mardi 21 février 2006
Les ennemis de l’Islam n’espéraient pas meilleure occasion pour atteindre leurs objectifs. Ils s’élancèrent ainsi allègrement vers Jérusalem, détruisant au passage les résistances populaires qui se dressaient sur leur chemin. Bien que la population ait farouchement défendu la ville sainte, et supporté un terrible siège d’une cinquantaine de jours, la triste fin devenait inéluctable.
Qu’allait faire la petite garnison isolée contre toutes les armées d’Europe ?
Aucun État islamique ne se mobilisa pour porter secours à la ville envahie ? On la laissa seule faire face à son destin !
Écoutons les propos des historiens chrétiens qui décrirent ce destin tragique...
Ibn Al-ʿIbrî Al-Mâltî (Bar Hebraeus) écrit : « Les Francs passèrent une semaine dans la ville à massacrer les Musulmans. Plus de soixante-dix mille personnes furent égorgées dans la Mosquée Al-Aqsâ. » [1]
Diminuant quant à lui de cinq mille le nombre de victimes, Matthieu d’Édesse relate : « [Les Francs] immol[èrent] soixante-cinq mille [infidèles] dans le Temple, sans compter ceux qui furent massacrés dans les autres parties de la ville. » [2]
Le chroniqueur Guillaume de Tyr écrit également : « Enfin, de toutes parts, le carnage était [...] grand, le sang coulait avec [...] abondance » [3].
Le chroniqueur Raymond d’Agiles, qui prit part aux combats dans les rangs croisés, raconte : « Mais tout cela n’était encore que peu de chose, si nous en venons au temple de Salomon, où les Sarrasins avaient coutume de célébrer les solennités de leur culte. Qu’arriva-t-il en ces lieux ? Si nous disons la vérité, nous ne pourrons obtenir croyance. Qu’il suffise de dire que dans le temple et dans le portique de Salomon, on marchait à cheval dans le sang jusqu’aux genoux du cavalier et jusqu’à la bride du cheval. » [4]
Le Professeur Ahmad Ash-Shuqayrî — d’après qui nous avons cité les témoignages précédents — écrit : « Le destin a bien voulu nous préserver des chroniques détaillées, très récemment traduites en arabe, rédigées par l’un de ceux qui prirent part au combat dans cette bataille. Les chroniques rapportées par ce soldat-historien renferment des événements d’une telle atrocité que les corps en frissonnent. Il écrit : « Une fois entrés dans la cité, nos pèlerins poursuivirent et massacrèrent les Sarrasins jusqu’au temple de Salomon, où ils se rassemblèrent et livrèrent tout le jour aux nôtres un furieux combat. C’était au point que tout le temple ruisselait de leur sang. Enfin, les païens furent réduits. [...]
Bientôt, les Francs coururent par toute la ville, pillant l’or et l’argent, les chevaux et les mulets, les maisons pleines de biens de toutes sortes. [...]
Le matin suivant, ils escaladèrent avec précaution le toit du temple, se jetèrent sur les Sarrasins, mâles et femelles, les décapitèrent à épée nue. Certains se jetèrent dans le vide du haut du temple. [...]
On ordonna aussi de jeter hors de la ville, à cause de l’extrême puanteur qu’ils dégageaient, tous les morts sarrasins. La ville était presque entièrement remplie de leurs cadavres, et les Sarrasins vivants traînaient les morts devant les issues des portes, et en faisaient des monceaux hauts comme des maisons. » [5] » [6]
Traduit de l’arabe du livre de Sheikh Muhammad Al-Ghazâlî, Humûm Dâʿiyah, éditions Nahdat Misr, troisième édition, décembre 1998.
[1] Conférer Târîkh Mukhtasar Ad-Duwal (Brève Histoire des dynasties), Imprimerie Catholique, Beyrouth, 1890. NdT
[2] Conférer Extraits de la chronique de Matthieu d’Édesse, in Recueil des Historiens des Croisades - Documents arméniens, tome 1, publié par les soins de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, Imprimerie Impériale, Paris, 1869, disponible en ligne sur le site de la Bibliothèque nationale de France. NdT
[3] Conférer Historia rerum in partibus transmarinis gestarum (Histoire des Faits et Gestes dans les Régions d’Outremer), tome 1, éditions Brière, 1824. NdT
[4] Conférer Histoire des Francs qui ont pris Jérusalem, in Collection des Mémoires relatifs à l’Histoire de France de François Guizot, éditions Delin, Paris, 1824, disponible en ligne sur le site de la Bibliothèque nationale de France. NdT
[5] Conférer Gesta Francorum et aliorum Hierosolimitanorum (La Geste des Francs - Chronique anonyme de la première croisade), traduit du latin par Aude Matignon, éditions Arléa, Paris, avril 1992. NdT
[6] Conférer Maʿârik Al-ʿArab (Les Batailles des Arabes), édition électronique disponible en ligne sur le site Ahmad-Alshukayri.org, 2005 ; traduit de l’arabe par nos soins. NdT
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