mercredi 4 août 2004
Le Très-Haut dit : « Et quant à ceux qui luttent pour Notre cause, Nous les guiderons certes vers Nos sentiers » [1]. De ce verset, nous saisissons que la guidée vers les sentiers menant à Dieu et à Son Agrément est la conséquence du jihâd, l’effort de lutte sur soi. La lutte est l’œuvre de l’homme tandis que la guidée est un don de Dieu pour l’homme. Ni la lutte ni la guidée ne se réalisent sans la grâce et l’aide de Dieu. C’est pourquoi notre Seigneur nous enseigne de dire dans notre prière : « C’est Toi que nous adorons et c’est de Toi que nous implorons le secours » [2].
La lutte est la voie menant à la guidée du cœur vers Dieu et Son Agrément, laquelle guidée est le préambule de la piété. Le Très-Haut dit : « Quant à ceux qui se mirent sur la bonne voie, Il les guida encore plus et leur inspira leur piété. » [3] L’enchaînement normal des choses est donc : une lutte qui mène à la guidée, puis une guidée qui mène à la piété, le tout ne se réalisant que par la grâce de Dieu, Son aide et Son bienfait... Ainsi, nous saisissons que le point de départ correct du cheminement vers Dieu est le jihâd, la lutte et l’effort. D’où l’enseignement du Prophète - paix et bénédictions sur lui - : « Le combattant (mujâhid) est celui qui lutte contre lui-même pour la cause de Dieu » [4]. C’est celui-là qui est un mujâhid car la guidée vers les sentiers de Dieu - à l’instar de la lutte armée dans le Sentier de Dieu - ne peut avoir lieu sans lutte. C’est pourquoi le combat armé lui-même n’est susceptible de recevoir l’Agrément divin qu’après la réalisation préalable de la guidée, qui ne se réalise qu’après l’effort sur soi, à moins que ton Seigneur décide de faire don à Son Serviteur sans raison apparente.
De nombreuses erreurs sont commises dans ce domaine ; il est des gens qui ont une mauvaise conception de l’effort sur soi et il en est d’autres qui s’arrêtent à l’effort sans atteindre les chemins. Le Très-Haut dit : « Une lumière et un Livre explicite vous sont certes venus de Dieu ! Par ceci, Dieu guide aux chemins du salut ceux qui cherchent Son Agrément. Et Il les fait sortir des ténèbres à la lumière par Sa grâce. Et Il les guide vers un chemin droit. » [5] Les gens susmentionnés sont occupés par ce qu’ils croient être l’effort sur soi, mais ne parviennent pas aux chemins dont ils ne comprennent pas la nature correctement et qu’ils n’empruntent donc pas. Par ailleurs, il est des gens qui réussissent la transition entre l’effort sur soi et le cheminement, mais ne parviennent pas à la réalité de la piété. Aussi bien au plan de la compréhension, que de celui des facultés ou du cheminement, l’ignorance est l’origine du problème. Il est donc indispensable de bien comprendre les notions d’effort sur soi, de piété et de chemin. Ces questions sont intimement mêlées les unes aux autres tant en leurs prémices qu’en leurs fins : nombreux sont leurs recoupements. La connaissance de la piété fait partie intégrante de l’effort sur soi. La piété est en partie une conséquence de l’effort sur soi tout en faisant elle-même partie de l’effort sur soi. On pourra se référer au livre Jund Allâh Thaqâfatan wa Akhlâqan (Les Soldats de Dieu, leur culture et leur éthique) pour de plus amples détails à ce sujet.
Notre propos ci-après vise à dépeindre la notion d’effort sur soi dans ses principes généraux, permettant de débarrasser l’âme de ses maladies et de l’aider à réaliser toutes les dimensions de la santé morale. Nous présupposons que l’itinérant sur cette voie a préalablement assimilé le bagage nécessaire en matière de savoir, que bonne note en soit prise.
