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Les Israélismes et les récits controuvés dans les livres d’exégèse

Introduction

lundi 13 avril 2009

Louange à Dieu Qui a révélé le Livre à Son Serviteur Muhammad, sans y introduire le moindre détour, faisant de lui un Livre d’une parfaite droiture, que les passions ne peuvent dévoyer, que les mots ne peuvent obscurcir, que la falsification et l’altération ne peuvent atteindre, que l’erreur ne peut faire dévier de la voie de la vérité. « Ce Livre est d’une valeur inestimable, inaccessible à toute erreur, d’où qu’elle vienne, en tant que Révélation émanant d’un Sage, Digne de louange. » [1]

Que la paix et la bénédiction soient sur notre maître et Prophète Muhammad, qu’a soutenu le Coran en tant que miracle suprême et signe éternel, et à qui Dieu a confié la charge de l’expliquer et de l’interpréter : « Et Nous t’avons révélé ce Coran, afin que tu expliques clairement aux hommes ce qui leur a été révélé. Peut-être seront-ils amenés à y réfléchir. » [2]

Que la paix et la bénédiction soient sur sa Famille, sur ses Compagnons et sur ses disciples, aussi longtemps qu’un musulman vivra sur la surface de la Terre.

Son Éminence Sheikh ʿAbd Al-Halîm Mahmûd, Secrétaire général de l’Institut des Recherches Islamiques à la Mosquée Al-Azhar, m’a invité à écrire un livre présentant les israélismes disséminés dans les livres d’exégèse coranique, tout en m’attachant à en démontrer la nullité et la fausseté. Cette profitable étude qui m’a été proposée rencontrait chez moi une envie que je n’avais pas encore pu réaliser.

Je sais en effet qu’il y a un fort besoin chez les musulmans pour ce type d’ouvrages qui se posent en défenseurs du Livre de Dieu – Exalté soit-Il – et qui traquent les légendes, les mythes et les mensonges qui peuplent les livres d’exégèse. Ces chimères sont parfois en passe de supplanter l’interprétation authentique du Livre de Dieu – Exalté soit-Il - et d’estomper une grande partie de sa majesté, de sa beauté, de sa guidance qui est la meilleure des guidances – « En vérité, ce Coran conduit vers la voie la plus droite. » [3] -, de ses doctrines qui sont les plus éminentes des doctrines, les plus dignes de recevoir l’agrément des hommes, les plus adaptées à la nature humaine et les plus proches de la raison et du cœur. Ces chimères font par ailleurs apparaître l’islam, face aux chercheurs de l’ère contemporaine en particulier, qui est l’ère du progrès des sciences et des connaissances humaines, sous un jour peu flatteur d’une religion qui recèle toutes sortes de mythes et de superstitions : le Livre majeur de cette religion n’est-il pas en effet le Noble Coran ? Et ses commentaires exégétiques que voici ne contiennent-ils pas des idées allant à l’encontre des vérités scientifiques et des lois divines universelles ? Les auteurs de ces mêmes commentaires ne sont-ils pas des savants, parmi les plus illustres de l’Islam ? Par conséquent, les mythes dont il est question ne sont que le reflet de l’islam et de la pensée musulmane. Parmi ces chimères, on peut citer par exemple ce qui a été dit d’après les israélismes concernant l’âge de la Terre qui serait de sept mille ans, ou ce qui a été dit sur la genèse du monde, sur les secrets de l’existence, sur les raisons invoquées pour expliquer des phénomènes naturels tels que le tonnerre, les éclairs, les éclipses de Lune et de Soleil, la fraîcheur des eaux des puits pendant l’été et leur chaleur pendant l’hiver. On peut également citer ce qui a été dit concernant l’interprétation de certains versets liminaires à lettres isolées, tels que « Qâf » [4] qui désignerait la montagne qui encerclerait la Terre, ou « Nûn » [5] qui désignerait le poisson qui porterait la Terre sur son dos. On peut citer enfin toutes ces légendes israélites, ô combien nombreuses dans les livres d’exégèse coranique, qui entourent les récits des prophètes et des messagers, et qui sont indignes du statut et du caractère infaillible des prophètes.

