jeudi 6 juillet 2006
Sheikh Ismâʿîl Sâdiq Al-ʿAdawî, autrefois Imam de la mosquée Al-Azhar au Caire, fut un savant azharite, un juriste malékite, un soufi de la confrérie Khalwatiyyah et un prédicateur talentueux qui servit l’Islam toute sa vie durant.
Sheikh Ismâʿîl Sâdiq Al-ʿAdawî est issu de la tribu de Banû ʿAdiyy dont la lignée remonte au Prince des Croyants, ʿUmar Ibn Al-Khattâb, puisse Dieu l’agréer. Il naquit le 6 août 1934 dans le village de Banû ʿAdiyy, dans le gouvernorat de Assiout, dont sont issus nombre d’éminents savants. Quelques siècles auparavant, Sheikh Ahmad Ad-Dardîr (d. 1786 E.C.), le célèbre savant azharite originaire de Banû ʿAdiyy et auteur d’importants ouvrages de credo (ʿaqîdah), de jurisprudence (fiqh) et de soufisme, reçut la tarîqah Khalwatiyyah auprès du Sheikh de l’Islam Muhammad Al-Hifnî, Grand Imam d’Al-Azhar de 1757 à 1767 E.C. De nombreux étudiants azharites venus de Haute-Égypte s’affilièrent alors à la voie spirituelle Khalwatiyyah auprès de Sheikh Ahmad Ad-Dardîr, puis de son successeur le savant azharite et juriste malékite l’Imâm Ahmad As-Sâwî. De retour dans leurs villages d’origine en Haute-Égypte, ils diffusèrent le savoir d’Al-Azhar et les enseignements spirituels de la voie Khalwatiyyah. Le lien entre les savants d’Al-Azhar et cette confrérie soufie en Haute-Égypte, et en particulier à Banû ʿAdiyy, se prolongea au fil des siècles et fut incarné par de célèbres personnages comme Sheikh Ahmad Ad-Dardîr, Sheikh Muhammad Hasanain Makhlûf, son fils le Mufti Sheikh Hasanain Muhammad Makhlûf, le gnostique Sheikh Sâdiq Al-ʿAdawî, et son fils Sheikh Ismâʿîl à qui nous consacrons cette biographie.
Pendant son enfance, sa famille s’installa au Caire dans le quartier d’Al-Batniyyah, près de la mosquée Al-Azhar et la mosquée de Sayyidî Ahmad Ad-Dardîr.
Son père veilla à lui inculquer le savoir religieux depuis sa jeunesse, à commencer par la mémorisation du Noble Coran et des hadiths prophétiques. Il reçut son éducation du cycle secondaire dans l’institut azharite du Caire, puis il étudia à la Faculté de la Sharîʿah, à l’Université Al-Azhar, dont il obtint en 1964 le prestigieux diplôme de la ʿÂlamiyyah avec excellence.
Pendant ses études à Al-Azhar, son père l’emmena chez le gnostique Sheikh ʿAbd Al-Latîf Al-Qattûrâ, un homme de piété qui déversa les fondements de la bienfaisance et de l’observance de Dieu dans le cœur de son jeune disciple, Sheikh Ismâʿîl. Il s’initia ainsi à la confrérie soufie Khalwatiyyah, qui met l’accent sur la retraite spirituelle, par l’intermédiaire de son père, puis par les soins de Sheikh ʿAbd Al-Latîf. Il s’initia par ailleurs auprès d’illustres soufis d’Égypte de son époque dont l’Imam de la mosquée Al-Azhar Sheikh Sâlih Al-Jaʿfarî et le célèbre dévot de Haute-Égypte, Sheikh Ahmad Radwân Al-Aqsorî, un Sheikh de la confrérie Khalwatiyyah.
Diplômé d’Al-Azhar et absorbé par la voie de la purification du cœur, il fut nommé prédicateur et Imam de la mosquée de Sayyidî Ahmad Ad-Dardîr. On rapporte qu’il vit à cette époque en songe que son père le prit par la main et l’emmena voir le Prophète Muhammad — paix et bénédictions sur lui —. Le Messager de Dieu l’aurait interrogé alors sur le nombre d’occurrences du mot Misr (Égypte) dans le Noble Coran. Sheikh Ismâʿîl répondit correctement à cette requête prophétique et le Messager de Dieu — paix et bénédictions sur lui — aurait alors souri et fait des invocations en sa faveur.
Sheikh Ismâʿîl Al-ʿAdawî fut chargé de l’imamat et de la prédication à la mosquée de Sheikh Ahmad Ad-Dardîr, puis il séjourna aux Émirats Arabes Unis en tant qu’Imam et prédicateur. Il assuma ensuite le poste de Directeur de la Prédication Islamique à Abou Dhabi, puis retourna en Égypte pour devenir Imam et prédicateur de la mosquée millénaire d’Al-Azhar Ash-Sharif.
À travers ses prêches et ses nombreuses exhortations, Sheikh Ismâʿîl Al-ʿAdawî fut connu pour son courage, sa droiture, son amour pour Dieu — Exalté soit-Il — et pour Son Messager — paix et bénédictions sur lui —, et son dévouement au service de la prédication.
Portant en son cœur le Coran et la Sunnah, il ne cessa de diffuser l’appel à Dieu.
Les vendredis, il se levait de bonne heure pour préparer le sujet de son sermon. Puis après la prière du vendredi et la prière d’al-ʿasr, il pressait le pas pour aller à la mosquée de l’Imâm Al-Husayn où il enseignait Sahîh Al-Bukhârî. Lorsqu’on l’interrogea sur son refus d’utiliser un microphone au sein de la mosquée de l’Imâm Al-Husayn, il répliqua : « Je serais gêné d’utiliser le microphone en la présence de notre maître, l’Imâm Al-Husayn, puisse Dieu l’agréer, car cela fait beaucoup de bruit. »
Les samedis, après la prière d’al-maghrib, il était reçu à la mosquée de Mustafâ Mahmoud où il donnait un cours de Credo (ʿAqîdah).
