vendredi 30 mai 2003
Au Nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux.
Que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur notre maître Muhammad ainsi que sa famille.
Louange à Dieu Qui a privilégié la communauté du Prophète Muhammad par les sublimes mérites qu’Il lui a réservés. Et que la Paix, le Salut et les Bénédictions soient sur notre maître Muhammad, la meilleure des créatures.
Le professeur prolifique, Shams Ad-Dîn Ibn Al-Qayyim, a mentionné dans son ouvrage Al-Hady Li-Yawm Al-Jumuʿah, vingt et quelques spécificités relatives au jour du vendredi. Mais il est passé à côté des multiples de ce qu’il a mentionné. J’ai jugé bon de les réunir dans cet opuscule, en indiquant, de façon concise, les preuves qui les appuient.
Je suis parti à la quête des spécificités du vendredi et j’en ai réunies cent, et c’est Dieu qui accorde le succès.
Ibn Mâjah rapporte selon Ibn ʿAbbâs que le Messager de Dieu, paix et bénédictions de Dieu sur lui, a dit : "Ce jour est un jour de fête que Dieu a établi pour les musulmans. Celui qui va à la prière vendredi, qu’il fasse ses grandes ablutions (ghusl), s’il possède du parfum (tîb) qu’il en mette, et je vous recommande le siwâk."
At-Tabarânî rapporte dans Al-Awsat selon Abû Hurayrah, que le Messager de Dieu, paix et bénédictions de Dieu sur lui, dit un vendredi : "Ô musulmans ! Dieu a fait de ce jour un jour de fête pour vous. Faîtes vos grandes ablutions et usez du siwâk."
Al-Bukhârî et Muslim rapportent selon Abû Hurayrah que le Messager de Dieu, Paix et Bénédictions de Dieu sur lui, dit : "Que l’un de vous ne jeûne pas le jour du vendredi, à moins qu’il n’ait jeûné avant ou ne compte jeuner après."
Al-Bukhârî et Muslim rapportent également qu’Ibn Jâbir a dit : "Le Prophète, paix et bénédictions de Dieu sur lui, a interdit le jeûne du jour du Vendredi."
Selon Al-Bukhârî, Juwayriyah, la Mère des croyants, rapporte que le Prophète, paix et bénédictions de Dieu sur lui, entra un jour chez elle un Vendredi alors qu’elle jeûnait. Il lui demandé : "As-tu jeûné hier ?" Elle répondit que non. Il lui demanda ensuite : "Comptes-tu jeûner demain ?" Elle répondit que non. Il lui dit : "Alors, romps le jeûne."
Selon Al-Hâkim, Junâdah Ibn Abî Umayyah Al-Azdî dit : "Un vendredi, j’ai rejoint, avec une délégation de la tribu de Azd, le Prophète - paix et bénédictions de Dieu sur lui. Il nous invita à manger le plat qu’il avait devant lui, mais nous lui dîmes que nous jeûnions. Il nous dit : "Avez-vous jeûné hier ?" Nous lui dîmes que non. Puis il nous demanda si nous jeûnerions le lendemain et nous répondîmes non. Il nous ordonna alors de rompre le jeune et ajouta : "Ne jeûnez pas le jour du vendredi isolé.""
Muslim rapporte selon Abû Hurayrah que le Prophète - paix et bénédictions de Dieu sur lui - a dit : "Ne privilégiez pas la nuit de la veille du vendredi, spécifiquement, par un qiyâm [1], par rapport aux autres nuits. Et ne privilégiez pas le jour du vendredi, spécifiquement, par un jeûne, par à rapport aux autres jours, à moins que ce soit un jeûne que l’un de vous doit accomplir pour quelque raison."
An-Nawawî dit : "L’avis le plus authentique selon notre Ecole [2] correspond à l’avis de la majorité des savants et confirme qu’il est réprouvé de jeûner le jour du Vendredi seul. Mais un autre avis [3] avance que "le jeûne du jour du Vendredi n’est détestable que dans le cas du jeûneur qui est tellement affaibli par son jeûne qu’il ne peut accomplir correctement ses actes cultuels."
L’Imam Ahmad, At-Tirmidhî, An-Nasâ’î et d’autres rapportent selon Ibn Masʿûd que "le Prophète, paix et bénédictions de Dieu sur lui, mangeait très rarement le jour du vendredi".
Ahmad explique ceci en disant que "le Prophète, paix et bénédictions de Dieu sur lui, jeûnait le jour du jeudi et il le faisait suivre du jeûne du vendredi".
Les avis sont divergents dès lors que l’on cible les raisons de la réprobation du jeûne du vendredi et l’avis authentique, comme l’affirme An-Nawawî, est que "le jeûne du jour du vendredi est réprouvé parce qu’en ce jour, de nombreux actes cultuels sont recommandés, tels que implorer Allah, L’invoquer, lire le Coran ou encore répéter les Salutations sur le Prophète, paix et bénédictions de Dieu sur lui. Ainsi il est préférable de ne pas jeûner ce jour, de manière à faciliter l’accomplissement de toutes ces activités avec dynamisme et d’éviter lassitude et paresse. Il en est de même par exemple pour le jour de ’Arafât durant le pélerinage, jour qu’il est préférable, pour les mêmes raisons, de ne pas jeûner".
Si la fatigue explique effectivement la réprobation du jeûne du vendredi, on voit mal pourquoi il n’est pas également déconseillé de jeûner le vendredi si on le fait suivre ou précéder d’un autre jour de jeûne. Mais selon l’Imâm Ahmad, ceci s’explique simplement par le fait qu’en jeûnant un jour en plus du vendredi, on récolte un mérite qui compense l’affaiblissement ou les manquements dans les actes cultuel que l’on devrait faire en ce jour.