Nombreux sont ceux qui, depuis longtemps, m’ont invité à écrire un livre qui réaffirmera la vérité et qui anéantira l’erreur, débarrassant l’exégèse du Livre de Dieu – Exalté soit-Il – de cet amoncèlement de textes apocryphes, d’israélismes et de légendes. D’autre part, depuis que j’étais étudiant, je me suis attaché à poursuivre sans relâche les idées intruses qui habitent entre autres les livres d’exégèse puis à les réfuter. Car ces idées ont permis et permettent encore aujourd’hui de jeter le doute et la suspicion sur l’islam, et de susciter des oppositions et des attaques contre le Coran et le Prophète – paix et bénédiction sur lui.

La majeure partie de ces outrages sont notamment le fait de prêtres et d’orientalistes qui ont trouvé dans ces israélismes et ces histoires inventées de quoi contenter leurs passions, satisfaire leur fanatisme aveugle et curer leurs esprits malades, emplis de haine contre l’Islam, contre son Prophète et contre le Coran. Cette haine et cette rancœur n’est de fait que le prolongement des croisades qu’ils ont menées naguère contre l’Islam et les musulmans, et qui prennent aujourd’hui des formes diverses et des apparences multiples.

Ce qui est étonnant chez ces missionnaires et ces orientalistes, c’est que pour satisfaire le croisisme qu’ils ont hérité de leurs pères et qu’ils ont tété au sein de leurs mères, ils n’hésitent pas à authentifier des textes apocryphes, inventés et controuvés, tout en jugeant apocryphes de nombreux hadiths authentiques, même parmi ceux qui sont rapportés dans les deux Sahîh, dont les contenus respectifs figurent pourtant au rang des textes les plus véridiques jamais écrits par l’homme. Ils authentifient ainsi le récit mensonger et calomnieux qui entoure le mariage du Prophète avec Dame Zaynab Bint Jahsh, ou le récit des versets sataniques, controuvé par des infidèles juifs, perses, ou autres. Friands de ce genre de récits qui font leur bonheur et leur enchantement, les orientalistes et les missionnaires n’ont eu de cesse, dès lors, de les reproduire et de les diffuser à l’envi.

Mais ce qui est vraiment déprimant, c’est que malgré leur patronyme musulman, certaines personnes cultivées et certains intellectuels qui ont une culture non islamique, en particulier ceux que l’Europe a façonnés sous ses yeux et de ses mains, ont suivi leurs maîtres orientalistes dans leurs prétentions, se faisant l’écho de leurs inepties et reprenant à leur compte leurs fourvoiements, voyant en eux des sommités scientifiques et intellectuelles. Comme le souligne le fondateur de la sociologie Ibn Khaldûn, le vaincu est de nature à imiter le vainqueur, et la personnalité du premier est de nature à se dissoudre dans celle du second. Ces individus ont ainsi aidé à la distillation de ces poisons parmi les étudiants musulmans.

Les dommages causés par ces individus sont bien plus importants que ceux causés par leurs maîtres missionnaires et orientalistes. Car le lecteur musulman est quelque peu méfiant vis-à-vis des écrits étrangers et n’est pas tout à fait enclin à y adhérer, tandis que lorsque l’auteur est musulman, une confiance plus grande s’installe chez le même lecteur, le risque d’être leurré étant dès lors d’autant plus grand également.

Le délai que l’on m’a fixé pour achever cet ouvrage était initialement de trois mois. Mais j’ai demandé qu’on m’en laisse six, ce qu’a accepté le Secrétaire général de l’Institut. Mais à quoi vont bien pouvoir suffire six petits mois, sachant que j’occupe le poste de doyen de la Faculté de Fondements de la Religion à l’Université Al-Azhar, antenne d’Assiout, antenne que je suis en train de créer pour être plus précis ?

Je donne par ailleurs des conférences dans et hors la faculté. Certains mois, comme aux mois de Ramadân, de Muharram ou de Rabîʿ Al-Awwal [6], les conférences publiques que je délivre occupent le mois entier. C’est un effort ardu qu’un jeune homme aurait du mal à supporter. Qu’en est-il dès lors pour un vieillard devant assumer de multiples responsabilités et de lourdes tâches ? Il n’est donc pas étonnant que les six mois se sont multipliés. Dès son entrée en fonction au poste de Secrétaire général de l’Institut, après que son vénérable prédécesseur a pris le poste de Recteur d’Al-Azhar, son Éminence Sheikh ʿAbd Ar-Rahmân Bîsâr m’a réitéré la volonté de l’Institut pour que je termine cet ouvrage salutaire et profitable. Je n’ai eu donc d’autre choix, pour honorer ma promesse, que de redoubler d’efforts, de prolonger mes veillées et de poursuivre mes recherches jusqu’à l’achèvement de ce livre que je crois être un devoir impérieux incombant aux savant musulmans.

