les maladies durables. »

Les différentes formes de sport en Islam

Le sport en Islam revêt des formes diverses. Les obligations islamiques elles-mêmes recèlent un grand nombre d’exercices sportifs, en marge de leur apport spirituel et de la discipline comportementale qu’elles impliquent. Il en est ainsi par exemple de la prière : En plus de sa dimension de purification spirituelle, elle comporte des mouvements gymnastiques qui font travailler la plupart des muscles du corps. On peut également citer le pèlerinage et ses nombreux rites, ou encore la visite des proches, des malades ou de la mosquée qui permettent de faire de la marche. Il y a aussi toutes les autres formes de dynamisme au sein de la société qui constituent des exercices et une fortification pour les membres du corps humain, du moins si on s’y adonne de manière raisonnable.

Les règles de bienséance et d’éthique chez l’athlète

L’Islam a donc approuvé le sport et l’a encouragé. Nous pouvons ainsi saisir la souplesse de l’Islam et l’universalité de sa guidance qui concerne tous les aspects de la civilisation authentique, ainsi que le juste cadre qu’il a posé en vue de l’intérêt général. Par ailleurs, il faut noter que l’éducation physique ne donne pas ses fruits escomptés si elle n’est pas accompagnée d’une éducation spirituelle et morale. Par exemple, il faut respecter les règles de bienséance au niveau des compétitions. Une des règles les plus importantes est de ne pas se laisser aller à l’exécrable fanatisme. Ainsi, si un athlète ou une équipe donnée remporte la victoire et que nous en éprouvions de la joie — laquelle joie est une composante de la nature humaine -, il faut exprimer cette joie avec bienséance et raffinement. En effet, l’avenir peut très bien nous cacher ce qui pourrait ne pas nous satisfaire, et les prochains matchs pourraient très bien tourner au désavantage du vainqueur d’aujourd’hui. Aussi, tout comme nous ne voudrions pas qu’on se réjouisse de notre malheur, il nous faut également aimer pour les gens ce que nous aimons pour nous-mêmes, et nous devons détester pour les gens ce que nous détestons pour nous-mêmes. Nous en avons un exemple frappant avec le bédouin qui avait dépassé avec son chameau la chamelle du Prophète — par ailleurs réputée pour être invincible à la course. Lorsque les Musulmans en furent frustrés, le Prophète — paix et bénédiction sur lui — démontra son authentique fair-play en disant : « En vérité, Dieu n’élève pas une chose dans le monde sans qu’il ne la rabaisse, afin de calmer la fureur des supporteurs. » Le Prophète avait également dit auparavant à ʿÂ’ishah lorsqu’il la battit à la course à pied : « Celle-ci contre celle-là. » [4]

La bienséance islamique en cas d’adversité et de compétition demande impérieusement de ne pas oublier l’honneur et le raffinement et de ne pas se déverser dans l’insulte de l’adversaire. De tels comportements sont en effet caractéristiques des hypocrites. Al-Bukhârî et Muslim rapportent le hadith suivant : « Quatre choses, quiconque les possède est un hypocrite pur. Quiconque possède l’une d’elles possède une caractéristique des hypocrites, jusqu’à ce qu’il l’abandonne : lorsqu’on lui fait confiance, il trahit cette confiance ; lorsqu’il parle, il raconte des mensonges ; lorsqu’il fait une promesse, il ne la tient pas ; lorsqu’il querelle, il se déverse en insultes. »

L’Islam n’accepte pas que l’on dévie de ces règles de bienséance lorsqu’on pratique le sport ou lorsqu’on assiste à des compétitions

 L’Islam n’accepte pas que les jeunes gens s’intéressent au sport à un tel point qu’ils en oublient de remplir leurs obligations religieuses et nationales, ainsi que les autres obligations. Il n’accepte pas non plus qu’on y accorde un intérêt démesuré qui recouvre des choses bien plus importantes.

 L’Islam n’accepte pas qu’on pratique le sport d’une manière susceptible de causer du tort à autrui, comme on en voit certains qui jouent au football dans des espaces destinés à la circulation des véhicules ou des personnes, ou qui y jouent à des horaires normalement réservés au repos. L’Islam défend en effet d’accepter le tort et de le causer.

 L’Islam n’accepte pas l’exécrable fanatisme qui sépare les amis, qui éloigne les frères les uns des autres et qui crée au sein de la Communauté des partis adverses. L’Islam invite à l’union et exècre la dispersion et la discorde.

 L’Islam n’accepte pas que les équipes se profèrent des insultes les unes aux autres. Il déteste les comportements déplacés qui ne conviennent pas à un être humain digne de son honneur, ni à une personne censée donner l’exemple pour la formation de citoyens compétents physiquement et moralement.

 L’Islam n’accepte pas les sports collectifs mixtes, dans lesquels sont dévoilées des parties du corps qui devraient être cachées, ou dans lesquels sont commises des choses défendues par la religion.

 L’Islam n’accepte pas les sports qui excitent le désir et qui allument la tentation, comme par exemple, la danse féminine lorsqu’elle est présentée en public.

 L’Islam n’accepte pas qu’un individu d’un sexe donné exerce un sport qui convient au sexe opposé, alors que ce sport ne sied qu’à ce dernier sexe, dans la mesure où il lui est naturellement prédisposé et qu’il correspond à la mission de son existence.

En effet, lorsque l’Islam considère une chose comme licite et la permet, il lui pose des limites qui empêchent tout excès, qui garantissent l’observation des règles de bienséance et qui s’accordent harmonieusement avec la sagesse générale de la législation. Et c’est dans le cadre de ces limites que doit être pratiqué le sport. Dans le cas contraire, les désagréments apportés par le sport seraient supérieurs aux avantages qu’il procure. Et dans ce cas, un tel sport serait illicite, conformément à la règle générale en législation [5]. Dieu dit dans le Coran : « Ô les croyants : ne déclarez pas illicites les bonnes choses que Dieu vous a rendues licites. Et ne transgressez pas. Dieu, en vérité, n’aime pas les transgresseurs. » [6] Littéralement, ce verset reste général et interdit toute transgression, qu’elle se situe au niveau alimentaire, vestimentaire ou autre, sachant que la transgression désigne le dépassement de la limite raisonnable légiférée par la religion.

P.-S.

Traduit de l’arabe du site Islamonline.net. La version originale est consultable sur archive.org.

Notes

[1Cette phrase est typique en arabe lorsqu’on veut décliner la racine d’un verbe sous ses différentes formes possibles : le passé, le présent, le substantif et le participe. L’explication étymologique d’un mot commence le plus souvent par cette phrase-type.

[2Hadith rapporté par Muslim.

[3Hadith rapporté par Al-Bukhârî et Muslim.

[4Le Prophète fait ici allusion à une autre fois où il fit la course avec ʿÂ’ishah et où ce fut elle qui le battit.

[5Cette règle est que si les inconvénients d’une chose sont supérieurs à ses avantages, alors cette chose est interdite.

[6Sourate 5, La Table servie, Al-Mâ’idah, verset 87.

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