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Les Israélismes et les récits controuvés dans les livres d’exégèse

Récits controuvés

dimanche 22 novembre 2009

Cette expression, « récits controuvés », est la traduction du terme arabe « mawdûʿât », pluriel de « mawdûʿ », qui est le participe passé du verbe « wadaʿa ». Linguistiquement, le verbe « wadaʿa » désigne le fait d’abaisser, de faire chuter une chose. Employé dans le contexte d’une femme et de son enfant, il désigne le fait de mettre bas, donc d’enfanter [1]. Dans son acception consacrée par les traditionnistes, le mawdûʿ désigne le récit inventé, controuvé et attribué mensongèrement au Messager de Dieu, à ses Compagnons ou à leurs Successeurs. Lorsqu’il est attribué au Prophète, on parlera de récit controuvé au sens général, sans autre précision. Lorsqu’il est attribué en revanche à autre que le Prophète, on spécifiera la portée de l’expression en parlant d’un récit controuvé vis-à-vis d’Ibn ʿAbbâs, ou de Mujâhid par exemple. Le lien sémantique entre l’acception linguistique et l’acception consacrée du vocable « mawdûʿ » est évident. Selon le premier sens du verbe « wadaʿa » ci-dessus rappelé, le mawdûʿ est un récit dont la valeur est rabaissée, et qui chute en considération devant l’examen critique. D’après le second sens, le mawdûʿ porte bien la notion de génération et de procréation. Au regard de sa matière textuelle, le récit controuvé peut être de deux sortes :

  1. Le controuveur invente lui-même un propos qu’il attribue ensuite au Prophète, à un Compagnon ou à un Successeur ;
  2. Le controuveur emprunte un propos prononcé par quelque Compagnon, Successeur, sage ou soufi, ou un récit figurant parmi les israélismes, puis l’attribue au Messager de Dieu, pour lui donner une aura lui permettant de se diffuser et d’être accepté parmi les musulmans. Comme exemple d’une parole de Compagnon érigée au rang de hadith prophétique, citons : « Aime ton ami avec modération, car il se peut qu’un jour, il devienne ton ennemi, et hais ton ennemi avec modération, car il se peut qu’un jour, il devienne ton ami. » Cette parole provient en réalité de la bouche de notre maître ʿAlî – puisse Dieu honorer sa face. Comme exemple d’une parole de Successeur érigée au rang de hadith prophétique, citons : « Dans le monde d’ici-bas, c’est comme si tu n’as jamais existé ; et dans le monde de l’au-delà, ce sera comme si tu es éternel. » Cette parole a de fait été prononcée par ʿUmar Ibn ʿAbd Al-ʿAzîz, puisse Dieu l’agréer. Comme exemple d’une parole de sage érigée au rang de hadith prophétique, citons : « L’estomac est l’antre de la maladie, et la diète vient en tête de tous les remèdes ». Cette parole est en réalité une sentence d’Al-Hârith Ibn Kildah, surnommé le Médecin des Arabes. Comme exemple d’une parole de soufi érigée au rang de hadith divin rapporté par la bouche du Prophète, citons : « J’étais un trésor caché et Je voulus être connu. J’ai alors créé le monde et ses créatures. Je Me suis fait connaître à eux et ils M’ont connu ». Enfin, comme exemple d’israélisme, érigé au rang de hadith divin rapporté par la bouche du Prophète, citons : « Ni Mon ciel, ni Ma terre ne sont suffisamment vastes pour M’accueillir. Seul l’est le cœur de Mon Serviteur croyant. » L’Imâm Ibn Taymiyah explique que « cette parole figure au nombre des israélismes, et n’a pas de chaîne de transmission connue remontant jusqu’au Prophète – paix et bénédiction sur lui. » [2] De même, on attribue à Ibn ʿAbbâs le fait d’avoir dit que « l’âge de la terre est de sept mille ans », alors qu’il s’agit là encore d’un israélisme.

On attribua ainsi au Prophète, aux Compagnons et aux Successeurs de nombreux israélismes ayant trait à la genèse du monde, au jour de la Résurrection, à l’histoire des nations passées, à la cosmogonie ou aux récits des prophètes. J’en mentionnerai un grand nombre dans la suite de cet ouvrage, certains de ces récits controuvés constituant en effet un danger pour la religion.

P.-S.

Traduit de l’arabe du livre de Sheikh Muhammad Abû Shahbah, Al-Isrâ’îliyyât wal-Mawdûʿât fî Kutub At-Tafsîr, éditions As-Sunnah, quatrième édition, 1985, téléchargeable en ligne sur le site Ef7am.com.

Notes

[1Conférer Al-Qâmûs Al-Muhît wal-Qâbûs Al-Wasît Al-Jâmiʿ limâ Dhahaba min Kalâm Al-ʿArab Shamâtît, racine « wadaʿa », de l’Imâm Majd Ad-Dîn Al-Fayrûz Âbâdî, disponible en ligne sur le site Al-Eman.com, ainsi que Al-Mish Al-Munîr fî Gharîb Ash-Sharh Al-Kabîr, racine « wadaʿa », de l’Imâm Ahmad Ibn Muhammad Ibn ʿAlî Al-Fayyûmî, disponible en ligne sur le site Islamweb.net.

[2Conférer Majmûʿ Al-Fatâwâ de l’Imâm Taqî Ad-Dîn Ibn Taymiyah, disponible en ligne sur le site Al-Eman.com. NdT

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