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Les Israélismes et les récits controuvés dans les livres d’exégèse
Section : Les catégories de l’exégèse coranique
Section : À propos des israélismes

La dangerosité de l’attribution des israélismes au Prophète

dimanche 5 février 2006

Si ces israélismes, et notamment les récits mensongers ou légendaires, étaient attribués à leurs narrateurs, cela serait relativement tolérable. Mais, certains pervers, certains menteurs, de petite foi, ont commis un péché horrible consistant à attribuer explicitement les israélismes au Prophète Infaillible — paix et bénédictions sur lui —. De tels agissements portent gravement atteinte et constituent un crime majeur contre l’islam et une calomnie odieuse à l’encontre du Prophète — paix et bénédictions sur lui —. L’attribution de l’erreur ou du mensonge au narrateur — quel qu’il soit — est beaucoup moins grave de conséquence que leur attribution au Prophète — paix et bénédictions sur lui —.

Les légendes et les mensonges chariés par les israélismes suffisent à dissuader tout individu de notre époque — quelle que soit sa tolérance — d’embrasser l’islam et l’incitent à nourrir le doute et le scepticisme à l’égard de cette religion. C’est pourquoi les évangélistes et les orientalistes ont concentré leurs accusations contre l’islam et contre son Prophète par le biais de ce type d’israélismes et de récits controuvés. Ils y ont trouvé, en effet, une aide précieuse pour réaliser l’objectif qu’ils se sont donné, à savoir semer le doute dans les esprits au sujet de l’islam, en conformité avec le croisisme qu’ils ont reçu avec le lait de leurs mères.

Nous ne doutons pas un seul instant que le Prophète — paix et bénédictions sur lui — est parfaitement innocent de tels mensonges et légendes, quand bien même leurs chaînes de narrateurs seraient des plus saines : « et il ne dit rien sous l’effet de la passion ; § ce n’est rien d’autre qu’une révélation inspirée. » [1]

Les israélismes attribués aux Compagnons et aux Successeurs

Si les israélismes étaient explicitement attribués à Kaʿb Al-Ahbâr, à Wahb Ibn Munabbih, à ʿAbd Allâh Ibn Salâm et leurs semblables, cela indiquerait que ces récits faisaient partie des connaissances qu’ils avaient reçues de leurs Livres et de leurs chefs religieux avant d’embrasser l’islam et qu’ils avaient continué à narrer après avoir embrassé l’islam, c’est-à-dire qu’ils ne les tenaient pas du Prophète ni des Compagnons. Autrement dit, une telle attribution permettrait d’identifier la source de ces récits et de savoir que la transmission islamique en est innocente.

Mais une part de ces israélismes, voire une grande partie d’entre eux, furent attribués aux Compagnons — que Dieu les agrée — si bien que tout individu non averti, sans connaissance dans le domaine du Hadîth, pourrait croire qu’ils proviennent du Prophète — paix et bénédictions sur lui — car lorsque les récits traitent de sujets dans lesquels l’opinion personnelle n’a pas sa place, ils sont implicitement attribués au Prophète, à défaut de l’être explicitement.

L’extrême prudence des traditionnistes

Les savants des fondements du Hadîth firent preuve de perspicacité, d’une large culture, et d’une grande rigueur lorsqu’ils posèrent les règles de la critique des narrations en stipulant que les récits attribués aux Compagnons (Mawqûf As-Sahâbah) étaient implicitement imputables au Prophète (Marfûʿ) à deux conditions :

  1. que le récit traite d’un sujet où l’opinion personnelle n’a pas sa place ;
  2. que le narrateur n’ait pas la réputation de tenir ses narrations des Gens du Livre ayant embrassé l’islam et de rapporter des israélismes.

Ainsi, tout chercheur avisé et équitable peut-il trouver des issues pour ces narrations attribuées aux Compagnons et qui sont en soi mensongères et légendaires. Et pour cause, d’une part, il s’agit d’israélismes que certains Compagnons tenaient et transmettaient de la part des Gens du Livre ayant embrassé l’islam, pour leur nature étrange ou merveilleuse, sans souligner leur caractère mensonger, manifeste au demeurant. Il se peut même qu’ils aient souligné leur caractère mensonger et leur déficience au plan de l’authenticité, sans que cette mise en garde n’ait été reprise par les autres narrateurs. D’autre part, il est possible que ces narrations soient faussement attribuées aux Compagnons, de l’œuvre de certains pervers ou athées, afin de donner à l’islam cette apparence criticable et honteuse. Concernant les narrations dont on ne peut décider de la véracité, dans la mesure où elles ne s’opposent pas aux impératifs des narrations authentiques ni aux exigences de la raison saine, les Compagnons les transmettaient à la lumière de la permission signifiée par le Prophète — paix et bénédictions sur lui — : « Transmettez de la part des Enfants d’Israël sans gêne. » Cette catégorie de narrations est moins nocive que les précédentes ; mais, leur étude n’est d’aucun intérêt, voire elles sont susceptibles de voiler la beauté du Coran et son interprétation correcte.

