mercredi 4 avril 2001
Il y eut de nombreuses écoles exégétiques ayant leurs caractéristiques, leurs qualités, leurs professeurs et leurs disciples. Ainsi trouve-t-on :
ainsi que d’autres écoles qui se répandirent dans le monde musulman. L’école la plus cotée et la mieux versée dans l’exégèse était l’école de la Mecque car son professeur et sheikh n’était autre qu’Ibn ʿAbbâs, le pontife (arabe : Habr) du Coran et son Interprète (arabe : Turjumân, littéralement : traducteur). L’Imâm Ibn Taymiyah dit : "Les plus grands spécialistes en matière de tafsîr sont les Mecquois car ils sont les compagnons d’Ibn ʿAbbâs comme Mujâhid, Atâ’ Ibn Abî Rabâh, ʿIkrimah - le serviteur d’Ibn ʿAbbâs, Tâwûs, Abû Ash-Shaʿthâ’, Saʿîd Ibn Jubayr et leurs semblables. Il y a également les Kûfiotes parmi les compagnons d’Ibn Masʿûd et les savants de Médine dans le domaine du tafsîr comme Zayd Ibn Aslam qui enseigna à l’Imâm Mâlik le tafsîr ainsi qu’à son propre fils et à ʿAbdullâh Ibn Wahb." [1] Je me limiterai à la présentation des plus grandes figures des écoles de la Mecque, de Médine, d’Iraq, de Syrie, d’Égypte et du Yémen
L’affranchi d’As-Sâ’ib Ibn Abî As-Sâ’ib, il naquit en l’an 21 A.H. Il est l’un des élèves les plus brillants d’Ibn ʿAbbâs et celui qui l’accompagna le plus longtemps parmi eux. Al-Fadl Ibn Maymûn dit : J’entendis Mujâhid dire : "J’ai exposé le Coran trente fois à Ibn ʿAbbâs." On relate aussi qu’il dit : "J’exposai le Coran à Ibn ʿAbbâs trois fois m’arrêtant à chaque verset et l’interrogeant à quel sujet il fut révélé et de quelle façon." [2]
Ibn Jarîr citant la chaîne de garants narre qu’Ibn Abî Malîkah dit : "je vis Mujâhid interroger Ibn ʿAbbâs au sujet de l’exégèse du Coran portant avec lui des tablettes. Alors Ibn ʿAbbâs lui ordonnait d’écrire jusqu’à ce qu’il l’eut interrogé sur le Coran en entier." C’est pourquoi l’Imâm Sufyân Ath-Thawrî dit : "Si tu reçois le tafsîr selon Mujâhid alors ne cherche pas davantage." Ibn Taymiyah dit : "C’est pour cette raison qu’Ash-Shâfiʿî se basa sur son tafsîr et ainsi firent Al-Bukhârî et d’autres savants." [3] As-Suyûtî dit dans Al-Itqân : "La plupart des narrations citées par Al-Faryâbî dans son exégèse viennent de lui et il cita peu Ibn ʿAbbâs ou d’autres (savants)"
Il décéda à la Mecque alors qu’il était prosterné en l’an 102 A.H.
L’affranchi des Banû Wâlibah, un clan de Banû Asad Ibn Khuzaymah, il puisa le savoir auprès d’Ibn ʿAbbâs, Ibn ʿUmar et ʿAbdullâh Ibn Mughaffal Al-Muzannî et d’autres. Il fut l’un des disciples d’Ibn ʿAbbâs, et habilité par son école. Ses débuts furent en tant que scribe de ʿAbdullâh Ibn ʿUtbah Ibn Masʿûd puis celui d’Abû Burdah Al-Ashʿarî. Puis ,il se consacra à la science jusqu’à ce qu’il devienne un Imâm et un savant.
Sufyân Ath-Thawrî dit : "Apprenez le tafsîr d’après quatre personnes : Saʿîd Ibn Jubayr, Mujâhid Ibn Jabr, ʿIkrimah et Ad-Dahhâk." Qatâdah dit : "Les hommes les plus savants étaient au nombre de quatre : ʿAtâ’ Ibn Abî Rabâh - le savant du culte (al-manâsik), Saʿîd Ibn Jubayr - le savant du tafsîr, ʿIkrimah - le spécialiste des biographies, et Al-Hasan - le savant du licite et de l’illicite."
