mardi 18 octobre 2005
« Le serviteur de la noble science dans la Terre Sacrée », le savant du Hijâz, Sheikh Mohammad Ibn ʿAlawî Al-Mâlikî Al-Hasanî naquit en 1943 à la Mecque Honorée, au sein d’une famille prestigieuse issue de la progéniture de l’Imâm Al-Hasan Ibn ʿAlî Ibn Abî Tâlib — que Dieu les agrée — et connue pour une longue tradition au service de l’Islam.
L’un de ses aïeux fut le Mufti de l’école malékite à l’époque du Chérif ʿAwn, ce qui rattacha le qualificatif « Al-Mâlikî » (le malékite) à leur nom de famille. Son père, Sheikh ʿAlawî Al-Mâlikî Al-Hasanî, et son grand-père, l’Imâm ʿAbbâs Al-Mâlikî, furent des savants distingués de la Mecque Honorée, spécialisés en Hadith et en jurisprudence, et des enseignants de l’école juridique malékite et d’autres sciences à la Mosquée Sacrée.
Sheikh Mohammad Ibn ʿAlawî Al-Mâlikî reçut une éducation islamique scientifique et soufie dans le giron de son père Sheikh ʿAlawî Al-Mâlikî, un grand savant et juriste Mecquois. Il se trouva dès son enfance dans les cercles de savoir qui se tenaient au sein de la Mosquée Sacrée. Il assista ainsi aux enseignements de nombreux savants dont son père, ainsi que Sheikh Hasan Ibn Mohammad Al-Mashshât (décédé en 1399 A.H.), Sheikh Mohammad Ibn Yahyâ Ibn Ash-Shaykh Amân (décédé en 1387 A.H.), Sheikh Mohammad Al-ʿArabî At-Tabbânî (décédé en 1390 A.H), Sheikh Mohammad Nûr Sayf Ibn Hilâl Al-Makkî (décédé en 1403 A.H.), Sheikh Hasan Ibn Saʿîd Yamânî (décédé en 1391 A.H.), Sheikh ʿAbd Allâh Ibn Saʿîd Al-Lahjî (décédé en 1410 A.H.) et Sheikh Mohammad Yâsîn Al-Fâdânî (décédé en 1410 A.H.).
Dans sa jeunesse, il se rendit au Pakistan et en Inde et étudia pendant cinq mois à Dar Al-ʿUlûm de Deoband dont il admirait le système éducatif. Il visita plusieurs villes du subcontinent indien, comme Hyderabad, Bombay, Karachi et Saharanpur, et se forma à cette occasion auprès d’un certain nombre de savants dont Sheikh Mohammad Zakariyyâ Saharanpuri le commentateur du Muwatta’ de l’Imâm Mâlik, Sheikh Fakhr Ad-Dîn Ahmad le Sheikh du Hadith à Deoband, le savant du Hadith Sheikh Habîb Ar-Rahmân Al-Aʿdhumî, le savant de Hyderabad Sheikh Abû Al-Wafâ Al-Afghânî et Sheikh Mohammad Yûsuf Al-Kandahlâwî, l’auteur de Hayât As-Sahâbah. Il reçut également le Hadith prophétique par la voie du savant du Hadith de Karachi Sheikh Mohammad Yûsuf Al-Bannurî, le Grand Mufti du Pakistan Sheikh Mohammad Shâfiʿ, Sheikh Mohammad Idrîs Al-Kandahlâwî, Sheikh Dhafar Ahmad Al-ʿUthmânî, Sheikh Inʿâm Al-Hasan et Sheikh Mustafâ, le fils de l’Imâm Ahmad Ridâ Khân Al-Braylawî.
De retour de son séjour en Inde, il demeura à la Mecque Honorée quelque temps, avant de s’installer en Libye, à l’époque du roi Idrîs As-Sunûsi, afin d’étudier à l’université de Mohammad Ibn ʿAlî As-Sunûsî. À cette fin, il obtint une équivalence et s’inscrivit au cycle secondaire des instituts azharites ouverts en Libye. Les diplômés de ces instituts pouvaient alors choisir entre l’étude à l’université d’Al-Azhar au Caire ou à l’université de Mohammad Ibn ʿAlî As-Sunûsî en Libye.