Le sujet dont j’ai dû me saisir [7] n’est pas un sujet aisé qu’une personne seule peut traiter. Il nécessite au contraire le concours et l’entraide de nombreuses énergies émanant d’un groupe de spécialistes des deux saints fondements – le Coran et la Sunnah -, des sciences afférentes et des diverses sciences islamiques, qui est par ailleurs au fait des progrès scientifiques réalisés en médecine, en astronomie, en physique, en sociologie, en psychologie, en ethnologie, etc. Le but de ce groupe de chercheurs serait ainsi de démontrer la nullité et la vanité des israélismes, à la lumière des théories scientifiques les plus récentes et les plus solides. Il pourrait ainsi élaborer vis-à-vis de ces textes une critique externe (critique de provenance et de restitution) et une critique interne (critique du contenu), fondée sur des arguments révélationnels, rationnels et scientifiques. Il ajouterait ainsi de nouveaux éléments de critique à ceux déjà mentionnés par les Anciens, et contribuerait à enrichir la connaissance.

Mais si nous devons attendre la constitution de ce groupe d’experts puis le début de ses travaux, nous risquons de voir défiler les années sans que rien ne se passe. Le groupe en question pourrait même in fine ne pas adopter une position commune sur un grand nombre d’israélismes et de récits controuvés, la formation intellectuelle des uns et des autres n’étant pas la même et les points de vue pouvant diverger de par la nature humaine : il s’est trouvé en effet de tous temps parmi les critiques, des rigoristes, des laxistes et des modérés. Pour cette raison, j’ai été d’avis de me lancer dans l’écriture sur ce sujet à la fois vaste, complexe et important, m’acquittant ainsi d’un devoir incombant aux savants musulmans dans ce domaine. J’ai donc demandé à Dieu – Exalté soit-Il – de m’aider dans ma tâche et de me guider dans la voie de la réussite et du succès.

Voici donc ma promesse honorée, et voici le fruit de mon labeur. Si les conclusions auxquelles j’aboutis sont justes, alors c’est qu’elles émanent de Dieu – Exalté soit-Il. Si elles sont incorrectes, alors c’est de ma faute et de celle du diable. Ayant fait ce que j’ai pu et ayant fourni tous les efforts que j’ai été capable de fournir, je sais que je serai de toute manière récompensé, car l’Émissaire du Seigneur des mondes nous dit à très juste titre : « Si, en tranchant une affaire, un juge s’efforce de tendre vers la vérité puis qu’il l’atteint, alors il sera rétribué d’une double récompense. Et si, en tranchant une affaire, il s’efforce de tendre vers la vérité puis qu’il se trompe, alors il sera rétribué d’une simple récompense. » [8]

On m’a initialement proposé d’intituler ce livre « Les Israélismes dans les livres d’exégèse », mais j’ai été d’avis d’ajouter aux israélismes les récits controuvés que l’on rencontre également dans les livres d’exégèse. Car certains de ces récits constituent un danger pour l’islam et pour le Prophète, à l’instar des récits inventés par les infidèles et les ennemis de l’islam, qu’ils soient juifs, mazdéens, chrétiens ou autres, lesquels récits et histoires remettent en cause le caractère infaillible du Prophète, ou dépeignent l’islam sous les traits d’une religion sotte et empreinte de mythes.

Certains de ces récits ont en outre été controuvés pour alimenter des querelles politiques, religieuses ou idéologiques. D’autres enfin ont été controuvés par des individus, qui ont prétendu – à tort – vouloir rendre service à l’islam en exhortant les gens à s’y tenir : ils ont alors inventé des hadiths relatant les mérites du Coran, les mérites des sourates, les mérites des personnes, des périodes et des lieux. Certains ascètes et soufis se sont ainsi octroyé le droit de forger des hadiths visant à inciter au bien, ou au contraire, à détourner du mal, prétendant pour se justifier – à mauvais escient – qu’ils agissaient pour la cause de Dieu. Il est triste de constater qu’aujourd’hui encore, certains savants reprennent à leur compte ces récits et s’emparent grâce à eux des cœurs des gens et des béotiens, alors que leur caractère apocryphe et controuvé a été établi par de nombreux traditionnistes et éminents critiques.