Lorsque ʿAbd Ar-Rahmân Ibn Al-Ashʿath se rebella contre ʿAbd Al-Malik Ibn Marwân, Saʿîd Ibn Jubayr se joignit à lui. Après l’assassinat de ʿAbd Ar-Rahmân et la défaite de ses alliés, Saʿîd se réfugia à la Mecque. Alors, le gouverneur Khâlid Ibn ʿAbdillâh Al-Qasrî l’arrêta et l’envoya à Al-Hajjâj qui l’assassinat." Ceci eut lieu vers le milieu de l’an 95 A.H. Par ce qui crime abject, Al-Hajjâj mérita la colère de Dieu et des hommes. L’Imâm Ahmad dit : "Al-Hajjâj assassinat Saʿîd Ibn Jubayr alors que nul ne pouvait se dispenser de son savoir." Que Dieu l’agrée et lui donne satisfaction.
Il est originaire d’Al-Janad la ville du Yémen où s’installa l’émissaire du Prophète - que les salutations de Dieu et Ses bénédictions soient sur lui - Muʿâdh Ibn Jabal. Il s’installa à la Mecque et y vécut. Il atteignit le rang d’Imâm et de juriste et devint le Muftî de la Mecque. Ibn ʿAbbâs dit à son sujet aux habitants de la Mecque : "Vous vous rassemblez autour de moi alors que vous avez ʿAtâ’ ?" Nous avons cité précédemment la parole de Qatâdah à son sujet.
L’Imâm des jurisconsultes Abû Hanîfah An-Nuʿmân dit : "je n’ai vu personne mieux que ʿAtâ’ Ibn Abî Rabâh". Il est l’une des figures saillantes de l’école mecquoise du tafsîr. Il décéda en 114 A.H.
Il s’agit Abû ʿAbdillâh, ʿIkrimah Ibn Al-Barbarî, l’un des illustres Imâms. Ibn ʿAbbâs prit soin de son éducation et de sa culture dès son enfance et il fut parfois dur avec lui pendant son éducation. ʿIkrimah dit : "Ibn ʿAbbâs m’attachait une chaîne au pied et m’enseignait le Coran et les traditions". Il disait aussi : "Tout ce que je vous dis au sujet du Coran, je le tiens d’Ibn ʿAbbâs". Il dit également : "J’ai interprété ce qu’il y a entre les deux couverture" c’est-à-dire tout le Coran.
Les savants divergent à son sujet entre défenseurs et détracteurs mais la plupart d’entre eux le jugent fiable et juste. Il lui suffit comme appui le fait que l’Imâm Al-Bukhârî transmit des narrations venant de lui dans son Sahîh. [4] Ceux qui voudraient plus de certitude à son sujet peuvent se reporter aux écrits de l’Imâm Al-Hâfidh Ibn Hajar dans l’introduction du Fath. [5]
Quelques grands Imâms témoignèrent de ses mérites. Ash-Shaʿbî dit : "Il ne reste personne connaissant le Livre de Dieu mieux que ʿIkrimah". Il décéda en 105 A.H.
La Médine fut, après l’hégire, la demeure de l’Islam et son centre névralgique du vivant du Prophète - que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui. Puis, après le décès du Prophète, elle devint la capitale du caliphat musulman bien guidé et ce, jusqu’en l’an 40 A.H. approximativement. Quand le pouvoir passa aux mains des Omeyyades et qu’ils eurent transféré la capitale de leur royaume à Damas, la Médine garda son statut privilégié et resta l’un des grands centres du savoir. En effet, la majorité des Compagnons y demeura, ceux-là mêmes dont puisèrent les Successeurs. Le grand professeur de cette école fut Ubayy Ibn Kaʿb et parmi les savants les plus réputés de cette école d’exégèse, il y a :
Son père était le serviteur de notre maître ʿUmar Ibn Al-Khattâb. Zayd puisa le savoir auprès de son père et auprès de ʿAbdullâh Ibn ʿUmar, Aïshah et bien d’autres. Il enseigna le savoir et l’exégèse à son fils ʿAbd Ar-Rahmân Ibn Zayd Ibn Aslam ainsi qu’à l’Imâm Mâlik Ibn Anas - l’Imâm de Médine. Il décéda en 136 A.H.
