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Notre éducation spirituelle
Section : Les piliers de l’effort sur soi

La veille

dimanche 31 octobre 2004

Le manque de contrôle de la part du musulman sur son sommeil peut mener à une négligence grave dans de nombreux domaines. Ainsi la prière de l’aube en congrégation peut-elle être menacée, au même titre que l’imploration du pardon nuitamment. Les prières surérogatoires au cours de la nuit et le tahajjud peuvent également se perdre, ainsi que la prière de la nuit en congrégation et les invocations suivant la prière de l’aube. Beaucoup de choses peuvent pâtir du fait que l’individu ne régule pas son sommeil et ne s’habitue pas à se contrôler en matière de sommeil, notamment à notre époque où prédominent dans nos pays des modes de vie à l’occidentale. En Occident, l’individu se couche après sa journée de travail, et lorsque se présente à lui l’occasion de se divertir et de s’amuser, il la prolonge jusqu’à des heures tardives de la nuit, puis il dort jusqu’à une heure tardive avant d’aller au travail. Telle est la situation qui prime là-bas et qui s’applique désormais à beaucoup d’entre nous, à cause de la dépendance de la vie de l’homme moderne vis-à-vis de la télévision et autres journaux radiodiffusés. À ce régime, on manque à un grand nombre d’obligations, d’œuvres surérogatoires et de traditions islamiques. Or, de tout temps, le sommeil a été une affaire qui requiert du soin et du contrôle, et à plus forte raison de nos jours.

La nuit possède un statut particulier en islam. Le Très-Haut dit : « La prière nocturne est plus prégnante et plus propice pour la récitation. » [1] Il est donc plus difficile pour l’homme de s’adonner aux œuvres cultuelles la nuit, ce pour quoi il est rétribué. Les œuvres cultuelles accomplies la nuit sont d’une limpidité, d’un effet et d’une profondeur inégalés. Le verset précédent figure dans le contexte du verset suivant : « Ô toi, l’enveloppé dans tes vêtements ! Lève-toi pour prier, toute la nuit, excepté une petite partie ; la moitié, ou un peu moins ; ou un peu plus. Et récite le Coran, lentement et clairement. Nous allons te révéler des paroles lourdes à porter. La prière nocturne est plus prégnante et plus propice pour la récitation. Tu as, dans la journée, à vaquer à de longues occupations. Et rappelle-toi le Nom de ton Seigneur et consacre-toi totalement à Lui » [2]. La nuit jouit donc d’un statut privilégié en islam comme le démontrent les versets précédents.

On retrouve des aspects de ce statut privilégié dans les hadîths suivants. At-Tirmidhî rapporte selon une bonne chaîne de garants : « On dit : “Ô Messager d’Allâh ! Quelles invocations sont les plus susceptibles d’être exaucées ?” Il répondit : “Celles de la fin de la nuit et celles formulées à l’issue des prières prescrites.” » Les Six [3], excepté An-Nasâ’î, rapportent de la part du Messager d’Allâh - paix et bénédictions sur lui - le hadith suivant : « Notre Seigneur descend chaque nuit au ciel inférieur lorsqu’arrive le dernier tiers de la nuit et dit : “Y a-t-il quelqu’un qui M’invoque afin que Je l’exauce ? Y a-t-il quelqu’un qui Me demande afin que Je lui octroie ? Y a-t-il quelqu’un qui implore Mon pardon afin que Je le lui accorde ?” » Les prières nocturnes jouissent d’un statut privilégié en islam, ainsi que les invocations et l’imploration du pardon pendant le dernier tiers de la nuit. Il en est de même pour les prières prescrites de la nuit et de l’aube en congrégation, et les invocations spécifiques qui suivent la prière de l’aube : « Quiconque accomplit la prière de la nuit en congrégation est comme celui qui aura prié la moitié de la nuit, et quiconque accomplit la prière de l’aube en congrégation est comme celui qui aura prié toute la nuit. » [4] « Ces deux prières - celle de l’aube et celle de la nuit - sont les plus ardues pour les hypocrites. Si vous connaissiez leur valeur, vous y viendriez même en rampant sur vos genoux. » [5] « Quiconque accomplit la prière de l’aube en congrégation, puis s’assied pour invoquer Allâh jusqu’au lever du soleil, puis accomplit deux cycles de prière, récoltera une rétribution équivalente à celle d’un pèlerinage majeur (hajj) et d’un pèlerinage mineur (ʿumrah) parfaitement accomplis, parfaitement accomplis, parfaitement accomplis. » [6]

De tout ce qui précède, nous saisissons ce que l’on entend par l’effort sur soi en matière de veille ; nous saisissons la raison qui fait de la veille un pilier du jihâd, sans oublier que la veille n’est pas une fin en soi et qu’elle peut même être détestable comme en témoigne le hadith suivant : « Le Messager d’Allâh - paix et bénédictions sur lui - détestait que l’on dorme avant la prière de la nuit et que l’on discute après. » [7] Tel est le statut d’une veille accompagnée d’un bavardage détestable, et à plus forte raison, celle qui s’accompagne d’un acte illicite. Quant à la veille motivée par des visées saines, pleine de science, d’œuvres pies, d’invocations, de prières, de lecture du Coran, sans que cela n’aboutisse à la négligence de la prière congrégationnelle, ce genre de veille est celui visé par le récit : « Le Messager d’Allâh - paix et bénédictions sur lui - discutait la nuit avec Abû Bakr à propos de quelque affaire dans l’intérêt des musulmans. » [8] Cela faisait d’ailleurs partie des habitudes du Prophète David - paix sur lui : « Il dormait la moitié de la nuit, se tenait en prière le tiers de la nuit, puis dormait le sixième de la nuit. » [9]

Une fois que nous avons cerné la problématique de la veille, rappelons-nous que le sommeil est un besoin naturel de l’homme. Lorsque nous demandons à celui-ci de veiller, nous lui demandons en fait de s’habituer à une vie islamique accomplie. Par conséquent, le musulman se doit de compenser les besoins de son corps au plan du sommeil à d’autres moments de la journée, si une part de sommeil venait à lui manquer pendant la nuit. Ceci explique pourquoi la sieste fait partie de la Sunnah et des actes recommandés par le Prophète. Elle consiste en un somme avant midi, ou pour celui qui n’en a pas la possibilité, en un somme l’après-midi, sans contraintes particulières. Ainsi percevons-nous la sagesse sous-jacente à ce pilier du jihâd.

P.-S.

Traduit de l’arabe du livre de Sheikh Saʿîd Hawwâ, Tarbiyatunâ Ar-Rûhiyyah, éditions As-Salâm, cinquième édition, 1997, Le Caire. ISBN : 977-5286-20-6.

Notes

[1Sourate 73, Al-Muzzammil, verset 6.

[2Sourate 73, Al-Muzzammil, versets 1 à 8.

[3Les Six désignent les six principaux compilateurs de Hadith, à savoir : Al-Bukhârî, Muslim, Abû Dâwûd, At-Tirmidhî, An-Nasâ’î et Ibn Mâjah. NdT

[4Hadîth rapporté par Muslim et Mâlik.

[5Hadîth rapporté par Abû Dâwûd.

[6Hadîth rapporté par At-Tirmidhî, jugé bon par consolidation.

[7Hadîth consensuel.

[8Hadîth rapporté par Ahmad et At-Tirmidhî qui le jugea bon.

[9Hadîth rapporté par Al-Bukhârî, Muslim, Abû Dâwûd et An-Nasâ’î.

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