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Introduction aux sourates du Coran
Section : Sourates 51 à 60

Sourate Ar-Rahmân (Le Très Miséricordieux)

lundi 28 janvier 2002

Nom

Cette sourate a pour titre Ar-Rahmân (le Très Miséricordieux) mot par lequel elle débute. Ce titre est cependant en étroite corrélation avec le contenu de la sourate, car du début à la fin, s’y déploie l’évocation des manifestations de l’Attribut divin de Grâce et Miséricorde et des bienfaits qu’il génère.

Période de révélation

Les commentateurs considèrent généralement qu’il s’agit d’une sourate mecquoise, bien que selon certaines autres traditions rapportées d’après Abdullâh Ibn ʿAbbâs, ʿIkrimah et Qatâdah, elle serait révélée à Médine. Mais il faut noter que, premièrement, il y a également d’autres traditions rapportées d’après ces mêmes autorités qui viennent contredire cette position, deuxièmement, sa thématique est plus proche des sourates mecquoises que de celle des médinoises ; il semblerait donc plutôt qu’elle ait été révélée au tout début de la période mecquoise. Par ailleurs, plusieurs traditions de source authentique indiquent qu’elle fut révélée à la Mecque, et même plusieurs années avant l’hégire.

On trouve dans le Musnad d’Ahmad une tradition selon Asmâ, fille d’Abû Bakr, Que Dieu les bénisse tous deux, que voici : " J’ai vu le Messager d’Allah accomplissant ses prières dans la sainte enceinte entourant la Ka’bah, se tenant face à l’angle auquel la Pierre Noire est fixée. Il s’agit de la période où le commandement divin "fasdaʿ bimâ tu’mar" (proclame donc publiquement, ô Prophète, ce qui t’ a été ordonné) n’avait été pas encore été révélé. Les polythéistes en ce temps l’entendaient réciter durant sa prière les mots "Fa-bi’ayyi alâ’i Rabbikumâ tukadhdhibân" (Ô vous [les hommes et les jinns], lequel des bienfaits du Seigneur nierez-vous ?). Ceci montre que la descente de cette sourate était même antérieure à la sourate Al-Hijr.

Al-Bazzâr, Ibn Jarîr, Ibn Al-Mundhir, Ad-Daraqutnî (dans Al-Afrâd), Ibn Mardaweih et Ibn Al-Khatîb (dans At- Tarîkh) ont rappprté d’après ʿAbdullâh Ibn ʿAbbâs, que le Saint Prophète, Paix et Bénédictions sur lui, récita un jour la sourate Ar-Rahmân ou bien l’écouta réciter devant lui, puis s’adressa à l’assistance : " Comment se fait-il que je n’entende pas en cet instant le genre de bonne réponse que les jinns ont fait à leur Seigneur ? On lui demanda alors ce que c’était et il répondit : " Quand je récitais la Parole divine " Fa bi ayyi alaa’i Rabbikuma tukadhdhiban " ( O vous les hommes et les jinns ! Lequel des bienfaits du Seigneur nierez-vous ?) ils avaient coutume de répondre
par ces mots : O Seigneur, nous ne nions aucun de tes bienfaits ! Toi seul es digne de Louange !

On trouve une variante de ce meme thème chez At-Tirmidhî, Al-Hâkim, Al-Hâfidh Abû Bakr, Jâbir Ibn ʿAbdillâh. Leur tradition est rapportée en ces termes : " Comme les gens en gardaient le silence en écoutant la récitation de la sourate Ar-Rahmân, le Prophète dit : "J’ai récité cette même sourate devant les jinns la nuit où ils s’étaient rassemblés pour écouter le Coran. Leur réponse fut meilleure que la vôtre. Lorsque je récitais ces mots divins "Fa-bi’ayyi alâ’i Rabbikumâ tukadhdhibân", ils répondaient par ces mots : " ô Seigneur ! nous ne nions aucun de tes bienfaits. Toi seul es digne de Louange".