Il s’appelle Rufayʿ Ibn Mahrân Ar-Riyâhî. [6] Il connut le temps de la jâhiliyyah [7] et embrassa l’Islam deux ans après la mort du Prophète. Il narra la tradition de la part de ʿAlî, Ubayy Ibn Kaʿb, Ibn ʿAbbâs, Ibn ʿUmar et d’autres. Rapportèrent de lui Budayl ibn Maysarah, Saʿîd Ibn Abî ʿArûbah et d’autres. Le jugèrent fiable (thiqah) Ibn Maʿîn, Abû Zurʿah et Abû Hâtim.
Il est l’un des grands Successeurs (kibâr at-tâbiʿîn). On relate qu’il dit : "Je récitai le Coran du temps de ʿUmar trois fois." Ibn Abî Dâwûd dit de lui : "Nul après les Compagnons ne connaît la récitation mieux que Abû Al-ʿÂliyah." Il narra de la part d’Ubayy Ibn Kaʿb une somme de traditions relatives à l’exégèse, transmise après lui par Ar-RabîʿIbn Anas et Abû Jaʿfar Ar-Râzî. Cette somme est authentique comme nous l’avons précisé dans la présentation d’Ubayy.
Il décéda en 90 A.H. [8]
Il s’appelle Abû Hamzah ou Abû ʿAbdillâh, Muhammad Ibn Kaʿb Al-Quradhî Al-Madanî. Il narra de la part de ʿAlî, Ibn Masʿûd, Ibn ʿAbbâs et d’autres et aussi de la part d’Ubayy Ibn Kaʿb avec un intermédiaire.
Ibn Saʿd dit à son sujet : "Il était fiable (thiqah), savant, abondant en hadîth et très pieux." Il est l’un des hommmes des six recueils. Ibn ʿAwn dit de lui : "Je n’ai jamais vu meilleur connaisseur de l’interprétation du Coran qu’Al-Quradhî." Il décéda en 118 A.H. à l’âge de 71 ans selon certaines narrations.
L’une des Ecoles qui acquirent une forte compétence scientifique, ses disciples étaient aussi bien à Baghdâd qu’à Kûfah qu’à Bassorah (Al-Basrah). Le grand professeur de cette école fut ʿAbdullâh Ibn Masʿûd. Quand notre maître ʿUmar nomma ʿAmmâr Ibn Yâsir en tant que gouverneur de Kûfah, il envoya avec lui ʿAbdullâh Ibn Masʿûd en qualité de professeur et de ministre.
Les habitants d’Iraq puisèrent de son savoir incessamment et furent influencés par sa technique d’ijtihâd (effort de réflexion permettant de déduire des jugements non explicités dans les sources) en termes de jurisprudence, commandements (ahkâm) et tafsîr c’est-à-dire la liberté d’opinion en matière d’ijtihâd, une attitude bien avisée et souple vis-à-vis des Textes. On relate que Masrûq dit : "Je trouvai le savoir des Compagnons du Prophète - que les salutations de Dieu et Ses bénédictions soient sur lui - réuni dans six d’entre eux : ʿUmar, ʿAlî, Ubayy, Zayd, Abû Ad-Dardâ’ et ʿAbdullâh Ibn Masʿûd. Le savoir de ces six se trouvait synthétisé en deux d’entre eux : ʿAlî et ʿAbdullâh i.e. Ibn Masʿûd." Dans une autre variante, il cita Abû Mûsâ au lieu de Abû Ad-Dardâ’. [9] Mais les guerres ne laissèrent pas de temps à Abû Al-Hasan, ʿAlî pour la narration et le leadership scientifique après le caliphat. De ce fait, le leadership alla à Ibn Masʿûd.
Parmi les disciples les plus connus de cette école, on cite :
Abû ʿAïshah, Masrûq Ibn Al-Ajdaʿ Ibn Mâlik ibn Umayyah Al-Hamdânî Al-Kûfî, le dévot, le savant qui oeuvre. Il narra de la part des quatre caliphes et d’Ibn Masʿûd, Ubayy Ibn Kaʿb et d’autres. Il était le plus savant parmi les compagnons d’Ibn Masʿûd et celui qui puisa le plus de lui.
