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Chagrins d’un prédicateur
Section : Une opposition radicale derrière des rancœurs inextinguibles

Les composantes du Christianisme actuel sont apparues sur terre, loin de la révélation divine

mardi 9 janvier 2007

Jamais au cours de l’histoire du monde, un Prophète envoyé par Dieu n’a affirmé qu’il y a trois dieux. Jamais au cours de l’histoire du monde, un Prophète envoyé par Dieu n’a prétendu qu’untel a été tué pour porter les péchés du genre humain. Les Prophètes mentionnés dans l’Ancien Testament ont vécu et sont morts sans jamais avoir entendu quoi que ce soit au sujet de la Trinité ou de la Rédemption.

La vérité est que les composantes du croisisme, qui ont pris forme au cours des premiers siècles de l’ère grégorienne, sont apparues sur terre sans le moindre lien avec la révélation divine. Ni Adam, ni Noé, ni Abraham ne savent quelque chose de ces composantes, que l’ultime Prophète a d’ailleurs réfutées, en montrant qu’elles contredisent fondamentalement le message de Jésus — paix sur lui —.

Même s’il est le dépositaire de l’Évangile, Jésus ne fait pas exception aux Prophètes d’Israël dans sa politique générale : il est avant tout chargé d’appliquer la Thora, moyennant quelques assouplissements qui ne remettent pas en cause les fondements, dans le cadre délimité d’un peuple particulièrement rebelle. Il est chargé de guider ce peuple uniquement.

En étudiant les récits du Noble Coran, j’ai remarqué que, dans la plupart des sourates, le Coran se contente d’évoquer le premier ou le plus important des Prophètes israélites, à savoir Moïse, se passant grâce à lui de mentionner le reste des missions prophétiques judaïques. Ainsi, dans les sourates Les Limbes, Hûd, Les Poètes, La Lune, La Caverne, Le Voyage nocturne et Les Éparpilleurs, nulle part ne sont mentionnés Jésus et son peuple, au contraire de Noé et de son peuple ou de Hûd et de son peuple. Le Coran se contente en effet dans ces sourates d’évoquer les Enfants d’Israël de manière succincte ou détaillée.

Moïse a été mentionné près de cent trente fois dans le Coran, alors que Jésus a été mentionné de manière beaucoup plus sporadique. Il ne s’agit pas pour autant d’un rabaissement de son statut, car les deux hommes font partie de l’élite des Prophètes doués d’une détermination inébranlable. Mais ce qui a attiré mon attention, c’est que la communauté de Jésus a été intégrée dans l’entité israélite, car elle en fait véritablement partie. Ainsi, après avoir raconté l’histoire de Shuʿayb à Madyan, l’attention du Coran se porte sur l’histoire de Moïse et des pharaons, ou de Moïse et de son peuple de manière générale, après quoi, franchissant des générations d’hommes, le propos se tourne vers le message ultime. Et tout comme il ne s’arrête pas sur le nom de Jésus, le Coran ne s’arrête pas non plus sur le nom de l’Évangile, car en réalité, l’Évangile est une annexe de la Thora, dont il confirme les dogmes et les lois. Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que le Coran se contente du livre-source au détriment de l’annexe. C’est ce qu’on peut entrevoir dans le verset suivant qui rapporte les paroles des djinns : « Nous venons d’entendre un Livre qui a été révélé après Moïse, confirmant ce qui l’a précédé. Il guide vers la vérité et vers un chemin droit. Ô notre peuple ! Répondez au Prédicateur de Dieu et croyez en lui. » [1]

Le propos est clair quant à la mention du Coran après la Thora.

A un autre endroit, on peut lire le verset suivant : « Nous avons octroyé aux Enfants d’Israël le Livre, la Sagesse, la Prophétie, et leur avons attribué de bonnes choses. » [2] Dans la foulée de ce propos, le Coran franchit les siècles pour déclarer : « Puis Nous t’avons mis sur la voie à suivre. Suis-la donc et ne suis pas les passions de ceux qui ne savent pas. » [3]

Cette idée est davantage mise en exergue lorsque le Coran parle avec force détails de la vie de Moïse pendant toute la première moitié de la sourate Le Récit. Après quoi, il conclut : « Nous avons octroyé à Moïse le Livre — après avoir fait périr les anciennes générations — en tant que preuve lumineuse pour les hommes, ainsi que guidée et miséricorde afin qu’ils se rappellent. » [4]

Les générations qui ont péri désignent entre autres le peuple de Noé, ʿÂd, Thamûd, le peuple de Loth et les habitants de Madyan. Dieu a alors choisi Son Prophète Moïse et a fait descendre sur lui la Thora qui contient guidée et lumière, afin que ses dépositaires respectent ce qui leur y est prescrit avec les égards dus et adorent leur Seigneur suivant ses indications.

Après ce clin d’œil historique, Dieu dit à Son Prophète Muhammad : « Tu n’étais pas sur le versant occidental du Sinaï, quand Nous avons décrété les commandements à Moïse et tu n’étais pas témoin. Mais Nous avons fait naître des générations dont l’âge s’est prolongé. » [5]

Les générations dont il est question sont celles qui ont hérité de la Thora mais qui ne l’ont pas appliquée comme il se doit. Leurs cœurs s’étaient en effet endurcis au fil du temps et leur détermination s’était effritée. La réforme du monde nécessitait donc une nouvelle mission prophétique et un Livre plus complet et plus profond. Dieu a alors choisi Muhammad pour rectifier le cours de l’humanité et pour ramener la religion dans le giron de ses fondements dont elle avait dévié. Le Très Haut dit : « Et tu n’étais pas sur le versant du Mont quand Nous avons appelé. Mais tu es venu en tant que miséricorde de ton Seigneur, pour avertir un peuple à qui nul avertisseur avant toi n’est venu, afin qu’ils se rappellent. » [6]

Il n’a nulle part été fait mention de l’Évangile ici. Car la source des lois est dans la Thora, non dans l’Évangile, et car Moïse est le Prophète en chef des Enfants d’Israël, l’homme qui a consenti les efforts les plus colossaux pour les sauver et les éduquer.