La tradition rapportée mentionne ce fait à l’occasion de l’épisode relaté dans la sourate Al-Ahqaf (versets 29-32), lors duquel les jinns assistèrent à une récitation du Coran faite par le saint Prophète ( Paix et Bénédictions sur lui) ; il récitait la sourate Ar-Rahmân pendant la prière. Cet évènement eu lieu lors de la dixième année de la mission prophétique, le Saint Prophète ayant fait une halte à la Mecque tandis qu’il revenait de Ta’if. Bien que certaines autres traditions rapportent que le saint Prophète ignorait alors que les jinns écoutaient sa récitation mais que Dieu l’en informa ultérieurement , il n’est pas déraisonnable de supposer que, dans la mesure où Allah lui avait appris leur présence, il se pouvait qu’ Il lui ait aussi dit quelle était leur réponse lorsqu’ils écoutaient la sourate Ar-Rahmân.

Ces traditions indiquent seulement que la sourate Ar-Rahmân fut révélée avant même les sourates Al-Hijr et Al-Ahqâf. Par ailleurs
d’autres traditions nous informent que cette sourate fait partie des toutes premières révélées à la Mecque. Voici ce que relate Ibn Ishâq, d’après ʿUrwah Ibn Az-Zubayr : Les compagnons s’entretenaient les uns avec les autres un jour, disant : "Les Qurayshites n’ont jamais assisté à une récitation publique du Coran, qui voudrait se charger de leur faire la lecture du Coran à haute voix ? Abdullah ibn Masud dit qu’il s’en chargerait. Les compagnons exprimèrent leur crainte de le voir soumis à un rude traitement et dirent qu’il valait mieux confier cette tâche à un homme issu d’une famille influente capable de le protéger si les Qurayshites s’avisaient de le traiter avec violence. Abdullah dit : "Laissez moi faire : Allâh est mon Protecteur". Le lendemain matin, il se rendit de bonne heure à la Kaʿbah tandis que les chefs Qurayshites s’y trouvaient et présidaient leurs réunions respectives. ʿAbdullah arriva à la hauteur du Maqâm d’Ibrahim (Station de Abraham) et commença à réciter la sourate Ar-Rahmân en élevant la voix. Dans un premier temps, les Qurayshites essayèrent de comprendre ce qu’il disait. Puis lorsqu’ils eurent compris qu’il s’agissait
de la Parole que Muhammad, paix et bénédiction de Dieu sur lui, présentait comme étant la Parole de Dieu, ils se ruèrent sur lui et commencèrent à le frapper au visage. Mais Abdullah ne fut pas effrayé et continua sa récitation du Coran le plus longtemps possible, tandis que les coups pleuvaient sur son visage. Lorsqu’enfin il revint, la face tuméfiée, les Compagnons dirent que c’était là ce qu’ils avaient redouté. Il répondit : "Jamais affronter les ennemis de Dieu n’a été une épreuve aussi légère pour moi qu’en ce jour. Un mot de vous et je retournerai demain leur réciter le Coran". Ils dirent :" Non, tu as déjà fait assez : tu leur as fait écouter ce qu’ils ne veulent pas entendre". (Sîrat Ibn Hishâm, vol I, p. 336)

Thème

C’est la seule sourate du Coran qui s’adresse, outre aux hommes, aux jinns qui sont l’autre race de créatures douées de libre-arbitre : les hommes comme les jinns sont invités à prendre conscience des merveilles suscitées par la Puissance d’Allah et Ses innombrables bénédictions, de leur propre dénuement et des comptes qu’ils devront Lui rendre, et sont avertis des terribles conséquences de toute désobéissance à Son égard et sensibilisés aux heureux résultats auxquels aboutit une conduite obéissante. Bien qu’en plusieurs passages du Coran, des indications très nettes montrent déjà qu’à
l’instar des hommes, les jinns sont eux aussi des créatures douées de libre arbitre qui seront soumis à une reddition de comptes, à qui été octroyée la liberté de croire ou de ne pas croire, d’obéir ou de désobéir ; parmi eux, il y a également des croyants et des mécréants, les obéissants et les rebelles, tout comme chez les hommes. Il existe également parmi eux des groupes tels que ceux qui chez les hommes, ont cru aux prophètes envoyés par Dieu et aux Livres sacrés. Cette sourate souligne très clairement que le message du saint Prophète (paix et bénédiction sur lui )et le Coran, est destiné aussi bien aux jinns qu’aux hommes et que sa mission prophétique n’est pas limitée aux seuls humains.