ʿAlî Ibn Al-Madînî dit : "Je n’avance aucun des compagnons de ʿAbdullâh (Ibn Masʿûd) sur Masrûq." Ash-Shaʿbî dit : "Je n’ai vi personne plus avide de science que lui." Ibn Maʿîn dit à son sujet : "Il est fiable et au-dessus de toute interrogation." Les auteurs des six recueils transmirent ses narrations. On relate de sa part de nombreuses narrations en matière d’exégèse, narrations qu’il tint de son maître Ibn Masʿûd. Aussi on relate qu’il dit : "ʿAbdullâh - i.e. Ibn Masʿûd - nous récitait la sourate puis nous en parlait et l’interprétait à longueur de journée."
Il décéda en 63 A.H. selon l’opinion la plus valide.
Il s’agit de Abû Al-Khattâb, Qatâdah Ibn Diʿâmah As-Sadûsî Al-Akmah [10], d’origine arabe, habitant Bassorah. Il narra d’après certains Compagnons et Successeurs. il avait une connaissance étendue en poésie arabe, ainsi que les périples des Arabes et leurs généalogies. Expert en langue arabe, il devint très connu dans le domaine du tafsîr.
Saʿîd Ibn Al-Musayyib dit à son sujet : "Je n’ai poitn vu un iraqien meilleur mémorisateur (du Coran) que Qatâdah." Il servit d’argument pour les auteurs des six recueils (pour trancher certaines questions) mais il s’engagea au sujet de la prédestination alors que le Prophète dit : "Quand on parle de prédestination, abstenez-vous." De ce fait, certains savants évitèrent de se référer à lui. Il décéda en 117 A.H.
Il s’agit de Abû Saʿîd, Al-Hasan Al-Basrî, l’affranchi des Ansârs. Sa mère est Khayrah, la servante d’Umm Salamah. Il naquit deux ans avant la fin du caliphat de ʿUmar et grandit dans Wadî Al-Qurâ. Il avait une langue pure. Il était un pieux, un ascète et un prédicateur sans pareil. Il narra d’après certains Compagnons et Successeurs, et de nombreux Successeurs rapportèrent de lui. Ibn Saʿd dit de lui : "Al-Hasan était une somme, un savant élevé et un juriste. Il était fiable, honnête, dévot, au savoir abondant et à la langue pure. Il était beau et ??."
On dit qu’il doit la pureté de sa langue pour s’être nourri au sein de la Mère des Croyants Umm Salamah, la maîtresse de sa mère. [11] On dit qu’il est le meilleur Successeur. On transmit de lui de nombreuses traditions qui furent examinées par les savants critiques qui distinguèrent les narrations authentiques des narrations faibles. Il décéda en 110 A.H.
Il s’agit de Abû Ismâʿîl, Murrah Ibn Shurâhîl Al-Kûfî, le dévot. On l’appelait Murrah At-Tayyib (le Bon) et Murrah Al-Khayyir (le Bienfaisant) tellement il faisait preuve de dévotion et d’extrême piété. Il narra de la part d’Abû Bakr, ʿUmar, ʿAlî, Ibn Masʿûd et d’autres. Ash-Shaʿbî et d’autres rapportèrent de lui. Ibn Maʿîn et d’autres Imâms d’al-jarh wat-taʿdîl (la Critique des Narrateurs) le déclarèrent fiable. Les Auteurs des six recueils citèrent ses narrations. Il était l’un des savants réputés de l’exégèse du Coran. Il décéda en 76 A.H.
Il s’agit d’Ad-Dahhâk Ibn Muzâhim Al-Hilâlî, l’affranchi de Khurâsân des Banû Hilâl. Il narra la tradition d’après certains Compagnons et puisa de leur savoir. Ahmad Ibn Hanbal, Ibn Maʿîn et Abû Zurʿah le déclarèrent fiable. Il était connu dans le domaine du tafsîr. Il décéda en 105 A.H.
Y étaient connus :
Al-Fârûq, ʿUmar ibn Al-Khattâb, l’envoya en Syrie pour éduquer les foules et leur enseigner le Coran et la Sunnah. Il rencontra Muʿâdh ibn Jabal et transmit de lui. il était d’une grande valeur, un véridique et un noble. Il décéda en 78 A.H.
Il fut le 8ème caliphe des Omeyyades. Il naquit à Médine et grandit en Égypte. Il narra la tradition de la part de Anas Ibn Mâlik et de nombreux autres Successeurs. Il était un Imâm, un juriste (faqîh), un fin connaisseur du Coran et des Sunan (pluriel de sunnah), d’une grande valeur en science, et un ascète soumis à Dieu.