Les lundis, après la prière d’al-maghrib, il donnait son cours hebdomadaire d’interprétation des hadiths de Sahîh Muslim. Après la prière d’al-ʿishâ, il accueillait ses disciples et ses visiteurs chez lui et leur enseignait Al-Masâlik Ilâ Madhhab Al-Imâm Mâlik, un ouvrage de jurisprudence malékite composé par Sheikh Ahmad Ad-Dardîr. Il veillait à exposer les jugements juridiques de l’école de l’Imam Mâlik dans un style simple et accessible à toute son audience.
Quant aux mardis, il le consacrait à l’éducation des femmes dans la mosquée de Dame Fâtimah An-Nabawiyyah, au Caire.
Les mercredis, après la prière d’al-maghrib, il donnait un cours d’exégèse au sein de la mosquée Al-Azhar. Par ailleurs, il recevait son audience chez lui et dirigeait chez lui une session d’enseignement de la récitation coranique.
Il consacrait les jeudis à la méditation et à la préparation du sujet du sermon du vendredi. Il estimait que le sermon du vendredi est un précieux dépôt et une mission établie par la Sharîʿah du Messager de Dieu — paix et bénédictions sur lui —, et par cette qualité, il mérite d’être soigneusement préparé.
Son amour pour le savoir religieux, les enseignements d’Al-Azhar et la voie du Sheikh Ahmad Ad-Dardîr le motivèrent pour faire don de sa maison dans le quartier d’Al-Batniyyah ; elle devint ainsi un institut azharite portant le nom de Sheikh Ahmad Ad-Dardîr.
Il veillait à visiter les malades, à aider les nécessiteux et à répandre la bonne parole en Égypte et dans le monde musulman. Il participa à maintes émissions radiodiffusées ou télévisées comme « Hadith Ar-Ruh » ou « Asmâ’ Allâh Al-Husnâ », et il fut régulièrement invité à la Radio du Noble Coran au Caire [1]. La radio des Émirats Arabes Unis diffusa son commentaire de Ash-Shamâ’il Al-Muhammadiyyah, un ouvrage classique traitant des nobles mérites et vertus du Prophète Muhammad — paix et bénédictions sur lui —.
Sa prédication profita à ceux qui le connurent ; il eut parmi ses disciples l’actuel Mufti d’Égypte, Sheikh ʿAlî Gomaa.
Il visitait pendant les mois du Ramadan de nombreux pays, notamment pour enseigner l’Islam aux musulmans vivant en Occident. Par ailleurs, il fut un élément actif dans les congrégations de savants d’Al-Azhar envoyés en Haute-Égypte pour étouffer les flammes de la discorde sociale et pour répandre la tolérance islamique, la bonne entente et la bienfaisance entre égyptiens coptes et musulmans.
Amoureux des lieux sacrés, il accomplissait le Hajj et la ʿUmrah autant que possible, et délivrait à cette occasion des verdicts religieux selon les quatre écoles juridiques sunnites pour répondre aux questions soulevées par les pèlerins. Durant ses vingt-cinq pèlerinages, il insistait à accomplir les rites du Hajj à pieds de la Mecque vers Minâ, puis ʿArafât, puis Al-Muzdalifah, sans emprunter les moyens de transport disponibles.
Il donna des exhortations aux Émirats Arabes Unis et au Maroc sur invitation officielle. Occupant le poste de Président de la Ligue des Imams du Monde Musulman, il exposa la quintessence de l’Islam dans des conférences tenues en Amérique du Nord, en Afrique, en Europe et en Asie.
Il rendit visite aux soldats égyptiens sur le front du Canal de Suez en 1973 et les motiva pour accourir vers la Victoire et l’Agrément divin.
Il vécut pour Dieu, se détourna des artifices de l’ici-bas et aimait à répéter : « Nous ne sommes que poussière, marchant sur la poussière ! » Il avait un cœur généreux, aimant le bien pour autrui et soutenant les misérables, si bien qu’on l’appela le « Pôle des pauvres ». Il était clément avec les gens aisés, leur rappelait que toute leur richesse n’est qu’un don et un prêt divin qu’il convient d’honorer, et les incitait à subvenir aux besoins des nécessiteux.
Son visage s’illuminait de paix lorsqu’il priait sur le Prophète — paix et bénédictions sur lui —. Il avait une préférence pour les formules de prière sur le Prophète — paix et bénédictions sur lui — qui lui attribuent la félicité et le bonheur : « Ô Allâh prie sur la plus heureuse de tes créatures... ».
Affaibli par la maladie de sa mort, il fut contraint de rester chez lui pendant les deux dernières années de sa vie, puis il retourna à son Créateur pendant le mois de Ramadan en 1998 E.C. Il fut enterré auprès de son père dans Bustân Al-ʿUlamâ’ (Le jardin des savants) dans le quartier d’Ad-Darrâsah, au Caire. Puisse Dieu lui faire miséricorde et éclairer sa tombe.
Source biographique : Anwâr Al-Hubb, pp. 594-601, de Sheikh Muhammad Hâshim Al-ʿAshîrî.
[1] « Le récit coranique de notre maître Ibrâhîm — paix sur lui —. », un mot de Sheikh Ismâʿîl Al-ʿAdawî disponible sur islamonline.net (enregistrement audio).
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