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Les problèmes de la femme entre traditions stagnantes et traditions étrangères
Section : Des conceptions erronées

Un raisonnement non avenu

samedi 22 mai 2004

Depuis l’inauguration de la mosquée prophétique, après l’Hégire, et jusqu’à ce que le Prophète - paix et bénédictions sur lui - rejoigne le Compagnon Suprême [1], les femmes n’eurent de cesse de prier dans cette mosquée et la porte qui leur avait été réservée ne leur fut guère fermée ! Autrement dit, elles y accomplirent entre dix-sept mille et dix-huit mille prières. Il s’agit là d’un fait indubitable, rapporté par de multiples sources concordantes, et qui a raison de toutes les traditions isolées, ces dernières n’ayant ainsi plus aucun poids et ne devant point être prises en considération.

Certains répliqueront : On rapporte que ʿÂ’ishah, la Mère des Croyants, dit : "Si le Messager d’Allâh - paix et bénédictions sur lui - voyait ce que sont devenues les femmes depuis son décès, il leur interdirait les mosquées comme les femmes des Enfants d’Israël (se sont vues interdire le temple)". Il faudrait donc les empêcher de se rendre à la mosquée à cause de ce récit et d’autres récits semblables !

Nous répondons : Ce qui avait lieu du temps du Messager d’Allâh se poursuivit pendant le Califat Bien-Guidé. La mosquée prophétique accueillait les femmes sans que personne n’y trouve une objection. Mieux, ʿUmar Ibn Al-Khattâb ordonna à Sulaymân Ibn Abî Hathmah de diriger la prière des femmes à l’arrière de la mosquée pendant le mois de Ramadân. Ibn Hazm rapporte que ʿAlî Ibn Abî Tâlib ordonnait aux gens d’accomplir la prière nocturne pendant le Ramadân et désignait à cet effet un imam pour les hommes et un autre pour les femmes. ʿAjrafah, le narrateur de ce récit, ajoute : "Il m’ordonna alors d’être l’imam des femmes, ce que je fis !"

Az-Zuhrî rapporte que ʿÂtikah Bint Zayd, l’épouse de ʿUmar Ibn Al-Khattâb accomplissait la prière à la mosquée. ʿUmar lui disait : "Par Allâh, tu sais parfaitement que je n’aime pas cela." Et elle de lui répondre : "Par Allâh, je cesserai d’y aller lorsque tu me l’interdiras !" Et ʿUmar de lui dire : "Moi, je ne te l’interdis pas." Si bien que le jour où ʿUmar fut poignardé, elle était présente à la mosquée !

Pour ce qui est du récit rapporté de la part de ʿÂ’ishah refusant la prière de la femme à la mosquée, cela ouvre la voie à l’annulation des rites de l’islam au profit des fantasmes. Ainsi un individu pourrait très bien dire : Si le Messager d’Allâh savait ce que l’application des peines corporelles allait entraîner comme accusations envers l’islam, il annulerait ces peines corporelles ! On annulerait ainsi les peines corporelles à l’instar de ce qui s’est dit concernant la prière des femmes à la mosquée : Si le Messager d’Allâh voyait ce que sont devenues les femmes après son décès, il leur interdirait les mosquées...

Une telle position signifie que les prescriptions de l’islam sont temporelles et ne durent que sous certaines conditions, et qu’elles cessent d’être observées lorsque cessent leurs conditions. Cela revient à dire également que les circonstances nouvelles qui surviennent n’étaient pas connues du vivant du Porteur du Message et c’est pourquoi il ne légiféra pas à leur sujet...

Un tel raisonnement est nul et non avenu car Allâh connaît ce qui fut et ce qui adviendra. Il autorisa les femmes à prier en congrégation et leur ordonna de se rendre à la mosquée décemment vêtues, avec piété et recueillement. Elles ne se rendent pas, en effet, à un concours de beauté, ni à un défilé de mode.

La femme qui dépasse les limites de la bienséance et les exigences de la pudeur doit être interdite de mosquée et cela lui suffit comme punition. Mais condamner toutes les femmes à ne pas accomplir la prière à la mosquée car l’une d’elles se dévergonde, cela procède d’une généralisation inacceptable...

Le plus étrange est que les femmes ne sont interdites que des mosquées uniquement ! En revanche, elles ont tout le loisir d’investir les marchés et les rues, sans que cela ne gêne personne !

L’interdiction des mosquées aux femmes, comme cela est commis par de nombreux peuples musulmans, est à l’origine de la décadence morale et du galvaudage de l’éducation qui conduisent notre Communauté à son trépas...

P.-S.

Traduit de l’arabe du livre de Sheikh Muhammad Al-Ghazâlî, Qadâyâ Al-Mar’ah bayn At-Taqâlîd Ar-Râkidah Wal-Wâfidah, éditions Ash-Shurûq.

Notes

[1Le Compagnon Suprême est une expression courante désignant Dieu. NdT.

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