Le fondement de la tolérance qui gouverne la conduite des musulmans vis-à-vis des adeptes des autres religions est dû aux pensées et aux vérités limpides que l’islam cultive dans l’esprit et dans le coeur des musulmans :
- Le musulman croit en la dignité de l’être humain, de quelque religion, race ou couleur soit-il. Le Très-Haut dit en effet : "Nous avons certes honoré les enfants d’Adam." [1] Cet honneur ainsi établi implique pour tout être humain qu’on le respecte et qu’on lui prête attention. Parmi les illustrations concrètes de notre propos, il y a le récit susmentionné, rapporté par Al-Bukhârî selon Jâbir Ibn ʿAbd Allâh : "Un jour, un convoi funèbre passa devant le Prophète - paix et bénédictions sur lui ; alors il se leva par respect. On lui dit : ’Ce sont les funérailles d’un juif !’ Il répondit - paix et bénédictions sur lui : ’N’est-ce pas une âme humaine ?’" Certes, c’en est une et toute âme humaine est sacrée et digne de respect en islam. Quelle belle prise de position, et quelle belle explication !
- Le musulman croit que les différences de religion existent par la volonté de Dieu le Très-Haut Qui a accordé à cette catégorie de créatures la liberté de choisir ce qu’elles feraient et ce dont elles s’abstiendraient. "Quiconque le veut, qu’il croit, et quiconque le veut qu’il mécroie." [2] et "Et si ton Seigneur avait voulu, Il aurait fait des gens une seule communauté. Or, ils ne cessent d’être en désaccord." [3] Or, le musulman croit que la volonté de Dieu ne peut être infléchie ni révisée, et que tout ce que Dieu décide est bien et sage, que les hommes en soient conscients ou non. C’est pourquoi le musulman ne pense pas un instant à contraindre les gens à devenir musulmans à leur tour. Comment en serait-il autrement alors que Dieu dit à Son noble Messager : "Si ton Seigneur l’avait voulu, tous ceux qui sont sur la terre auraient cru. Est-ce à toi de contraindre les gens à devenir croyants ?" [4]
- Le musulman n’est pas chargé de demander des comptes aux mécréants pour leur mécréance, ni de sanctionner l’égarement des égarés. Le jugement ne lui appartient guère et son heure n’est pas de ce monde. Il appartient à Dieu de les juger le jour du Jugement Dernier et leur rétribution est laissée à Son initiative le jour des comptes. Le Très-Haut dit : "Et s’ils discutent avec toi, alors dis : ’C’est Allah qui connaît mieux ce que vous faites. Allah jugera entre vous, au Jour de la Résurrection, ce en quoi vous divergez’." [5] Il s’adressa également à Son Messager disant au sujet des gens du Livre : "Appelle donc les gens à cela ; reste droit comme il t’a été commandé ; ne suis pas leurs passions ; et dis : ’Je crois en tout ce qu’Allah a fait descendre comme Livre, et il m’a été commandé d’être équitable entre vous. Allah est notre Seigneur et votre Seigneur. A nous nos oeuvres et à vous vos oeuvres. Aucun argument ne peut trancher entre nous et vous. Allah nous regroupera tous. Et vers Lui est la destination’." [6] Le musulman peut ainsi être serein et ne ressent en lui-même aucun conflit entre le fait d’être persuadé de la mécréance du mécréant, et le devoir d’être bienfaisant et équitable envers lui et de reconnaître sa liberté de croyance et de confession.
- Le musulman croit que Dieu ordonne la justice, qu’Il aime l’équité et enjoint les bonnes manières, y compris avec les polythéistes ; qu’Il déteste l’injustice et punit les injustes, quand bien même l’injustice serait commise par un musulman aux dépens d’un mécréant. Le Très-Haut dit : "Et que la haine pour des gens ne vous incite pas à être injustes. Soyez équitables, cela est plus conforme à la piété." [7] De même, le Prophète - paix et bénédictions sur lui - dit : "Il n’y a aucun voile entre Dieu et la plainte de l’opprimé, fût-ce un mécréant." [8]
Notes
[1] Sourate 17, le Voyage nocturne, Al-Isrâ’, verset 70.
[2] Sourate 18, Al-Kahf, la Caverne, verset 29.
[3] Sourate 11, Hûd, verset 118.
[4] Sourate 10, Yûnus, Jonas, verset 99.
[5] Sourate 22, Al-Hajj, le Pèlerinage, versets 68 et 69.
[6] Sourate 42, Ash-Shûrâ, la Consultation, verset 15.
[7] Sourate 5, la Table servie, Al-Mâ’idah, verset 8.
[8] Rapporté par Ahmad dans son Musnad.