mercredi 3 décembre 2003
Parler de ces Soufis et de ces Shuyûkh selon leurs différentes époques historiques ou dans un ordre chronologique dépasse le cadre de ce présent écrit. Cela nécessiterait un ouvrage colossal. Mais il ne fait pas l’ombre d’un doute que ces réformateurs et éducateurs spirituels eurent une part fondamentale, et supérieure à toute autre contribution, dans la constitution en Inde d’une société pieuse et dotée d’une conscience éveillée. C’est là la force spirituelle de ce pays, l’origine des dirigeants pieux et des gouverneurs justes de toute époque, et c’est cela qui dota l’Inde d’invidus intelligents et compétents à des moments très critiques de son histoire.
Indépendamment des siècles médiévaux dont la vaste matière est dispersée dans les biographies des Shuyûkh, nous nous contenterons ici de mentionner un grand réformateur du treizième siècle. Il s’agit du sieur Ahmad Ibn ʿIrfân Ash-Shahîd, et de son influence religieuse et sociale. Son exemple illustre l’influence et l’autorité de ces Shuyûkh au sein de la société. Les historiens rapportent que lorsque, avec ses compagnons, il séjourna à Calcutta sur son chemin pour la Mecque Honorée, il s’adonna à l’exhortation et au rappel de Dieu, et certains de ses compagnons parmi les savants, comme le grand réformateur Sheikh Ismâ’îl Ash-Shahîd, en firent de même. Des foules accoururent vers le sieur Ahmad pour lui prêter allégeance et se repentir. "L’impact de ces exhortations, la conversion des gens à la religion et leur soumission à la Législation divine eurent pour conséquence la stagnation du commerce du vin à Calcutta - l’une des plus grandes villes de l’Inde et le centre des colons Anglais -, et le dépeuplement des bars si bien que leurs propriétaires furent incapables de payer les taxes, prétextant que le commerce du vin était en crise." [1]
Le fruit de l’éthique et de la spiritualité de ces réformateurs, prédicateurs, Soufis, et Shuyûkh, fut la guidance d’un nombre colossal de personnes dans ces vastes territoires. Ils se repentirent des péchés, des choses blâmables et de la soumission à leurs propres passions. Nul gouvernement, organisation ou loi, ne pouvait influencer cette énorme masse sociale et l’entourer d’autant de principes nobles et de manières louables pendant une aussi longue période.
Traduit du Livre Rabbâniyyah lâ Rahbâniyyah, de l’Imâm An-Nadwî, Mu’assasat Ar-Risâlah, pp. 100-101.
[1] Mâdhâ khasira Al-ʿÂlam Binhitât Al-Muslimîn, (Ce que le monde a perdu avec la décadence des musulmans), p. 240, 4e édition.
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