jeudi 9 janvier 2003
Une rumeur s’est répandue parmi les Européens jusqu’à s’établir chez eux en vérité. Ils disent : « Muhammad avait neuf femmes entre lesquelles il se roulait et se prélassait, repaissant son désir insatiable. Il ne se lassait pas d’une épouse que ses passions s’envolaient déjà pour une autre... » Ils disent également : « Si cela devait seoir à quelqu’un, ce ne serait sûrement pas à une personne appelant à la spiritualité, établissant le lien entre les hommes et le Ciel, et parlant aux gens de Dieu et de la Demeure dernière. Ce désir flambant pour les femmes a une profonde signification. Notre homme est un homme charnel et non un homme spirituel. Nous n’ajoutons pas foi à vos prétentions, vous Musulmans, qui nous parlez de son ascétisme et de sa piété. »
Je réponds : Si ce que vous dites est juste, alors la conclusion à laquelle vous avez abouti est vérité. Mais ce que vous avez mentionné n’est rien de plus qu’un travestissement de la réalité relevant plus du mensonge que de la vérité. L’ennemi comme l’ami se rejoignent pour témoigner que l’histoire de Muhammad est autre que ce que vous avez mentionné. Ainsi, il se maria à vingt-cinq ans avec une femme de quarante ans. Il demeura avec elle, seule, pendant près de vingt-huit ans, jusqu’à la mort de cette épouse. Où sont donc ces délices que vous nous décrivez ?
Lorsqu’il atteignit l’âge de quarante ans, elle était une vieille femme de cinquante-cinq ans. Et lorsqu’il atteignit l’âge de cinquante-trois ans, elle avait presque soixante-dix ans. Où sont donc ces belles femmes entre les seins desquelles il se promenait, comme vous le prétendez, alors que l’ennemi, avant l’ami, reconnaît qu’il ne connaissait nulle autre fidélité qu’à la vieille dame avec qui il passa toute sa jeunesse ?
Puis mourut son épouse Khadîjah dans une année qu’on surnomma l’Année de la Tristesse. Il amena alors chez lui une femme qui avait presque son âge et avec qui il émigra à Médine.
Il est vrai qu’au cours des dix dernières années de sa vie, d’autres épouses furent réunies dans sa demeure. Qui sont-elles ? Un groupe de veuves abattues que les circonstances n’avaient pas ménagées. Elles n’étaient réputées ni pour leur beauté ni pour leur jeunesse, exception faite d’une vierge unique, la fille de son ami Abû Bakr, qu’il épousa dans le but de renforcer les liens qui existaient entre eux. Il épousa après elle Hafsah, la fille de son ami ʿUmar, alors qu’elle n’était pas réputée pour sa beauté. Son mariage avec elle après son veuvage avait pour but de la consoler, de lui apporter l’amour et l’affection dont elle avait besoin. Il épousa également Umm Habîbah, la femme qui avait émigré en Abyssinie. Il ne la vit pas lors de son exil, ce qui ne l’empêcha pas de connaître le degré de foi qui l’animait, et ce, malgré son père qui était alors le chef des idolâtres de la Mecque, et de connaître son attachement à l’Islam, et ce, malgré son époux débauché. Aurait-il dû alors l’abandonner à la tristesse et à la solitude ? Il envoya un messager en Abyssinie pour demander sa main et la soutenir dans son épreuve.
Ainsi, à chaque fois que des circonstances fâcheuses s’en prenaient à une femme distinguée, il lui ouvrait ses bras, cependant que son désir pour elle était insignifiant. Les femmes qu’il allait épouser par la suite avaient bien compris cette vérité et elles avaient su que cette condition de vie surpassait la capacité de l’homme moyen. Aussi, certaines d’entre elles lui proposèrent-elles explicitement qu’il les épousât afin de devenir membres de la famille prophétique, se contentant uniquement de cet honneur, et cédant les droits qu’a une femme sur son mari. Le Messager les prit avec lui, répondant à un appel humain dénué de tout instinct charnel. Où se trouverait donc cet instinct alors que sa situation était celle-ci ? Au sujet du maintien de ces épouses qui acceptèrent le Messager malgré les privations qu’elles allaient connaître, de nombreux versets furent révélés, parmi lesquels :
« Et si une femme craint de son mari abandon ou indifférence, alors nul grief contre eux s’ils se réconcilient par un compromis quelconque, et la réconciliation est meilleure » [1]
ou encore
« Tu fais attendre qui tu veux d’entre elles, et tu héberges chez toi qui tu veux. Puis il ne t’est fait aucun grief si tu invites chez toi l’une de celles que tu avais écartées. Voilà ce qui est le plus propre à les réjouir, à leur éviter tout chagrin et à leur faire accepter de bon coeur ce que tu leur as donné à toutes. » [2]
Il ne pouvait agir autrement, car son instinct charnel avait disparu avec ce nombre conséquent d’épouses, nombre que lui imposèrent les circonstances que traversaient certaines Croyantes distinguées. Supposons, pour le plaisir de la controverse, que son attirance pour la beauté constituait le motif l’ayant amené à contracter certains de ses mariages. Serait-ce sous le siège maintenu contre la nouvelle religion et sous les crises étouffantes que subissaient les Musulmans en général et la famille prophétique en particulier que les Croyants et leur Prophète allait connaître le goût du repos ? Que bien dure est la vie des maîtresses de maison lorsque le maître de maison est le père d’une Communauté si importante et le protecteur des opprimés, des réfugiés et de ceux qui, nuit et jour, appellent au secours ! Il donnait à autrui ce qu’il avait, puis se couchait, avec ses épouses, l’estomac vide.