Au terme de son cycle secondaire, la révolution qui éclata en Libye motiva son départ pour le Caire afin d’étudier à Al-Azhar. Il obtint ainsi les diplômes de Magistère et de Doctorat de la Faculté des Fondements de la Religion (Usûl Ad-Dîn) de l’université d’Al-Azhar. Pendant son séjour en Égypte, il s’initia auprès de célèbres savants et éducateurs dont le Mufti Sheikh Hasanayn Mohammad Makhlûf, le Sheikh de la mosquée d’Al-Azhar le sieur Sâlih Al-Jaʿfarî, le savant du Hadith Sheikh Mohammad Al-Hâfidh At-Tîjânî, Sheikh Ahmad Radwân Al-Aqsorî, le Grand Imâm d’Al-Azhar Sheikh ʿAbd Al-Halîm Mahmoud et Sheikh Mohammad Zakî Ibrâhîm.
Tout au long de sa vie, il entretint des relations chaleureuses avec les savants de la famille BaʿAlawi de Hadramaout. Parmi ses maîtres spirituels, il compte l’Imâm Al-Habib Ahmad Mashhûr Al-Haddâd et l’Imâm Al-Habîb ʿAbd Al-Qâdir As-Saqqâf. En outre, diverses figures de la prédication contemporaine parmi les BâʿAlawî, comme Al-Habîb ʿOmar Ibn Hafîdh [1], Al-Habîb ʿAlî Al-Jifrî, Al-Habîb Mohammad Ibn ʿAbd Ar-Rahman As-Saqqâf et d’autres, lui vouèrent un profond respect et veillèrent à s’instruire auprès de lui.
À plusieurs reprises, il eut l’occasion de se rendre au Maroc pour visiter les bibliothèques, consulter les manuscrits et faire connaissance avec les savants marocains. Il fut convié à de nombreuses occasions aux Émirats Arabes Unis pour donner des prêches à l’occasion de divers événements du calendrier islamique dont la naissance du Prophète — paix et bénédictions sur lui —.
Il enseigna à la Faculté de Sharîʿah à l’Université d’Umm Al-Qurâ à la Mecque entre 1390 A.H. et 1399 A.H.
Au décès de son père, le 25 du mois de Safar 1391 A.H., les savants de la Mecque se réunirent et lui confièrent l’enseignement dans la Mosquée Sacrée à la chaire tenue par son père pendant cinquante ans sans interruption. Tous les soirs, à longueur d’année, il tenait trois cercles d’enseignement consécutifs et ne s’en absentait que pour un motif légal. Ses enseignements étaient diversifiés et abordaient à la fois l’exégèse, le Hadîth, les Fondements, la Sîrah, la langue arabe, le credo musulman, la jurisprudence et la prédication. Il enseigna dans ces cercles de nombreux ouvrages de référence, notamment les ouvrages de la Sunnah prophétique.
Son activité dépassa le cadre de l’enseignement à la Mosquée Sacrée pour inclure des allocutions et des prêches diffusés par la radio publique saoudienne et par la radio du Message de l’Islam (Nidâ’ Al-Islâm). Par ailleurs, il ouvrit un centre d’enseignement dans sa maison qui attira près de six cents étudiants venus de divers pays, notamment de l’Asie de Sud Est et du Yémen.
Il prit part aux manifestations culturelles de la Ligue Islamique Mondiale où il donna le discours d’ouverture depuis 1391 A.H. Il participa également à de nombreuses conférences islamiques internationales. Il multiplia les voyages à travers le monde musulman à titre personnel et officiel. Il fut élu à la tête du jury du concours international de mémorisation du Noble Coran entre 1399 A.H. et 1401 A.H. Il présida plusieurs sessions de la Conférence de l’Imâm Mâlik qui se tient tous les ans au Maroc. Il se rendit dans nombre de pays musulmans où il donna diverses conférences, notamment en Asie de l’Est où l’on compte plus d’une trentaine d’écoles, d’instituts et de mosquées pilotés par le Sheikh et bénéficiant de son concours dans l’élaboration de leurs programmes pédagogiques et pour l’obtention de bourses d’études financées par divers bienfaiteurs à l’intérieur et à l’extérieur de la monarchie saoudienne.
Sheikh Mohammad Ibn ʿAlawî Al-Mâlikî enrichit la littérature islamique d’une quarantaine d’ouvrages. Il consacra plusieurs livres à l’Imam Mâlik, à son recueil de hadîths Al-Muwatta’, et à la science du Hadith de manière générale :
Il rédigea également un tryptique utile en guise d’introduction aux sciences du Coran, du Hadith et du Fiqh :
Il consacra en outre plusieurs ouvrages au Noble Coran dont :
On lui doit également divers ouvrages traitant de questions juridiques et de la charia :
À l’instar des Imâms éducateurs, il écrivit au sujet de la purification de soi et de l’éducation :
Considérant que la révérence et l’amour du Prophète Mohammad — paix et bénédictions sur lui — ainsi que l’étude de ses traits et de ses enseignements est un passage obligé dans la réforme et l’élévation de la communauté musulmane, mais aussi une source d’éducation spirituelle et de cheminement vers Dieu, le Sheikh rédigea plusieurs ouvrages liés à la biographie du Prophète — paix et bénédictions sur lui — et à la célébration de sa mémoire dont :
Lorsque Sheikh Mohammad Ibn ʿAlawî Al-Mâlikî, publia son ouvrage bénéfique « Des Conceptions qu’il convient de corriger », il y déposa la quintessence de sa pensée et retraça les fondements de la voie médiane agréée par les savants de l’Islam au sujet de certaines questions ayant suscité des polémiques. Il s’écarta de maintes opinions minoritaires, et parfois immodérées, que certains milieux adoptent comme vérité exclusive et souhaitent imposer à l’ensemble des musulmans.