En traitant à la fois des israélismes et des récits controuvés, cet ouvrage sera d’un bénéfice plus large, et sa portée sera d’autant plus étendue. Je n’oublie pas de mentionner à cet effet le remarquable travail dans ce domaine effectué par l’un de nos collègues, à savoir le Sheikh Muhammad Husayn Adh-Dhahabî, professeur à la Faculté de Fondements de la Religion, dans son livre At-Tafsîr Wal-Mufassirûn (L’Exégèse et les exégètes), et dans le précieux fascicule que lui a publié l’Institut des Recherches Islamiques d’Al-Azhar.

Que faire concernant le problème qui nous occupe sachant que chacun a sa propre idée sur la manière d’y remédier ?

1. D’aucuns considèrent ainsi que qu’il faut abandonner les livres d’exégèse qui contiennent les récits controuvés et les israélismes qui ont causé tant de dommages à l’islam et aux musulmans, et qui ont été la source de toutes ces atteintes et de ces attaques de la part des adversaires de l’islam. Ces personnes veulent ainsi éradiquer ces ouvrages ou les brûler afin qu’ils ne parviennent plus jusqu’aux lecteurs, et ne garder que les livres qui sont dépourvus de ces textes intrus, ou tout du moins qui n’en contiennent qu’une petite quantité. Ils soutiennent par ailleurs la rédaction de nouvelles exégèses épurées de tous ces éléments fallacieux. Cette opinion me semble être radicale et extrémiste, car nul ne peut contester que dans ces livres, on trouve, aux côtés des israélismes, une science profuse et une culture islamique authentique, ni que le bien et le vrai qu’ils recèlent est autrement plus important que le mal et le faux que l’on peut y rencontrer. Faut-il alors, pour éradiquer le mal, éradiquer également le bien, ou pour éliminer le faux, éliminer également le vrai ? Je ne pense pas que cela soit raisonnablement ni légalement admissible.

Par ailleurs, ce point de vue est utopique. Car si nous éliminons les livres d’exégèse des bibliothèques publiques, que peut-on faire vis-à-vis des bibliothèques privées, auxquelles certains propriétaires tiennent comme à la prunelle de leurs yeux, et sachant que nul ne peut violer la propriété d’autrui ni en éliminer une partie sous un tel prétexte.

La vérité est donc que cette opinion est une opinion radicale, extrémiste et utopique. En réalité, si, à l’époque où ces livres, qui comportent des récits controuvés et des israélismes, ont été publiés, il s’était trouvé des gens, aptes à distinguer le bon grain de l’ivraie et à discerner ce qui relève des israélismes de ce qui n’en relève pas, qui auraient prêté quelque attention au contenu de ces ouvrages en les annotant au moment de leur parution, cela nous aurait évité d’avoir à subir tout le tort causé par ces israélismes et ces mensonges qui ont pollué maints esprits et maintes pensées, et d’avoir à mener le travail qui est le nôtre aujourd’hui. Mais avec des « si », on pourrait mettre Paris en bouteille.

2. Un deuxième parti propose pour sa part de réunir tous les exemplaires de ces ouvrages puis de les soustraire à la vue des gens, avant de les publier à nouveau sous un format épuré des israélismes et des récits controuvés. Mais quelle autorité dans le monde musulman a le pouvoir de pareille entreprise ? Et si cela pouvait se faire vis-à-vis des bibliothèques publiques, que faire vis-à-vis des bibliothèques privées détenues par des anonymes ? La vérité là encore, est que même si cette opinion est moins radicale et extrémiste que l’opinion précédente, elle n’en est pas moins aussi utopique.

