vendredi 22 juillet 2005
Sheikh Sâlih Ibn Mohammad Ibn Sâlih Ibn Mohammad Rifâʿî Al-Jaʿfarî As-Sâdiqî Al-Husaynî descend de l’Imâm Jaʿfar As-Sâdiq, le fils de l’Imâm Mohammad Al-Bâqir, le fils de notre maître ʿAlî Zayn Al-ʿÂbidîn, le fils de notre maître et Imâm Al-Husayn Ibn ʿAlî Ibn Abî Tâlib — qu’Allâh les agrée tous.
Il naquit dans le village de Danqalâ au nord du Soudan, le 15 Jumâdâ II 1328 A.H. — le 22 juin 1910 E.C. — dans une famille noble réputée pour sa piété, sa générosité et l’enseignement du Coran. Son grand-père, d’origine égyptienne, Sheikh Sâlih Ibn Mohammad Rifâʿî était le fondateur d’une école coranique, où nombre de mémorisateurs du Coran furent formés.
Le Sheikh — qu’Allâh lui fasse miséricorde — mémorisa le Coran sous l’égide des disciples de son grand-père, à la mosquée de Sidi ʿAbd Al-ʿÂl Al-Idrîsî, la mosquée antique de la ville de Danqalâ. Puis, dans les années 1930, sa quête du savoir le conduisit à Al-Azhar.
Au sein de l’institution azharite, il reçut le savoir de la part de nombreux savants pratiquants, ayant allié la Vérité et la Loi, tels que Sheikh Mohammad Ibrâhîm As-Samâlûtî, Sheikh Mohammad Bekhît Al-Mutîʿî, Sheikh Mohammad Hâbîb Allâh Ash-Shinqîtî, Sheikh Yûsûf Ad-Dijwî et Sheikh ʿAlî Ash-Shâyeb, ainsi qu’une foule de savants en visite à Al-Azhar.
Ses études à Al-Azhar furent couronnées par deux diplômes, le Diplôme Supérieur (Ash-Shahadah Al-ʿÂliyyah) et le prestigieux Diplôme d’Al-ʿÂlamiyyah, assortis d’une habilitation (ijâzah) spécialisée dans l’enseignement, délivrée par la Faculté de Législation Islamique.
Il exerça la fonction d’Imam à la mosquée Al-Azhar et y fut chargé d’enseignement. Il s’attacha à cette mosquée millénaire et choisit le pavillon des Maghrébins dans la cour d’Al-Azhar comme centre d’enseignement, de dévotion et de prédication. Il fut connu pour ses nombreuses retraites spirituelles au sein d’Al-Azhar. On rapporte à ce sujet qu’il passait la majeure partie de son temps au sein de la mosquée et qu’il n’en sortait que pour les besoins de sa famille et la visite des gens de piété, vivants et morts.
Son célèbre cours suivait la prière du vendredi et attirait des centaines de personnages qui y trouvaient une bonne exhortation, des joyaux spirituels et des réponses aux questions qui les préoccupaient. Sheikh Sâlih alliait la rigueur juridique aux vérités du soufisme dans son discours et proposait ainsi une harmonieuse subsistance pour le cœur et l’esprit. Dr Mohammad Rajab Al-Bayyûmî évoqua les caractéristiques spéciales du cours de Sheikh Sâlih Al-Jaʿfarî dans son ouvrage Risâlat Al-Masjid (La mission de la mosquée) : « Allâh déversait alors sur sa langue des sens sublimes et des perles de sagesse. On sentait qu’un flux de grâce jaillissait de son cœur et alimentait sa langue. Bien que nous ayions lu des ouvrages exégétiques et des recueils de hadiths nous aussi, il nous surprenait par des éclairs spirituels dont nous ignorions la source. En outre, son éminence Sheikh Sâlih Al-Jaʿfarî — qu’Allâh l’agrée — fut doté d’une voix mélodieuse qui captivait son audience ».
Après son cours, il répondait aux interrogations et aux soucis des gens, puis il retournait à son isolement et à son lieu de retraite dans les pavillons d’Al-Azhar. Ainsi, les gens et ses disciples trouvèrent en lui un savant attentif à leurs problèmes et un éducateur soufi absorbé par l’Amour d’Allâh et de Son Prophète.
Deux fois par semaine, il dirigeait une assemblée de dhikr où ses disciples et les gens qui l’aimaient se réunissaient pour mentionner Dieu — Exalté soit-Il — et faire l’éloge du noble Messager — paix et bénédictions sur lui. Il avait aussi coutume de participer aux commémorations marquant la naissance du Prophète et des gens de piété, la Nuit du Voyage Nocturne et de l’Ascension et les autres événements importants du calendrier musulman.
Par vingt-sept fois, il eut l’occasion d’accomplir le grand pèlerinage et de rendre visite au Prophète — paix et bénédictions sur lui — accompagné de ses enfants, de ses bien-aimés et de ses disciples.