Le point de départ de l’effort sur soi est la foi en Dieu et en Son Unicité et la croyance que Muhammad - paix et bénédictions sur lui - est le Messager de Dieu. Le musulman natif d’un milieu musulman ne se rend pas nécessairement compte que cela fait partie de l’effort sur soi et, ce faisant, il commet une grave erreur. Car la chose la plus importante qui nécessite un effort sur soi est le franchissement du gouffre séparant l’infidélité et la foi, ou la revendication de la foi dans un milieu qui stigmatise la foi et qui raille les croyants. Le Très-Haut dit : « Et quiconque croit en Dieu, Il guide son cœur » [6]. Puis commence la deuxième étape de l’effort sur soi consistant à accomplir les obligations temporelles : prier à l’heure prescrite, jeûner pendant le mois de Ramadân, s’acquitter de l’aumône rituelle lorsque l’annuité échoit, accomplir le pèlerinage lorsque vient son temps et que l’individu en est capable, se marier lorsque les penchants sexuels sont forts et que l’individu en a la possibilité, soigner les transactions comme la vente ou la location conformément à la législation - si l’individu pratique ces activités -, entretenir les liens de parenté et être bienfaisant envers les parents, si les proches ou les parents existent, etc. Chaque individu a des obligations temporelles qui peuvent recouper les obligations d’autrui et qui peuvent en différer selon l’état et la situation de chacun, entre autres considérations. Il y a le malade qui ne peut jeûner ; dans sa situation, le jeûne n’est plus pour lui une obligation temporelle. Il y a celui qui ne possède pas d’argent ; celui-là ne doit pas s’acquitter de l’aumône légale. Il y a celui qui a perdu ses parents ; celui-ci n’a pas d’obligation en termes de bienfaisance envers les parents, mais il y a des choses recommandées dans sa situation.
Une fois que les obligations temporelles sont honorées, il est nécessaire d’observer les règles de bienséance du moment. Quelles sont les choses relevant de la bienséance le matin, la nuit et le soir ? Quelles bonnes manières doivent être observées pendant les voyages, les mariages, les banquets, l’emprisonnement, la participation à une assemblée, à l’école, dans un commerce, en promenade, dans les moments de bonheur et d’affliction ? Il s’agit là de considérations qui viennent compléter les obligations temporelles. En sus de l’observation et de l’accomplissement des obligations temporelles et des choses relevant de la bienséance du moment, il convient également de se retenir des interdits et des choses détestables que l’âme affectionne, ou que l’itinérant croise pendant son cheminement. Voilà un deuxième volet de l’effort sur soi.
Un troisième volet de l’effort sur soi porte sur les devoirs que l’individu s’impose au plan des œuvres surérogatoires comme la prière, l’aumône, le jeûne, la retraite spirituelle, le pèlerinage, les invocations, les mentions pieuses, la récitation du Coran. Rentrent dans ce cadre les stages spirituels, les invocations quotidiennes, autant de sujets que nous avons traités précédemment. Voilà pour le troisième volet.
Vient enfin le quatrième volet que l’on qualifie de piliers de l’effort sur soi.
Les auteurs qui ont traité des piliers de l’effort sur soi en ont dénombré quatre : l’isolement, le silence, les veillées et la faim. Nous en traiterons brièvement ci-après. Pour de plus amples détails, le lecteur peut se reporter aux ouvrages spécialisés comme le Ihyâ’ [7]. Puis vient le cinquième volet consistant à scruter l’âme et le cœur, à déceler leurs maux et les soigner et c’est là le dernier volet de l’effort sur soi et l’un de ses principaux fruits. Les deux derniers volets feront l’objet des développements ultérieurs et c’est sur eux que portent les écrits des nombreux auteurs qui ont traité de l’effort sur soi. Dans ce chapitre, nous nous contenterons de mentionner les piliers de l’effort sur soi. Dans le chapitre suivant, nous nous attarderons sur le traitement des maux.
Passons maintenant aux quatre piliers de l’effort, le premier pilier étant l’isolement.
Traduit de l’arabe du livre de Sheikh Saʿîd Hawwâ, Tarbiyatunâ Ar-Rûhiyyah, éditions As-Salâm, cinquième édition, 1997, Le Caire. ISBN : 977-5286-20-6.
[1] Sourate 29, l’Araignée, Al-ʿAnkabût, verset 69.
[2] Sourate 1, le Prologue, Al-Fâtihah, verset 5.
[3] Sourate 47, Muhammad, verset 17.
[4] Hadîth bon et authentique, narré par Ahmad avec une bonne chaîne de garants avec l’ajout de la mention « pour la cause de Dieu - Exalté soit-Il - ».
[5] Sourate 5, Al-Mâ’idah, la Table servie, versets 15 et 16.
[6] Sourate 64, At-Taghâbun, verset 11.
[7] L’auteur fait allusion à l’ouvrage de l’Imâm Abû Hâmid Al-Ghazâlî, Ihyâ’ ʿUlûm Ad-Dîn. Ndt
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