Il était comparé à ʿUmar Ibn Al-Khattâb pour sa justice, comparé à Al-Hasan Al-Basrî pour son détachement des biens matériels, et comparé à Az-Zuhrî pour son savoir. Mujâhid dit : "Nous vinmes lui enseigner mais très vite nous apprîmes de lui." Il est le principal instigateur de la compilation des sunan et des hadîths. Il décéda en 101 A.H.
Le Sheikh des habitants de Syrie et leur savant. Il narra la tradition de la part de Muʿâwiyah, ʿAbdullâh Ibn ʿUmar, Jâbir et d’autres. Ibn Sa’ d dit : "Rajâ’ était un homme noble, fiable, ayant une science abondante." Il décéda en 113 A.H.
Nous l’aborderons en détail ultérieurement in shâ’a Allâh mettant en évidence ses mérites et ce qu’on lui repproche.
Y furent connus pour leur science, narration et exégèse :
Il était le savant de son temps en Égypte. Al-Layth ibn Saʿd dit à son égard : "Yazîd est notre savant et maître." Il est l’une des trois personnes chargées de la fatwa en Égypte par ʿUmar Ibn ʿAbd Al-ʿAzîz. D’origine berbère, son père vient de Danqalah. Il grandit en Égypte et décéda en 128 A.H.
Il transmit la tradition de la part d’Abû Ayyûb Al-Ansârî, Abû Basrah Al-Ghifârî, et ʿUqbah Ibn ʿÂmir Al-Jahmî. Il décéda en 90 A.H.
Les figures connues de cette école furent :
Il narra la tradition de la part de Zayd Ibn Thâbit, ʿAïshah, Abû Hurayrah et d’autres. ʿAmr Ibn Dînâr dit à son sujet : "Je n’ai vu personne comme Tâwûs." Adh-Dhahabî dit : "Tâwûs était le maître (sheikh) des habitants du Yémen." Il accomplissait souvent le pèlerinage et d’est ainsi qu’il décéda à la Mecque en 106 A.H. Il a de nombreuses opinions en matière de tafsîr du Noble Coran.
Le savant du Yémen, il narra de la part d’Ibn ʿUmar, Ibn ʿAbbâs, Jâbir et d’autres. Il était fiable. Il décéda en 114 A.H. On rapporta de lui de très nombreuses traditions comprises dans les livres des Gens du livres. Nous eb parlerons en détail plus loin.
Après cette génération, des exégèses furent rédigées compilant les propos des Compagnons et Successeurs comme l’exégèse de Sufyân Ath-Thawrî qui décéda en 161 A.H., celle de Sufyân Ibn ʿUyaynah décédé en 198 A.H., Wakî ʿIbn Al-Jarrâh décédé en 196 A.H., Shuʿbah Ibn Al-Hajjâj décédé en 160 A.H., Yazîd Ibn Hârûn décédé en 206 A.H., Abd Ar-Razzâq As-Sanʿânî décédé en 211 A.H., Âdam Ibn Abî Iyâs, Ishâq Ibn Râhuweih décédé en 238 A.H., Rawh Ibn ʿUbâdah, ʿAbd Ibn Humayd décédé en 149 A.H., Sunayd [12] décédé en 220 A.H., Abû Bakr Ibn Abî Shaybah décédé en 235 A.H. et dautres encore.
Il semble que ces exégèses étaient indépendantes du hadîth et qu’à cette époque, Il y avait deux manières de rédiger le tafsîr : celle consistant à inclure le tafsîr dans les ouvrages de hadîth et celle lui consacrant des ouvrages indépendants.
Puis suivirent d’autres générations qui produisirent des écrits en matière de tafsîr comme l’Imâm Ahmad Ibn Hanbal décédé en 241 A.H., Al-Bukhârî décédé en 256 A.H., Baqiyy Ibn Mukhallad Al-Qurtubî décédé en 279 A.H., Ibn Mâjah décédé en 273 A.H., puis Muhammad Ibn Jarîr At-Tabarî décédé en 310 A.H. et Ibn Abî Hâtim décédé en 327 A.H., puis Al-Hâkim décédé en 405 A.H., Ibn Mardaweih décédé en 401 A.H. et Abû Ash-Shaykh Ibn Hayyân et d’autres.