Al-Bukhârî et Muslim rapportent que ʿÂ’ishah dit : « Jamais la famille de Muhammad ne se reput de pain d’orge pendant deux jours consécutifs, et ce, jusqu’à la mort du Messager de Dieu — paix et bénédiction sur lui. »
D’après Muslim, ʿÂ’ishah dit : « Le Messager de Dieu mourut alors que jamais il ne se reput de pain et d’huile plus d’une fois dans la journée. »
D’après At-Tirmidhî, Masrûq dit : « J’entrai chez ʿÂ’ishah et elle m’invita à manger. Elle me dit : « A chaque fois que je suis rassasiée, j’ai envie de pleurer et ne peux me retenir. » « Pourquoi ? », demandai-je. Elle me répondit : « Je me rappelle l’état dans lequel le Messager de Dieu a quitté ce monde. Par Dieu, jamais il ne se rassasia de pain et de viande plus d’une fois dans la journée. » »
D’après Al-Bayhaqî, ʿÂ’ishah dit : « Jamais le Messager de Dieu ne mangea à sasiété plus de trois jours consécutifs. Alors que si nous le voulions, nous nous serions repus. Mais lui préférait donner ce qu’il avait plutôt que de le garder pour soi-même. »
D’après At-Tabarânî, ʿÂ’ishah dit : « Il ne restait jamais de pain d’orge sur la table du Messager de Dieu, que la quantité en fût grande ou petite. » Al-Hasan dit : « Le Messager de Dieu — paix et bénédiction sur lui — consolait lui-même les gens, à tel point qu’il fut amené à raccomoder son caleçon avec du cuir. » Que nombreux étaient alors les indigents frappant à la porte, demandant de quoi se nourrir et de quoi se vêtir !
Les gens pouvaient alors envahir la maison du Prophète longtemps avant la préparation du repas. Ou alors, ils restaient là, assis, longtemps après la fin du repas. Sans conteste, cette attitude importunait le Messager de Dieu — paix et bénédiction sur lui — qui se retrouvait gêné. Une révélation divine allait alors mettre fin à ce laisser-aller et à cette négligence. Dieu révéla : « Ô vous qui croyez ! N’entrez pas dans les demeures du Prophète, à moins qu’invitation ne vous soit faite à un repas, sans être là à attendre sa cuisson. Mais lorsqu’on vous appelle, alors, entrez. Puis, quand vous aurez mangé, dispersez-vous, sans chercher à vous rendre familiers pour causer. Cela faisait de la peine au Prophète, mais il se gênait de vous (congédier), alors que Dieu ne se gêne pas de la vérité. » [3].
Les épouses du Prophète — paix et bénédiction sur lui — se dépensèrent longuement avec lui pour être au service de la société, pour assurer l’éducation des Musulmans, pour venir en aide aux faibles et pour recevoir les délégations. Il était ainsi parfaitement anodin que le Prophète se levât à l’aube pour la prière, allât prier dans la mosquée puis revînt chez lui demander s’il y a avait de quoi il eût pu déjeuner. S’il ne trouvait rien, il entreprenait de jeûner. Parfois, il trouvait un peu de vinaigre, ce qui n’était pas pour le déranger outre mesure. Bien au contraire, il prenait avec satisfaction ce qu’il trouvait, s’exclamant : « Quelle excellente nourriture que le vinaigre ! » Tel est le mode de vie que les Européens prétendent être une vie de jouissance avec les femmes et une vie de luxure parmi elles... Où est donc ce monde de délices ?
