vendredi 15 septembre 2000
Lorsque le commandant des troupes Fatimides, Jawhar As-Siqqilî, fut envoyé par le Calife Al-Muʿizz Lidînillâh pour conquérir l’Égypte, il entreprit la construction du Caire et y fonda la mosquée d’Al-Azhar en 358 A.H., 969 E.C. La construction de la mosquée s’étendit sur deux ans. La mosquée d’Al-Azhar ouvrit ses portes pour la première fois le 7 Ramadan 361 A.H., 22 juin 972 E.C. Depuis cette date, la mosquée d’Al-Azhar devint parmi les plus célèbres dans le monde musulman et l’université la plus ancienne au monde. Les historiens divergent quant à la raison de son appellation. Certains pensent que le nom Al-Azhar, littéralement « le plus florissant », fait référence aux magnifiques palais florissants qui entouraient la mosquée à cette époque, dans la ville du Caire en plein construction et développement. Certains prétendent que la mosquée fut appelée ainsi, en prévision du statut florissant qu’elle allait avoir grâce aux études islamiques qu’elle accueillait. Enfin, et c’est l’opinion la plus célèbre, le mot Al-Azhar renvoie à As-Sayyidah Fatimah Az-Zahrâ’, la fille bénie du prophète Muhammad - paix et bénédiction de Dieu sur lui, sa descendance et ses compagnons. Cette dernière opinion semble être la plus valable en ce sens que les Fatimides eux-mêmes tenaient leur nom de la fille du prophète - paix et bénédictions sur lui-, As-Sayyidah Fatimah Az-Zahrâ’.
Trois ans et demi après sa construction, Al-Azhar commença à jouer son rôle dans la diffusion et l’enseignement des sciences islamiques. Ce fut pendant le mois de Ramadan 365 A.H. (octobre 975 E.C.), sous le règne d’Al-Muʿizz, que le Grand juge d’Égypte, Abû Al-Hasan ʿAli Ibn Al-Nuʿmân Al-Qayrawânî, s’assit dans la cour de la moquée d’Al-Azhar pour enseigner « Al-Ikhtisâr » (L’Abrégé), un livre de jurisprudence chiite rédigé par son père An-Nuʿmân. Cette séance de jurisprudence eut lieu devant une grande audience. Abû Al-Hasan fut le premier à recevoir le titre de Chef de la Justice. Ce cours dispensé par Abû Al-Hasan donna le feu de départ à l’enseignement à la mosquée. Même si ces séances avaient pour fin l’enseignement des sciences islamiques, elles prenaient parfois des teintes politiques. Au début du règne d’Al-ʿAzîz Billâh, Al-Azhar connu d’importants progrès dans le sens de l’enseignement académique. Le ministre Yacqûb Ibn Kalas, sous Al-Muʿizz puis Al-ʿAzîz, enseigna son livre de jurisprudence chiite intitulé « Ar-Risâlah Al-ʿAzîziyyah ». Afin d’améliorer l’éducation à Al-Azhar, il embaucha plus de trente sept savants et juristes. Il leur donna un salaire mensuel et leur construisit des logements près d’Al-Azhar. En plus de l’enseignement théorique et académique, des séances d’éducation morale et religieuse étaient dispensées pour les femmes. Dès sa naissance, l’enseignement à Al-Azhar eut un caractère éminemment académique, avec des discussions et débats libres entre savants. Aussi, l’enseignement à Al-Azhar mit en place l’accueil de professeurs visiteurs. C’est ainsi qu’Al-Azhar réunit les caractéristiques du système académique universitaire et devint incontestablement la plus ancienne université islamique du monde.
Au fil du temps, l’enseignement s’est enrichi, les cours se sont diversifiés en incluant l’enseignement des quatre écoles de jurisprudence et l’enseignement de la littérature et langue arabe. La réputation d’Al-Azhar n’a cessé de croître et la tendance chiite s’est éclipsée au profit de la tendance sunnite dont Al-Azhar devint le centre le plus rayonnant.
Sous le règne des Mamluks, entre 648 et 922 A.H. (1250-1517 E.C.), Al-Azhar agrandit ses activités et assuma de nouvelles responsabilités envers le monde musulman. A cause des attaques des Mongols en Asie centrale et le déclin du gouvernement musulman en Andalousie, de nombreux savants ont cherché refuge dans Al-Azhar qui leur ouvrit grand ses portes. L’arrivée de ces savants a contribué indubitablement à l’enrichissement de l’enseignement à Al-Azhar qui connut alors son âge d’or au 8e et 9e siècle A.H. (14e et 15e siècle E.C.). Il est à souligner qu’Al-Azhar joua un rôle important dans le développement de certaines sciences non religieuses. En effet, certains savants étudiaient aussi des sciences comme la médecine, les mathématiques, l’astronomie, la géographie et l’histoire.
Sous l’empire Ottoman, Al-Azhar fut financièrement dépendant des Waqfs (donnations islamiques). Les savants avaient la liberté de choisir les disciplines et les ouvrages qu’ils souhaitaient enseigner. Ainsi, Al-Azhar devint le foyer de sciences islamiques le plus brillant, fort de son identité libre et son indépendance intellectuelle. Cette réputation d’Al-Azhar attira de nombreux savants et étudiants musulmans venant des quatre coins du globe.
Al-Azhar joua un rôle prépondérant dans la lutte contre la campagne militaire de Bonaparte en juillet 1789. Lieu de rencontre des savants et intellectuels pour combattre l’occupation française, Al-Azhar devint le siège de la révolution. Un comité révolutionnaire fut constitué sous la direction de Sheikh Muhammad As-Sadât. Lorsque la révolution éclata, la mosquée d’Al-Azhar fut attaquée par les soldats français qui ont pénétré la mosquée à dos de cheval... Des manuscrits uniques de la bibliothèque d’Al-Azhar furent détruits et l’événement resta gravé dans la mémoire égyptienne. Dans cette situation explosive, le Grand Imâm d’Al-Azhar et les savants jugèrent impossible de poursuivre les cours. Dans sa longue histoire, c’est l’unique fois où Al-Azhar ferma ses portes. Après trois de révolte, le pays retrouva sa liberté et Al-Azhar reprit ses activités.
Sous le règne du Khédive Ismâʿîl, en 1822 le système éducatif fut réglementé et le programme enseigné fut établi avec précision pour chaque étape. Le plus haut diplôme délivré alors par Al-Azhar s’appelait Al-cÂlamiyyah. Il équivaut aujourd’hui à un doctorat et accordait à son détenteur un profond respect. D’autres lois vinrent s’ajouter au règlement d’Al-Azhar et notamment celle de 1950 qui divisa le système éducatif d’Al-Azhar en trois Facultés : Ash-Sharîʿah (jurisprudence islamique), Usûl Ad-Dîn (Fondements de la Religion, Théologie) et Langue Arabe.
En 1961, à côté de son enseignement séculaire des sciences islamiques, Al-Azhar ouvrit des Facultés techniques et pratiques pour enseigner la Médecine, les sciences de l’Ingénieur, l’Agriculture et autres. Cet élargissement de l’enseignement avait pour finalité de permettre à Al-Azhar de rayonner non seulement dans les sciences religieuses mais également dans des disciplines scientifiques.
Depuis 10 siècles, Al-Azhar se dresse comme une citadelle de l’Islam.
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