Leur exégèse contenait une compilation de récits attribués aux Compagnons et Successeurs et leurs successeurs et rien d’autre à l’exception du tafsîr d’Ibn Jarîr qui s’appuyait aussi sur des arguments linguistiques basés sur la poésie pour expliquer le sens des termes employés dans le Coran et pour arbitrer entre différents récits et pour préférer les uns par rapport aux autres. Il s’appuyait également sur la grammaire et la déduction et c’est en cela qu’il surpassait les autres.
Il semble que pendant le troisième siècle de l’hégire le tafsîr ne se soit pas encore complètement détaché du hadîth et qu’il y avait dans ce domaine deux approches : celle consistant à rédiger le tafsîr comme partie intégrante du hadîth et celle consistant à l’écrire indépendamment. La meilleure preuve en est l’inclusion par l’Imâm Al-Bukhârî d’un tome sur le tafsîr équivalent au dixième de son ouvrage le Sahîh. Par ailleurs, il rédigea un livre indépendant consacré au tafsîr intitulé Kitâb At-Tafsîr. De même, Ibn Jarîr At-Tabarî choisit l’indépendance dans sa rédaction du tafsîr et ainsi firent Ibn Abî Hâtim, Ibn Mardaweih, et Al-Hâkim.
Ensuite des gens nombreux s’occupèrent de tafsîr. Il abrégèrent les chaînes de garants et transmirent des récits sans les attribuer à leurs narrateurs. Puis, les narrations intruses devinrent plus nombreuses qu’auparavant et le faible se mêla à l’authentique. Tout un chacun ayant une opinion la citait et celui qui avait une idée l’agréait. Puis ceux qui vinrent après eux transmirent ces récits pensant qu’ils avaient une origine crédible sans prêter attention aux recensions des narrations venant du pieux salaf et des fugures sailantes et fiables dans le domaine du tafsîr.
Les exégètes se passionnèrent pour l’abondance des récits au point que certains mentionnèrent dix avis au sujet du verset (de sourate al-fâtihah) : "non pas de ceux qui ont encouru Ta colère, ni des égarés" alors que son interprétation est "les juifs et les chrétiens" d’après les narrations transmises du Prophète - que la paix et les bénédictions d’Allâh soient sur lui - et de tous les Compagnons et Successeurs et leur Successeurs. D’ailleurs, Ibn Abî Hâtim dit : "A ma connaissance, il n’y a aucune divergence entre les exégètes à ce sujet." [13]
L’omission des chaînes de garants (isnâd, pluriel : asânîd) favorisa la propagation des légendes israélites dans les livres d’exégèse et la circulation des narrations inventées et mensongères car la mention des chaînes de garants suffit souvent à déterminer la faille, l’emplacement du défaut et qui en est à l’origine.
Puis des ouvrages furent écrits comprenant en grande partie du ta’wîl (interprétation personnelle) et l’exégèse selon l’effort de réflexion par des savants qui excellèrent dans certaines sciences. Parmi eux, certains appartenaientà ahl as-sunnah wal-jamâʿah et d’autres étaient égarés et innovateurs. Chacun infléchissait l’interprétation vers le domaine où il excellait :
Certains savants des temps récents firent de nombreuses digressions citant les arguments des uns et les objections des autres dans toutes les questions. Ceci leur était possible du fait de leur postériorité et l’étendu de leur connaissance des opinions de leurs prédecesseurs et leurs écrits au point qu’ils mentionnèrent sur certaines questions l’équivalent d’un opuscule. De ce fait, leurs ouvrages englobaient tout et étaient la synthèse des opinions de leurs prédecesseurs dans le domaine du tafsîr et d’autres domaines, on peut même dire qu’il s’agit d’une encyclopédie du tafsîr et c’est ce que fit l’Imâm valeureux Al-Alûsî dans son illustre tafsîr. [15]
Les adeptes des rites inventées tels que les shiites, les muʿtazilah et leurs semblables détournèrent le tafsîr en faveur de leurs rites et, pour ce faire, ils trahirent certains versets et les déformèrent sans considérations de leur sens dénoté et sans respect des règles de grammaires et des fondements de la jurisprudence. Chaque fois qu’une idée farfelue leur traversait l’esprit, ils en usaient et chaque fois qu’ils trouvaient un passage offrant la moindre possibilité de mettre en avant leurs innovations ou soutenir leur rite, ils s’empressaient d’en faire usage.
