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Chagrins d’un prédicateur
Section : Une opposition radicale derrière des rancœurs inextinguibles

Le croisisme, une religion nouvelle dans ses racines et dans ses fruits

samedi 27 janvier 2007

Il s’agit là d’un grand honneur qui couronne l’initiateur du message chrétien, ceux qui l’ont suivi et qui ont enduré avec lui les souffrances. Quant au croisisme, c’est une toute autre histoire. Le croisisme ressemble fort à une religion nouvelle dans ses racines et dans ses fruits.

Le scrutateur averti de cette religion découvrira que du point de vue dogmatique, elle effectue un mélange de monothéisme et de polythéisme, que du point de vue éthique, elle effectue un mélange de responsabilité individuelle et de report de cette même responsabilité sur un bouc-émissaire censé nous sauver. Lorsqu’elle constata son étrangeté vis-à-vis des préceptes enseignés par les anciens prophètes, elle s’autoproclama Nouveau Testament. La méthode employée par le Coran pour contrer cette religion est simple mais déterminante. Lorsqu’il chargea contre l’idolâtrie à la Mecque, il refusa de manière générale que Dieu puisse avoir des enfants, alors que les païens présentaient leurs idoles comme les filles de Dieu.

La lecture attentive des versets qui réfutent le polythéisme nous font sentir que sont visées à la foi l’idolâtrie et le croisisme. Le Très Haut dit par exemple : « Ils dirent : ’Le Tout Miséricordieux s’est donné des enfants.’ Pureté à Lui ! Ce ne sont que des serviteurs honorés. Ils ne devancent pas Son Commandement et agissent selon Ses Ordres. » [1]

La réponse formulée par ce verset à ceux qui soutiennent que Dieu puisse avoir des enfants vise le croisisme avant l’idolâtrie. Ceci est soutenu par la suite : « Et quiconque d’entre eux dirait : ’Je suis une divinité en dehors de Lui’, Nous le rétribuerons de l’Enfer. C’est ainsi que Nous rétribuons les injustes. » [2]

On ne peut imaginer des idoles de pierre tenir un tel propos, et ce, au contraire des idoles humaines. Quoiqu’il en soit, jamais un Prophète n’a prétendu être un dieu aux côtés de Dieu. Dans d’autres sourates mecquoises, de nombreux versets réfutent l’idée d’intercesseurs, de saints ou d’intermédiaires, déclarant clairement que celui qui fait le bien le fait pour le salut de son âme propre et que celui qui fait le mal le fait à son propre détriment : « Dis : ’Chercherais-je un autre Seigneur que Dieu, alors qu’Il est le Seigneur de toute chose ?’ Chaque âme n’acquiert le mal qu’à son propre détriment : nul ne portera le fardeau d’autrui. » [3]

Cette clarification du principe de la responsabilité individuelle écarte toute idée selon laquelle le Christ serait un Seigneur, un bouc-émissaire, un porteur des péchés d’autrui ou un Rédempteur qui a payé de son sang les erreurs des hommes.

Le Noble Coran se contente d’expliciter ses dogmes, de multiplier les preuves qui les soutiennent et de débattre avec ses adversaires de manière rationnelle, en ayant la conviction que l’avenir lui appartient sur le long terme, quelle que soit l’obstination de ses contradicteurs.

Le croisisme, quant à lui, a décidé d’éradiquer cette religion et de s’en débarrasser coûte que coûte. Ses tentatives durent depuis des siècles tandis que nous résistons. Nous n’allons pas revenir sur le passé, mais nous voulons regarder notre présent sanglant et les catastrophes qui nous guettent.

L’équilibre des forces est aujourd’hui largement en faveur du monde croisé. Ce dernier est dominé par une civilisation humaine technologiquement avancée, très au fait des meilleurs procédés d’exploitation du développement scientifique au service de ses intérêts matériels et moraux. Par « monde croisé », nous désignons une entité où fourmillent des doctrines idéologiques et morales, des tendances matérialistes et libertines, des courants spirituels et anarchistes. Nul doute que cette entité comprend aussi des restes du Christianisme unitaire originel, tout comme elle comprend les nombreux disciples des Églises trinitaires.

Il serait exagéré et mensonger de prétendre que cette civilisation humaine qui domine ce monde est l’œuvre du croisisme, ou que le croisisme a participé à son édification. La vérité est que la civilisation moderne est le fruit du concours d’éléments humains qui furent des libres penseurs et des esprits éclairés, n’ayant pas d’appartenance religieuse qui les aurait influencés. Puis vinrent le sionisme, le croisisme et le communisme qui mirent la main sur le résultat final de tant d’efforts et le placèrent dans leur propre capital.

Pendant ce temps, la nation islamique se tordait sur place de douleur, souffrant des nombreux maux qui la rongeaient et qui l’empêchaient d’aller de l’avant. C’est alors que les coups commencèrent à pleuvoir sur elle. Le plus étonnant est que ces coups ne s’arrêtent pas et que l’entité musulmane ne tombe toujours pas. Combien seulement va-t-elle encore pouvoir résister ?

Les ennemis poursuivent leur offensive, et dernièrement, ils ont été saisis par une certaine panique : ils ont eu l’impression que la religion qui leur sert de souffre-douleur a vaincu ses souffrances et qu’elle commence à guérir. Du coup, l’offensive s’est intensifiée. Mais la brave religion résiste. Il semblerait même qu’elle se prépare à quelque chose...

P.-S.

Traduit de l’arabe du livre de Sheikh Muhammad Al-Ghazâlî, Humûm Dâʿiyah, éditions Nahdat Misr, troisième édition, décembre 1998.

Notes

[1Sourate 21, Al-Anbiyâ’, Les Prophètes, versets 26 et 27.

[2Sourate 21, Al-Anbiyâ’, Les Prophètes, verset 29.

[3Sourate 6, Al-Anʿâm, Les Bestiaux, verset 164.

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