dimanche 20 mai 2001
De même, Dieu inspira à la mère de Moïse de le jeter dans le fleuve afin qu’il soit sauvé. La dernière chose à laquelle un père ou une mère pourrait penser pour sauver son enfant est de le jeter dans l’eau... L’enfant était impuissant, petit, nouveau-né. Le jeter dans l’eau l’exposait à l’attaque d’un oiseau de proie alors qu’il est incapable de se défendre. Une petite vague aurait pu renverser le panier dans lequel il était et il se serait noyé immédiatement car il ne sait pas nager et ne peut rien faire s’il venait à tomber dans l’eau. Et s’il n’était pas tombé dans l’eau, la pluie aurait pu remplir son panier et il serait mort asphyxié ou noyé. Le vent aurait aussi pu renverser son panier et il se serait noyé.
Bref, il y a toutes sortes de dangers dans le fait de jeter Moïse dans le fleuve, tout sauf la possibilité qu’il survive. La raison, la logique et le bon sens suggèrent que si la mère de Moïse voulait le sauver, elle aurait pu tout faire sauf le jeter dans l’eau. Elle aurait pu le cacher dans un endroit lointain ou émigrer avec son fils à l’extérieur de l’Égypte ou le cacher dans un endroit secret dans sa maison que les soldats de Pharaon n’auraient pu trouver. Mais Dieu lui commanda de le jeter dans le fleuve où il avait davantage de chance de périr que de survivre. Il était exposé à la noyade, aux oiseaux de proie, aux vents forts. Dieu fit de tous ces dangers le seul moyen sûr de délivrer Moïse. Pourquoi ? Parce que c’est Dieu qui agit. Et là, les principes de causalités, et le bon sens, sont inopérants et le fait de le jeter devient délivrance, sécurité et quiétude...
Revenons donc aux miracles. Chaque Prophète produit pour son peuple un miracle ayant trait à leur domaine d’excellence. Le peuple de Moïse excellait en sorcellerie alors Moïse vint avec un miracle en sorcellerie et défia son peuple. Les premiers à avoir cru en lui étaient les sorciers eux-mêmes. Pour quelle raison ? Car ce sont eux qui effraient les regards des gens et les ensorcellent. Quand ils virent le miracle de Moïse, ils étaient les plus à même de le comprendre et de se prosterner devant le miracle car ils virent l’énorme différence entre la puissance de Dieu et la puissance des hommes et car ils furent impressionnés par sa manière de faire face à la sorcellerie où ils excellaient avec ce que Dieu lui avait donné : "Les sorciers se prosternèrent précipitamment, ils dirent nous crûmes au Dieu de l’univers, le Dieu de Moïse et Hârûn [Aaron]".
Ainsi les premiers à avoir cru furent ceux qui maîtrisaient le domaine du miracle, ceux-là mêmes que Dieu voulut défier dans leur spécialité. Quand ils mesurèrent la grandeur du défi, ils se prosternèrent précipitamment. Pourquoi ? Car ils possèdent un fragment du savoir terrestre en matière de sorcellerie... "Seuls craignent Dieu les savants parmi Ses serviteurs". Quand ils virent le miracle, ils furent émerveillés et sentirent combien il était imposant et sentirent qu’il venait de Dieu - Gloire à lui Ils oublièrent donc Pharaon et ses promesses, ils oublièrent l’or et l’argent et des honneurs qui les attendaient ici-bas. Ils oublièrent même le châtiment que Pharaon allait leur infliger et qu’il était un tyran. Tout ceci s’évanouit quand ils virent le miracle. Ils se prosternèrent précipitamment alors qu’ils étaient élus par Pharaon pour défier le miracle de Dieu et la religion de Dieu. Ce sont ceux-là mêmes qui se sont prosternés devant cette religion.
Tel est le miracle dans toute sa beauté. On s’en rend compte quand on sait que l’on avait promis aux sorciers les honneurs, le pouvoir et la fortune et qu’ils étaient les associés de Pharaon et prêchaient en sa faveur et qu’ils auraient bénéficié d’une grande influence dans ce bas-monde s’ils avaient triomphé ou s’ils avaient accusé Moïse d’une quelconque accusation répandue par Pharaon et ses soldats. Mais ils étaient dépassés et bouche-bée devant le miracle et ils se prosternèrent aussitôt. Ils délaissèrent toutes les promesses en sus du châtiment de Pharaon quand ils virent l’un des signes de Dieu.
De même, Jésus - que les salutations et les bénédictions de Dieu soient sur lui - fut envoyé à un peuple qui maîtrisait la médecine. Il guérit l’aveugle-né et le lépreux et, de surcroît, il ressuscita les morts par la permission de Dieu. Donc, Jésus défia son peuple dans leur domaine d’excellence et leur apporta ce qui dépassait largement leur science et y ajouta la résurrection des morts par la permission de Dieu. Ainsi, le défi s’inscrivait dans le domaine de compétence de son peuple.
Mohammad - que les salutations et les bénédictions de Dieu soit sur lui - vint alors que les Arabes rivalisaient en éloquence et rhétorique. Il leur apporta un miracle dans leur domaine de spécialité à savoir l’éloquence du Coran qui les mit au défi et les dépassa totalement. Alors ils traitèrent le Prophète de sorcier, puis de fou... Mais nous aborderons le miracle du Coran en détail dans les prochains chapitres sachant que l’aspect miraculeux du Coran n’est pas uniquement linguistique. Il présente de nombreuses facettes tenant au miracle qui constitue un défi pour les hommes et les djinns jusqu’au Jour de la Résurrection Le Coran poursuit ses dons au fil des générations.
Si le miracle est, de manière générale, une entorse aux normes doublée d’un défi sans que personne ne puisse le rejeter, il y a certains miracles qui font une entorse aux normes et qui ne visent pas le défi. Autrement dit, Dieu - Exalté soit-Il - ne défie pas les hommes par ces miracles et ne leur demande pas de produire quelque chose de comparable. Ces miracles ne visent qu’à prouver que la puissance divine dans l’univers qu’Il a créé n’a aucune limite. Ainsi l’homme renonce-t-il à soumettre toutes choses aux principes de causalité. Le croyant au contraire se réfugie auprès de Dieu - Gloire à Lui - pour tout ce qui dépasse ces principes car Dieu est Omnipotent et Impérieux et n’est soumis à aucune limite ni contrainte.
Traduit et adapté de l’arabe, du livre de Sheikh Muhammad Mitwallî Ash-Shaʿrâwî, Muʿjizat Al-Qur’ân, éditions Akhbâr Al-Yawm, 1993, disponible en ligne sur le site Mohdy.com.
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