De même, un très grand nombre de ces israélismes a été attribué aux Successeurs. La probabilité qu’ils aient tenu ces narrations de la part des Gens du Livre ayant embrassé l’islam est encore plus forte qu’en ce qui concerne les Compagnons. En réalité, leur source remonte, comme nous l’avons dit précédemment, à la Torah et à ses commentaires, au Talmud et à ses commentaires, et aux enseignements que les ex-gens du Livre avaient reçus sous l’égide de leurs rabbins et de leur chefs religieux qui furent coupables d’inventions, de déformations et d’altérations (des textes), tandis que leurs premiers narrateurs, à l’instar de Kaʿb Al-Ahbâr, Wahb Ibn Munabbih et leurs semblables, en étaient innocents.

Il est également possible qu’une part de ces narrations ait été faussement attribuée aux Successeurs, d’autant que leurs chaînes de narration sont pour la plupart entachées de défauts tels un narrateur faible ou inconnu, ou accusé de mensonge, de fabrication, ou connu pour sa perversion, ou inconsistant au plan de la religion et du credo.

Des israélismes ayant des chaînes de narrateurs autentiques

On pourrait objecter à ce que nous venons de dire que la probabilité que les israélismes soient inventés de toutes pièces et faussement attribués à certains Compagnons et Successeurs ne vaut que pour les narrations présentant des déficiences dans leurs chaînes de narration, à l’instar d’un narrateur faible ou inconnu, ou un fabricateur notoir, ou un narrateur accusé de mensonge, ou dont la mémoire est défaillante si bien qu’il mélange les récits et ainsi de suite. Mais les spécialistes du Hadîth ont jugé que la chaîne de narrateurs de certains de ces récits est authentique, ou bonne, ou consistante. Que peut-on en penser ?

Nous répondons à cela qu’il n’y a pas d’incompatibilité entre l’authenticité de la chaîne de narrateurs ou le fait qu’elle soit bonne ou consistante, et le fait que les narrations font partie des israélismes des Enfants d’Israël et de leurs légendes. Leurs chaînes de narrateurs peuvent remonter de manière fiable à Ibn ʿAbbâs, à ʿAbd Allâh Ibn ʿAmr Ibn Al-ʿÂs, à Mujâhid, à ʿIkrimah ou à Saîʿd Ibn Jubayr, pour ne citer que ceux-là, sans que ces récits n’aient été reçus de la part du Prophète, ni directement, ni indirectement. Ils furent plutôt reçus de la part des Gens du Livre ayant embrassé l’islam. Le fait que la paternité du récit soit imputable de manière fiable au narrateur est une chose, et le fait qu’en soi le récit véhicule un mensonge, ou une fable, en est une autre. De même, il existe aujourd’hui des opinions et des courants de pensée corrompus dont la paternité est établie de manière authentique envers leurs fondateurs, mais cela ne les empêche pas d’être en soi des opinions non avenues et des courants de pensée corrompus.

Le mensonge n’est pas nécessairement imputable aux narrateurs

Je voudrais néanmoins rappeler une vérité importante, à savoir que ce n’est pas parce que ces israélismes mensongers furent rapportés par Kaʿb Al-Ahbâr, Wahb Ibn Munabbih, ʿAbd Allâh Ibn Salâm et leurs semblables que ces derniers en étaient les auteurs ni qu’ils les avaient inventés eux-mêmes, contrairement à ce que certaines personnes affirment de nos jours. Tout ce que l’on peut affirmer c’est qu’ils les ont narrés et transmis à certains Compagnons et Successeurs à partir de la littérature des Gens du Livre et de leurs connaissances. Mais on ne peut guère affirmer qu’ils en sont les auteurs originels ; ces récits sont de la composition de leurs anciens prédécesseurs.

Aucun Imâm spécialisé dans la critique des narrateurs, malgré leur perspicacité, n’a accusé Kaʿb, ni Wahb, ni ʿAbd Allâh Ibn Salâm, ni Tamîm Ad-Dârî et leurs semblables d’avoir inventé des récits, ni menti délibérément. Les spécialistes ont affirmé seulement que ces gens ont été des vecteurs des connaissances des Gens du Livre à destination des musulmans et que certains musulmans ont transmis ces récits de leur part. Aucune faute ne leur est imputable. La faute est imputable à ceux qui ont transmis ces narrations de leur part sans souligner leur caractère mensonger.

Étant donné que la narration des israélismes est souvent axée sur Kaʿb, Wahb Ibn Munabbih et ʿAbd Allâh Ibn Salâm et que ces derniers ont été pointés du doigt plus que les autres narrateurs, nous allons leur consacrer une brève biographie dans la suite de ce chapitre afin de rappeler l’opinion des spécialistes de la critique des narrateurs à leur sujet.

P.-S.

Traduit de l’arabe de l’ouvrage de Sheikh Mohammad Abû Shahbah intitulé Al-Isrâ’îliyyât wal-mawdûʿât fî Kutub At-Tafsîr ("Les Israélismes et les récits controuvés dans les ouvrages d’exégèse"), aux éditions Maktabat As-Sunnah, 4ème édition, pp. 94-97, Le Caire, Égypte, 1988.

Notes

[1Sourate 53, An-Najm, L’étoile, versets 3 et 4.

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