Il y a parmi ces tafsîrs de très nobles ouvrages qui rendirent d’énormes services au Coran telle que Al-Kashshâf de l’Imâm Az-Zamakhsharî. Sans les opinions muʿtazilites qu’il renferme, il serait le meilleur tafsîr dans son genre. L’Imâm Al-Balqînî dit : "Je sortis d’Al-Kashshâf du muʿtazilisme imperceptible comme pour le verset : Quiconque donc est écarté du Feu et introduit au Paradis, a certes réussi, [16] Az-Zamakhsharî dit : ’et quelle plus grande réussite que de rentrer au Paradis ?’ sous-entendant que l’on verra pas Dieu dans la demeure dernière, ce qui est conforme à leur madhhab."
Il y a également des exégèses non avenues égarées et égareuses comme celles des bâtiniyyah [17], des rawâfid [18], certains aspirants au soufisme (mutasawwifah), et les renégats [19], car ils déformèrent la parole de Dieu et faussèrent son sens et allèrent contre les règles de la linguistique et de la jurisprudence et attribuèrent à Dieu ce qu’Il n’a jamais voulu dans Son Livre "Seuls forgent le mensonge ceux qui ne croient pas aux versets d’Allâh" [20]
On cite comme exemple de tafsîr des bâtiniyyah que le verset "Et Salomon hérita de David" [21] signifie que ʿAlî hérita de la science du Prophète et ils disent : la Kaʿbah c’est le Prophète et sa porte c’est ʿAlî, et d’autres mensonges similaires. Ils disent aussi que le verset : "Il a donné libre cours aux deux mers pour se rencontrer" [22] fait référence à ʿAlî et Fâtimah et que "De ces deux (mers) sortent la perle et le corail" [23] fait référence à Al-Hasan et Al-Husayn et que "Dieu vous demande d’égorger une vache" [24] désigne ʿÂ’ishah ainsi que d’autres distortions des textes coraniques. [25]
Parmi les exégèses des renégats [26], on cite au sujet de la parole du Prophète Ibrâhîm - que la Paix soit sur lui : "mais afin que mon cœur soit rassuré" [27] qu’ils dirent qu’il avait un ami qu’il qualifia comme étant "son coeur", et au sujet de "Ne nous charge pas d’un fardeau que nous ne pouvons supporter" [28] qu’il s’agit de l’amour et de la passion ainsi que d’autres divagations et distortions du Noble Coran.
Parmi les distorsions de certains prétendants au soufisme de la parole d’Allâh, on cite le propos de certains selon lequel le verset "man dhâ Alladhî yashfaʿu ʿindahu illâ bi’idhnih" signifie "man dhalla dhî yashfa ʿû" [29] Quand on interrogea l’Imâm Sirâjuddîn Al-Balqînî sur le statut de celui qui tint ce propos, il décréta qu’il s’agit d’un renégat. Allâh exalté soit-Il dit : "Ceux qui dénaturent le sens de Nos versets ne Nous échappent pas" [30] Ibn ʿAbbâs dit : c’est le fait de sortir la parole de son sens (d’en faire un usage déplacé) et nous nous contenterons des exemples précédents dans ce domaine.
Il s’agit en fait de divagations et de distortions du Coran lequel fut révélé par Dieu dans une langue arabe explicite, et un détournement de sons sens apparent dénoté linguistiquement et juridiquement. Ces gens sont plus nocifs pour l’islam que ses ennemis déclarés. En effet, l’ennemi qui se cache derrière le shiisme ou le tasawwuf ou leur semblables est pire que l’ennemi déclaré. Le Prophète - que les salutations de Dieu et Ses bénédictions soient sur lui - annonça la venue de ces sectes égarées, égareuses, qui déforment le Livre d’Allâh. Il dit selon la narration de Hudhayfah que : "Dans ma nation, il y a des gens qui lisent le Coran et en rejettent des partie comme on jette les mauvaises dattes et ils interprètent le Coran autrement que par sa signification." Ces gens tentèrent d’appuyer leurs opinions et madhâhib en attribuant des mensonges au Prophète et à ses nobles Compagnons. Ainsi, ils incorporèrent dans leurs exégèses de nombreuses narrations controuvées.