Toutes les biographies ont mentionné comment ces épouses éprouvèrent du chagrin face à cette vie de privations qui était la leur, comment elles se réunirent pour demander le changement de leur mode de vie et comment elles aspirèrent à une vie plus calme et plus heureuse... Lorsqu’elles furent surprises par la réponse tranchante qui leur fut donnée — l’acceptation de cette vie austère ou le divorce -, leur foi reprit pleine possession de leur cœur et elles préférèrent patienter jusqu’à l’au-delà pour goûter aux plaisirs dont elles étaient privées, elles préférèrent vivre sous l’ombrage de la prophétie que se presser vers les plaisirs de ce bas monde éphémère...
La famille du Prophète devait vivre comme la famille la plus faible du monde. Ses épouses devaient supporter tout ce que supportaient les Emigrés (Muhâjirûn) [4] qui avaient été expulsés de leurs maisons et de leurs biens, puis qui avaient survécu sur ce qu’on daigna leur offrir. Dieu — Exalté soit-Il — rétribua ces femmes pour tout ce qu’elles avaient donné en les nommant Mères des Croyants — qualificatif qui contient en soi aussi bien une responsabilité qu’un honneur.
Existait-il une seule religion, qu’elle soit d’origine céleste ou d’origine terrestre, qui interdît la polygamie ? Ou qui la considérât comme suspecte ? Non ! Bien au contraire, les prophètes de l’Ancien Testament étaient accoutumés à une polygamie illimitée. On rapporte ainsi que Salomon épousa à lui seul trois cents femmes. Par ailleurs, rien dans le Christianisme n’interdit la polygamie. Will Durant évoqua dans son Histoire de la civilisation des péchés répugnants commis par des rabbins et des prêtres. Mais laissons de côté la religion et abordons plutôt la philosophie. Jetons simplement un coup d’œil aux philosophes grecs et à la manière dont vivaient ces maîtres de la pensée antique.
Je ne voulais pas mentionner de telles bassesses mais j’ai vu que les calomniateurs qui s’en prenaient à Muhammad étaient aussi insolents que diffamateurs. Je me suis dit : Nul autre moyen que de prendre mon bâton...
Mâjid Nasreddîn publia dans le journal jordanien Al-Liwâ’ un article intitulé « Pourquoi les intellectuels sont-ils aussi ébahis par un héritage culturel infesté de perversion sexuelle ? ». Citons de cet article la phrase suivante : « Les philosophes que certains considèrent comme leur modèle à suivre sont des homosexuels et des pervers, fiers de leur homosexualité et tirant orgueil de pouvoir coucher avec de jeunes garçons. » La femme de Socrate détesta celui-ci et prit en dégoût leur vie commune pour la raison que son époux était épris d’un de ses élèves. Platon, qui connut Socrate dans sa jeunesse, décrivit les penchants de son maître dans nombre de ses œuvres. Socrate était célèbre pour ce mal qu’il portait en lui, il était en outre accusé de corrompre les jeunes gens. Aristote prétendit que les homosexuels étaient, à son époque, en nombre équivalent aux hétérosexuels. Il décrivit cela en des termes que nous n’osons pas reproduire ici. La femme-écrivain, auteur du livre Le Sexe dans l’histoire [5], affirme : « La plupart des sociétés interdirent l’homosexualité, tout du moins l’ignorèrent. Sauf la Grèce, où la prostitution masculine était répandue et où l’on pouvait louer les faveurs des jeunes garçons. »
La civilisation occidentale moderne a hérité des Grecs et des Romains une impudicité d’une bassesse honteuse. Néanmoins, et de manière malhonnête, elle ne prête guère attention à ses vices ni à la souillure qui est sienne du matin jusqu’au soir. Malgré tout cela, elle ose encore jaser sur le Prince des Prophètes, celui-là même qui enseigna aux nations la pureté et la chasteté !
[1] Sourate 4 intitulée les Femmes, An-Nisâ’, verset 128.
[2] Sourate 33 intitulée les Coalisés, Al-Ahzâb, verset 51.
[3] Sourate 33 intitulée les Coalisés, Al-Ahzâb, verset 53.
[4] On désigne par ce qualificatif les Mecquois musulmans qui émigrèrent de la Mecque à Médine, fuyant la persécution des idolâtres.
[5] Tannahill, Reay. Le sexe dans l’histoire. Coll. Marabout Université, ©1982. 351 p.
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