Ainsi, une vague de critique acharnée se déclencha-t-elle dans les milieux religieux officiels du Royaume Saoudien et Sheikh Ibn Manîʿ composa un ouvrage remarquablement virulent, « Hiwar maʿa Al-Mâlikî fî Raddi Munkarâtih wa Dalâlâtih », où il fustigea Sheikh Mohammad Ibn ʿAlawî Al-Mâlikî. Une série d’attaques s’ensuivit sous l’impulsion des Sheikhs At-Tuweijrî, Samîr Al-Mâlikî, Sâlih Ibn ʿAbd Al-Azîz Âl Sheikh, et d’autres.
Privé des moyens médiatiques et financiers à la disposition du courant officiel en Arabie Saoudite, Sheikh Mohammad Ibn ʿAlawî Al-Mâlikî, et surtout la voie de Ahl As-Sunnah qu’il représente, furent défendus par divers savants extérieurs au Royaume, dont le savant koweitien Sheikh Yûsuf Ar-Rifâʿî, les deux savants marocains Sheikh ʿAbd Al-Hayy Al-ʿAmrâwî et Sheikh ʿAbd Al-Karîm Murâd dans leur ouvrage intitulé At-Tahdhîr Min Al-Ightirâr Mimmâ Jâ’a fî Kitâb Al-Hiwâr, Sheikh Râshid Ibn Ibrâhîm Al-Mereikhî dans son Rafʿ Al-Astâr ʿan Shubuhât wa Dalâlât Sâhib Al-Hiwâr, l’érudit yéménite Sheikh ʿAbd Allâh Ibn Mahfûdh Al-Haddâd Bâʿalawî Al-Hadramî, le savant marocain Sheikh ʿAbd Al-ʿAzîz Ibn As-Siddîq Al-Ghumârî, les savants azharite Sheikh Jawdat Al-Mahdî, Sheikh Hasanayn Mohammad Makhlûf l’ancien Mufti d’Égypte et Sheikh Ahmad ʿUmar Hâshim le Président de l’Université d’Al-Azhar, ces deux derniers préfacèrent son livre exprimant leur soutien à l’auteur.
Sheikh Mohammad endura les critiques et préserva sa langue de vaines polémiques. Il continua au contraire à exhorter les musulmans avec science et éthique. Son ton paternel, la profusion de sa science et l’amour du Prophète — paix et bénédictions sur lui — qui se dégage de ses propos ne cessèrent d’apaiser le cœur des croyants, notamment à travers divers programmes télévisés. Voyant les ramifications extrémistes qui finirent par émerger sous la tutelle de la pensée jusque-là protégée par le pouvoir politique, les autorités saoudiennes prirent quelque peu conscience de l’importance de la modération et de la mesure. Ainsi fut-il convié au Dialogue National organisé en Arabie Saoudite afin de renforcer l’entente et la cohésion nationale entre les différents courants religieux du pays et pour pencher vers la voie médiane de l’Islam.
Sheikh Mohammad Ibn ʿAlawî Al-Mâlikî retourna auprès du Compagnon Suprême le vendredi 15 Ramadan 1425 A.H., soit le 29 octobre 2004 E.C. après une vie passée au service de la science. De nombreux savants, prédicateurs et pèlerins participèrent à la prière funèbre tenue après la prière d’al-ʿishâ’ à la Mosquée Sacrée, puis son cercueil fut emmené à pieds par le cortège funèbre jusqu’au cimetière d’Al-Maʿlâh où il fut enterré aux côtés de son père.
Son fils aîné, Sheikh Ahmad qui enseigne les sciences religieuses à l’université de Jedda, lui succéda. Il continue aujourd’hui d’assurer les cercles de science de son père et maintient son école à la Mecque.
[1] L’éloge funèbre donnée par Sheikh ʿOmar Ibn Hafîdh suite au decès de Sheikh Mohammad ʿAlawî Al-Mâlikî est disponible sur son site officiel.
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