Traduit de l’arabe de l’ouvrage de Sheikh Mohammad Abû Shahbah intitulé Al-Isrâ’îliyyât wal-mawdûʿât fî Kutub At-Tafsîr ("Les Israélismes et les récits controuvés dans les ouvrages d’exégèse"), aux éditions Maktabat As-Sunnah, 4ème édition, pp. 63-77, Le Caire, Égypte, 1988.
[1] Introduction aux Fondements de l’Exégèse, pp. 23-24.
[2] Il n’y a pas de contradiction entre les deux récits car, dans le premier, il s’agissait uniquement de récitation, alors que dans le second, il lui exposait l’exégèse également.
[3] Introduction aux Fondements de l’Exégèse, p. 7.
[4] L’Imâm Muslim lui narra un hadîth unique concernant le pèlerinage, en parallèle avec Saʿîd Ibn Jubayr. Muslim le délaissa uniquement à cause de la critique de Mâlik à son égard alors que Mâlik lui-même le cita et explicita son nom dans le Muwatta’ concernant le pèlerinage Il privilégia même sa narration d’Ibn ʿAbbâs sur celle de ʿAtâ’ dans cette question précise bien qu’il soit l’un des plus nobles Successeurs.
[5] Fath Al-Bârî, Volume 1, pp. 148-152.
[6] Al-Hafidh dit dans At-Taqrîb : Rufayʿ- suivant le schème du diminutif, il est fiable et fait beaucoup d’irsâl. Il appartient à la seconde génération. Il mourut en 90 A.H., et d’après d’autres récits en 93, et on dit plus tard encore. Il possède plusieurs rapporteurs.
[7] La jâhiliyyah désigne la période anté-islamique.
[8] Il existe un autre Abû Al-ʿÂliyah : Al-Barrâ’ Al-Basrî, il s’appelle Ziyâd Ibn Fayrûz, selon certains récits. Al-ʿIjlî dit à son sujet : un Successeur fiable. il décéda au mois de Shawwâl de l’an 90 A.H.
[9] Les Sciences du Hadîth d’Ibn As-Salâh pp. 262-263.
[10] Al-Akmah, l’aveugle de naissance.
[11] La Mère des Croyants Umm Salamah n’avait pas d’enfant nourisson à cette époque, mais il se peut que son sein lui ait spécialement produit du lait.
[12] i.e. Al-Husayn Ibn Dâwûd Al-Masîsî, il a un tafsîr musnad.
[13] Al-Itqân fî ʿUlûm Al-Qur'ân, Volume ?, p. 190, Introduction aux fondements de l’exégèse, pp. 33-34.
[14] il s’agirait d’Ibn ʿAtiyyah.
[15] Al-Itqân, Volume 2, p. 190.
[16] Sourate 3, Âl ʿImrân, verset 185.
[17] al-bâtiniyyah, l’une des sectes égarées qui dirent que le Coran a un sens apparent et un sens caché et que c’est le sens caché qui est voulu et non pas le sens apparent et que le sens caché est au sens apparent ce que la pulpe est à la pelure.
[18] ar-rawâfid, une secte shiite abusive qui rejetèrent l’imâmat des deux Shaykhs Abû Bakr et ʿUmar et les accusèrent de mécréance.
[19] Des gens qui se sont écartés de la vérité et qui attaquent l’islam en propageant des opinions égarées et des idées factices. C’est la secte la plus nocive pour l’islam car ils se disent musulmans et trompent les gens par leurs opinions. Parmi eux, on compte les batiniyyah et leurs semblables comme les déviants parmi les mutasawwifah.
[20] Sourate 16, An-Nahl, verset 105.
[21] Sourate 16, An-Nahl, Les abeilles, verset 27.
[22] Sourate 55, Ar-Rahmân, Le Miséricordieux, verset 19.
[23] Sourate 55, Ar-Rahmân, Le Miséricordieux, verset 22.
[24] Sourate 2, Al-Baqarah, verset 67.
[25] Introduction aux fondements de l’exégèse, p. 38.
[26] al-mulhidah : les renégats.
[27] Sourate 2, Al-Baqarah, verset 260.
[28] Sourate 2, Al-Baqarah, verset 286.
[29] un jeu de mots consistant à séparer les syllabes de certains mots et les reconstituer autrement...
[30] Sourate 40, Ghâfir, Le Pardonneur, verset 41.
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