samedi 21 juin 2003
Que la paix soit sur vous.
Pourriez-vous m’indiquer s’il vous plaît la façon dont je dois procéder concernant l’aumône légale (zakâh), étant donné que, jusqu’à maintenant, je ne m’en étais jamais acquitté. J’ai 34 ans, et bien qu’issu d’une famille musulmane, je n’ai commencé à penser sérieusement à la religion que l’an dernier. Avant de savoir comment la zakâh devait être calculée (2.5 % des biens), je donnais de temps à autre de l’argent aux nécessiteux, mais ces sommes étaient bien inférieures à ce que j’aurais dû donner. Je vous prie de bien vouloir m’éclairer sur ce que je dois faire à présent. Faut-il que je compense mes manquements des années passées par une zakâh exceptionnelle et comment dois je calculer le montant ? Ou bien faut-il que je fasse autre chose ?
Je vous serais reconnaissant de me donner une réponse aussi détaillée que possible car j’ai obtenu différentes réponses sur cette question. Ce problème revêt une grande importance à mes yeux ainsi qu’à ceux de nombreuses personnes parmi mes proches et mes amis qui sont dans la même situation. J’aurais également besoin que vous me disiez à qui je dois verser cet argent car, de nos jours, le terme de nécessiteux admet différentes interprétations. Je vous remercie d’avance et attends votre réponse avec impatience.
Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Tout Compatissant.
Louanges à Dieu et paix et bénédictions sur Son Messager.
L’aumône légale constitue l’un des cinq piliers de l’islam, elle est associée à la prière dans 82 versets du Coran. Allah Tout-Puissant l’a prescrite dans Son Livre, Son Messager l’a confirmée par sa Tradition, et l’unanimité de la communauté en a préservé la pratique. Ibn ʿAbbâs - qu’Allah l’agrée - a rapporté que le Prophète - paix et bénédictions sur lui - envoya Muʿâdh Ibn Jabal - qu’Allah l’agrée - au Yémen, en qualité de gouverneur et lui dit : « Tu te rends auprès d’un peuple qui fait partie des gens du Livre. Invite-les à accepter la profession de foi, à savoir qu’il n’est de divinité hormis Allah et que je suis Son Messager ! S’ils acceptent et professent cette vérité, dis-leur qu’Allah a institué pour les croyants cinq prières qui se répartissent entre le jour et la nuit. S’ils acceptent ce point, dis-leur qu’Il a également enjoint aux hommes de prélever l’aumône purificatrice sur leurs biens, et qu’elle sera demandée aux gens aisés de la communauté et distribuée aux plus pauvres. S’ils acceptent encore cela, ne porte pas la main sur leurs biens les plus précieux et crains la plainte de l’opprimé car il n’est pas de barrière entre elle et Allah. »
La zakâh doit etre payée dès qu’arrive le moment de son échéance. Il est interdit d’en différer le paiement à moins d’avoir une raison valable qui empêche l’individu de s’en acquitter en temps voulu. Dans ce cas, il lui est permis d’attendre une période plus favorable où il sera en mesure de le faire. Ahmad et Al-Bukhârî rapportent que ʿUqbah Ibn Al-Hârith a dit : « Un jour, j’eus l’occasion d’effectuer la prière de l’après-midi en compagnie du Prophète - paix et bénédictions sur lui. Quand il eut terminé, il se rendit précipitamment chez lui puis revint immédiatement. Voyant la surprise sur nos visages, il dit : « J’avais laissé à la maison une pièce d’or que je devais donner en aumône, et je ne voulais pas qu’elle demeure une nuit de plus dans ma maison, c’est pourquoi j’ai ordonné aux miens de la distribuer. »
L’Imâm Ash-Shâfiʿî estime que celui qui ne s’est pas acquitté de la zakâh pendant plusieurs années doit payer en une fois tous les retards accumulés. Il en est ainsi, que la personne en question ait été au courant ou non de cette obligation, qu’elle réside ou non dans un pays musulman. L’Imâm An-Nawawî adopte une position identique sur la question.
Se fondant sur l’opinion de l’Imâm Mâlik, de l’Imâm Ash-Shâfiʿî et de Abû Thawr, Ibn Al-Mundhir dit : "Si des hommes injustes gouvernent un pays donné et que les habitants de ce pays ne versent pas l’aumône légale pendant un certain nombre d’années, le nouveau chef qui succédera aux gouverneurs injustes devra prélever sur les biens des habitants la somme correspondante à ces années de zakâh impayée."
Par conséquent l’auteur de la question doit s’acquitter de la zakâh pour les années où il ne l’a pas fait. S’il lui est trop difficile de calculer le montant de l’aumône légale, qu’il verse une somme qu’il estimera équivalente à ce qu’il aurait dû payer jusque-là.
En ce qui concerne les bénéficiaires de la zakâh, il faut savoir qu’elle doit être donnée à un musulman, pour autant qu’il réponde aux conditions requises pour la recevoir. Si toutefois on sait que celui-ci l’utilisera pour perpétrer un interdit, alors il ne doit pas en bénéficier. Il faudrait idéalement donner la zakâh à des gens pieux, savants et ayant de bonnes dispositions. Abû Saʿîd Al-Khudrî rapporte que le Prophète - paix et bénédiction sur lui - a dit : « Le croyant vis-à-vis de sa foi est semblable à un cheval attaché à son poteau : il qui se promène alentour pour revenir finalement à ce poteau. Il peut arriver que le croyant oublie, mais il retournera toujours vers sa foi. Aussi donnez de votre nourriture aux gens de bien et accordez votre faveur aux croyants. » [1]
Ibn Taymiyyah dit que le nécessiteux qui néglige la prière ne doit rien percevoir tant qu’il ne se sera pas repenti et n’aura pas repris la prière, car la négligence de ce devoir est un grave péché. Il n’est pas acceptable qu’un homme qui se rend coupable de ce péché soit aidé financièrement tant qu’il ne se sera pas repenti à Dieu : une telle personne sera donc privée de son droit à la zakâh, à moins que ceci ne l’aide à revenir vers le droit chemin et à se réformer.
Allah est le plus Savant.
Traduit de l’anglais du site Islamonline.net. La version originale est consultable sur archive.org.
[1] Hadith rapporté par Ahmad avec une bonne chaîne de transmetteurs.
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