C’est ainsi que son Livre a gardé son statut de livre-phare jusqu’à l’avènement du Noble Coran, qui a alors supplanté aussi bien la Thora que l’Évangile, purifiant l’ensemble de la révélation des imperfections qui s’y sont infiltrées au cours de son long parcours.

L’histoire de Marie et de son fils Jésus — paix sur lui —, racontée par le Noble Coran de manière révisée et corrigée, reste circonscrite dans le cadre plus général du discours sur les Enfants d’Israël, sur leur propension à trahir les Alliances dont ils sont partie prenante, à pécher et à persister dans le péché, à faire montre d’ignorance et d’arrogance.

C’est dans ce cadre de blâme et de remontrances contre les Juifs et leurs infamies que le Noble Coran a consigné certains aspects de la vie de Jésus et de sa mère. Il réfute ainsi que la Vierge Marie soit une fornicatrice, niant violemment une telle idée. Il réfute que Jésus ait été crucifié par les Juifs, montrant qu’il s’agit là d’une rumeur ne bénéficiant d’aucun soupçon de vérité et que Dieu — Exalté soit-Il — l’a soustrait aux Juifs et aux Romains.

Sermonnant et blâmant les Juifs, le Très Haut dit : « Nous les avons maudits à cause de leur rupture de l’engagement, de leur incroyance aux révélations de Dieu, de leur meurtre injustifié des prophètes, et de leur parole : ’Nos cœurs sont imperméables.’ En réalité, c’est Dieu qui a scellé leurs cœurs à cause de leur incroyance, car ils ne croyaient que très peu. Et à cause de leur incroyance et de l’énorme calomnie qu’ils prononcèrent contre Marie. Et à cause de leur parole : ’Nous avons tué le Christ, Jésus, fils de Marie, le Messager de Dieu...’ Or, ils ne l’ont ni tué ni crucifié ; mais ce n’était qu’un faux semblant ! » [7]

Voyez-vous comment le Coran a abordé le Christianisme et son Noble Prophète ? Le sujet a été abordé dans le cadre du discours sur les Enfants d’Israël et sur leurs infamies. Rien de semblable avec la manière dont le Noble Coran aborde l’histoire de ʿÂd par exemple, qui est présentée de manière indépendante, avec un début et une fin aux contours bien déterminés.

Cette explication décisive de la mort de Jésus, après que les Juifs ont prétendu l’avoir tué, est similaire à la manière dont le Coran traite de la vie de Jésus et de la manière dont il est venu au monde.

Jésus a demandé aux Juifs de le croire, ainsi qu’au Dieu qui l’a envoyé, et d’adorer le Créateur Suprême comme il se doit : « Dieu est mon Seigneur et votre Seigneur. Adorez-Le donc : voilà le chemin droit. » [8]

Mais les Juifs se sont retournés contre lui, et se sont refusés à le suivre, affichant clairement leur indisposition à croire en lui ni en Celui Qui l’a envoyé : « Et ils se mirent à comploter. Mais Dieu a comploté contre eux. Dieu est le meilleur des comploteurs. » [9]

C’est dans ce milieu que les Apôtres se manifestèrent, donnant foi et accordant leur soutien au Messager honni de son peuple. Ils dirent : « Seigneur ! Nous avons cru à ce que Tu as fait descendre et nous avons suivi le Messager. Inscris-nous donc parmi les Témoins. » [10]

Les Apôtres ont cru en Dieu et en Jésus qui a été envoyé pour prêcher l’adoration du Dieu unique et pour sermonner les Juifs pour leurs actes. Le fait que Jésus n’a pas de père signifie-t-il qu’il est un dieu ? Si c’était le cas, alors Adam serait plus digne d’acquérir un statut divin car il n’a ni père ni mère.

« Pour Dieu, Jésus est comme Adam qu’Il créa de poussière, puis Il lui dit ’Sois !’, et il fut. » [11]

Tel est le Christianisme authentique ! Telle est son étendue spirituelle et législative ! Tel est le statut du Prophète qui en a été l’initiateur et qui en a apporté le Livre. Le Christianisme est une religion limitée dans le temps et dans l’espace, concordant avec ce qui la précède et préparant le terrain à ce qui va la suivre.

P.-S.

Traduit de l’arabe du livre de Sheikh Muhammad Al-Ghazâlî, Humûm Dâʿiyah, éditions Nahdat Misr, troisième édition, décembre 1998.

Notes

[1Sourate 46, Al-Ahqâf, versets 30 et 31.

[2Sourate 45, Al-Jâthiyah, L’Agenouillée, verset 16.

[3Sourate 45, Al-Jâthiyah, L’Agenouillée, verset 18.

[4Sourate 28, Al-Qasas, Le Récit, verset 43.

[5Sourate 28, Al-Qasas, Le Récit, versets 44 et 45.

[6Sourate 28, Al-Qasas, Le Récit, verset 46.

[7Sourate 4, An-Nisâ’, Les Femmes, versets 155 à 157.

[8Sourate 3, Âl ʿImrân, La Famille d’Amram, verset 51.

[9Sourate 3, Âl ʿImrân, La Famille d’Amram, verset 54.

[10Sourate 3, Âl ʿImrân, La Famille d’Amram, verset 53.

[11Sourate 3, Âl ʿImrân, La Famille d’Amram, verset 59.

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