Sheikh Ibrâhîm Ar-Râwî Ar-Rifâʿî, de son nom complet Ibrâhîm Ibn Muhammad Ibn ʿAbd Allâh Ibn Ahmad Ibn Rajab Ibn ʿAbd Al-Qâdir Ar-Râwî Ar-Rifâʿî Al-Husaynî, fut un savant gnostique, un juriste shaféite, un Sheikh de la Tarîqah Rifâʿiyyah en Irak et un éducateur pour les aspirants à la voie de l’au-delà. Il vécut au service des musulmans et laissa à la postérité des ouvrages bénéfiques.

Ses Sheikhs

Il naquit en 1860 E.C. à Râwah, dans la Province d’Al-Anbar en Irak, au sein d’une famille dévouée au savoir religieux. Il s’instruisit auprès de pieux savants de son pays et se forma à la jurisprudence islamique et à la science du Hadîth par les soins de Sheikh Dâwûd Efendi et Sheikh ʿAlî Efendi Al-Khojah. Sheikh Muhammad Sâlih As-Suhrawardî fit mention de cela dans son ouvrage Lubb Al-Albâb : « Il ne cessa d’étudier, d’analyser les questions subtiles et de sonder les voies du savoir, si bien que ces deux vertueux Imâms témoignèrent de ses nobles mérites et du raffinement de son savoir et de son entendement. » Il poursuivit sa quête du savoir religieux et séjourna à Mossoul où il fut accueilli par les savants, les hommes de lettres et les ascètes. Il s’y forma auprès de Sheikh ʿAbd Allâh Efendi Al-Faydî et Sheikh Yahyâ Khidr Efendi, entre autres. Lorsqu’il eut acquis le savoir qu’il était venu chercher, il retourna à la capitale, Bagdad, et accompagna l’érudit Sheikh ʿAbd Al-Latîf Efendi jusqu’en 1881 E.C. Puis, il se dirigea vers Damas, en Syrie, et y séjourna pendant de nombreuses années, profitant du savoir du célèbre savant du Hadîth Sheikh Muhammad Badr Ad-Dîn Al-Hasanî.

Il reçut la Tarîqah Rifâʿiyyah par le savant syrien Sheikh Muhammad Abû Al-Hudâ As-Sayyâdî Ar-Rifâʿî, qui fut nommé au poste du Sheikh de l’Islam sous le Califat Ottoman. Il s’abreuva de la discipline du soufisme et du savoir des gnostiques parmi les maîtres spirituels formant les chaînes initiatiques de la Tarîqah Rifâʿiyyah, puis devint l’un des successeurs de son Sheikh et dirigea la Tarîqah Rifâʿiyyah à Bagdad.

Son assemblée

Son assemblée se tenait à Bagdad au sein de la mosquée de Sultân ʿAlî, le père de l’Imâm Ahmad Ar-Rifâʿî, et fut selon l’expression même de Monsieur Ibrâhîm ʿAbd Al-Ghanî Ad-Durûbî « une grande congrégation pleine de gens vertueux, un ribât réunissant les gens en quête de guidance et les aspirants à la voie du soufisme, un sommet rassemblant les savants, les hommes de lettres et les étudiants en quête de savoir, une caverne pour les gens recherchant un asile — aucune de leur demande n’était refusée et chacun de leur besoin était honoré. Tel était Abû Ismâʿîl, la fleur des assemblées et la joie des congrégations, le maître, le Sheikh Ibrâhîm Ar-Râwî Ar-Rifâʿî, et telle fut son assemblée. Le jeudi soir et le vendredi après la prière, il tenait une assemblée de dhikr au sein de la mosquée de Sultân ʿAlî, selon la voie des gens du soufisme parmi les maîtres Rifâʿîs, affiliés au célèbre maître Ahmad Ar-Rifâʿî, puis au terme de chaque séance, il distribuait de la nourriture aux plus démunis » [1].

Par un décret du Sultan, un chef cuisinier fut assigné à la mosquée de Sultân ʿAlî pour servir les indigents, les gens en retraite spirituelle et les étrangers, et ce service se poursuivit pendant des années après la mort de Sheikh Ibrâhîm Ar-Râwî.

Ses ouvrages

Bien qu’absorbé par la diffusion du savoir, la prédication et l’éducation spirituelle selon la méthodologie des Sheikhs du tasawwuf, il composa plusieurs ouvrages traitant de sujets divers dont :

1. Al-Ajwibah Al-ʿAqliyyah fî Ithbât Ashrafiyyat As-Sharîʿah Al-Muhammadiyyah, Les preuves rationnelles de la noblesse et de la prévalence de la Législation Mohammadienne, imprimé en 1928 E.C. à Bagdad.
2. Al-Awrâq Al-Baghdâdiyyah fil-Hawâdith An-Najdiyyah, Épître de Bagdad au sujet des événements de Najd, imprimé en 1926 E.C. à Bagdad. Cet ouvrage expose les discordes et les crimes perpétrés à Najd par les armées wahhabites.
3. Al-Lumʿah Al-Bahiyyah fil-Adillah Al-Ijmâliyyah, publié au Caire en 1940.
4. Dâʿî Ar-Rashâd ilâ Sabîl Al-Ittihâd, Appel de la raison vers la voie de l’unité, publié à Bagdad en 1930.
5. An-Nasîhah fi Dahd Al-Qadyâniyyah wa man ʿAlâ Shakilatihim min Al-Mulhîdin, Réfutation des qadianis et leurs semblables parmi les mécréants, 2e édition publiée en 1938 à Bagdad.
6. An-Nafahât Al-Miskiyyah fi As-Salâh ʿAlâ Khayr Al-Bariyyah, Les Effluves de musc in la prière sur la meilleure créature.
7. Al-Lamaʿat Al-Farîdah fil-Masâ’il Al-Mufîdah, Les Éclats sublimes dans les questions utiles.
8. Sûr Ash-Sharîʿah fî Intiqâd Nadhariyyât Ahl Al-Hay’ah wa At-Tabîʿah, Le Mur de la Législation face aux théories des naturalistes.
9. As-Sayr wal-Masâʿî fi Awrâd As-Sayyid Ar-Rifâʿî, Oraisons initiatiques de l’Imâm Ar-Rifâʿî [2].
10. At-Tarîqah Ar-Rifâʿiyyah maʿa Al-Ahzâb Ar-Rifâʿiyyah, La voie Rifâʿiyyah et ses oraisons.
11. Mukhtasar Al-Qawâʿid Al-Marʿiyyah fi Usûl At-Tarîqah Ar-Rifâʿiyyah, Abrégé des fondements de la voie Rifâʿiyyah, imprimé à Bagdad en 1928, puis en 1945 et en 1968 [3].

Poète talentueux, il fut cité par ʿAlî Al-Khâqânî dans son ouvrage Shuʿarâ’ Baghdâd min Ta’sîsihâ hattâ Al-Yawm (Les Poètes de Bagdad, depuis sa fondation jusqu’à nos jours).

Il décéda en 1946 E.C. à Bagdad et fut enterré auprès de Sheikh Maʿrûf Al-Karkhî, puisse Dieu leur faire miséricorde.