Toutefois, le début de la sourate s’adresse exclusivement aux hommes car c’est à eux seuls qu’est échue la lieutenance sur terre, c’est au sein de leur communauté que Dieu a choisi Ses prophètes et c’est dans leur langue que les Livres sacrés ont été révélés,
mais à partir du verset 13 le message s’adresse les hommes comme les jinns à la fois et c’est une seule et même exhortation qui est faite aux deux groupes.

Liens Internes

Les thèmes de la sourates ont été rédigés dans des phrases brèves et une séquence spécifique :

Dans les versets 1 à 4, il a été énoncé que l’enseignement du Coran provenait de Dieu - Gloire à Lui - et que Sa Miséricorde impliquait que la guidance soit donnée à l’humanité par le biais de son enseignement, car Il est Celui Qui a créé l’homme en tant qu’être pensant et doué d’intelligence.

Dans les versets 5 et 6, on apprend que l’Univers tout entier évolue sous la Souveraineté de Dieu et que toute chose sur terre et dans les cieux est soumise à Son Commandement uniquement.

Dans les versets 7 à 9, une autre vérité importante a été exprimée, à savoir que Dieu a fondé l’Univers dans sa totalité de manière précise et équitable sur la justice et que, par essence, ce système exigeait que tous ceux qui y vivent adhèrent également à la justice dans les limites de leur autorité et s’abstiennent de rompre l’équilibre.

Dans les versets 10 à 25, en sus de la mention des merveilles et de l’excellence du pouvoir de Dieu, référence a été faite à Ses Bienfaits dont les djinns et les hommes profitent.

Dans les versets 26 à 30, on rappelle aussi bien aux hommes qu’aux djinns la vérité selon laquelle seul Dieu est immortel et impérissable dans cet Univers et que chacun, grand ou petit, se tient dans le besoin devant Dieu pour assurer sa subsistance et ses besoins. Tout ce qui advient ici, sur terre ou dans les cieux, a lieu sous Son Contrôle.

Dans les versets 31 à 36, les deux groupes ont été avertis que le temps où ils seront rappelés pour rendre compte approche rapidement. Ils ne pourront l’éviter car le Royaume de Dieu les cerne de toute part, ils ne peuvent y échapper. S’ils ont l’illusion de pouvoir y échapper, ils n’ont qu’à tenter.

Dans les versets 37 et 38, il a été précisé que ce rendu-compte aura lieu le Jour de la Résurrection. Puis, dans les versets 39 à 45, la mauvaise fin des coupables, parmi les hommes et les djinns, qui désobéissaient à Dieu dans ce monde est mentionnée.

Du verset 46 jusqu’à la fin de la sourate, il a été fait mention des récompenses et des mannes accordées aux gens de la droiture parmi les humains et les djinns qui auront mené une vie pieuse dans ce monde et avec la conviction qu’ils auront à comparaître un jour devant leur Seigneur et rendre compte de leurs faits et actes.

Le discours tout entier est rédigé dans un langage oratoire. C’est un message spirituel et éloquent au fil duquel chaque mention des merveilles de l’immense pouvoir de Dieu et chaque manne accordée par Lui, chaque manifestation de Sa Souveraineté et chaque aspect de Son châtiment et Ses récompenses, est suivi d’une interrogation adressée aux djinns et aux hommes : "Lequel des bienfaits de
votre Seigneur reniez-vous ?
"

P.-S.

Traduit de l’anglais du site de l’association des étudiants musulmans de l’USC.

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