Il s’initia au soufisme selon la voie de Sheikh Ahmad Ibn Idrîs, le Sheikh de la confrérie idrîsie. Il dit à ce sujet : « Je fus autorisé dans cette voie par mon Sheikh, mon maître, l’éducateur des aspirants, le chérif As-Sayyid Mohammad Ibn Sayyidî ʿAbd Al-ʿÂl, selon son père, Sayyidî ʿAbd Al-ʿÂl qui la reçut de son Sheikh, l’érudit As-Sayyid Mohammad Ibn ʿAlî As-Sunûsî, qui fut autorisé par son Sheikh le sieur connaisseur d’Allâh, As-Sayyid Ahmad Ibn Idrîs [1], puisse Dieu les agréer tous. »
Sheikh Sâlih Al-Jaʿfarî — qu’Allâh lui fasse miséricorde — veilla à ressusciter les écrits de Sidi Ahmad Ibn Idrîs. À cette fin, il se rendit au Maghreb, dans le lieu de retraite du Sheikh, mais aussi auprès des gens ayant côtoyé ses disciples pour recueillir les enseignements, les parchemins et les écrits qu’il avait laissés après lui. Sheikh Sâlih prit sur lui la charge de les relire, de les éditer, de les commenter, de référencer les hadîths et les versets qui y sont mentionnés, puis il les fit imprimer et publier à ses propres frais pour faire profiter le plus grand nombre des trésors que la production de Sheikh Ahmad Ibn Idrîs recèle.
Sur le terrain politique, les chaires d’Al-Azhar lui enregistrèrent diverses prises de position courageuses dans la guerre en Palestine, appelant au jihad contre l’occupant israëlien et à la collecte de dons en faveur des palestiniens. Il s’opposa également à la montée du communisme athée et à ses sbires. Il eut également le souci d’appeler les gouverneurs arabes à l’union, à la solidarité et au rejet des différends qui ont fait la défaite et la désunion des musulmans.
Il laissa derrière lui un héritage scientifique et spirituel dense, publié progressivement par la fondation Dâr Jawâmiʿ Al-Kalim - Dâr Ihyâ’ At-Turâth Al-Jaʿfarî.
Parmi les paroles du Sheikh, recommandant la piété et l’attachement aux fondements de l’école sunnite : « Frère en Allâh, l’obéissance à Allâh — Exalté soit-Il — nous réunit et la désobéissance à Lui nous sépare. Attache-toi donc à l’obéissance à Allâh et méfie-toi grandement de Lui désobéir. Veille à acquérir le savoir ; quelle bonne monture pour atteindre l’objectif désiré. Mentionne Allâh — Exalté soit-Il — abondamment, quelle agréable aiguade, et attache-toi à la récitation du Coran car c’est la Parole de ton Seigneur et la guérison de ton cœur. Sache que notre voie que voici est fondée sur le Coran et la Sunnah, la jurisprudence des quatre écoles [2], le credo d’Al-Ashʿarî en matière de monothéisme [3], et la voie de Abû Al-Qâsim Al-Junayd [4] en matière de soufisme — puisse Allâh les agréer tous. Détourne-toi de tout ce qui contredit cela, car cela n’est point de notre voie. »
Après une vie pleine d’efforts dans la voie d’Allâh, Sheikh Sâlih Al-Jaʿfarî retourna auprès de son Seigneur le 18 Jumâdâ Ier 1399 A.H., soit le 14 avril 1979 de l’ère commune. Il fut enterré près de la mosquée qu’il avait fait construire à ses frais peu avant sa mort dans le quartier d’Ad-Darrâsah au Caire où une rue porte son nom. Qu’Allâh — Exalté soit-Il — l’enveloppe de Sa douce miséricorde. Il laissa derrière lui son fils, Sheikh ʿAbd Al-Ghanî Sâlih Al-Jaʿfarî, à la tête de la tarîqah jaʿfarie. Qu’Allâh — Exalté soit-Il — le dirige vers ce qu’Il aime et agrée.
Cette présentation est basée sur la biographie du Sheikh fournie dans Miftâh Mafâtîh Kunûz As-Samâwâti wal-Ard.
[1] Sheikh Ahmad Ibn Idrîs (1750-1837 ou 1760-1837 E.C.), originaire de la ville de Fès, il reçut sa formation religieuse à Al-Qarawiyyin, puis s’installa en 1799 à la Mecque Honorée où il devint célèbre. Il s’occupa de la formation spirituelle de ses disciples et l’organisation formelle d’une confrérie qui porte son nom n’eut lieu qu’après son décès. Parmi ses plus célèbres disciples figurent Sheikh Mohammad Ibn ʿAlî As-Sunûsî, le fondateur de la confrérie sunûsie (la Tarîqah Sunûsiyyah), et Sheikh Mohammad ʿUthmân Al-Mirghanî, le Sheikh de la confrérie khatmie (la Tarîqah Khatmiyyah).
[2] Il s’agit des quatre écoles prévalentes de jurisprudence sunnite : l’école hanafite, l’école malékite, l’école shaféite et l’école hanbalite.
[3] Il s’agit du credo de la majorité des savants sunnites. À cet égard, le lecteur peut se reporter aux textes suivants de Sheikh Al-Butî et Sheikh Al-Qaradâwî publié sur notre site. Ndlr.
[4] Il s’agit, à l’unanimité des savants musulmans, d’un grand Imâm de la communauté et d’une figure emblématique de la droiture, du savoir et de la discipline du soufisme. Il décéda en 298 A.H. Ndlr.
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