Certains évoquent d’autres raisons pour expliquer la réprobation de jeûner ce jour. Une raison réside dans la crainte que l’importance accordée à ce jour ne soit exagérée au point que les musulmans soient subjugués par ce jour comme les juifs l’ont été par leur Sabbat. Mais selon Ahmad, ceci est faux et réfutable par le fait que l’importance extrême du jour du vendredi est déjà marquée par une prière spéciale, ainsi que par des prescriptions rituelles et une vénération spécifiques.
Une autre raison réside dans la crainte que l’on en arrive à penser que le jeûne de ce jour est obligatoire. Mais cet avis est réfuté, comme le rappelle An-Nawawî, par le fait qu’il existe déjà des jours pour lesquels le jeûne est fortement conseillé.
D’autres avancent que la raison d’être de ce jour est sa qualité de fête et qu’il ne convient pas de jeûner les jours de fête. Ibn Hajar renforce cet avis, qu’il a adopté, par un hadith rapporté par Al-Hâkim, selon Abû Hurayrah, dans lequel le Prophète dit : "Le jour du vendredi est un jour de fête. Ne faites donc pas de votre jour de fête un jour de jeûne, sauf si vous jeûnez également le jour précédent ou le jour suivant."
Ibn Abî Shaybah rapporte que ʿAlî a dit : "Que celui qui désire jeûner dans le mois jeûne le jeudi. Qu’il ne jeûne pas le jour du vendredi, car le vendredi est un jour propice à la nourriture, la boisson et l’invocation d’Allah."
Enfin, une dernière raison qui justifie que le jeûne isolé du vendredi est réprouvé réside dans la recommandation de diverger du comportement des juifs. Ceux-ci jeûnent en effet leurs jours de fête, c’est-à-dire qu’ils jeûnent ces jours isolés. Or, il nous est interdit de les imiter. C’est d’ailleurs pour cette même raison qu’il nous est conseillé de jeûner le jour de ʿÂshûrâ en le faisant précéder ou suivre d’un autre jour de jeûne.
C’est ce dernier avis que j’adopte car c’est un avis irréfutable.
Et ce, en raison du hadîth précité.
Toutefois, Al-Khatîb a rapporté dans Ar-Ruwâh, au sujet de Mâlik Ibn Anas, par la voie de Ismaʿîl Ibn Abî Uways, selon sa femme, la fille de Mâlik Ibn Anas : "que son père passait la nuit du vendredi à prier".
Les deux Sheikhs [4] ont rapporté que Abû Hurayrah a dit : "Le vendredi, à la prière du fajr (l’aube), le Messager de Dieu - paix et bénédictions de Dieu sur lui - récitait la sourate "Alif, Lâm, Mîm. Révélation" [5] et la sourate "S’est-il écoulé pour l’homme ?" [6]
Cela fut également rapporté selon Ibn ʿAbbâs, Ibn Masʿûd, ʿAlî, et d’autres, et les termes d’Ibn Masʿûd chez At-Tabarânî sont : "Il faisait cela de façon permanente."
On dit que la sagesse sous-tendant la récitation de ces deux sourates c’est de mettre en valeur les mentions qu’elles font de la création d’Adam et les états du Jour du Jugement, car cela a lieu le vendredi. Cette opinion fut citée par Ibn Dihyah.
D’autres ont dit que la récitation de ces deux sourates est motivée par la prosternation supplémentaire [due à la sourate As-Sajdah].
Ibn Abî Shaybah a rapporté selon Ibrâhîm An-Nakhaʿî : "Il est recommandé de réciter dans la prière du subh (matin) du vendredi la sourate As-Sajdah."
Il a rapporté également selon lui qu’il a récité la sourate Maryam.
Il a rapporté selon Ibn ʿAwn : "Ils récitaient pendant la prière du matin, le vendredi, une sourate qui contient une sajdah (une prosternation)."
Saʿîd Ibn Mansûr rapporte dans As-Sunan qu’Ibn ʿUmar dit qu’un vendredi matin, il ne vit pas Humrân à la mosquée. Quand il le retrouva, il lui dit : "Qu’est ce qui t’a occupé au point de ne pas prier la prière du matin à la mosquée ? Ne sais-tu pas que la prière la plus considérée auprès d’Allah Le Très Haut est la prière en congrégation du vendredi matin ?"
Al-Bayhaqî explicite dans Shuʿab Al-Îmân que ce hadith a bien été rapporté par les Compagnons dans les termes suivants : "La meilleure des prières auprès d’Allah est la prière du subh en congrégation le vendredi."
Selon Al-Barrâz et At-Tabarânî, Abû ʿUbaydah Ibn Al-Jarrâh rapporte que le Prophète - paix et bénédiction de Dieu sur lui - a dit : "Il n’est de prière meilleure que la prière du matin en congrégation le vendredi et il n’est de chose plus certaine que le pardon pour celui d’entre vous qui y assiste."
[1] Prière nocturne surérogatoire.
[2] Il s’agit de l’école de l’Imâm Ash-Shâfiʿî.
[3] Toujours de l’école shaféite.
[4] Al-Bukhârî et Muslim.
[5] Ancien nom de la sourate 32, la Prosternation, As-Sajdah.
[6] Ancien nom de la sourate 76, l’Être humain, Al-Insân.
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