En outre, même si ces israélismes et ces récits controuvés n’ont pas, du fait de leur caractère apocryphe, la valeur religieuse ou législative que pourrait leur conférer leurs prétentions à se réclamer du Prophète – paix et bénédiction sur lui – ou des Compagnons – que Dieu les agrée -, ils n’en gardent pas moins, aux yeux de certains chercheurs et spécialistes de la vie intellectuelle musulmane, une valeur scientifique. Ces récits témoignent en effet de la culture d’une époque, des idées en vogue parmi les sociétés d’alors, de la fécondation et de l’influence mutuelles des différentes cultures. Car les individus qui ont inventé ces récits en les attribuant au Prophète ou aux Compagnons ne vivaient pas hors de leur environnement, ni n’étaient isolés de l’air du temps. Ils influençaient au contraire les idées qui les entouraient et en étaient eux-mêmes influencés. Ce point de vue a été développé par quelque chercheur [9] dans ses écrits, mais je n’en suis pas tout à fait convaincu, et je suis en désaccord avec son auteur. Car les israélismes et les récits controuvés ont empoisonné les esprits et n’ont pas été sans dommage pour l’exégèse et le Hadith. Ils ont eu une influence néfaste dans les livres de sciences islamiques, de sorte que le tort qu’ils suscitent est bien plus important que le prétendu bénéfice que l’on pourrait en tirer.

3. Ne reste que la troisième solution, dont les partisans souhaitent que les israélismes et les récits controuvés fassent l’objet d’un inventaire dans lequel ils seraient réfutés par la raison et par la révélation. Ainsi serait démontré leur caractère exogène à l’islam et leur introduction frauduleuse parmi les autres récits islamiques authentiques. Il s’agirait d’écrire à cette fin un ou plusieurs livres qui seraient distribués à grande échelle, de sorte que tout intellectuel, tout étudiant, ou plus simplement tout lecteur, puisse en tirer avantage. De cette manière, on anéantirait les maux et les poisons des israélismes que renferment certains livres d’exégèse, et qui ont pollué de nombreux cerveaux, y compris parmi les peuples musulmans, au sein desquels ils se sont répandu à la faveur la caution islamique qu’ils ont usurpée.

Ma démarche dans cet ouvrage

Ma démarche dans cet ouvrage est la suivante. Je commencerai par introduire le sujet de mon analyse par plusieurs rappels théoriques : quelle est la définition de l’exégèse et de l’interprétation ? qu’est-ce que les israélismes ? qu’entend-on par récits controuvés ? quelle herméneutique doit être appliquée à l’interprétation du Coran ? J’aborderai ensuite les notions d’exégèses traditionaliste (avec ses subdivisions) et interprétative. Je rappellerai les critères de recevabilité de l’interprétation argumentative, avant de m’intéresser à l’introduction des récits controuvés et des israélismes dans l’exégèse traditionaliste. Je détaillerai les motifs de cette introduction ainsi que les critiques qui ont été adressées à l’encontre de cette méthode herméneutique. Je présenterai ensuite les influences néfastes qu’ont laissé ces israélismes et ces récits controuvés dans les livres d’exégèse, entre autres.

J’aborderai alors les éminents travaux initiés par les traditionnistes et les critiques en vue d’alerter les lecteurs des livres d’exégèse sur les récits controuvés et les israélismes qu’ils contiennent. Puis je présenterai les plus célèbres ouvrages d’exégèse tradtionaliste, m’attachant à souligner brièvement la valeur de chacun de ces ouvrages du point de vue de l’authenticité des récits qu’ils rapportent. Je procèderai ensuite de même avec les plus célèbres ouvrages d’exégèse interprétative recevable, pour lesquels j’indiquerai également la teneur en récits controuvés et en israélismes qu’ils recèlent. Pour tous ces ouvrages, je ne questionnerai cependant pas leur valeur scientifique à l’aune d’autres critères de jugement que ceux précédemment cités, car ce ne n’est pas mon but, ni le but qui a été fixé au présent ouvrage.

Malgré leurs longueurs, ces rappels et ces introductions sont nécessaires, afin que le lecteur soit au fait de ces différents éléments, et qu’il aborde avec aisance les analyses qui suivent et qui constituent la finalité originelle de ce livre.

J’entreprendrai alors de développer cette finalité, qui consiste à présenter les israélismes ainsi que les récits controuvés que l’on rencontre dans les livres d’exégèse, aussi bien ceux de tendance traditionaliste que ceux de tendance interprétative et argumentative. Il faut d’ailleurs savoir que cette dernière tendance n’est jamais purement interprétative : elle fait également appel à l’exégèse traditionaliste, car il ne peut en être autrement.

Mon but dans cette étude n’est pas de considérer un à un les livres d’exégèse, car ce serait une tâche longue et fastidieuse, dans laquelle il y aurait de nombreuses répétitions ou de nombreux renvois vers des éléments déjà abordés.

Je me contenterai donc de m’intéresser aux israélismes et aux récits controuvés, en les réfutant par la voie de la raison et de la révélation, m’appuyant à cette fin sur les arguments des plus éminents savants, parmi les traditionnistes et les critiques, qui constituent la référence de choix quant à l’authentification et la dévalorisation des récits, et quant à la distinction entre le bon grain et l’ivraie, entre le recevable et l’irrecevable, ces mêmes savants ayant su manier à propos la raison et la révélation. Je m’appuierai également sur les arguments d’autres érudits, qui ne sont pas des traditionnistes, mais qui se sont attaché à démontrer la nullité des israélismes et des récits controuvés par la voie de la raison et de l’analyse critique. Enfin, en sus de ces emprunts argumentaires que j’effectuerai, je proposerai mes propres éléments que j’ai pu tirer de l’étude des sciences modernes et des théories scientifiques les plus récentes et les plus solides, qui étaient inconnues des savants susmentionnés, ainsi que de mes études coraniques et hadithiques. Je signalerai l’emplacement précis de chacun de ces récits controuvés dans les livres d’exégèse qui les mentionnent sans les réfuter, ni montrer leur fausseté et leur vanité, ni même alerter sur leur caractère douteux. Le lecteur qui consultera ces commentaires exégétiques aura ainsi toutes les clés en main pour connaître la réalité de ces récits, et ne pas s’y leurrer en y accordant quelque crédit.

Je quémande à Dieu de m’inspirer de la justesse et de la sagesse dans mes propos, et de m’accorder de Sa Grâce, Lui, l’Audient, l’Exauceur.

Abû As-Sâdât
Muhammad Ibn Muhammad Abû Shahbah
Savant d’Al-Azhar Ash-Sharîf
Spécialiste des deux saints fondements : le Coran et la Sunnah

Muharram 1391 A.H. – Mars 1971 E.C.

P.-S.

Traduit de l’arabe du livre de Sheikh Muhammad Abû Shahbah, Al-Isrâ’îliyyât Wal-Mawdûʿât fî Kutub At-Tafsîr, éditions As-Sunnah, quatrième édition, 1985, téléchargeable en ligne sur le site Ef7am.com.

Notes

[1Sourate 41, Fussilat, Les Détaillés, versets 41 et 42.

[2Sourate 16, An-Nahl, Les Abeilles, verset 44.

[3Sourate 17, Al-Isrâ’, Le Voyage nocturne, verset 9.

[4Sourate 50, Qâf, verset 1. La lettre qâf est la vingt-et-unième lettre de l’alphabet arabe. Le verset liminaire de la sourate éponyme commence par cette lettre, isolée de toute construction syntaxique. NdT

[5Sourate 68, Al-Qalam, Le Calame, verset 1. La lettre nûn est la vingt-cinquième lettre de l’alphabet arabe. Le verset liminaire de la sourate Le Calame commence par cette lettre, isolée de toute construction syntaxique. NdT

[6Respectivement les neuvième, premier et troisième mois du calendrier musulman. NdT

[7Cette remarque est indubitablement vraie : si les responsables veulent faire montre de sérieux, qu’ils mettent en place toutes les ressources (bibliographiques, humaines, etc.) nécessaires pour mener à bien ce projet.

[8Hadith rapporté par Al-Bukhârî dans son Sahîh, consultable en ligne sur le site Al-Islam.com, et par Muslim, dans son Sahîh, consultable en ligne sur le site Al-Islam.com.

[9Il s’agit du Professeur Ahmad Amîn – que Dieu lui fasse miséricorde – qui a exposé ses vues à ce sujet dans deux de ses livres : Fajr Al-Islâm (L’Aube de l’Islam), page 251, et Duhâ Al-Islâm (L’Aurore de l’Islam), tome 2, page 143.

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